Établissement vinicole
Coopérative vinicole
Cave coopérative les Vignerons de Tavel
Occitanie ; Gard (30) ; Tavel ; route de la Commanderie
Anciennement région de : Languedoc-Roussillon
Commanderie (route de la)
2e quart 20e siècle
1937
Une première cave coopérative est fondée à Tavel en 1905 par le Syndicat des Propriétaires Viticulteurs de Tavel et installée dans un ancien chai particulier, près de la route d' Avignon, un peu au sud de la cave actuelle. Limitée à la vente en commun, elle semble avoir disparu au plus tard en 1914. Un nouveau projet voit le jour en décembre 1936, la Société Coopérative de vinification de Tavel est créée le 28 avril 1937, la cave, réalisée par l' architecte H. Floutier, est terminée en novembre 1937, l' entreprise Raoux Père et Fils est chargée du gros oeuvre ; l' inauguration, prévue le 30 janvier 1938, est reportée au 31 juillet pour permettre au Président de la République A. Lebrun d' y assister. Elle est d' emblée entièrement orientée sur la qualité et produit exclusivement du vin rosé d' appellation Côtes du Rhône nouvellement créée. Une première extension (nouveau chai à l' arrière) est réalisée en 1940, complétée par une petite cuverie en retour d' équerre contre le mur droit (elle est transformée depuis en salle du conseil d' administration). En 1964, un nouveau chai, conçu par l' architecte E. Vincent et bâti par l' entreprise A. Soulier (une plaque apposée dans ce bâtiment porte les deux noms), est construit en retrait et contre la cave primitive, à gauche, dans le même style que la cave première. En 1973, de nouvelles installations prennent place derrière la cave, dans le prolongement de l' extension de 1940. En 1986, un nouveau chai prolonge celui de 1964, contre l' extension de 1973. D' autres aménagements suivent, dont une usine d' embouteillage et un centre de stockage installé derrière les installations existantes en 2005. C' est à cette date qu' est aménagé le caveau de dégustation et de vente en avant de l' usine. La cave est toujours en activité en 2013.
Tavel possède la première cave coopérative spécialisée dans une production de qualité, autre que des vins doux. La cave coopérative de Tavel constitue une rupture stylistique complète par rapport à ce qui existe dans le Gard mais aussi dans toute la région. Floutier remet à la mode le style régionaliste en construisant une cave de style provençal qui puise son inspiration dans l' architecture vernaculaire : une plaque, apposée sur la cave pour fêter le cinquantenaire de la société, en revendique l' appartenance. Si l' emploi de la pierre apparente n' est pas une nouveauté (plusieurs architectes l' utilisaient déjà, dont Leenhardt ou encore Pierredon à Saint-Christol), l' appareil de la cave de Tavel se singularise par l' utilisation du calcaire local dont les moellons soigneusement équarris sont disposés en assises régulières à joints alternés. Contrairement aux caves coopératives qui dominent, et parfois écrasent, la campagne environnante de leur masse et de leur hauteur, la cave de Tavel s' intègre et se fond dans son environnement. A l' élancement austère des grands murs de chais, où les 2 murs pignons écrasent le spectateur, Floutier propose des volumes multiples, où les lignes obliques des pans de toits l' emportent sur la verticalité des murs. Pour atténuer la hauteur de sa construction, il créé un étage en sous-sol, qui abrite les foudres de conservation, desservi par une cour anglaise placée le long du mur gouttereau. Il joue en outre sur les décrochements architecturaux et sur la dissymétrie des toitures. Les principales caractéristiques de ce nouveau style sont assez simples : la présence d' un campanile pigeonnier sur le côté de la cave, l' utilisation d' arcs en plein-cintre et d' un porche monumental au-dessus des quais, les murs d' épaulement biais à l' angle du logis, auquel répondent les contreforts, également biais qui cantonnent le campanile. Il installe le bureau et le logement dans un corps de bâtiment adossé au vaisseau principal mais, pour en diminuer l' impact visuel, il l' aménage en rez-de-chaussée uniquement, le long du mur gouttereau, se contentant de prolonger le long-pan du vaisseau pour le couvrir, créant ainsi la dissymétrie voulue de la couverture. Les quais sont placés au centre de la façade, sous un grand porche monumental couvert d' un toit à 2 pans. On y accède par de grandes baies en plein-cintre. Un bas-relief, placé sur le fronton du porche, sculpté par Armand Pellier, dans la pierre rose de Tavel, représente Dionysos. Selon Jean-Louis Vayssettes, le sculpteur s' est inspiré de la Gorgone du fronton du temple archaïque de Paleopolis, sur l' île de Corfou, pour représenter un Dionysos grimaçant. Pour l' aménagement de la cave, Floutier n' innove pas, il se contente de construire un chai longitudinal qui comprend 2 batteries de cuves linéaires séparées par une allée centrale. Le chai primitif est conçu dès l' origine pour héberger un 1er agrandissement de cuves. Floutier aménage un hall de travail dans la partie antérieure du vaisseau qu' il sépare du chai par un mur diaphragme. La charpente, en béton armé, imite une charpente en bois, avec ses fermes composées des deux arbalétriers, de l' entrait et de poinçons et de contre fiches. Les agrandissements successifs se font d' abord par des constructions qui prolongent le chai d' origine vers l' arrière, toujours dans la pierre du pays. Par la suite, de nouveaux chais sont accolés aux bâtiments existants, tout en conservant une unité de mise en oeuvre assez exemplaire. Seule la nouvelle unité d' embouteillage rompt avec l' existant, sans perturber cependant la lecture globale.
2013/06/11 : inscrit MH
Labellisé par la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites du 14 février 2013
Propriété privée
2013
© Monuments historiques
2013
Sauget Jean-Michel ; Wienin Michel ; Clier Josette
Dossier individuel
LABELXX-LR