Architecture de culture recherche sport ou loisir ; édifice et aménagement de culture recherche sport ou loisir ; centre de loisirs
La Ruche, centre d’accueil périscolaire
Grand Est ; Vosges (88) ; Tendon ; Place de la mairie
Mairie (place de la)
0C 0408
21e siècle
21e siècle
2011 ; 2012
L’architecture du centre périscolaire « La Ruche » de Tendon (Vosges) prend sa source dans une commande innovante imaginée par la commune dans le cadre d’un plan de valorisation de la filière bois initié en 2008 par la Chambre départementale des métiers et de l’artisanat des Vosges. En effet, cette dernière, constatant que la ressource de bois local était exportée et valorisée à l’étranger, décide de lancer des opérations démonstratrices des capacités à produire (des édifices notamment) à partir du bois local et en circuit court. L’objectif est également de fournir un relai de croissance aux scieries locales. Ce programme est lancé en partenariat avec les « scieries de pays », l’Office national des forêts (ONF) et le Centre régional d’innovation et de transferts technologiques des industries du bois (CRITT Bois). La commune de Tendon, environnée de forets, s’est donc presque légitimement portée candidate à cet appel à projet d’innovation et à passer commande à l’agence d’architecture HAHA d’un équipement périscolaire qui pourrait faire cette démonstration. Figure également dans l’opération une halle couverte. C’est donc le cadre de cette commande, classique sur l’usage (un espace périscolaire) mais originale sur le process, qui fixe les bases de l’analyse architecturale. A l’échelle du village, l’édifice est judicieusement placé à l’angle de l’entrée de la place centrale. Il profite en effet d’une anfractuosité dans le tissu urbain, à coté de l’école. Sa forme de polygone irrégulier en plan est en partie dictée par son adaptation aux contraintes de ce site. A l’ouest, la façade se plie en deux pans afin de suivre au plus prés le talus de la route. Au nord, elle est parallèle à la limite de parcelle. A l’est, son orientation en biais permet de dégager largement l’espace de la cour de l’école. Enfin, au sud, la façade est pliée à nouveau en deux pans permettant ainsi d’obtenir une meilleure orientation solaire pour la salle d’évolution du périscolaire. Sur la base de cette surface au sol, presque résiduelle, le plan est assez simplement extrudé sur deux niveaux. Cette opération d’empilement d’étages, qui peut sembler étrange au regard de la petite taille de l’équipement et de la grande place disponible dans le village, est en fait parfaitement adaptée. Elle permet de valoriser la contrainte du talus en créant un accès haut directement lié à la route. Elle permet aussi de consolider l’ambiance urbaine de cette route qui traverse le village et de mieux « tenir » l’angle de la place. Enfin, et ce n’est pas un détail, elle réduit l’utilisation du beton (moins de dallage au sol) au profit du bois (plus d’élévations). Au niveau perceptif, le volume qui en découle est un signal urbain dont la verticalité est subtilement renforcée par plusieurs choix de conception : la toiture a versants irréguliers qui prolonge les façades, le bardage uniforme de l’ensemble et enfin le lanterneau hérissé de chevrons qui amortie l’architecture et signale implicitement l’axe vertical de l’édifice. Placé ainsi, face à l’église, l’architecture de la « ruche » fait penser, dans une version contemporaine en bois, à certains baptistères des villes italiennes. A ce stade de l’analyse, l’architecture de « La Ruche » n’est cependant que la réponse, certes remarquable, au volet classique de la commande : un programme d’usage harmonieusement inséré dans son environnement. S’agissant du volet innovant lié au bois local, les partenaires du projet se fixent comme objectif d’utiliser les bois d’une forêt de hêtres située sur le ban communal pour la construction de l’équipement. Il s’agit d’une innovation à plusieurs titre : celle de l’usage du hêtre en bois d’œuvre car ses caractéristiques techniques ne sont pas adaptées à la construction (essence trop nerveuse en grande dimension et trop sensible à l’humidité). Son débouché traditionnel étant l’ameublement. Celle ensuite de l’utilisation directe d’une ressource bois, sans passer par un fabricant (industriel de la transformation). A la seconde innovation, l’architecte répond simplement par ce résumé : « il a fallut trois ans de procédure administrative pour que les arbres de la forêt parcourent les trois kilomètres qui les séparaient du chantier ». L’idée simple que la commune s’occupe de faire couper et scier des bois issus de la forêt communale puis de les fournir à l’entreprise de charpente adjudicatrice Préfecture de la région Grand Est • Direction régionale des affaires culturelles Label du marché de construction s’est avérée au final compliquée sur le plan administratif. S’agissant de l’emploi du hêtre pour la construction, Claude Valentin met au point, dans le cadre d’un crédit impôt recherche (CIR) une structure à base de bois court (moins d’un mètre) assemblés afin de fabriquer des poutres-échelles et des poutres-caissons. L’invention est testée dans les laboratoires du CRITT puis validée par un bureau de contrôle. Les poutres en hêtre ainsi « recomposées », adaptées à chaque parois de l’architecture, sont préfabriquées hors site. Les poutres-échelle constituent le noyau structurel interne de l’édifice tandis que les poutres-caisson, isolées avec des bottes de paille (également locales), habillent les façades. Leurs faces internes est entièrement habillée de lambris de hêtre, utilisé également avec des formats courts. Enfin, le plancher du premier étage est réalisé avec un astucieux assemblage de planchettes de hêtre sur chant et clouées ce qui le rend quasiment indéformable et stabilise l’édifice. Au design urbain local de « La Ruche », répond ainsi un design « technique » également local qui, formant un tout indissociable, produit une architecture remarquable et démonstratrice.
Le centre d’accueil périscolaire « La Ruche » est situé à Tendon, village vosgiens (88) implanté au cœur d’une vallée secondaire qui relie Épinal et Gérardmer, aux portes du Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Le paysage environnant est caractéristique de cette région des Vosges située aux pieds du massif éponyme. La réalisation de Claude Valentin (HAHA) est implantée au centre de ce village – rue d’un peu plus de 500 habitants, le long de la route des Cascades, voie départementale qui le traverse et à la hauteur de la place de la mairie. Cette dernière est composée selon un axe est-ouest avec l’église, en position avancée sur l’autre coté de la route qu’elle force à un léger crochet, devant laquelle de développe en contrebas une large place peu aménagée (foiral) ouvrant sur les reliefs boisés environnants. Au sud, un édifice du XIXe siècle accueille la mairie, tandis qu’au nord, on trouve une halle couverte (également réalisée par HAHA), une école primaire et enfin le centre « La Ruche » positionné à l’angle entre la place et la route dans un espace laissé libre par l’école. L’architecture du centre est conçue sur un plan centré (massé) qui prend la forme d’un polygone irrégulier de six cotés de longueurs différentes. Implantée en contrebas par rapport à la route, elle s’élève sur trois niveaux prolongés par une toiture à six versants en correspondance avec les cotés du polygone. Le faîtage de la toiture est couronné par un grand lanterneau habillé de chevrons de bois. L’ensemble de la construction est réalisée en panneaux de pans de bois massif préfabriqués en hêtre d’environ 40 cm d’épaisseur et remplis de paille assurant l’isolation thermique. Les cloisons intérieures comme les planchers sont également en bois de hêtre massif. Celui du premier étage est réalisé avec des panneaux de planches sur chant, clouées. L’ensemble de cette architecture est habillée, façades comme toiture, en bardeaux de mélèze. Seul le premier niveau, en contrebas de la route, est paré de panneaux trois plis en mélèze. Les façades sont percées de baies doubles hauteur réunissant le rez-de-chaussée et le premier étage. Occupées par des menuiseries bois à grands vitrages, leurs largeurs varient entre un et quatre mètres. L’accès au centre se fait au premier étage par une passerelle en bois qui le relie directement à la route des Cascades. La distribution intérieure s’organise à chaque niveau autour d’une sorte d’alcôve formant entrée et dont la structure forme le contreventement de l’édifice. Celle-ci est percée dans une paroi orientée sensiblement nord-sud, qui délimite en deux moitiés égales, les salles d’évolution des enfants à l’ouest et des locaux de service à l’est. L’essentiel des baies toutes hauteurs sont pratiquées dans les salles d’évolution : une grande baie sur toute la largeur de la paroi sud, une autre sur la paroi nord et une petite sur celle à l’ouest, à l’endroit du vis-à-vis avec l’école. Au premier étage, une trémie est percée au centre de l’alcôve, qui s’élève sur deux niveaux, laissant passer la cheminée d’un poêle à bois, installé au rez-de-chaussée, ainsi que le flux d’air chaud qu’il génère. Au-dessus de ce premier niveau, un second, qui n’occupe que la partie est du plan, forme une mezzanine sur l’espace d’évolution. L’ensemble des parois intérieures ainsi que le couvrement sont habillées en lambris de bois de hêtre. Le sommet de ce couvrement est percé d’un jour zénithal éclairé par le lanterneau extérieur. Analyse architecturale : L’architecture du centre périscolaire « La Ruche » de Tendon (Vosges) prend sa source dans une commande innovante imaginée par la commune dans le cadre d’un plan de valorisation de la filière bois initié en 2008 par la Chambre départementale des métiers et de l’artisanat des Vosges. En effet, cette dernière, constatant que la ressource de bois local était exportée et valorisée à l’étranger, décide de lancer des opérations démonstratrices des capacités à produire (des édifices notamment) à partir du bois local et en circuit court. L’objectif est également de fournir un relai de croissance aux scieries locales. Ce programme est lancé en partenariat avec les « scieries de pays », l’Office national des forêts (ONF) et le Centre régional d’innovation et de transferts technologiques des industries du bois (CRITT Bois). La commune de Tendon, environnée de forets, s’est donc presque légitimement portée candidate à cet appel à projet d’innovation et à passer commande à l’agence d’architecture HAHA d’un équipement périscolaire qui pourrait faire cette démonstration. Figure également dans l’opération une halle couverte. C’est donc le cadre de cette commande, classique sur l’usage (un espace périscolaire) mais originale sur le process, qui fixe les bases de l’analyse architecturale. À l’échelle du village, l’édifice est judicieusement placé à l’angle de l’entrée de la place centrale. Il profite en effet d’une anfractuosité dans le tissu urbain, à côté de l’école. Sa forme de polygone irrégulier en plan est en partie dictée par son adaptation aux contraintes de ce site. À l’ouest, la façade se plie en deux pans afin de suivre au plus prés le talus de la route. Au nord, elle est parallèle à la limite de parcelle. À l’est, son orientation en biais permet de dégager largement l’espace de la cour de l’école. Enfin, au sud, la façade est pliée à nouveau en deux pans permettant ainsi d’obtenir une meilleure orientation solaire pour la salle d’évolution du périscolaire. Sur la base de cette surface au sol, presque résiduelle, le plan est assez simplement extrudé sur deux niveaux. Cette opération d’empilement d’étages, qui peut sembler étrange au regard de la petite taille de l’équipement et de la grande place disponible dans le village, est en fait parfaitement adaptée. Elle permet de valoriser la contrainte du talus en créant un accès haut directement lié à la route. Elle permet aussi de consolider l’ambiance urbaine de cette route qui traverse le village et de mieux « tenir » l’angle de la place. Enfin, et ce n’est pas un détail, elle réduit l’utilisation du béton (moins de dallage au sol) au profit du bois (plus d’élévations). Au niveau perceptif, le volume qui en découle est un signal urbain dont la verticalité est subtilement renforcée par plusieurs choix de conception : la toiture a versants irréguliers qui prolonge les façades, le bardage uniforme de l’ensemble et enfin le lanterneau hérissé de chevrons qui amortie l’architecture et signale implicitement l’axe vertical de l’édifice. Placé ainsi, face à l’église, l’architecture de la « ruche » fait penser, dans une version contemporaine en bois, à certains baptistères des villes italiennes. A ce stade de l’analyse, l’architecture de « La Ruche » n’est cependant que la réponse, certes remarquable, au volet classique de la commande : un programme d’usage harmonieusement inséré dans son environnement. S’agissant du volet innovant lié au bois local, les partenaires du projet se fixent comme objectif d’utiliser les bois d’une forêt de hêtres située sur le ban communal pour la construction de l’équipement. Il s’agit d’une innovation à plusieurs titres : celle de l’usage du hêtre en bois d’œuvre car ses caractéristiques techniques ne sont pas adaptées à la construction (essence trop nerveuse en grande dimension et trop sensible à l’humidité). Son débouché traditionnel étant l’ameublement. Celle ensuite de l’utilisation directe d’une ressource bois, sans passer par un fabricant (industriel de la transformation). A la seconde innovation, l’architecte répond simplement par ce résumé : « il a fallut trois ans de procédure administrative pour que les arbres de la forêt parcourent les trois kilomètres qui les séparaient du chantier ». L’idée simple que la commune s’occupe de faire couper et scier des bois issus de la forêt communale puis de les fournir à l’entreprise de charpente adjudicatrice du marché de construction s’est avérée,au final, compliquée sur le plan administratif. S’agissant de l’emploi du hêtre pour la construction, Claude Valentin met au point, dans le cadre d’un crédit impôt recherche (CIR) une structure à base de bois court (moins d’un mètre) assemblés afin de fabriquer des poutres-échelles et des poutres-caissons. L’invention est testée dans les laboratoires du CRITT puis validée par un bureau de contrôle. Les poutres en hêtre ainsi « recomposées », adaptées à chaque paroi de l’architecture, sont préfabriquées hors site. Les poutres-échelle constituent le noyau structurel interne de l’édifice tandis que les poutres-caisson, isolées avec des bottes de paille (également locales), habillent les façades. Leurs faces internes est entièrement habillée de lambris de hêtre, utilisé également avec des formats courts. Enfin, le plancher du premier étage est réalisé avec un astucieux assemblage de planchettes de hêtre sur chant et clouées ce qui le rend quasiment indéformable et stabilise l’édifice. Au design urbain local de « La Ruche », répond ainsi un design « technique » également local qui, formant un tout indissociable, produit une architecture remarquable et démonstratrice.
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