Architecture civile publique ; édifice de l'administration ou de la vie publique ; siège d'association ou d'organisation
Siège social de la compagnie d'assurances MAIF
Nouvelle-Aquitaine ; Deux-Sèvres (79) ; Niort ; "avenue Salvador-Allende ; boulevard de l’Atlantique"
Salvador-Allende (avenue) ; Atlantique (boulevard de l')
"BD 77 ; 92 ; 98 ; 102 ; 106 ; 107 ; 108 ; 109 ; 111 ; 113 ; 114 ; 115 ; 116 ; 117 ; 118 ; 119 ; 120 ; 121 ; 122 ; 123 ; 126 ; 127 "
20e siècle
20e siècle
1981
Dès 1971, il est question de déménager le siège social qui ne peut plus s’étendre en centre-ville aux 116-118 avenue de Paris. Il faut dire que le site est déjà ancien. Les premiers bâtiments sont édifiés à partir de 1937 par Gaston Dévilette, complétés en 1951. En 1962, les architectes Le Sauter renouvellent le complexe par 4 000 m2 de bureaux, 2 700 m2 pour la coopérative d’achat, une salle de congrès et un club du personnel prévu pour 300 personnes. Mais l’accroissement du nombre de sociétaires et l’augmentation de l’activité due à des extensions de garantie rendent indispensable la construction de bâtiments supplémentaires. La situation en centre-ville, avec la présence de nombreuses propriétés privées impossibles à acquérir, compromet toute perspective d’extension. Après la construction, dans la cour, du bâtiment informatique, en 1972, un groupe de rédaction rejoint des locaux avenue de Limoges, tandis qu’en 1976, deux autres groupes de rédaction occupent des bâtiments loués dans la caserne Duguesclin. La volonté est de trouver un espace suffisamment vaste pour regrouper tous les bureaux sur un même lieu, capable d’absorber l’accroissement futur. Ainsi, le 14 octobre 1974, un terrain appartenant à la Ville est acquis par la Maif dans la Zup Saint-Liguaire, en bordure du boulevard Atlantique vers la voie de desserte du Parc des expositions et des loisirs au lieu-dit La Grange au Mont. Le conseil d’administration opte pour assumer pleinement la qualité de maître de l’ouvrage en mettant au point, au sein de la Maif, un programme suffisamment élaboré constituant le dossier de départ du travail des futurs réalisateurs.
L’ensemble se compose de trois bâtiments de rédaction en Y, le bâtiment administratif et courbe (bâtiment de direction), le bâtiment informatique en triangle (1981), le club du personnel, le gymnase, complété ensuite par le bâtiment E (1987), le Catamaran (1989), le Pavois (1992) et de locaux techniques. La surface totale des locaux est de 47 000 m2. Les plans mettent en scène plusieurs immeubles reliés par une zone centrale recouverte de verdure, offrant une large aux espaces verts, une distinction affirmée entre les bureaux et le club de personnel permettant d’assurer une rupture entre temps de travail et temps de loisir. Le siège social est construit sur un terrain de 13 hectares descendant en pente douce vers le parc des Expositions, près de la Sèvre. L’ampleur du terrain a permis de répartir les masses et la pente a été mise à profit pour situer les bâtiments à des niveaux différents. L’ensemble, actuellement, se compose de trois bâtiments de rédaction et d’un bâtiment de direction et d’administration reliés entre eux par une terrasse entièrement gazonnée et plantée sous laquelle sont distribués les services généraux (imprimerie, économat, courrier, archives) éclairés par de nombreux patios. Un ensemble de salles de réunion, situées en rez-de-chaussée, donne sur la dalle terrasse. L’utilisation du béton à l’état brut est revendiquée comme un manifeste en parfaite opposition avec les larges surfaces miroirs des façades. Le système constructif associe une ossature en BA, des dalles de béton, des murs hanchés et des éléments préfabriqués. Les façades murs-rideaux sont formées d’une ossature en acier garnie de châssis fixes et coulissants en aluminium. Le club du personnel, nettement séparé des bâtiments de travail, est de conception en opposition radicale avec celle des bâtiments de rédaction. Les matériaux employés restent traditionnels (bois, pierre, grès, tuiles). Les liaisons entre les bâtiments se font soit par l’extérieur, à travers les jardins (et, pour se rendre au club du personnel, le long d’une petite rivière), soit à l’intérieur, par l’intermédiaire de rues et galeries reliant les bâtiments entre eux et permettant d’accéder aussi au club du personnel. Pour éviter l’effet de masse et pour préserver à chacun le maximum d’agrément visuel, les intersections de circulation, prévues à 120°, permettent, contrairement aux croisements à angle droit, fluidité et ouverture. Cette composition à 120° qui est également celle de l’architecture générale des bâtiments de rédaction fait profiter l’ensemble des occupants d’un maximum de vue sur les jardins ou sur les paysages environnants. Le bien-être des salariés est une préoccupation constante. Dans le projet initial, le restaurant d’entreprise devait pouvoir servir 1 000 à 1 100 repas en deux services par jour avec trois plats au choix et un menu adapté à ceux qui suivent un régime. La salle de repas était composée de zones d’ambiance variées de 10 tables de 4 personnes. En plus des équipements (gymnase, terrain de sport), la mutuelle offre des services de garderie avec le centre-aéré et de conciergerie. Un soin particulier est apporté à l’aménagement paysager des extérieurs. L’ancien jardin à la française des années 1980 a laissé place à un parc plus naturel, planté d’arbustes, de fleurs vivaces et de graminées. Sous les arbres qui bordent la rivière poissonneuse du site, les salariés profitent volontiers des tables installées, dédiées à la pause méridienne ou aux réunions. Ce cadre naturel est un écrin pour les expositions en plein-air thématiques et les sculptures du concours Maif bronze.
"La première originalité de ce chantier est que la mutuelle ne met pas en place d’appel d’offre. Elle rédige le programme de construction, synthèse des réflexions menées au sein des différents services, qu’elle soumet aux quatre agences consultées. La Maif se réserve le pilotage du chantier, originalité dans le monde des travaux de bâtiment, acceptée par les maîtres d’œuvre retenus : architectes et bureau d’études. L’équipe de pilotage est constituée avec MM. Pineau, Evrard, et Rebeyrol. Conception originale de l’ensemble : cinq immeubles aux formes complexes (courbe, Y, triangle) reliés par une grande dalle béton (liaisons en souterrain). Caractère innovant : le sol artificiel sur la dalle est traité en jardin « à la française » à l’époque. Sous cette dalle sont distribués les services généraux (imprimerie, économat, courrier, archives) éclairés par de nombreux patios. Le système de transport mécanisé des documents : le souhait de ne pas avoir une tour unique mais plusieurs bâtiments éclatés implique une solution pour la circulation des dossiers et du courrier et d’imaginer un système de transport des nombreux documents qui, en permanence, transitent de service en service. Le transporteur Télélift est constitué de 1 100 m de voies comportant trois rails conducteurs encastrés dans une gaine plastique et de 70 wagonnets-containers de dimensions normales et de 20 containers qui permettent le transport de documents de grandes dimensions. Chaque container qui peut acheminer jusqu’à 8 kg de documents, circule horizontalement ou verticalement à la vitesse de 0,60 m/s, alimenté directement en courant faible par les rails. Les containers partent de la gare centrale (service du courrier) et sont acheminés vers les 24 gares situées dans chaque service. À certains carrefours, de véritables aiguillages permettent les changements de circuits. Cette solution est considérée comme innovante lors de la construction du ministère de l'Économie et des Finances par Paul Chemetov et Borja Huidobro, de 1986 à 1988. Le télédoc est une invention franco-allemande d'acheminement automatisé du courrier. Le ministère en a été le premier utilisateur, dès l'ouverture des bâtiments, suivi par AXA, l'hôpital Georges Pompidou, la bibliothèque nationale de France (BNF) et le tribunal de Bobigny. Il semblerait que la Maif soit précurseur en ce domaine. Notoriété de l'œuvre eu égard notamment aux publications dont elle a fait l'objet ou la mentionnant : la presse spécialisée se fait l'écho de cette réalisation originale à plus d'un titre, qualifiée de chantier privé le plus important à l'échelle nationale (Le Moniteur , Architectes, Créez, L'Oeil). Valeur de manifeste de l’œuvre : L’allure avant-gardiste est synonyme de modernité. La généralisation des façades miroirs, dorées ou bleutées, à partir des années 1970 participe à cet effet. Ces nouveaux immeubles s’inscrivent dans la tendance nationale et sont à comparer avec les exemples parisiens de la Tour Essor (Michel Macheret, 1970), la Préfecture du Val-de-Marne à Créteil (Daniel Badani, 1968-1970), l’immeuble Maillot 2000, Paris se (J-C. Daufresne, 1970-1973) ou encore le ministère de l’Éducation nationale, Paris 13e. Courant brutaliste : privilégier une esthétique de l’inachevé et du rugueux des textures est le parti pris du courant brutaliste initié au début des années 1950 par les architectes d’avant-garde britanniques. Claude Perrotte revendique d’ailleurs s’être inspiré d’une université anglaise pour la conception de la Maif. Le brutalisme avec le recours aux matériaux laissés bruts – béton, pierre, verre, insiste sur la fragmentation des parties, à leur opposition franche. Cet ensemble est à comparer avec le musée Sainte-Croix à Poitiers de Jean Monge (1974). Authenticité : l'ensemble de bâtiments n'a pas fait l'objet de restructuration importante ; seuls les espaces de travail intérieurs ont été réaménagés pour s'adapter aux méthodes de travail actuelles. Des éléments mobiliers et des revêtements sont même conservés."
2023
Privé
2023
Tézière Stéphanie