Architecture de culture recherche sport ou loisir ; édifice et aménagement de culture recherche sport ou loisir ; centre de loisirs
Salle Mille-club
Hauts-de-France ; Nord (59) ; Watten ; place du Capitaine-Leveaux
Capitaine-Leveaux (place du)
Non cadastré
20e siècle
20e siècle
1981
En 1966, le ministère de la Jeunesse et des Sports lance un concours pour un prototype d’équipement socio-éducatif visant à équiper la France de « Mille clubs de jeunes ». La même année, le ministre de la Jeunesse et des Sports François Missoffe décidait de la rédaction d’un Livre blanc sur la jeunesse, consultation qui devait permettre à la jeunesse d’exprimer son opinion mais qui ne recevra pas l’accueil escompté. Dans un but économique, les Mille clubs devaient être des modèles de série, produits selon des processus de préfabrication légère. Ils devaient être livrés en kit aux communes sélectionnées et montés par les jeunes sous la direction d’un agent technique, impliquant une facilité d’assemblage et un poids limité (moins de 60 kg par élément constructif). Le choix du terrain, sa viabilisation et la réalisation des fondations du club étaient à la charge des municipalités. Les exemplaires devaient être identiques quelle que soit la région ou la taille de la commune (urbaine ou rurale), comporter un foyer avec bar et sanitaires, et assurer une diffusion et un accès aux animations socioculturelles égalitaires sur tout le territoire. 1130 clubs, de deux modèles différents (SEAL et BSM), sont livrés de 1968 à 1972. Une deuxième opération est initiée à la suite du Plan Construction de 1971, qui devait stimuler l’innovation dans le domaine du bâtiment. Un concours de conception-construction est décidé l’année suivante pour « l’étude de bâtiments ayant une grande souplesse en plan et en aménagements intérieurs, leur permettant d’être utilisés à des fins diverses ; et la réalisation, à partir de cette étude, d’un millier de clubs de jeunes qui seront répartis sur l’ensemble du territoire de la France métropolitaine ». Il ne s’agit donc plus des deux modèles identiques proposés entre 1968 et 1972, mais de nouveaux modèles plus adaptables. Parmi les trois lauréats de ce concours, l’entreprise SCAC et l’agence d’architecture Environnement Design rejoignent les deux lauréats déjà présents au premier concours. Les marchés de base sont achevés fin 1976 pour SEAL et BSM et fin 1977 pour SCAC. 2 500 clubs sont construits à l’issue de ces deux phases. La ville de Watten va bénéficier de cette seconde phase. Commune rurale et industrielle de 3000 habitants, elle voit ses deux principales usines fermer entre 1960 (Tuileries du Nord) et 1977 (filature Vandesmet). Le canal de l’Aa, qui longeait le bourg, est comblé en 1967 et remplacé par un canal plus adapté aux cargaisons modernes, plus à l’ouest. Par délibération du 11 octobre 1975, le Conseil municipal de Watten sollicite « l’attribution à titre gratuit d’un bâtiment type « 1.000 clubs » pour abriter les activités de l’Association culturelle « Loisirs et Promotions » en voie de constitution ». Le maire, Georges Fortry, souhaite ainsi profiter de cette opération nationale pour offrir un local à cette future association municipale. L’association semble d’autant plus correspondre à l’objectif ayant présidé à la création des Mille clubs qu’elle aura pour but « de promouvoir des réunions d’information, d’organiser des activités dirigées, des fêtes », donc de contribuer à l’animation de la ville. Le Mille club permettrait de bénéficier d’un local cloisonné et répondant aux normes de sécurité exigées. Deux mois plus tard, le préfet répond au maire que « le contingent alloué au titre des programmes 1975 et 1976 est affecté », mais qu’il prend bonne note de sa demande et ne manquera pas « de la considérer avec la plus grande attention dans le cas de disponibilités ou de l’élaboration d’une prochaine programmation ». Le maire s’arme donc de patience. Son successeur, Roger Vandenbergue, retente sa chance deux ans plus tard auprès du sénateur du Nord, Maurice Schumann, qui lui répond le 2 juin 1977 qu’il « procède immédiatement à une démarche conçue en termes tout particulièrement pressants auprès de M. le Préfet du Nord pour ce qui concerne le bâtiment type ‘Mille Clubs’ ». Cette démarche porte ses fruits. Le 8 septembre 1977, Maurice Cornette, député du Nord, informe le maire « de ce que l’installation du club de jeunes « Mille Clubs » figure en priorité sur la liste prévisionnelle de la programmation 1978 ». Watten bénéficie en fait d’une défection qui intervient le mois suivant. La ville peut alors bénéficier d’un club de type SCAC, créé par l’agence d’architecture Environnement Design. Les procédures administratives s’enchaînent. La municipalité peut également bénéficier d’une subvention forfaitaire de 12 000 francs, attribuée par le conseil général du Nord aux collectivités bénéficiaires d’un « 1 000 club de jeunes ». Les éléments permettant la construction du Mille club sont livrés le 24 février 1978 à la commune, mais le permis de construire n’est déposé que le 20 janvier 1981. Les travaux ont lieu toute l’année 1981. Le montage est effectué par l’entreprise Bourbourg-Services. En effet, l’idée de faire monter la structure par les jeunes de la ville est rapidement abandonnée compte-tenu de la complexité du montage et du poids des éléments.
Le Mille club de Watten est installé à l’ouest du bourg, sur le bras asséché de l’Aa. Il se dresse à la jonction entre la place du Capitaine-Leveaux et une esplanade végétale. Un premier projet réalisé en 1978 envisageait une disposition différente du bâtiment sur la parcelle : la façade A comportant l’entrée principale devait être située côté est (actuelle rue de l’Aa). Néanmoins, ce plan-masse a été modifié en 1981 pour permettre un accès côté sud, au niveau de la place, tandis que le côté donnant sur l’esplanade est entièrement aveugle. D’une superficie de 156,25 m², il est construit en bois et tôle sur une dalle de béton. Les tôles étaient peintes en bleu. Le bois, qui constituait la structure de l’ensemble, est peint couleur bois. Il s’agit d’un modèle ED-KIT, dont les modules se superposent pour former des doubles hauteurs et mezzanines. Au sol, le Mille club est constitué d’une juxtaposition de modules carrés de 2,50 m de côté. L’entrée se fait par le milieu du côté sud. À l’opposé, au centre du côté nord, se trouvent les toilettes et la chaufferie. Les deux modules centraux des côtés est et ouest sont ouverts de larges baies vitrées et deux sorties de secours. Quatre modules au sudest sont cloisonnés et forment une salle isolée, ouvrant également sur l’extérieur par une porte à l’est. En volume, les modules forment également des carrés de 2,50 m de hauteur, soit entiers soit tronqués à 45 degrés. Ainsi, les élévations ouest et est sont constituées de la juxtaposition de deux modules entiers, cantonnés de modules tronqués formant la partie inférieure de la couverture. Les deux modules, placés au centre, sont surmontés de deux modules tronqués ménageant une mezzanine couverte du sommet de la couverture. Une juxtaposition différente des modules dans la partie centrale de la construction conduit à une variation des volumes de toiture. À l’intérieur, les modules sont délimités par les bois de la structure, à l’exception de la surface du premier niveau de modules, qui est libéré des poteaux porteurs. Pour les deux niveaux supérieurs, chaque module est formé de quatre poteaux aux angles, de quatre éléments délimitant les côtés inférieurs et supérieurs des modules, et d’un élément traversant chaque côté du module, reliant l’angle inférieur gauche à l’angle supérieur droit, qui correspond pour les modules tronqués au côté recevant la couverture. La structure est intégralement boulonnée et peinte couleur bois foncé.
"Caractère innovant ou expérimental de la conception architecturale. urbaine. paysagère ou de la réalisation technique ou place dans l'histoire des techniques : le Mille-Club de Watten (modèle ED-KIT) témoigne de la deuxième phase de construction de Mille-Clubs que connaît la France à la fin des années 1970, et jusqu'au tout début des années 1980. Il est produit par l'entreprise SCAC et de l'agence d'architecture Environnement Design. Construction préfabriquée, standardisée et sérielle, ce modèle dispose de modules carrés, soit entiers soit tronqués, se super-posant pour former des doubles hauteurs et mezzanines tandis que le sol est constitué d'une juxta-position de modules carrés de même dimension. La juxtaposition différente des modules dans la partie centrale de la construction conduit à une variation des volumes de toiture. Le Mille-Club de Watten, un des derniers de sa série, a subi peu de modifications depuis son inauguration en 1981 ; Exemplarité de l'oeuvre dans la participation à une politique publique: à l'image des 2 500 autres clubs de jeunes construits au cours des années 1970, le Mille-Club de Watten est la matérialisation sur le territoire d'une politique nationale tournée vers la jeunesse, faisant suite au relatif échec des Maisons de la Culture, trop urbaines. Outil d'aménagement et de vitalisation des territoires, il ne pouvait exister sans un tissu associatif préexistant. Ainsi, à Watten, la création d'une association d'animation de la commune a permis de justifier la nécessité d'un Mille-Club auprès des administrations nationales."
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