Ancienne usine de Fûts et Bidons métalliques de l’Est

Désignation

Dénomination de l'édifice

Architecture industrielle ; usine ; usine de petite métallurgie ; usine de chaudronnerie

Destination actuelle de l'édifice

Silo

Titre courant

Ancienne usine de Fûts et Bidons métalliques de l’Est

Localisation

Grand Est ; Meurthe-et-Moselle (54) ; Lunéville ; 18, rue Louis-Ferry ; 25, rue Jeanne-d'Arc

Adresse de l'édifice

Louis-Ferry (rue) 18 ; Jeanne-d'Arc (rue) 25

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

20e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1947 ; 1957

Auteur de l'édifice

César Fernand (architecte) ; Malot Raymond (architecte) ; Société des Entreprises Boussiron (entrepreneur)

Description historique

Une première usine est construite en 1920 pour la société Trimbach qui fabrique des articles de chaudronnerie galvanisés. Reprise dans les années 1930 par la société Fulor, on y produit alors des fûts et des bidons. Désaffectée entre 1935 et 1939, utilisée comme dépôt par l’armée allemande et démolie en 1944, l’usine est entièrement reconstruite entre 1952 et 1953 par les architectes Fernand César et Raymond Malot pour l’entreprise devenue la Société anonyme des Fûts et Bidons métalliques de l’Est. Ils vont employer pour la réalisation des voûtes un procédé novateur de voiles minces en béton armé. Pour ce faire, ils font appel à la société Boussiron, spécialiste du béton armé, à qui l’on doit la réalisation de nombreux monuments et ouvrages d’art, en particulier la conception des hangars de Marignane (Bouches-du-Rhône) édifiés entre 1948 et 1951 avec Auguste Perret. L’ingénieur Nicolas Esquillan fut directeur technique de Boussiron. La société a multiplié les records et les défis architectoniques (pont de la Roche-Guyon, pont de Tancarville, CNIT). Quelques années après la livraison des nouveaux locaux de Lunéville, l’entreprise Fulor oriente son activité vers le traitement de surface des métaux avant de l’arrêter définitivement et d’abandonner le site à la fin des années 1960. Les locaux sont ensuite achetés par la ville de Lunéville puis acquis en 1970 par la Coopérative agricole de Lorraine qui les utilise comme silos à grain.

Description

Commentaire descriptif de l'édifice

L’ancienne usine Fulor est située à l’ouest de Lunéville, près de la caserne militaire et de la voie ferrée à laquelle elle était directement reliée. L’édifice prend au sol la forme d’un rectangle de 4 570 m2 que composent quatre halles parallèles et mitoyennes. Elles sont constituées de murs d’une hauteur d’environ 2,50 mètres, en parpaings, moellons et béton armé enduits. Sur les façades nord-ouest et sud-ouest, ils sont surmontés d’une baie en bandeau filant, garnie de menuiseries métalliques. Au sud-est, chacune des trois premières halles est percée d’une grande porte cochère. Chaque halle est surmontée d’un ensemble de sheds conoïdes, en demicoupoles inclinées, en béton armé, placés en enfilade pour former une longue voûte. Les deux premières comptent six sheds, la troisième sept et la quatrième huit. Les septième et huitième sheds viennent en saillie de la façade sud-est. Sur la toiture, chaque imbrication de deux sheds forme une baie fermée verticalement par des tôles ondulées translucides qui apportent un éclairage zénithal aux espaces intérieurs. A l’intérieur de l’édifice, chaque halle offre un vaste volume toute hauteur. Des dispositifs de transport de grain sont désormais suspendus aux voûtes. A l’ouest, à l’angle des rues Louis-Ferry et Jeanne-d’Arc, deux pavillons encadrent le portail d’entrée de l’usine. L’un, à gauche, accueillait le logement du concierge et l’autre, à droite, les bureaux et les services communs. Ces bâtiments, bâtis sur sous-sols semi-enterrés, prennent la forme de parallélépipèdes couverts d’une toiture monopente. Les façades de béton enduit, sont percées de différentes baies carrées et rectangulaires. Celles de la maison du concierge sont pourvues de contrevents métalliques. Au sommet des façades côté rue, un bardage de tôle ondulée a été, selon toute vraisemblance, ajouté plus récemment (élément discordant).

Protection et label

Intérêt de l'édifice

Fernand César, architecte né à Nancy, effectue l’ensemble de sa carrière en Lorraine. Il livre ici, en collaboration avec Raymond Malot, un édifice où l’architecture et l’ingénierie s’allient pour offrir une nouvelle usine à la Société anonyme des Fûts et Bidons métalliques de l’Est (Fulor). L’ensemble aux dimensions impressionnantes se dresse à l’emplacement de l’ancienne usine détruite en 1944. L’usine Fulor est l’une des dernières réalisations connues de Fernand César qui construit une œuvre en radicale rupture avec ses créations d’avant-guerre. Adoptant un parti fonctionnaliste, il conçoit un ensemble composé de plusieurs ateliers dont le plus impressionnant prend la forme d’une grande halle couverte de voûtes minces conoïdes. Réalisées en voile mince de béton, elles se composent d’une série de sheds en demi-coupoles inclinées, conçues d’après le principe inventé par Eugène Freyssinet en 1927. Cette prouesse technique, l’une des seules en Lorraine – si ce n’est l’unique – est mise en œuvre par la société des entreprises Boussiron, l’une des premières entreprises de construction spécialisées en béton. La structure, en bon état de conservation, n’a rien perdu de son caractère exceptionnel.