Architecture scolaire ; édifice scolaire ; école ; groupe scolaire
Groupe scolaire des Plants
Île-de-France ; Val-d'Oise (95) ; Cergy ; rue des plants bruns
Plants bruns (rue des)
BE 31 ; BE 32
20e siècle
20e siècle
1971 ; 1977
La programmation de treize groupe scolaires prévus dans le quartier de la préfecture intervient dès la structuration des premiers ilots d’habitation. Trois d’entre eux, « Les Plants » ilot n°1, « Les Maradas » ilot n°2 et « Les Touleuses » ilot n°3, entrent en phase de conception dès 1971 : leurs localisations centrales au sein des quartiers répondent à la nécessité de trajets les plus courts possibles de la part des écoliers. Au sud-est de la préfecture, l’agence ATEA lance pour le promoteur « Terre et Famille » la construction de 411 logements collectifs répartis dans des plots de six étages maximums et 188 logements individuels en maison en bande. Les cheminements piétons prévus constituent un réseau indépendant et les croisements avec les voies automobiles s’effectuent à des niveaux séparés. Les groupes scolaires, qui adoptent la mixité, comprennent quatre classes maternelles, dix classes primaires et, éventuellement, deux classes de perfectionnement. L’intégration architecturale et conceptuelle au quartier projeté est privilégiée tandis que la ville nouvelle se fait alors un champ d’expérimentation autour de la question de l’équipement éducatif. Les propositions visent à rompre avec l’héritage du plan « en peigne » et l’école « casernement » afin de construire un enseignement ouvert sur la ville. En 1973, la circulaire Deygout du ministère de l’Éducation nationale parachève cette volonté en instituant un décloisonnement des classes, l’ouverture à l’environnement extérieur et l’adaptation de l’espace à une pédagogie visant à l’épanouissement de la personnalité des enfants. Si les expériences de Cergy n’adoptent pas immédiatement pour principe l’aire ouverte, ce volume central « à tout emploi », les premiers groupes scolaires sont étroitement liés aux recherches de leurs maîtres d’œuvre. Ils y trouvent également l’occasion d’explorer de nouvelles spatialités plus en accord avec l’expérience, le développement et le parcours de l’enfant.
L’entrée dans le groupe scolaire s’effectue depuis le cheminement public piéton qui relie le quartier sud de Cergy au centre-préfecture. Il traverse l’école, sous le réfectoire bâti en « pont ». Le porche occupe les sous-faces de huit hexagones irréguliers et sept poteaux porteurs centraux forment un péristyle irrégulier. À l’ouest, l’accès à l’unité primaire est immédiat : 378m2 d’espaces communs centraux abandonnent tout couloir de desserte et sont constitués par un spectaculaire forum à emmarchements qui réunit une circulation en U à niveau 0, une estrade à 1,40 m de hauteur et des mezzanines d’étage. L’irrégularité du pourtour de ce volume provient des cloisonnements disposés selon des angles à 120°. La lumière provenait de pans triangulaires de couverture vitrés vers l’ouest. La trame générale est issue d’un jeu composé de deux tailles d’hexagones réguliers et de divers hexagones irréguliers traités en polyèdres. Le système géométrique d’ensemble retient le niveau 0 et le niveau +2,80 m mais exploite de multiples niveaux partiels : -0,70 m, -1,40 m, +1,40 m, +2,10 m. Trois classes à l’ouest sont constituées chacune de trois hexagones, l’un consacré au travail intellectuel, le second au travail manuel, et le plus bas aménagé en amphithéâtre pour les activités de détente et créatives (72m2 en tout dont le forum de lecture à gradins). Ces classes sont desservies par l’espace dévolu aux vestiaires. Au nord, deux classes conçues suivant le même principe partage un petit atelier hexagonal commun de 13 m2. Les sections des poteaux porteurs sont réduites au maximum et une grande porosité des vues, multidirectionnelles, s’installe dans un espace de liaison organique qui constitue une expérience sensorielle en soi. L’ossature de lamellé collé, initialement voulue par l’architecte en métal, est secondée par des remplissages de panneaux sandwich. Le coût total, avant agrandissement, est de 4,1 millions de francs en 1973. L’école maternelle comporte également un hall, de 137m2, doublé d’une salle de jeux. Les vestiaires occupent les angles aigus de quartiers d’un hexagone situé près d’une salle de repos de 30m2. Les salles suivent le principe de trois hexagones situés sur trois niveaux différents et reliés par des escaliers à volées biaises. Quatre classes occupent l’étage. L’extension de 1977 a vraisemblablement été greffée en partie sud-est, essentiellement au-dessus d’un grand abri couvert de 189m2 situé en sous face d’hexagones : ce préau est parfois uniquement adapté à la taille des enfants. L’école, d’une surface de 3481m2 hors œuvre, est prévue à l’origine sur des terrains sans clôture : une limite provisoire a peu à peu été érigée à la demande des parents d’élèves et enseignants, secondée par des plantations en pourtour. Les couleurs vives de la peinture plastique étanche des premières années et les volumes hexagonaux complexes établissaient un contraste urbain saisissant avec l’ensemble de logements alentour, de densité relativement faible et d’écriture très sobre. Certains locaux (salle polyvalente nord) étaient initialement conçus pour d’autres utilisateurs mais les habitants du quartier n’ont pas véritablement profité de l’idée et le site est aujourd’hui monofonctionnel. Les enseignants sont toujours aujourd’hui nécessairement animés par des intentions proches de celles de l’architecte : un seul effectif de classe ne peut que très difficilement être réuni en même temps au même niveau. Le procédé de peinture plastique coloré s’est très rapidement dégradé et la polychromie a été sacrifiée lors de la mise en œuvre de doublages étanches (paxalus, feuilles goudronnées). De nombreuses menuiseries ont été remplacées par des châssis plus épais et les éclairages zénithaux ont été obérés.
Jean Renaudie (1925-1981) se voit confier par l’établissement public deux terrains séparés par une circulation publique piétonne préexistante et un programme de 12 classes de primaire et 4 classes de maternelle. Il fait d’emblée le choix de combiner des éléments constitutifs des deux programmes et opte pour une solution de liaison organique des fonctionnements. Le parti original est celui d’un pont et admet une souplesse dans l’utilisation de certains locaux, notamment le réfectoire qui constitue la liaison au-dessus du passage public. L’architecte recherche alors par un travail au compas une volumétrie et une unité volumique capable de redéfinir la classe traditionnelle. Il souhaite établir une continuité du volume d’ensemble par la répétition d’un module rationnel. Les premières esquisses en coupe montrent une prédilection pour la multiplication de « volumes bulles » et ont également des liens avec les développements de la fonction oblique. Des variantes d’une même disposition de l’imbrication de deux classes combinent en coupe des sphères en matières plastiques. L’étude, sur décision administrative, sera continuée avec une base géométrique différente qui conserve l’idée d’amphithéâtre pour chaque classe et tente de résoudre les variations de niveaux qui en découle concernant les superpositions de niveaux. C’est la trame hexagonale en trois dimensions qui redéfinit un projet d’allure proliférante. L’organisation du groupe scolaire n’est ainsi pas uniquement dictée par des critères d’ordre fonctionnel mais aussi par une expérimentation plus personnelle. Sa résolution aboutit presque à l’abolition de la notion d’étages de référence. L’organisation continue débouche paradoxalement sur l’adoption d’une figure de style omniprésente au sein de l’école : l’emmarchement et ses démultiplications directionnelles. La vie collective est favorisée par l’abandon des couloirs de desserte et la diversité des espaces au sein de la répétition d’un volume géométrique hexagonal.
2022
Public
2022
DRAC IDF et ENSA Paris-Belleville, chaire d’enseignement et de recherche PEPS Patrimoine Expérimentation Projets : étudiants du DSA Architecture et Patrimoine, sous la dir. de Pierre Gommier