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Plateforme ouverte du patrimoine

Historial de la grande Guerre

Désignation

Dénomination de l'édifice

Architecture monumentale commémorative funéraire et votive ; ensemble commémoratif

Titre courant

Historial de la grande Guerre

Localisation

Localisation

Hauts-de-France ; Somme (80) ; Péronne ; place André-Audinot

Adresse de l'édifice

André-Audinot (place)

Références cadastrales

AK 45 ; 255

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

20e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1987 ; 1992

Description historique

En 1986, le Conseil Général de la Somme lance la création d’un musée de la Première Guerre mondiale. L’est du département a besoin d’un équipement culturel, et la mémoire des batailles de la Somme, où l’ensemble des troupes alliées s’engagèrent dans des combats très meurtriers, semble un peu occultée par le symbole de l’affrontement franco-allemand que représente Verdun. Le comité scientifique enrichit le projet en ajoutant au musée une fonction de recherches sur l’histoire comparée de la première Guerre mondiale. « L’Historial » a donc pour objectif d’évoquer cette époque douloureuse, non pas sous la forme d’un musée de la guerre, mais par une évocation de la société civile et militaire de l’époque. C’est en 1987 que son implantation est fixée à Péronne – ville située au cœur d’une zone d’intenses combats de 1914 à 1918 et à proximité d’un accès à l’autoroute du Nord – dont le château du 13e siècle fut un QG important des armées alliées. Le département rachète le château pour un franc symbolique et lance le concours d’architecture. A la même date, l’association « Historial de la Grande Guerre » est créé. Elle commence à créer une collection. En 1987, bien qu’il n’ait jamais construit de musée ni n’ait été confronté au dialogue entre architecture ancienne et moderne, Henri Ciriani remporte le concours d’architecture. L’architecte, habitué à l’univers abstrait des villes nouvelles, utilise dans ce projet son expérience moderne de l’équilibre et des proportions au service des grands classiques de l’architecture que sont la présence de l’eau, la recherche de la sérénité, une certaine idée de la beauté liée à la façon dont l’architecture exprime ou défie la gravité. Dans la première phase du projet, le bâtiment est proche du château mais ne lui est pas lié. Ciriani conçoit un édifice avec une façade indépendante, tournée vers le parc et l’étang. Puis, le conseil départemental souhaite raccorder les deux bâtiments, et Ciriani planche sur la passerelle d’entrée. Sur le plan de la scénographie, le projet est d’abord confié à Gérard Rougeron, scénographe du cinéma, qui propose entre 1987 et 1989 des principes de reconstitution. Il apparaît rapidement que ces propositions ne sont pas en phase avec le projet scientifique. C’est en 1990, que l’agence Repérages est choisie pour le remplacer. L’Historial de la Grande Guerre est inauguré en 1992 et obtient la même année une mention à l’équerre d’argent et une au prix de la Fondation Mies van des Rohe en 1993. En prévision de la commémoration du centenaire de la bataille de la Somme, le musée connaît un réaménagement de plusieurs de ses salles de 2014 à 2018. Le parc du C.A.M. qui entourent l’Historial a connu, en 2014, un réaménagement partiel par la création du « jardin du 6e continent », œuvre du paysagiste Gilles Clément. Pour 2018-2020, un projet de reprise partielle du bâtiment pour agrandir la cafétéria et prévoir des pièces allouées à la conservation préventive (quarantaine, anoxie, etc.) est mené par l’agence Beaudouin, dont le gérant Laurent Beaudouin est un ancien élève de Ciriani.

Description

Commentaire descriptif de l'édifice

Pour insérer son extension dans le prolongement du château médiéval, tout en réglant la contrainte liée au dénivelé et à la présence de l’étang, Henri Ciriani conçoit un bâtiment sur pilotis. Celui-ci présente deux niveaux d’élévation. Le premier niveau, de plain-pied avec le château médiéval, s’ouvre sur l’accueil et, dissimulés aux yeux du public sur les bureaux de la conservation. Adossé aux murailles de briques, raccordé par une faille étroite taillée dans les remparts du château médiéval, le musée est constitué d’un niveau posé en partie sur pilotis et ouvert en plusieurs « failles de lumière » sur un parc verdoyant. Le béton blanc détache le bâtiment de son cadre de verdure. Il offre, derrière le château et au-devant du lac, un volume horizontal. L’accès depuis le château a déterminé le plan de référence du musée construit au niveau haut. Sous ce plan principal, une promenade abritée au bord de l’eau prend place à côté des bureaux et de la cafétéria. Dans le musée lui-même, Ciriani a cherché à soustraire l’espace à l’extérieur pour le doter d’une lumière entièrement reconstruite : la lumière est canalisée dans de grandes failles, qui se veulent être le rappel des tranchées. Le volume de chacune d’elles, tenu d’un côté par l’équerre de deux murs opaques, flotte de l’autre dans une aura lumineuse. Le parcours muséographique se développe en ellipse sur une surface de 2 200 m². Il se décompose en cinq salles, auxquelles s’ajoute en appendice une salle audiovisuelle. À ces salles s’ajoutent une bibliothèque, une salle de projection, un centre de recherches international et une vaste cafétéria. Avec 1 800 m2 de surface (la surface utile totale couvre 3 900 m2), l’Historial s’intègre dans le vieux château de Péronne qu’il prolonge, avec un théâtre de verdure, l’étang du CAM (centre d’armement militaire) et l’espace culturel Pierre-Mac-Orlan (natif de Péronne). A la croisée des axes, la salle des portraits se trouve au centre du parcours muséographique ; cette pièce ne reçoit sa lumière que de la lumière des autres salles. L’espace semble continu. Les surfaces qui se lient entre elles tout autant que les volumes de vides lumineux se déplient en continu en suivant la spirale carrée. Ces vides installent une complète substitution entre le dedans et le dehors, sans pour autant établir des rapports liés à la vue d’un paysage extérieur. L’architecte avait proposé une certaine symbolique de la découverte en jouant sur les montées et les descentes. Les nouveaux aménagements ont transformé le parcours de visite mais ont tenté de conserver les principes symboliques.

Protection et label

Intérêt oeuvre

Exemplarité de l’œuvre dans la participation à une politique publique : l’Historial de la Grande Guerre de Péronne a été créé à l’initiative du département de la Somme, dans le but de nourrir la mémoire collective des batailles de la Somme, dans leurs dimensions militaire, civile, culturelle et sociale et dans une démarche d’histoire comparative des différents pays belligérants ; Valeur de manifeste de l’œuvre en raison de son appartenance à un mouvement architectural ou d’idées reconnu : le musée s’inscrit explicitement dans le mouvement de l’architecture moderne, et plus particulièrement dans l’héritage de Le Corbusier, comme en attestent la volumétrie horizontale, le toit-terrasse, la structure sur pilotis, les fenêtres-bandeaux créant des failles de lumière, l’usage du béton blanc brut, mais également le parcours muséographique qui se déploie en ellipse ; Notoriété de l’œuvre : Henri Ciriani obtient en 1983 le grand prix national d’architecture. L’Historial de la Grande Guerre de Péronne obtient l’année de son inauguration en 1992 une mention à l’Équerre d’argent et l’année suivante une au prix d’architecture contemporaine de l’Union européenne Mies van der Rohe.

Date de label

2023

Observations concernant la protection de l'édifice

Public

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2023

Noms des rédacteurs de la notice et du dossier

Judicaël de la Soudière-Niault / ARTENE ; MEMORIAE/ Julie Aycard ; Elise Bailleul

Péronne-Historial de la Grande Guerre-phot. Artène-Mémoriae
Péronne-Historial de la Grande Guerre-phot. Artène-Mémoriae
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