Église paroissiale
Notre-Dame-de-Roscudon
Eglise paroissiale Notre-Dame-de-Roscudon (Pont-Croix)
Bretagne ; Finistère (29) ; Pont-Croix ; place de l'Eglise
Pont-Croix
Eglise (place de l')
1981 AC 151
En ville
13e siècle ; limite 14e siècle 15e siècle ; milieu 15e siècle ; 1ère moitié 16e siècle ; 18e siècle ; 4e quart 19e siècle
Située au fond de l´estuaire du Goyen, la ville de Pont-Croix doit sa fortune à l´existence d´un gué, bientôt remplacé par un pont, point de passage obligé entre le Cap Caval et le Cap Sizun. Une motte féodale le défendait, et on peut supposer que l´actuelle église paroissiale était à l´origine la chapelle du château, tenu par la lignée des seigneurs de Pont-Croix, dont seuls les deux derniers sont connus : Sinquin, vivant en 1275, et son fils Gourmalon, mort sans postérité, cité en 1294.L´histoire de la construction, extrêmement complexe, pose de nombreux problèmes que R. Couffon, le premier, a tenté de résoudre en proposant un système chronologique, satisfaisant à certains égards, mais dont les phases initiales méritent un réexamen. Du moins a-t-il eu, après E. Lefèvre-Pontalis, le mérite de replacer dans le contexte de la création architecturale gothique un édifice trop longtemps rattaché à l´art roman. Il situe donc la construction de la nef, du transept (repris au 15e siècle) et des quatre premières travées du choeur dans les années centrales du 13e siècle, le modèle des bases superposant une plinthe, un quart-de-rond et un tore ne pouvant guère être antérieur. Une seconde campagne, à la fin du même siècle, aurait vu l´allongement du chevet de deux travées vers l´est et la construction au sud du choeur d´une grande chapelle en équerre, ultérieurement dédiée au Rosaire. On pourrait tout aussi valablement attribuer à Sinquin, et donc au dernier tiers du 13e siècle, sinon la construction entière, du moins l´achèvement de la partie la plus ancienne de l´église (nef et premières travées du choeur). L´extension du sanctuaire et l´érection de la chapelle sud qui en est sans doute contemporaine pourraient de ce fait être reportées dans le courant du 14e siècle. Pour faciliter l´accès à cette chapelle, on aurait alors supprimé le double bas-côté sud du chœur au profit d´un collatéral unique, et réutilisé ses arcades pour agrandir vers l´est le collatéral nord. Certes, le remplage de deux des baies qui éclairent la chapelle à l´est rappelle ceux de la chapelle de la Victoire de la cathédrale de Quimper, consacrée en 1295 ; mais cette similitude n´accrédite pas nécessairement la datation proposée par Couffon, elle fournit tout au plus un terminus a quo.En 1391, la seigneurie passe entre les mains des Rosmadec, par le mariage d´Alix de Tyvarlen avec Jean de Rosmadec, chambellan de Jean IV. Si l´on excepte la construction du porche méridional, qu´on est tenté de rattacher aux années 1420, les importants travaux menés au 15e siècle concernent la création de l´actuelle chapelle des fonts, greffée sur le flanc sud de la nef, la modification des maçonneries du transept et le renforcement des piles de la croisée de façon à supporter un clocher et une flèche de pierre. Ils sont vraisemblablement à porter au crédit de Jean II de Rosmadec : celui-ci, mineur à la mort de son père Guillaume en 1425, avait été placé sous la tutelle de son grand-oncle Bertrand, évêque de Cornouaille et promoteur de la reconstruction de la nef de sa cathédrale. Ces liens familiaux expliquent l´influence du chantier quimpérois sur la tour de l´église.Enfin, dans le deuxième quart du 16e siècle, un autre membre de la famille, Alain II de Rosmadec (1509-1560), qui épouse en 1528 Jeanne du Chastel, poursuit l´œuvre de ses devanciers : ils amplifient encore vers l´est le choeur et son premier bas-côté par un chevet à trois pans, portant la longueur totale de l´édifice à 52 m. Plusieurs fenestrages du côté sud sont également refaits dans le second quart du 16e siècle. À l´époque classique, on élève une nouvelle sacristie, à l´aisselle du collatéral sud du chœur et de la grande chapelle, on élargit les baies du bas-côté nord du choeur, on modernise la façade ouest et on surélève le comble.En 1841, le conseil de fabrique observe que l´état des lambris qui se trouvent au-dessus du sanctuaire et au-dessus de la chapelle du Rosaire sont dans un tel état de dégradation et de vétusté, qu´il est urgent de les réparer à neuf. L´église, visitée par Lassus en 1850, compte dès l'année suivante au nombre des Monuments historiques et reçoit de l´État une allocation qui permet en 1852 de rejointoyer le clocher et de réparer le mur du côté du cimetière. En 1856, l´architecte diocésain Bigot constate que le lambris de la nef est entièrement ruiné et sa démolition inévitable après la réparation de la charpente sur laquelle les planches sont clouées. En 1876, il déplore que l´église vienne d´être totalement recouverte, piliers y compris, par un badigeon de la blancheur la plus éclatante : l´enlèvement des badigeons est conduit à partir de 1895 par Paul Gout, en même temps que la consolidation des pignons du transept et la réfection en pierre de la pointe de la flèche, qui était depuis 1820 constituée d´une charpente recouverte de tôle. Cette flèche, abattue par l´ouragan de 1987, sera à nouveau restaurée au cours des années suivantes.[Philippe Bonnet, 2008]
Granite ; pierre de taille
Ardoise
Plan en croix latine
4 vaisseaux
Lambris de couvrement ; voûte d'ogives
Flèche en maçonnerie ; toit à longs pans ; pignon découvert ; noue ; croupe
Escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour
Plan et ordonnance intérieure. Il n´est pas aisé, sous les adjonctions des 15e et 16e siècles, de restituer l´édifice originel. Vers 1280, il devait comprendre une nef à trois vaisseaux de huit travées, un transept à peine débordant et un choeur au programme d´une ampleur inusitée, avec ses quatre travées entourées d´un double collatéral. Au terme de la deuxième campagne de travaux, l´église présentait cet allongement des différentes parties qui caractérise l´architecture anglaise depuis l´époque romane, avec une nef et un choeur à chevet plat de longueur sensiblement égale s´équilibrant de part et d´autre du transept.. Le vaisseau central de la nef est séparé de ses bas-côtés, de largeur inégale, par des grandes arcades en plein-cintre retombant sur des supports alliant élégance et légèreté. Ils offrent une grande variété formelle (faisceaux de quatre, six ou huit colonnes tangentes, quatre colonnettes engagées autour d´un noyau cylindrique ou carré) et portent des chapiteaux cubiques ou à décor simplement incisé rappelant, sur un mode stylisé, la feuille d´eau des abbayes cisterciennes. Au-dessus du bandeau constituant le tailloir, les grands arcs présentent une mouluration surabondante, formée de minces tores, tangents ou séparés par des filets. Les moulures extérieures retombent sur le tailloir par l´intermédiaire de petites bases talutées ; en revanche, les trois tores de l´intrados sont reçus en surplomb par des culs-de-lampe en godet ou en sifflets. Ce parti a connu un grand succès dans les régions du Sud-Ouest de la Grande-Bretagne, Cornouailles et Pays de Galles, proches de la Bretagne par la géographie, mais aussi liées à elle par la langue et une histoire commune, et avec lesquelles les échanges commerciaux n´avaient jamais cessé. On y observe, dans des dizaines d´églises, depuis l´Early English du 13e siècle jusqu´au Perpendicular de la fin du Moyen Âge, une prédilection pour ce type de supports fasciculés, dont l´aspect gracile s´accommode de couvrements en berceau lambrissé.. Au-dessus des grandes arcades, on distingue encore les traces d´un réseau orthogonal de mouluration qui animait les parois ; il fut bûché à une date indéterminée, mais les parties les plus anciennes de la chapelle de Kerinec, à Poullan, ont conservé un tel dispositif. Le vaisseau central est couvert d´une charpente lambrissée en berceau sur entraits ; les bas-côtés, dont la hauteur est deux fois moindre, en berceau surbaissé prenant appui du côté de la nef sur une sablière portée par des corbeaux. Une lithographie des Voyages romantiques montre un berceau plein-cintre, plus élevé que l´actuel, avec entre les troisième et quatrième travées une ferme composée d´un entrait mouluré reposant sur deux consoles de pierre et d´un poinçon. L´éclairage de l´édifice devait être assez médiocre.. Plus haut que la nef, le choeur est également plus large. Il se compose de deux parties, séparées par un grand arc-diaphragme en lancette. Si ses quatre premières travées reprennent l´ordonnance de la nef, les deux suivantes, en revanche, adoptent pour les grands arcs du vaisseau central un profil brisé, dans lequel le tore de l´intrados porte un filet : ce motif, qui apparaît dans le déambulatoire de la cathédrale de Quimper à l´extrême fin du 13e siècle, suggère donc une extension du chevet dans la première moitié du 14e siècle, d´autant que chapiteaux, traités en frise végétale, et bases ont des profils très voisins de ceux du choeur de Saint-Corentin.. Le carré du transept est délimité par quatre puissantes piles disposées en losange, constituées d´un faisceau de colonnettes, qui sont venues envelopper les supports de la croisée primitive de façon à pouvoir porter la tour et sa flèche. Au sud-ouest, l´actuelle chapelle des fonts a sans doute été construite également au milieu du 15e siècle comme chapelle privative, usage dont témoigne une crédence flamboyante ménagée dans son mur sud. Elle est couverte d´une voûte d´ogives à lierne, à nervures prismatiques.. L´édifice a conservé des éléments de sablières anciennes : celles de la chapelle sud, ornées de bustes d´hommes et de femmes portant bonnets et coiffes, ont leurs homologues à Fouesnant et à Penmarc´h et peuvent remonter au début du 16e siècle. D´autres correspondent aux travaux commandités par Alain II de Rosmadec au milieu du 16e siècle.. Ordonnance extérieure. La façade occidentale a probablement fait l´objet d´une première réfection au 14e siècle, lorsqu´on élevait la grande chapelle sud : leurs pignons respectifs présentent la même mouluration, et leurs crossettes sont ornées de grotesques identiques. Le remplage de la grande baie est une réfection de Bigot, dans le style rayonnant. De part et d´autre du banal portail classique ajouté au 18e siècle, on discerne encore les piédroits de celui qui l´a précédé.. Contrairement au front nord, pauvrement traité, l´élévation sud offre une silhouette riche et mouvementée, dont le dénivelé du terrain accroît le pittoresque. S´y succèdent, d´ouest en est, le porche méridional ; la chapelle des fonts, du milieu du 15e siècle, dont la baie est encadrée par deux niches à dais, d´inspiration quimpéroise ; le mur-pignon du transept, largement remanié aux 15e et 16e siècles, même si une partie des maçonneries peut remonter au 13e, épaulé par deux puissants contreforts droits et percé d´un portail en tiers-point couronné d´une archivolte en accolade ; l´immense fenêtre passante en lucarne qui éclaire le bas-côté sud du choeur, et dont le contrefort angulaire de droite a été englobé dans la sacristie, et enfin la chapelle en équerre au sud du choeur.. Le porche sud est un morceau d´architecture exceptionnel. Sa structure est relativement simple : un arc couronné d´un gâble aigu, cantonné par deux massifs de maçonnerie, eux-mêmes amortis par des gâbles de moindre hauteur et largeur qui sont répétés sur les faces ouest et est. C´est le schéma du portail plaqué au 14e siècle sur le flanc nord de l´église des Cordeliers de Quimper, mais la foisonnante résille du décor renvoie aux grands modèles rayonnants de la fin du 13e siècle : portails des Libraires et de la Calende de la cathédrale de Rouen, portail des Échevins de la collégiale de Mantes... Toutefois, le matériau a ici imposé sa loi, et les gâbles ajourés auxquels le granite se prête mal ont fait place à des réseaux aveugles : le gâble principal est entièrement occupé par cinq roses de différents diamètres, une grande au centre, trois moyennes autour et une petite, à six lobes, dans la pointe supérieure, les unes et les autres garnies d´un dense réseau de trèfles et de quatre-feuilles effilés inscrits dans des carrés et des triangles curvilignes. Dans les écoinçons, comme dans le tympan ajouré de l´arc d´entrée, qui sera imité pendant un siècle dans les paroisses du Cap Sizun, des mouchettes font leur apparition, annonçant l´avènement du style flamboyant. Ce décor se prolonge sur les contreforts et, à l´intérieur du porche, sur les parois latérales et autour du portail donnant accès à l´église. Le chanoine Abgrall a justement rapproché les bases et la sculpture des chapiteaux de ceux du portail latéral de la façade de l´église des Carmes de Pont-l´Abbé, achevée vers 1425, ce qui donne une datation plausible. Le porche est, avec la croisée du transept et la chapelle des fonts, la seule partie voûtée de l´édifice, ses deux étroites travées étant couvertes d´un berceau brisé doté de nervures d´ogives.. C´est la rare perfection de son clocher qui a valu à l´église de Pont-Croix d´être un des premiers monuments classés du Finistère. Il domine la croisée du transept, comme son contemporain, celui de Notre-Dame de Quimperlé, avec lequel le rapprochement s´impose, pour des raisons historiques et formelles. Outre sa parenté avec l´évêque Bertrand, Jean II de Rosmadec avait pour oncle maternel Henry de Lespervez, abbé de Sainte-Croix de Quimperlé, dont on sait la part décisive qu´il joua dans la reconstruction de cette chapelle. L´un et l´autre s´inscrivent dans la filiation des tours de la cathédrale de Quimper, achevées vers 1445, dont ils reprennent, au-dessus de l´étage de beffroi, l´élégante formule des galeries sommitales superposées. Mais seule la tour de Pont-Croix a reçu dès le 15e siècle sa flèche de pierre, cantonnée de quatre clochetons d´angle et largement ajourée, que J. Bigot prendra d´ailleurs comme modèle en 1854 pour élever celles de Saint-Corentin.. La chapelle du Rosaire est éclairée à l´est par un original triplet : les baies, d´ailleurs irrégulières, retombent sur des trumeaux unifiés par une frise de feuillages. Les triplets aux formes anguleuses qui garnissent les réseaux et, en décaissement, les écoinçons, ont des accents anglo-normands. Le chevet, création du deuxième tiers du 16e siècle, illustre le succès d´un modèle apparu dans les dernières décennies du siècle précédent, consistant à couronner de pignons aigus les trois pans de l´abside. Mais, alors que ce parti tire toute sa force de la tension verticale, le chevet paraît ici trapu, écrasé.. À travers ses adjonctions successives, l´église de Pont-Croix témoigne de la permanence du mécénat d´un lignage féodal, du milieu du 13e à celui du 16e siècle. Abusivement annexée par les archéologues du 19e siècle à la Bretagne romane, datée avec pertinence du 13e siècle par Lefèvre-Pontalis mais rattachée à tort à des modèles poitevins, elle est bien, comme R. Grand et R. Couffon l´ont démontré, un édifice gothique, oeuvre d´un maître sans doute formé sur les chantiers d´outre-Manche, ou du moins en ayant une sérieuse connaissance. Libéré des contraintes du voûtement, il a pu donner à sa création une élégance et une puissance plastique qui ont laissé une empreinte durable et forte sur l´architecture religieuse en Cornouaille, au moins jusqu´aux premières années du 15e siècle.(Philippe Bonnet, architecture gothique, 2004)
Sculpture
Armoiries ; ange ; Vierge à l'Enfant ; nature morte ; Christ en croix ; personnage profane
Feuillage.
Eglise école de pont croix, tour type quimper, porche type cap sizun, chevet beaumanoir, chapiteaux à corbeille lisse, clocher médian, cheminée, vases acoustiques
Mauvais état
classé MH
IM29002625 ; IM29002659 ; IM29002668 ; IM29002670 ; IM29002640 ; IM29002646 ; IM29002663 ; IM29002636 ; IM29002642 ; IM29002634 ; IM29002638 ; IM29002657 ; IM29002661 ; IM29002639 ; IM29002649 ; IM29002658 ; IM29002660 ; IM29002665 ; IM29002629 ; IM29002643 ; IM29002666 ; IM29002673 ; IM29002644 ; IM29002655 ; IM29002662 ; IM29002667 ; IM29002627 ; IM29002654 ; IM29002671 ; IM29002622 ; IM29002645 ; IM29002647 ; IM29002672 ; IM29002652 ; IM29002624 ; IM29002635 ; IM29002637 ; IM29002648 ; IM29002656 ; IM29002628 ; IM29002631 ; IM29002651 ; IM29002653 ; IM29002664 ; IM29002621 ; IM29002623 ; IM29002630 ; IM29002633 ; IM29002641 ; IM29002669 ; IM29002674 ; IM29002626 ; IM29002632 ; IM29002650 ; PM29003305 ; PM29003341 ; PM29003340 ; PM29003379 ; PM29005346 ; PM29005314
À signaler
Propriété de la commune
1983
(c) Inventaire général ; (c) Région Bretagne ; (c) Communauté de communes Cap Sizun - Pointe du Raz
1984 ; 2015 ; 2008 ; 2023
Toscer Catherine ; Douard Christel ; Bonnet Philippe ; Serre Fabien
Dossier individuel
Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35