Architecture domestique ; édifice domestique ; demeure ; immeuble à logements
Résidence de Talant
Bourgogne-Franche-Comté ; Côte-d'Or (21) ; Dijon ; 27-29 et 31 rue de Talant
Talant (rue de) 27-29 ; 31
"(2022) 000 HI 275"
20e siècle
20e siècle
1963 ; 1967
L’histoire de la Résidence de Talant, à Dijon, conçue par l’architecte Paul Joly-Delvalat à partir de 1962, illustre les ambitions d’un programme porté par un promoteur parisien, Fernand Loubeau, qui cherche à réaliser une opération immobilière d’envergure à proximité du centre-ville. Le terrain choisi est un ancien parc, situé dans un quartier résidentiel de la capitale bourguignonne, dont le propriétaire est une connaissance de l’architecte. Le projet est conçu en une semaine et la demande de permis de construire est déposée dans la foulée. Trois entités programmatiques ordonnancent cette importante opération immobilière, à savoir des logements collectifs, des bureaux et une maison individuelle. Il en résulte une composition en trois barres d’expression très différenciée. À cela s’ajoute deux exigences du commanditaire : prévoir des places de stationnement en abondance et avoir la possibilité de modifier facilement certaines surfaces habitables en bureaux. Tout en répondant à l’ensemble des attentes du promoteur, l’architecte dispose la totalité du programme en conservant une grande partie du parc initial, grâce à l’implantation des surfaces de parking en souterrain.
Dijon
Le parti architectural assemble une succession de longs parallélépipèdes qui s’adaptent à la parcelle. Cet ensemble rejoint l’une des préoccupations de l’urbanisme moderne de l’entre-deux-guerres revendiqué par Le Corbusier et les CIAM. La Charte d’Athènes préconise l’intégration des volumes bâtis et des espaces verts : « tout quartier d’habitation doit comporter désormais la surface verte nécessaire à l’aménagement rationnel de jeux et sports des enfants, des adolescents, des adultes ». Dans la largeur la plus importante du terrain, une haute barre, de neuf étages et un attique, est disposée sur trois niveaux de parkings souterrains et perpendiculairement à la limite parcellaire située en fond du terrain. Cette configuration permet de séparer l’espace végétal du parc de l’espace minéral desservant des places de stationnements supplémentaires aériens et abrités (box de garages accolés à la maison du gardien). Un grand hall central et traversant permet de garder des vues entre ces deux lieux. Aux extrémités de cette barre, deux corps de bâtiments bas, orientés en quinconce, et reprenant les lignes directrices des limites de propriété facilitent l’intégration de cette réalisation à la forme du terrain. Du côté de la rue, un élégant immeuble-pont, élevé d’un seul niveau, et occupé par des bureaux, prolonge l’alignement du bâtiment mitoyen et referme la parcelle. Il est habillé d’un mur-rideau composé d’un bandeau vitré continu et d’allèges en verre émaillé. Mis en apesanteur, il marque la limite sans contraindre. À l’opposé, une barre basse de quatre niveaux abrite des logements. Sa façade se creuse en plans successifs, ménageant des terrasses privatives. Cette dernière, agencée par des logements ayant pour certains deux accès privatifs, se termine par une maison individuelle, possédant une pièce largement vitrée, et couverte par une toiture terrasse semi-circulaire. Insérée entre ces deux entités programmatiques, la barre de grande hauteur possède une mixité fonctionnelle, car elle est destinée à accueillir des bureaux et des logements. La transition entre ces deux volumes horizontaux contraste avec l’élancement du corps principal de cet ensemble immobilier, mais ce dernier sert de colonne vertébrale à cette implantation urbaine singulière à Dijon. Deux éléments verticaux, le hall d’entrée trapézoïdal totalement vitré et l’imposante cheminée saillante accolée au pignon sud de l’immeuble haut, servent d’articulation entre les trois volumes longilignes. Alors que tous les bâtiments qui composent cette réalisation sont individualisés, ce parti atypique forme un programme spatialement cohérent et homogène. Les trois entités semblent adopter des partis architecturaux différents ; le mur-rideau est toutefois une récurrence et le rapport à l’extérieur est chaque fois privilégié.
Caractère innovant ou expérimental : l'opération d'ensemble propose un programme à la fois complémentaire et diversifié: habitat collectif, habitat individuel et activité tertiaire. Le projet préfigure la mixité imposée par la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) du 13 décembre 2000. Notoriété de l'œuvre eu égard notamment aux publications dont elle a fait l'objet ou la mentionnant. Exemplarité de l'œuvre dans la participation à une politique publique : le projet est représentatif de la Reconstruction. Il participe à la transition des Zones à Urbaniser en Priorité (ZUP) aux Zories d'Aménagement Concerté (ZAC) instituée par la loi d'orientation foncière du 30 décembre 1967 dans le cadre de la politique d'aménagement de l'espace urbain. Appartenance à un ensemble ou à une œuvre dont l'auteur fait l'objet d'une reconnaissance nationale ou locale. La production de Paul Joly-Delvalat, urbaniste et architecte d'intérieur de formation, se caractérise par une maîtrise des différentes échelles allant de l'urbain au détail technique et esthétique.
2023
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