Architecture scolaire ; édifice scolaire ; édifice d'enseignement supérieur
École d'ingénieurs en informatique pour l'industrie (E3i)
Centre-Val de Loire ; Indre-et-Loire (37) ; Tours ; 64-66 avenue Jean-Portalis
Jean-Portalis (avenue) 64-66
000 HL 142, 143, 148
20e siècle
20e siècle
1993
À la fin des années 1980, l’enseignement supérieur en France connaît un fort accroissement des effectifs étudiants. Le gouvernement, en réponse, lance un programme de construction de nouveaux bâtiments universitaires en même temps que des nouvelles filières d’études. Porté par une exigence de qualité architecturale, ce programme fait appel tant à des architectes étrangers qu’à de jeunes équipes locales. À Tours, les architectes Eugène et Tardits sont chargés de la conception d’une nouvelle école d’ingénieurs dans le quartier du Technopôle (actuel quartier des Deux-Lions), destiné à terminer le plan d’aménagement de la vallée du Cher voulu par Jean Royer. Les études et les travaux sont menés avec une rapidité remarquable, quatorze mois séparant le dépôt du permis de construire de l’inauguration. L’E3i se situe sur un terrain entre l’avenue Jean-Portalis et l’avenue Marcel Dassault, au sud-ouest du parc du lac de la Bergeonnerie. Le bâtiment est construit selon un plan en équerre composé de trois ailes imbriquées définissant au centre un atrium triangulaire. Les façades à trois niveaux sont en voiles de béton préfabriqués, parés sur le côté nord de pierre de parement de Saint-Nicolas. La nature médiocre du sous-sol a conduit à retenir une ossature mixte constituée de poteaux en acier et en béton armé, et de dalles de plancher précontraintes. La façade ouest est dotée d’une double peau de brise-soleil inclinables en acier, cette grille métallique conférant une singularité vis-à-vis du quartier et évoquant le caractère technologique de l’enseignement. Les autres façades suivent un même rythme horizontal par l’utilisation de fenêtres en longueur prolongées aux extrémités de chaque aile par des portiques extrudés. Le pignon nord-ouest est animé par la saillie d’un balcon revêtu de carrelage rouge vif, nouvelle référence à l’esthétique corbuséenne. L’aménagement intérieur suit une même rigueur géométrique, cette fois transcrite dans le béton brut de décoffrage, la brique de verre et la serrurerie en acier galvanisé. Pièce inaugurale d’un quartier neuf, l’E3I symbolise, à l’échelle de Tours, le renouveau qualitatif de la commande publique en même temps que l’affirmation d’une nouvelle génération d’architectes. L’œuvre, caractéristique de la manière de Reynald Eugène, amène à un degré élevé la recherche de cohérence entre le parti architectural d’ensemble et le dessin des éléments de second œuvre. On reconnaîtra enfin, dans la pluralité de références et de citations historiques, la densité du débat architectural en France au début des années 1990, et en particulier l’influence tardive exercée par le modernisme italien de Giuseppe Terragni – également sensible dans la résidence de la Petite-Bourdaisière à Tours, des mêmes auteurs, déjà labellisée ACR en 2019.
2023
Public
2024