Maison ; ferme
Les maisons et fermes (Primelin)
Bretagne ; Finistère (29) ; Primelin
Cap Sizun
137 repérés ; 12 étudiés
17e siècle ; 18e siècle ; 19e siècle
La comparaison entre le cadastre de 1837 et le cadastre actuel montre que l’implantation des villages et leur structure n’a pas tellement été impacté par les modifications des années 1960. Pourtant, les voies de communication, notamment le réseau des chemins qui reliaient les villages les uns aux autres, a été remanié en grande partie. De nouveaux chemins d’exploitations plus larges, en meilleur état et des voies goudronnées reliant les villages à la départementale ont en effet vu le jour au moment du remembrement. Même si de nombreuses constructions ont vu le jour entre 1836 et aujourd’hui (on remarque l’apparition de nouveaux groupement d’habitations comme Keramu, Rugolva, le Croazou ou Pors Bae), l’enquête de terrain montre que le bâti ancien est extrêmement bien préservé. Il concerne dans une écrasante majorité des constructions datant du milieu du 19e siècle. 80% des dates portées relevées à Primelin concernent le 19e siècle dont plus de la moitié entre 1825 et 1875. Cette constatation témoigne du renouvellement profond et exceptionnellement homogène de l’habitat rural qui eut lieu dans tout le Cap-Sizun à cette époque. Quelques dates portées évoquent tout de même les siècles précédents : 1687 sur le logis de la ferme de Kerounou, 1775 sur une souche de cheminée de Kerlazen ou encore 1778 sur une pierre réemployée en chainage d’angle d’une ferme de Saint-Tugen. Les taux de dates relevées pour cette période sont cependant très faibles : environ 16%.
Granulite ; moellon ; enduit ; granulite ; moellon ; granulite ; pierre de taille
Le hameauLa commune est composée de deux zones géographiques aux caractéristiques relativement opposées. La partie sud, bordée par les falaises de la baie d’Audierne, est un plateau peu accidenté offert à tous les vents dont la végétation est assez rare sinon autour des habitations et dans de rares déclivités. La partie nord, quant à elle, est un paysage de collines et de vallées à la végétation plus dense. Malgré tout, l’implantation des villages sur l’ensemble du territoire de la commune est régulière. L’habitat est dispersé, en écarts plus ou moins importants. Bien que la majorité des villages étaient composés de trois à six unités d’habitation en 1837 (maisons ou fermes) comme à Kerforn, Kervedan, Kerguivit, Kerhas ar Bis ou Kerodeven, il existe à Primelin un nombre non négligeable de fermes isolées : Kerouil, Kerounou, Kerheuhan, Kergueren. Celles-ci sont d’anciens manoirs ou d’anciens moulins à eau. Les villages plus importants, qui comportaient une dizaine de feux ne sont pas en reste : Kerscoulet, Kerandraon ou Kermalero. Mais la singularité de Primelin réside dans la présence d’une ancienne trêve : Saint-Tugen qui en 1837 abritait trois fois plus d’habitations que le bourg lui-même : 9 feux au bourg contre 27 à Saint-Tugen. Cette trêve n’est pas devenue commune à part entière mais reste le village le plus important de Primelin.Notons que le rôle habituellement structurant et fédérateur qu’ont les puits et les fours à pains dans d’autres territoires de la région est quasiment absent du Cap-Sizun car chaque maison ou ferme possède généralement l’un ou l’autre (voire l’un et l’autre). Ici, c’est plutôt le lavoir maçonné à usage communautaire qui remplit ce rôle, bien qu’il soit souvent éloigné du centre du village. Il existe cependant à l’ouest du Cap un type du fournil assez rarement rencontré qui était commun à tous les habitants d’un village. Le plus emblématique d’entre eux se trouve près du village de Keriolet en Cleden-Cap-Sizun, aux portes de la pointe du Van. L’un d’entre eux, ruiné, a été observé au village de Kerforn.Les matériauxLe sous-sol de Primelin est presqu’entièrement granitique. Ce matériau d’extraction locale est utilisé dans la construction des bâtiments.Le moellon est utilisé pour le gros œuvre (pignons, élévation postérieure, dépendances) et l’usage de la pierre de taille est généralement limité aux chainages d’angles, bandeaux, corniche du toit, souches de cheminées et encadrement des baies. L’usage du moellon enduit était majoritaire sur les façades antérieures des logis, mais il arrivait, sur certaines fermes à logis à étage, que ce soit la pierre de taille qui soit employée (Kervrant, Saint-Tugen, Kerouil, etc.) C’est d’ailleurs à Primelin que la proportion de façades en pierres de taille est la plus forte du Cap-Sizun. Notons à ce propos le cas exceptionnel d’une maison en rez-de-chaussée en pierres de taille repérée dans le village de Kerforn.Le moellon non enduit est de plus en plus visible en façade. Ces dernières décennies ont vu en effet les propriétaires de maisons traditionnelles ôter le crépi de leur façade dans un but exclusivement esthétique, motivés par un effet de mode. Toutes les toitures observées sont en ardoises.La ferme et ses bâtimentsCommune à la fois rurale et maritime, la proportion entre fermes et maisons dites « de pêcheur » est à peu près équilibrée. Les maisons dites « de pêcheur » (40% des habitations repérées sur la commune) peuvent être considérées comme de petites fermes. Elles présentent un logis sans étage et une ou deux petites dépendances en enfilade (grange, remise, étable, crèche à cochon…). Elles appartiennent généralement à un pêcheur, un artisan ou un manœuvrier et l’activité agricole y est souvent d’appoint. La grande ferme, quant à elle, est un ensemble de dépendances variées, aux fonctions spécifiques, organisé autour d’un logis à étage. « Ici, étable, écurie, porcherie, grange, remise, fournil et puits sont dispersés autour de la cour. Celle-ci est soigneusement close de grands murs de pierre où s’expriment à la fois la nécessité de s’abriter du vent et le désir de s’isoler du voisinage. » (Toscer, Douard, 1979) L’écurie (Ti marchossi)Elle est presque systématiquement en enfilade du logis avec quelque fois un véritable étage qui servait d’habitation. Une porte intérieure sur le pignon qui sépare les deux bâtiments permet d’y accéder rapidement. Cette profonde connexion entre le logis et l’écurie est accentuée par le fait que leur façade présente souvent le même décor et le même appareillage.On peut encore observer à l’intérieur des anciennes écuries non rénovées un pavage en galets de mer sur champ en légère pente vers la porte. Ce système permettait une bonne évacuation des purins. D’autres galets, plus longs, ont été observés sortant de la maçonnerie, à l’intérieur de la dépendance. Ces derniers servaient à suspendre le collier et les éléments du harnachement du cheval. Dans une ferme de Saint-Tugen on peut encore y observer l’auge en granite monolithe servant à broyer l’ajonc donné en nourriture aux chevaux.L’étable (Ti zaout)Moins soignée que l’écurie, cette dépendance indispensable pour abriter les vaches et produire le précieux fumier est en moellons et ne porte pas de décor particulier. Elle peut se trouver dans l’alignement principal ou isolée dans la cour formant parfois clôture.De taille variable, elles ne peuvent pas accueillir plus de deux ou trois vaches dans leur version la plus simple. Leur façade la plus courante présente trois baies : une porte au centre entourée de deux petites fenêtres plus larges que hautes. Elle n’est jamais crépie. A l’intérieur, très peu d’aménagements sont visibles sinon les nombreux trous d’attaches qui étaient disposées dans la maçonnerie. Ces trous sont de petites cavités aménagées dans le mur où l’on coince une pierre allongée (souvent un galet). Les crèches à cochonsLes crèches à cochons de Primelin, comme celles de tout le Cap-Sizun, sont extrêmement soignées dans leur construction. Il s’agit de petits bâtiments, généralement en pierre de taille et composés d'un niveau et isolées du logis.Chaque cochon possède sa propre cellule présentant une porte basse associée à une mangeoire. Elles sont séparées, à l’intérieur du bâtiment, par des cloisons en bois. La longueur du bâtiment est déterminée par le nombre de ces cellules. Elles en possèdent généralement 2 ou 3.L’utilisation systématique d’une mangeoire, dite louarn (renard (?) dans le Cap-Sizun, est caractéristique du pays. L’ouverture, souvent surmontée d’un linteau en arc surbaissé, permet de verser directement la bouillie au cochon dans sa crèche sans avoir à y rentrer. La nourriture est guidée par une pierre inclinée et se déverse dans une auge en pierre incorporée à la maçonnerie et accessible de l’intérieur. Elles sont de temps en temps associées à un petit poulailler (Kervrant). Ce type de bâtiment présente généralement en façade une porte basse associée à un jour avec appui saillant et larmier qui permettait la circulation des poules. A l’intérieur, on peut observer plusieurs pondoirs encastrés dans la maçonnerie. La grange (Ti kar) Le terme de grange a rarement été utilisé lors du recensement à Primelin. Ce bâtiment, qui servait à ranger la charrette, le char à banc, divers engins agricoles et éventuellement le pressoir à cidre, est appelé le ti kar. Ce dernier possède une porte charretière rectangulaire dont l’ouverture est en plein cintre pour les plus anciennes, puis en arc surbaissé pour finir en arc segmentaire (Toscer, Douard, 1979). On observe également quelques linteaux droits en bois.Le ti kar peut être intégré à l’alignement principal comme à Kervedan, Kerforn ou Kerhas Bras. Dans ce cas, la porte charretière se trouve en façade. Mais il est généralement indépendant et la porte charretière se trouve majoritairement sur le pignon.Les murs sont montés en moellons souvent bruts, parfois crépis quand le bâtiment est dans l’alignement du logis. On peut en observer également quelques-uns en pierres de taille comme à Kerodeven, Saint-Tugen ou Kervrant. Il se trouve que dans le cas de fermes de Kerscoulet et Kervrant, le ti kar servait également de buanderie. Il contient toujours une cuve à lessive (« bib ») en granite à proximité immédiate de la cheminée. Le fournil, la maison à four. (Ti forn)Peu de fours à pain ont été observés sur la commune de Primelin. Même à Kerforn (le village du four), sur les trois encore debout dans les années 1950, seul l’un d’entre eux est visible en 2019, dans un état critique.Il s’agit généralement d’un bâtiment aux murs en moellons et toit à longs pans qui accueille un cul-de-four sur l’un de ses pignons (Kerloa). Dans ce cas, le cul-de-four montre un intérieur soigneusement vouté en pierres de tailles et un extérieur en moellon avec dans certains cas une couverture en mottes de terre sur laquelle pousse la végétation. La gueule du four est en plein cintre et se trouve dans un renfoncement dans lequel est aménagée une niche qui permettait de récupérer la cendre qui sera réutilisée pour la lessive.Notons le cas exceptionnel d’un four observé à Kermalero dont la gueule est aménagée près de la cheminée du logis.Il existe à l’ouest du Cap-Sizun un autre type de four à pain sensiblement différent de ceux présents parmi les bâtiments de la ferme. Les vestiges de l’un d’entre eux se trouve isolé au nord-est d’une ferme de Kerforn.Généralement à l’écart des habitations, ce type de four présente un toit sans charpente qui consiste en de gros blocs de granite reposant directement sur la maçonnerie de leurs murs. Ces dalles sont recouvertes de mottes de terre, ce qui donne au toit du four une forme bombée.D’autres, en meilleur état, ont été repérés à Plogoff et Cleden-Cap-Sizun et d’après des témoignages oraux, il est entendu que ces fours étaient communs à toutes les familles du hameau.Le puits. (Ar puns)Associé à une ferme ou une maison, le puits occupe majoritairement trois positions : adossé à la façade antérieure du logis, isolé dans la cour ou intégré dans la maçonnerie de la maison. Lorsqu’il est adossé au logis, un canal est généralement creusé dans le mur permettant ainsi une liaison entre le puits et un évier mural intérieur (Kerforn, Kerhas Bras, Kerodeven). Le puits isolé dans la cour peut se trouver aussi bien à un mètre du logis (le bourg, Kerdugazul), qu’à l’extrémité sud de la cour (Kerscoulet). Certains ont même été observées à l’extérieur de la cour, en bordure du chemin qui traverse le village (Kerodeven, Kerlazen) et un autre, situé à Kerheuhan, occupe une place inédite dans un mur qui sépare deux propriétés. Ici, le puits était partagé par les deux familles et offre une ouverture de chaque côté du mur. Ces puits extérieurs sont en majorité en pierres de taille, de section carrée avec un toit pyramidal surmonté d’une sorte de boule (Kermalero, Kerodeven, Kerheuhan …) ou d’une croix (Kerouil). Certains d’entre eux ont une corniche du toit et un soubassement mouluré, comme l’exceptionnel puits octogonal de Kerhas Bras qui présente également une niche à saint et une pierre gravée du nom du propriétaire.La troisième configuration, plus rare, est le puits intégré à la maçonnerie de la maison. Il peut être ouvert vers l’extérieur (en façade), comme cela a été observé sur une maison de Saint-Tugen, ou ouvert vers l’intérieur. Dans ce cas, il se trouve près de la cheminée, sur un mur pignon (Saint-Tugen) ou dans le mur sud (Kervrant). Une quatrième configuration a été observée aux villages de Saint-Tugen, Kermalero et Kerscoulet : le puits extérieur accessible de l’intérieur du logis. Le puits de Kerscoulet est un petit ouvrage en appentis accolé à la façade antérieure du logis avec une porte ouverte dans le mur sud pour y accéder, alors que celui de Saint-Tugen est protégé par une petite dépendance en pierres de taille avec toit à deux pans en ardoises. La même configuration a été observée à Kermalero où la dépendance (dont le toit est cette fois-ci en pierres) se trouve accolée au pignon ouest.Dans tous les cas, le puits est généralement associé à une auge monolithe utilisée comme abreuvoir. Qu’elle soit posée contre lui dans le cas des puits extérieurs ou contre le mur qui accueille le puits, une pierre creuse et un petit évier tous deux intégrés dans la maçonnerie de l’ouvrage permet de remplir cette auge sans sortir le seau.N’oublions pas les nombreux puits en moellons repérés sur l’ensemble de la commune. De section circulaire ou carrée, ils sont pour la plupart coiffés d’une grande dalle de granite légèrement inclinée. Les logisMalgré de nombreuses petites variations, ce qui frappe quand on observe les habitations des 18e et 19e siècles de la commune, c’est la grande uniformité aussi bien dans l’architecture que dans l’aménagement intérieur. Ces deux aspects de l’habitat sont d’ailleurs profondément connectés. Exceptés quelques rares exemples observés à Saint-Tugen et Kerodeven, le logis est toujours exposé au sud. Sa fonction d’habitat est bien séparée de la fonction agricole des autres bâtiments.Les élévations postérieures sont rarement percées. On peut observer de temps en temps un jour d’escalier ou une porte, souvent en accolade, située dans l’axe de la porte sud (Kerhas Bras, Kerdugazul…). Les façades antérieures des logis sont très stéréotypées : on peut déterminer trois schémas principaux qui peuvent s’assortir de quelques variantes : la petite maison sans étage, la maison sans étage avec comble à surcroit et la maison à étage. La maison à une ou deux pièces en rez-de-chaussée. (41% des maisons recensées)A Kerlazen, Kerfeunteun ou Rugolva, on peut observer de petites maisons à pièce unique sans étage appelées penti, soit « maison à un bout ». Il s’agit ici du plus petit type d’habitation présent sur la commune. Ce « bout » est en fait la pièce commune que l’on retrouve dans toutes les maisons de Primelin et du Cap-Sizun en général. La famille y mange, se réchauffe et dort. L’élévation de la petite maison sans étage, soit l’élévation de la salle commune du Cap-Sizun est la suivante : Une porte, une fenêtre qui éclaire la table et un jour qui éclaire l’arrière cuisine, derrière le drustuilh (banc dont le dossier est si haut qu’il forme une véritable cloison dans la pièce). Cette succession de trois baies de taille décroissante se retrouve dans tous les logis traditionnels de la commune.Il arrive que les petits logis sans étage aient deux pièces. Dans ce cas, une quatrième baie, de la taille de la fenêtre qui éclaire la table est ouverte de l’autre côté de la porte. Cette dernière éclaire un cellier ou un petit débarras. Cette variante du logis à pièce unique se rencontre souvent dans l’habitat côtier dont les parties agricoles sont peu développées voire absentes. Il s’agit du type d’habitat le plus rencontré à Primelin. Appelées « maisons de pêcheurs », on trouve logiquement la plus grande concentration de ces habitations dans les villages proches de la côte (Kermalero, Pors Bae, Le paradis, Saint-Tugen, Kerandraon, Kerodeven…) mais les villages du nord de la commune n’en sont pas pour autant dépourvus (Kerscoulet, Kerlazen, Kervrant…)La maison à deux pièces en rez-de-chaussée avec comble à surcroit éclairé par des jours ou des lucarnes. (12% des maisons recensées)Peu représentatif de l’habitat de Primelin, ce type de logis ressemble beaucoup au penti vu précédemment. La différence majeure est la hauteur des combles. Le plancher des combles de ce type d’habitation est en effet situé en-dessous du faîte des murs et le volume de comble utilisable est ainsi plus important. Quand des jours d’aération sont ouverts, ils le sont généralement au-dessus des ouvertures du rez-de-chaussée, formant ainsi des travées régulières. Deux petites fermes de Kerlazen présentent une élévation de ce type. On rencontre au bourg deux maisons présentant un comble à surcroit éclairé par deux lucarnes passantes. L’une d’elle possède plusieurs dépendances agricoles dont une crèche à cochons, une étable et une grange à porte charretière. Les lucarnes, contrairement aux jours, ne forment pas ici de travée.D’autres ont été observées à Kerlazen, Kerhas ar Bis, Saint-Tugen et Croix Denis (disparue). La maison à étage carré et généralement deux pièces par étage. (47% des maisons recensées)Ce type d’habitat est très représentatif des parties nord et est de a commune. Le rez-de-chaussée est composé de quatre ou cinq ouvertures : la porte d’entrée, deux fenêtres qui l’encadrent et un ou deux jours entre celles-ci et les pignons. L’étage, lui, est ouvert en façade par trois à cinq fenêtres. Les maisons à étage de Primelin se répartissent donc en deux types principaux : les élévations à travées (trois ou cinq) et les élévations en quinconce.La proportion de maisons à élévation en quinconce est faible (16% des maisons à étage repérées). Elle consiste en une alternance de pleins et de vides selon deux configurations : cinq baies au rez-de-chaussée pour quatre fenêtres à l’étage (Kerforn, Kerodeven, Kervrant…) ou quatre baies au rez-de-chaussée pour trois fenêtres à l’étage (Kerdugazul, Kerlazen…)L’élévation à trois travées concerne plus de la moitié des maisons à étage de la commune. Elle consiste en trois fenêtres ouvertes à l’étage au-dessus de la porte d’entrée et des deux fenêtres qui l’encadrent. L’élévation à cinq travées, rencontrée trois fois seulement, semble réservée aux fermes les plus importantes (Kerhas Bras, Kerheuhan et Croix Denis). Notons que la façade antérieure de ces trois fermes est appareillée en pierre de taille.Le rythme horizontal des maisons à étage est parfois accentué par la présence d’un bandeau saillant en pierres de taille situé entre les deux niveaux d’habitation. Ce dernier, souvent répété sous la corniche du toit, se détache fortement sur les enduits, le moellon ou la pierre de taille (Kerforn, Kerlazen, Kerscoulet…) Certains de ces bandeaux, rencontrés notamment à Kerhas Bras ou Kervrant, présente une moulure très soignée.Les chainages d’angles et encadrements des baies, toujours harpés et en pierres de taille renforcent cette impression de géométrie parfois austère surtout lorsque la façade est enduite.Notons pour finir que l’on rencontre aux villages de Kerscoulet ou Saint-Tugen une variante du type à étage très peu représentée sur la commune : la maison à étage carré et une pièce par étage. Les décorsBien que régularité et fonctionnalisme semblent être les principes qui régissent cette architecture, certains éléments ornementaux viennent parfois compléter les compositions décrites plus haut. Les inscriptions gravées au-dessus des ouvertures (nom des bâtisseurs, de leurs enfants ou signes religieux) en sont l’élément le plus caractéristique. Celles-ci, très présentes sur les maisons à étage sont plutôt rares sur les petites maisons en rez-de-chaussée bien que certaines aient été observées au bourg de Primelin. On peut aussi considérer comme éléments de décor les corniches du toit et les souches de cheminées toutes deux bien appareillées en pierres de taille et moulurées selon différents motifs.Les corniches du toit du logis peuvent se prolonger aux dépendances attenantes. Bien qu’ayant la fonction d’empêcher les infiltrations d’eau dans les murs, elles sont également très décoratives qu’elles soient moulurées en cavet (une grande majorité), en doucine ou en quart de rond. Signalons que l’imposante corniche du toit de la ferme de Kerouil (sans doute un réemploi de l’ancien manoir) est accompagnée sur son extrémité est d’une tête sculptée.Les souches de cheminées observées sur la commune, quant à elles, proposent deux types de décors : les plus anciennes sont terminées par une corniche moulurée en « talon renversé » alors qu’à partir de la seconde moitié du 19e siècle, celles-ci sont chanfreinées. Au sud de Kerlazen, on peut observer une ornementation exceptionnelle des souches de cheminées du logis d’une ferme. Ici, en plus de la date de 1775, ont été sculptés une croix flanquée de deux chandeliers ainsi que plusieurs rosaces et le sigle IHS.Toujours dans la représentation religieuse, on peut également remarquer la présence d’une niche à saint au-dessus de la porte d’entrée de plusieurs fermes de la commune (Kerhas Bras, Loval, Kervrant, Kerloa…). Très soignées, ces dernières proposent un motif récurent qui comprend la niche en plein cintre avec culot saillant flanquée de deux rameaux sortant d’un vase stylisé. Le puits octogonal de Kerhas Bras présente lui aussi sur l’une de ses arrêtes une niche à saint sous laquelle se trouve un angelot aux ailes déployées. (Motif répété au-dessus de la porte d’entrée accompagné d’un soleil et d’une lune). Signalons également l’étonnante et unique scène de labour, datée 1776, sculptée sur le linteau de l’écurie de la ferme de Kerounou ainsi que les deux visages représentés au-dessus d’une porte à Kerhas Bras.Niches et éviers murauxOn observe de nombreuses niches murales dans les habitations traditionnelles de la commune. Elles se trouvent autour de la cheminée (dans l’âtre ou au niveau du jour qui éclaire l’arrière cuisine) ou sur le mur sud où elles servaient à placer le pot de chambre du lit-clos.Les éviers muraux sont plus rares et font généralement partie d’un système ingénieux de circulation de l’eau entre l’intérieur et l’extérieur du logis. Plusieurs d’entre eux ont été observés à Kervrant, Kerouil, Saint-Tugen, Kermalero ou Kerforn. On les trouve à proximité du puits, intégrés au mur sud du logis et sont généralement associés à un placard mural. Notons l’étonnante disposition de deux éviers l’un au-dessus de l’autre dans le logis d’une ferme de Kervrant.Evolution de l’habitat rural entre 1978 et 2018.Les quarante années d’écart entre les deux enquêtes d’inventaire permettent de mettre en relief certaines tendances concernant l’évolution de l’habitat rural sur la commune.Outre les restaurations ou les destructions (peu nombreuses) observées en 2019, on remarque que la façon d’habiter une maison traditionnelle a évolué ces dernières décennies - surtout à partir des années 1970 - apportant lumière et augmentation de la surface habitable et ce à des fins de confort. Amener de la lumièreMême si l’on remarque une tendance à l’agrandissement au courant du 19e siècle, les ouvertures des maisons traditionnelles de Primelin sont de dimensions plutôt réduites. Ajoutons à cela que pour se préserver de l’humidité et du fait de l’absence de soleil, la façade nord est aveugle. Le premier constat est que les baies de la façade antérieure ont été de manière générale largement agrandies. Le petit jour, si représentatif de la disposition des meubles et de la présence du drustuilh, montre maintenant sur certaines maisons des dimensions égales à celles de la fenêtre qui éclairait la table quand ils n’ont pas été transformés en porte ou tout simplement disparu. La fenêtre de la table a également pu être agrandie dans certains cas, ainsi que les fenêtres de l’étage. Il arrive également que des ouvertures aient été aménagées sur le mur nord du logis et des dépendances attenantes. Dans le modèle architectural traditionnel, les combles sont aveugles, même si l’on peut remarquer de temps en temps deux jours en pignon pour l’aération. Aujourd’hui, ceux-ci sont habités pour la plupart, surtout dans le cas des penti. La tendance actuelle est donc d’y percer des ouvertures pour apporter un maximum de lumière. Aujourd’hui, la création de lucarnes et de vasistas est devenue courante.Une troisième solution pour rendre l’intérieur de la maison plus lumineux a été observé sur la commune : la création d’une mezzanine alliée à des ouvertures importantes sur le pan nord du toit. Selon les propriétaires rencontrés ayant opté pour cette solution, tous s’accordent pour dire qu’elle offre deux avantages : la lumière du nord est douce et constante et ce système ne dénature pas la façade. La plupart des maisons ont également vu leurs speurn disparaitre (cloisons en bois délimitant les pièces). Le décloisonnement permet en effet une meilleure circulation de la lumière et donne par la même occasion une impression de volume plus important. Gagner en volumeLa maison traditionnelle du Cap-Sizun a été conçue autour d’une pièce commune destinée à abriter toute la famille qui servait de cuisine, de chambre à coucher, de salle à manger, de salle de bain, etc… Les pratiques ainsi que le mobilier ont évolué et les pièces des maisons se sont spécialisées. L’enjeu depuis des décennies est de trouver dans ces maisons la place pour toutes ces « nouvelles » pièces et nouveaux meubles. Cet enjeu est d’autant plus important lorsqu’il s’agit de maisons élémentaires.On observe en premier lieu une volonté de gagner de la hauteur sous plafond. Pour ce faire, deux solutions ont été rencontrées : Décaisser le sol du logis et surélever le plancher de l’étage.Mais la manière la plus courante et la plus efficace pour gagner du volume et aménager de nouvelles pièces à vivre c’est de remanier les dépendances agricoles, notamment l’écurie attenante. En effet, lorsqu’elle a été remaniée, cette dépendance est aujourd’hui majoritairement transformée en cuisine. Placards, éviers, table à manger, lave-vaisselle ont remplacé ici les stalles, auges à piler la lande et animaux.Les crèches à cochons, du fait de leur petite taille, peuvent servir de débarras ou d’atelier alors que les ti kar et étables, plus volumineux, peuvent devenir des habitations à part entière : résidences principales, secondaires ou gîtes ruraux.
Maison à une ou deux pièces en rez-de-chaussée.(41%) ; maison à deux pièces en rez-de-chaussée avec comble à surcroit éclairé par des jours ou des lucarnes.(12%) ; maison à étage carré et généralement deux pièces par étage.(47%)
1977
(c) Inventaire général ; (c) Communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz ; (c) Région Bretagne
1984 ; 2019
Toscer Catherine ; Douard Christel ; Serre Fabien
Dossier collectif
Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35