Architecture religieuse ; édifice religieux ; édifice religieux ; chrétien église
Temple protestant
Bourgogne-Franche-Comté ; Saône-et-Loire (71) ; Mâcon ; Saint-Antoine (rue) 32
32 rue Saint-Antoine
AZ 155 (2023)
20e siècle
20e siècle
1963 ; 1967
Depuis 1835, la communauté protestante de Mâcon occupe un temple situé dans l’arrièrecour d’un immeuble de la rue Gambetta. En 1957, un projet d’urbanisme prévoit la destruction de l’îlot urbain comprenant ce temple. Le dialogue instauré avec la municipalité et la contribution apportée par la Société zurichoise d’aide aux protestants disséminés permettent à l’association cultuelle de bâtir son lieu de culte au cœur d’un vaste projet de réaménagement des quartiers de la Baille et des Carmélites. La parcelle de terrain retenue doit, à terme, s’insérer dans un ensemble constitué d’immeubles administratifs et d’habitation de grande hauteur. Elle est mise à disposition de la paroisse par un bail emphytéotique en 1963. Les architectes zurichois Oskar et Fernande Bitterli élaborent alors une proposition de centre paroissial associant au temple un immeuble qui comprend, outre le logement et le bureau du pasteur, une salle de spectacle modulable en deux salles de réunion. Leur proposition se fait en concertation avec l’architecte urbaniste de la ville, Daniel Petit. L’architecte mâconnais, Barnabé Augros, est chargé de la mise en œuvre de l’opération. De ce programme initial, seul le temple est réalisé. Les travaux débutent le 12 avril 1966 pour s’achever l’année suivante, quelques jours avant la cérémonie de dédicace, le 15 octobre 1967.
Glissé dans un ensemble urbain en projet constitué d’immeubles imposants, cubiques et rectilignes, le temple ne peut se démarquer par ses dimensions ou par sa hauteur. Aussi, lorsque Oskar et Fernande Bitterli commencent à travailler sur son architecture, s’appuientils à la fois sur son insertion dans son environnement futur, sur sa fonctionnalité et sur les besoins de la pratique liturgique. Ils testent formes et volumes lui permettant de se différencier tout en maintenant l’harmonie de l’ensemble souhaitée par l’architecte urbaniste de la ville. Sobre et épuré, son architecture s’appuie sur un jeu de lignes verticales et de plans inclinés. La pente du toit se veut une transition en direction d’une tour de huit étages prévue sur la parcelle mitoyenne. Un soin particulier est apporté aux baies : l’unité de l’ensemble est donnée par le jeu de meneaux en béton de la baie de la façade antérieure, rappelant les meneaux de celle du clocher. Ce dernier, haut de 16,30 mètres, présente un plan incliné inverse à celui du toit du temple. Il accueille trois cloches, dons de la paroisse de Zurich, installées en 1973. Les matériaux utilisés à l’intérieur sont variés (chêne, pin et sapin pour le bois, dalles de pierre de Buxy recouvrant le sol, béton enduit). Séparée par une porteaccordéon de la salle de réunion du conseil presbytéral, la salle de culte peut être augmentée de 50 places. La couverture en plan incliné du temple permet aussi l’insertion d’une tribune accueillant un orgue, et un ensemble de cinq bancs portant la capacité totale du lieu à 200 personnes. Oskar Bitterli soigne le dessin de l’ensemble du mobilier, qui est réalisé par des entreprises locales. Tout comme la croix, la table de communion, les bancs et la chaire sont en sapin. Les fonts baptismaux, dont les faces sont bouchardées et l’arête ciselée, sont taillés dans de la pierre de Buxy. Les chaises, les tables et l’orgue ont également fait l’objet d’une sélection et d’une commande par l’architecte. Enfin, il fait appel au Père Éric de la communauté de Taizé pour la réalisation de deux vitraux sur les thèmes du « buisson ardent » et « d’Élie ravitaillé par les corbeaux dans le désert ».
"Singularité de l'œuvre : seul temple de l'Église réformée construit durant la seconde moitié du xxe s. présent dans la partie bourguignonne de la région. En comparaison aux autres temples bâtis durant cette période, ce temple se distingue par une esthétique poussée lui conférant un caractère lyrique. Valeur manifeste de l'œuvre : le bâtiment s'insérant dans un projet de construction du nouveau quartier du plateau de la Baille, sa conception se caractérisant par une réflexion poussée sur l'éclairement de l'édifice et son édification revêtant un caractère d'œuvre totale, l'architecte ayant par ailleurs dessiné à différentes échelles, de la volumétrie jusqu'au mobilier en adéquation avec la pratique liturgique."
2024
Privé
2023