Architecture scolaire ; édifice scolaire ; école ; groupe scolaire
Groupe scolaire Ernest Renan
Occitanie ; Haute-Garonne (31) ; Toulouse ; 3-5 chemin d'Audibert
Audibert (chemin d') 3-5
830 AM 94
20e siècle
20e siècle
1933 ; 1934
Après les lois Jules Ferry de 1881, 1882 et 1886, de nombreuses écoles sont construites dans les quartiers toulousains, centraux, de faubourgs et proche de la campagne, telles que l’école du Pont des Demoiselles (1899), l’école de Saint-Simon (1899). Viennent ensuite les projets de de trois groupes scolaires au Busca, à Matabiau et à Croix-Daurade, menés par la municipalité de Paul Feuga, dessinés par l’architecte en chef de la ville, Jules Milloz, mis en chantier autour de 1924-1925 et livrés sous la mandature suivante d’Etienne Billières. Étienne Billières, maire socialiste de Toulouse élu en 1925, dresse le bilan d’importants retards dans le développement de la ville et engage alors une politique volontaire d’embellissements et de constructions articulée autour de moyens économiques et humains importants et de nouvelles stratégies de gestion. L’administration municipale devient alors un réel agent économique du développement de la ville et son action se fonde sur la modernisation des infrastructures e et la construction d’équipements sociaux, sanitaires, scolaires et culturels : construction de quinze groupes scolaires (et agrandissement de ceux existants), de six bains-douches, de cinq fourneaux économiques, de trente kiosques, d’une bourse du travail, d’un parc des sports et d’une bibliothèque municipale. Dans ce contexte d’intense production bâtie, cohérence et unité formelle transmettent un message politique qui représente l’action municipale. Les architectes de l’atelier municipal, Jules Milloz et Jean Montariol conçoivent les projets, l’entreprise les Charpentiers toulousains est régulièrement choisie et les artistes méridionaux sont également sollicités : le peintre Édouard Bouillière (1900-1967), le sculpteur Henry Parayre (1879-1970), le sculpteur Jean Druilhe, l’ébéniste Maurice Alet (1874-1967), le sculpteur Georges Vivent (1871-1949), le peintre Marc Saint-Saëns (1903-1979), le maître verrier André Rapp (1903-1979) et le sculpteur Sylvestre Clerc (1892-1958). Jean Montariol, né en 1892, est issu d’une famille de constructeurs. Il suit des études artistiques à l’école des Beaux-arts de Toulouse, qu’il poursuit à l’ENSBA à Paris dans l’atelier Deglanes et Nicod, grâce à une bourse municipale (grand prix municipal en 1911). Diplômé en 1922, il travaille quelques années avec son frère à son retour à Toulouse, puis il est nommé architecte de l’Office (1925-1939). En 1927, il entre dans ses nouvelles fonctions d’architecte en chef comme adjoint de Jules Milloz. En tant qu’architecte en chef adjoint, il est en charge de la direction des travaux neufs et des travaux d’entretien. Il occupe ce poste jusqu’en 1949. Il devient en 1948 l’architecte ordinaire de la toute nouvelle agence des Bâtiments de France à Toulouse. Avec l’accroissement de la population et le développement des faubourgs, dont les quartiers s’éloignent de plus en plus du centre-ville, notamment avec la construction de cités-jardins et d’immeubles d’habitations collectives par l’Office HBM, il devient nécessaire de faire construire des groupes scolaires complets, comprenant école de filles, école de garçons et école maternelle. Lors de la séance du conseil municipal du 2 mai 1929, Jules Julien, adjoint délégué à l’Instruction publique et aux Beaux-Arts, présente les avantprojets de cinq groupes scolaires pour les quartiers de Rangueil, de la Salade, des Trois-Cocus, de Fontaine-Bayonne (Patte d’Oie) et de la Juncasse. Face à la nécessité urgente de doter ces quartiers de groupes scolaires, la municipalité procède à un crédit de 14 885 330 francs pour effectuer les travaux. Le groupe scolaire de Fontaine-Lestang et l’école de garçons Fabre (Carmes) sont démarrés dans les années 1930. Les projets sont transmis au préfet de la Haute-Garonne le 27 juin 1929. L’inspecteur d’académie rend une appréciation selon deux rapports successifs le 21 octobre 1929 et le 6 décembre 1930. Les projets modifiés sont à nouveau présentés pour validation au conseil municipal en juillet 1931. Les réalisations deviennent nécessaires, entre 1931 et 1933, l’effectif scolaire augmente de 2500 élèves, certaines classes comptent entre 50 et 60 élèves. Les groupes scolaires de Rangueil, de la Salade, des Trois-Cocus, et de la Juncasse présentent des programmes similaires, des budgets équivalents, une même temporalité de conception et de chantier, et des partis architecturaux et constructifs proches voire identiques.
Dans le quartier des Trois-Cocus, il devient nécessaire de remplacer l’école mixte en place par un groupe scolaire complet devant l’urbanisation importante menée par l’office communal HBM et l’augmentation de la population induite. La municipalité décide d’acheter une parcelle à M. Fort, à l’angle du chemin de Négreneys et du petit chemin des Cocus. L’enquête parcellaire est débutée par la déclaration d’utilité publique du 6 janvier 1932 et l’expropriation est validée le 20 avril 1932. La pose de la première pierre a lieu le 28 avril 1933. Une rentrée partielle est réalisée le 1er octobre 1934, suivie d’une inauguration le 2 mai 1935. Les entreprises retenues à l’adjudication sont la Société Coopérative ouvrière « Les Charpentiers Toulousains », sous la direction éclairée de M. Paul Barthe (terrassement, maçonnerie), la Société Coopérative des Couvreurs et Zingueurs de Toulouse » (couverture, zinguerie), M. Vaillant (plâtrerie), MM. Moulins frères (menuiserie, parquets), M. Brusson (peinture et vitrerie), M. Ramadier (chauffage central) et MM. Groussard et Causse (installation électrique). Le sculpteur Jean Druille et le peintre Edouard Bouillères réalisent la décoration. L'ensemble des travaux qui viennent d'être exécutés s'élèvent à la somme de 2.993.850 francs; avec en plus l'acquisition du terrain 425.775 francs, soit une dépense totale de 3.419.625 francs. Les plans ont été dressés par Jean Montariol, architecte de la ville, avec ses collaborateurs, M. Louis, chef de section, M. Cazeneuve, surveillant des travaux. Le projet comprend une école de filles, une école de garçons, une école maternelle et une salle des fêtes et de réunion pour les oeuvres postscolaires ainsi que des cabines de douches. A l’angle du chemin de Négreneys et du petit chemin des Cocus, le groupe scolaire se déploie sur une parcelle très étirée, avec plusieurs bâtiments en rez-de- chaussée implantés le long des voies refermant les cours de récréation. Plusieurs pavillons émergent de la composition avec les logements à l’étage. La salle des fêtes se distingue dans cette composition. Elle est implantée au centre de la parcelle, bénéficiant d’un large parvis et son volume émerge des constructions scolaires. Le vestibule dessert la grande salle d’une capacité de 600 personnes et dispose de deux grands escaliers pour rejoindre la galerie à l’étage. Des cabines de douches et WC sont accolés sur les deux façades latérales de la salle et sont dédiés aux scolaires, filles et garçons. De part et d’autre de la salle des fêtes, l’école des garçons (à droite) et l’école des filles (à gauche) se composent de manière symétrique et identique. Chacune comprend quatre salles de classe, disposant chacune d’un espace adjacent proposant des lavabos et des vestiaires. Elles sont desservies par un couloir longeant la cour de récréation. Le pavillon d’entrée contient un vestibule, une salle d’attente, un bureau pour le directeur ou la directrice, l’escalier d’accès au logement de l’étage. L’école maternelle est implantée à l’angle des voies publiques. Un large parvis recule sa façade. Les dispositions intérieures sont similaires aux écoles élémentaires. La salle d’activités disposait d’un éclairage zénithal complémentaire. Les murs étaient habillés des dessins du peintre Bouillières. Les salles de classe profitent de larges ouvertures, d’une hauteur de plafond généreuse (4,30 m). Les soubassements intérieurs sont revêtus de carreaux de grès ou de mosaïque pour l’hygiène des lieux et leur pérennité. Les sols des circulations sont en carreaux de grès et les sols des salles de classe en parquet en bois. Des dispositifs d’aération ont été mis en place : des grilles d’aération en partie basse des circulations qui peuvent être fermées et des châssis ouvrants en partie haute des menuiseries des salles de classe donnant sur le couloir. Des casiers en bois sont disposés dans les circulations de l’école maternelle. Le mode de construction associe un soubassement banché en béton de ciment enduit, une maçonnerie de briques apparentes et une toiture terrasse en béton armé. Le ciment est mis en oeuvre en appui de baie en imitation de la pierre. Un appareillage en dent d’engrenage forme une frise continue sur les ailes des salles de classe. Des bas-reliefs sculptés par Jean Druilhe décorent les entrées des écoles élémentaires et celles de la salle des fêtes ainsi que de belles portes en ferronnerie. Une table en mosaïque surmonte l’entrée de l’école maternelle proposant en carreaux dorés « Groupe scolaire Ernest Renan » sur un fond de carreaux bleus et bleu nuit. L’école a été agrandie régulièrement : des classes préfabriquées ont été ajoutées, un nouveau bâtiment a été construit à la fin des années 1950 par l’architecte de la ville. Aujourd’hui, l’école maternelle s’est étendue dans l’école des filles et l’ancienne école de garçons sert de CLAE.
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