Architecture de culture recherche sport ou loisir ; ensemble de culture recherche sport ou loisir ; complexe sportif
Complexe sportif des Récollets
Grand Est ; Meurthe-et-Moselle (54) ; Longwy ; rue Albert-Legendre
Albert-Legendre (rue)
AR26 ; AR23
20e siècle
20e siècle
1969
Dans les années 60, la municipalité de Longwy souhaite construire un nouvel équipement aquatique. Un site emblématique est sélectionné : le parc des Récollets, l’un des vestiges du projet thermal longovicien initié en 1907. Conçu par l’architecte paysagiste Edouard André, ce parc en déclivité se trouve au cœur de l’une des centralités de la commune, à l’abri des imposantes installations sidérurgiques. Ce contexte verdoyant semble donc être un cadre privilégié pour créer une complexe sportif emblématique capable de répondre en grande partie aux demandes des clubs sportifs de la ville. Le conseil municipal missionne l’architecte André Filliatre pour concevoir un programme à la hauteur de la puissance économique de la commune et du parc. Il s’agit de l’une des premières réalisations de Filliatre après sa reprise de l’agence de l’ancien architecte communal Jean Zimmermann. En avril-mai 1962, André Filliatre présente un premier programme alliant un gymnase et une piscine couverte. Cette esquisse est très vite remaniée. Le modeste gymnase se transforme en gymnase omnisports capable d’accueillir un millier de spectateurs et donc des compétitions nationales voire internationales. Les dimensions de la piscine seront également réévaluées en cours de projet puisqu’en 1963 les premières normes et prescriptions relatives aux bassins olympiques apparaissent. Le bassin de Longwy est le premier bassin conforme aux dimensions instaurées après les Jeux Olympiques de Tokyo. Le chantier débute en mai 1964 et la piscine est réceptionnée en mars 1967 pour une inauguration le 2 avril 1967. Le gymnase est réceptionné en janvier 1969. Cette réalisation lance définitivement la carrière d’André Filliatre et lui permet d’acquérir rapidement une certaine renommée dans la profession. Le complexe sportif de Longwy est d’ailleurs immédiatement publié dans la revue Techniques et Architectures dans un numéro spécialisé sur les équipements sociaux
Le complexe sportif Léon Bassompierre s’insère dans le parc des Récollets, conçu au début du XXe siècle lorsque la ville développe un projet de ville thermale. Ce parc s’intègre dans la pente reliant Longwy-Haut et Longwy-Bas. Ainsi, les deux édifices conçus par André Filliatre composent avec la topographie naturelle du terrain. La salle omnisports est semi-enterrée, alors que la piscine profite d’une pente beaucoup plus douce et s’installe sur un léger socle offrant une vue dégagée sur le mail planté du parc. Les deux édifices, bien que distincts, ont été conçus conjointement. Les deux volumes s’insèrent de part et d’autre de la rue Albert Legendre et dialoguent par leur matérialité. En effet, cet ensemble relève d’un défi technique et structurel : créer de larges espaces libres sans points porteurs. L’architecte propose le même principe pour les deux équipements : une ossature en béton armé complétée par des éléments en béton cellulaire pour les maçonneries et une couverture assurée par une charpente en acier tridimensionnelle. Pour s’adapter au climat rude du Pays-haut, il choisit pour les façades des menuiseries en acier et un unique revêtement : des carrelages colorés rappelant les couleurs du parc. Le traitement des façades est en revanche différent et confère une identité à chaque édifice. Ainsi, la façade lisse et continue de la piscine s’étire et dessine une longue horizontale tandis que le porte-à-faux monumental de la salle omnisports est rythmé par les poteaux de béton. La réalisation de ces deux édifices relève de la prouesse technique. La charpente métallique de la salle omnisports repose sur deux appuis distants de 39,3 m et ne dépasse pas 1,4 m de hauteur. Elle supporte pourtant une couverture en bac acier et peut résister à un enneigement important. Pour arriver à cette légèreté et à ces faibles dimensions, l’architecte travaille avec une entreprise spécialisée dans la production de profils creux pour charpentes métalliques : la société Vallourec, qui est rattachée au groupe sidérurgique Lorraine-Escaut. Cette entreprise réalise pour ce projet des études approfondies sur le dessin de la charpente tubulaire afin de réduire les diamètres des tubes et réduire les longueurs en précontraignant certains tubes. Pour la piscine, Vallourec propose une charpente en poutres planes mixtes (poutrelles et treillis en tubes) permettant de dessiner un plafond constitué de caissons pyramidaux en aluminium. Autrement dit, la charpente de la piscine est constituée d’une nappe tridimensionnelle permettant de suspendre des pyramides tronquées en aluminium, dédiées à l’esthétique de l’espace mais aussi à ses qualités acoustiques. La salle omnisports mesure 44 x 46 m et possède une grande hauteur de 17 m. Elle apparaît comme monumentale depuis l’espace public, avec son porte-à-faux, ses imposants piliers et portiques en façade. En plan, l’ensemble des espaces servants ou des espaces d’entraînement viennent s’imbriquer le long de cette façade sud. Un hall central permet de distribuer les vestiaires au rez-de-chaussée, deux salles au sous-sol aujourd’hui dédiées aux sports de combat, et la vaste salle omnisports. À l’intérieur de la salle principale, la disposition des baies en bandeaux continues sous la sous-face de la couverture donne l’illusion que la charpente lévite. Les façades vitrées latérales mettent en valeur les six poutres treillis espacées de 8,5 m et les gradins monolithiques en béton (1000 places assises). La piscine, quant à elle, mesure 60 x 44 m et accueille un bassin olympique de 50 x 20 m ainsi que des gradins pour 500 personnes. Elle possède également un bassin-école de 12,5 x 6 m et des annexes (vestiaires, douches, bar). Le volume de la piscine olympique est beaucoup plus linéaire, il s’étend en longueur et offre une vue sur le parc planté des Récollets. Le plafond à caissons semble illimité grâce aux impostes vitrées parcourant les quatre façades et aux larges baies vitrées ouvrant l’espace du bassin sur l’extérieur.
Ce complexe sportif marque un tournant dans la carrière d’André Filliatre puisqu’il s’agit du premier projet qu’il réalise en son nom propre, mais aussi d’un projet fortement plébiscité lors de sa construction. Ce complexe sportif possède un programme ambitieux (les dimensions olympiques sont recommandées à partir des JO de Tokyo en 1964) et une architecture qui s’adapte avec finesse à son environnement. La salle Bassompierre et la piscine olympique marquent le paysage de la commune en dialoguant avec le parc historique des Récollets tout en développant un langage architectural marqué, monumental et sculptural. Les deux édifices sont des expressions de procédés structurels : ils traduisent et mettent en valeur la finesse des poutres treillis ou la massivité du béton. La structure se révèle par des jeux de lumières, les surfaces s’animent grâce aux façades largement vitrées. La commune a engagé une réflexion autour du devenir de la piscine olympique aujourd’hui désuète. Le plan libre et les qualités structurelles de l’édifice permettent d’envisager une reconversion. Critères ACR : – Singularité de l’œuvre ; – Caractère expérimental de la conception architecturale, urbaine, paysagère et de la réalisation technique ; – Notoriété de l’œuvre ; – Appartenance à une œuvre dont l’auteur fait l’objet d’une reconnaissance locale.
2023
Public
2023
Diez Lorenzo