Architecture scolaire ; édifice scolaire ; école ; école primaire
École primaire André-Malraux
Occitanie ; Hérault (34) ; Montpellier ; 89 boulevard Juan-Miro
Juan-Miro (boulevard) 80
SD 190
21e siècle
21e siècle
2015
Depuis 1985, la ville de Montpellier a engagé une politique transversale auprès de l’ensemble des services municipaux en conduisant une réflexion sur le coût global des bâtiments. En 2015, Montpellier a reçu le prix de l’innovation pour ses quatre écoles BEPOS (bâtiment à énergie positive) pour la 25e année des « Trophées des Eco-maires ». Une école BEPOS coûte deux fois moins en énergie par m² chauffé et éclairé. Les écoles sont conçues pour optimiser toutes les consommations d’énergie et la production d’énergie photovoltaïque doit compenser cette faible consommation. Les écoles François-Mitterand, Beethoven, Chengdu et Malraux sont représentatives de cette réflexion. Le groupe scolaire André-Malraux a fait l’objet d’un concours quand d’autres ont été conçues par les services de la Ville. C’est le second groupe scolaire de la ZAC Parc Marianne. Dominique Coulon, architecte strasbourgeois, a été retenu. L’agence de Dominique Coulon a conçu de nombreux projets d’architecture publique, dont des établissements scolaires : école maternelle de Marmoutier (2007), Josephine-Baker à La Courneuve (2010), Simone-Veil à Colombes (2015) Le Moulon à Gif-sur-Yvette (2021), Olympe-de-Gouges à Gidy (2020). Le groupe scolaire a été finaliste de WAN Award 2016. L’école a une surface de 3 444 m² pour des travaux de 8 640 000 d’euros. Un des défauts de l’ensemble est la taille des cours, trop petites. L’alternance des sorties engendrées par la crise sanitaire a partiellement résolu le problème, mais il est fréquent que des bagarres éclatent, tout simplement par manque de place. La cour haute comportant un terrain de sport (cages de hand et filets de basket), un roulement a été établi pour que tous les élèves puissent y accéder pendant les récréations (trop de tension, sinon). La cour des maternelles a un arbre unique, au milieu d’une haute plate-bande triangulaire. Une grande ombrière court tout le long du bâtiment de l’élémentaire et les espaces sous lesporte-à-faux servent de préaux. Mais les cours sont peu praticables quand il fait très chaud et les parties ombragées trop peu importantes pour contenir tous les élèves. La salle de classe présente dans le porte-àfaux, orientée plein ouest, a demandé la création de stores métalliques pour atténuer la chaleur.
L’école se développe sur une parcelle triangulaire réduite, elle accompagne la stratégie urbaine de densification de la ZAC Port-Marianne. Le terrain, légèrement encaissé, devient l’enceinte protectrice de l’école ; elle est très opaque côté rue, comme les écoles récentes où la consigne est de ne pas rendre les enfants visibles depuis l’extérieur. Le principe qui a guidé le plan est celui d’une école adaptée au comportement des enfants, avec des espaces plus riches et donc plus ludiques que le bâtiment traditionnel en cube. L’évocation des briques de “Légo” par les façades avec leurs picots en relief participent de cet esprit. L’école maternelle et l’accueil périscolaire sont au rez-de-chaussée, l’école élémentaire occupe les deux étages, sa cour étant posée sur le toit de l’école maternelle. Le plan masse de l’ensemble se présente comme une sorte d’outil avec un axe de pivot qui déploierait ses trois branches superposées selon divers angles en créant des espaces géométriques. Pour la maternelle, c’est le triangle qui domine avec la forme de la cour, celle de la moquette rose, celle de la plate-bande. Pour l’école élémentaire, ce serait plutôt le rectangle. Au fond de la parcelle, orthogonalement à l’élément le plus long se trouve le réfectoire. La voie en surplomb à l’arrière permet un accès facile pour les livraisons et l’évacuation des déchets. Les volumes sont dessinés comme des éléments autonomes, les porte-à-faux deviennent les préaux des cours. Chaque volume a une couleur et une matérialité différente. Les baies ont été dessinées en fonction de leur orientation et du niveau de lumière nécessaire. Les circulations sont éclairées naturellement par des patios ou par des hauts-jours. Les salles de classes du niveau 1 ont un accès direct sur la cour sans circulation intérieure. Elles sont traversantes, la double orientation nord-sud permet un rafraîchissement naturel par un simple courant d’air. Par ailleurs, la disposition des bâtiments protège les deux cours des vents dominants, mistral et tramontane. Dans la cour de l’école élémentaire, deux dispositifs apportent de l’ombre : une ombrière sur tout le long de la façade des classes (orientée ouest, donc pas assez rafraîchissante), et les espaces dégagés par les porte-à-faux, qui restent dans l’ombre et sont aérés. La classe située dans le porte-à-faux est dédiée aux CM2, comme un symbole de l’ouverture sur le monde qui les entoure et sur le futur, puisque le terrain attenant est dévolu à l’installation d’un collège. L’esprit ludique des bâtiments se retrouve également à l’intérieur, avec des escaliers peints entièrement d’une couleur monochrome, bleu vif ou rose vif. Il y a également la pièce d’accueil à l’entrée, entièrement vitrée sur un côté et elle aussi monochrome, rose vif comme les escaliers (murs et plafond, mobilier). Elle donne l’impression d’une bulle de chewing-gum ou d’un chamallow géant, qui se prolonge dans la cour de la maternelle, partiellement recouverte d’un triangle de moquette rose. Dominique Coulon a beaucoup utilisé les couleurs vives et unies dans ses écoles, ainsi que les espaces complexes : groupe scolaire Martin-Peller à Reims (2005), Marmoutier (2007), La Courneuve (2010). A partir des années 2000, l’architecture scolaire renoue avec une architecture beaucoup plus démonstrative, plus visible que dans les deux décennies précédentes. Les bâtiments bas faits de petits modules, où l’élève doit se sentir en contact avec la nature, disparaissent. Les architectes affirment de nouveau la présence des écoles dans la ville. On peut parler ici d’architecture spectaculaire. La volonté de la Ville de Montpellier de densifier ses quartiers a cependant une limite : l’espace dévolu à ce genre de programme public est beaucoup moins généreux qu’auparavant et pose des problèmes d’usage de l’espace des cours. Le seul arbre planté semble décoratif et il n’y a en fait pas assez d’ombre pendant la saison chaude.
2023
Public
2020
Girard Laura ; Marciano Florence