Ateliers et usines d'outils, machines et moteurs de Franche-Comté
Bourgogne-Franche-Comté
Franche-Comté
4e quart 18e siècle ; 19e siècle ; 20e siècle
En Franche-Comté, le "marché" de la machine est vaste, concernant une grande palette d’activités dont l’horlogerie n’est qu’une composante. Dans cette "industrie de l’industrie" coexistent les poids lourds que sont Peugeot et Japy et une multitude de petites et moyennes entreprises. Leur production est très variée avec, pour la mécanique de précision, une différence parfois ténue entre machine et outil. L'exemple le plus frappant est celui de l'horlogerie. La mécanisation de la fabrication des composants de montre débute en France en 1776 avec Frédéric Japy mais le développement de cette industrie repose pour longtemps essentiellement sur l’activité de milliers d’artisans utilisant un outillage manuel. Deux villages, caractérisés par l’importance du travail à domicile, se spécialisent dans la production des outils pour horlogers : Montécheroux, à partir de 1780 environ, et les Gras, dans le 1er quart du 19e siècle. Le premier pratique le forgeage à chaud, contrôle et finition étant assurés par des marchands. Trois entreprises atteignent une dimension industrielle, exportant leurs outils dans le monde entier : Hugoniot-Tissot (fondée en 1873), Ducommun et Marti (1911) et Fernand Hugoniot (1948). La demande diminuant du fait d’une mécanisation accrue de l’industrie horlogère, la production d'outillage se diversifie, avec l’essor d’un produit qui fait la renommée de Montécheroux : la pince maillée ou entrepassée. Mais mondialisation et crises mettent à mal le tissu économique et les ateliers ferment les uns après les autres dans la deuxième moitié du 20e siècle. Les Gras se spécialisent dans la tournerie sur métal et sur bois pour fabriquer des outils pour l’horlogerie. La commune compte 16 établissements en 1843-1844, 26 et 300 ouvriers en 1860, 123 et 623 ouvriers en 1882. En 1911, les trois quarts des artisans s’occupent à la fabrication des outils : fermes et maisons accueillent un voire plusieurs ateliers, surtout avec l'arrivée de l’électricité en 1900. La production se diversifie (apiculture, miroiterie, matériel médical, bijouterie, etc.) et la commercialisation s’effectue soit en direct, soit par l’intermédiaire de l’un des négociants locaux. Au milieu du 20e siècle, seule la fabrique Amyot a acquis une stature industrielle. Après la Deuxième Guerre mondiale vient le temps de la reconversion (décolletage) et de la sous-traitance (pour Peugeot par exemple) mais les entreprises doivent pour se développer quitter la commune. Quelques usines d’outils sont créées hors de ces deux centres, parfois en lien avec eux à Villars-sous-Dampjoux, Feule, Seloncourt et Delle dans la région de Montbéliard, Douvot (Ougney-Douvot) et Laissey en aval de cette ville, Villers-le-Lac, etc.Les autres fabricants de machines, dont certains sont établis dès le milieu du 19e siècle, ont une production très diversifiée : cylindres pour minoteries, laminoirs, papeteries et ocreries, malaxeurs à poudre, broyeurs de terre pour briqueteries, cuves et pressoirs, matériel pour forges et fonderies, pour scieries, etc. Certains se spécialisent en fonction de l'industrie qui domine localement : textile en Haute-Saône, pipe, lapidaire et diamant à Saint-Claude, lunetterie à Morez, etc. Une place existe donc, au plus près de la demande, pour de petites entreprises. Mais en grande majorité et quelle que soit leur taille, les constructeurs font, pour réaliser les bâtis qui leur sont nécessaires, appel à des fonderies extérieures (localisées dans les zones de Montbéliard, Dole et Gray). La fabrication du moteur, machine essentielle pour les usines, relève suivant son type aussi bien de la fonderie que de la construction mécanique ou électrique. Si la machine à vapeur, invention du 18e siècle, a permis de suppléer aux défaillances des cours d’eau, le moteur le plus important date du siècle suivant : la turbine est conçue en Franche-Comté, à Pont-sur-l’Ognon, en 1827 par Benoît Fourneyron, qui vend son premier exemplaire en 1832 au propriétaire des forges de Fraisans Léonard Caron. Les moteurs à gaz apparaissent dans les années 1860, ceux à pétrole ou électriques au cours des deux décennies suivantes. Trois fabricants de turbines hydrauliques se distinguent au niveau régional : les Ateliers Lacroix à Dole, les Ets Goulut-Borne à Luxeuil-les-Bains, l’entreprise Douge à Besançon. D’autres fabricants de moteurs (hydrauliques, thermiques, électriques, etc.) sont connus : Pouguet et Oerlikon à Ornans, Peccaud à Morbier, Millot à Gray et Ertzbischoff à Luxeuil-les-Bains, Page à Valdoie, Tacquard à Lachapelle-sous-Rougemont, Japy à Beaucourt, Unelec, la Société alsacienne de Constructions mécaniques (par la suite Alsthom) à Belfort, etc.
1988
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
2020
Poupard Laurent
Dossier thématique