Lotissement
Lotissement Mala
Lotissement Mala
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Alpes-Maritimes (06) ; Cap-d'Ail
Villefranche-sur-Mer
Villefranche-sur-Mer
Mala (quartier)
1986 AI 1-157, 188, 189, 194
En ville
Escalier indépendant ; promenade
4e quart 19e siècle ; 1er quart 20e siècle
Attribution par source ; attribution par source
Nicolle Charles-Alfred-Léon, dit : baron de Pauville (commanditaire) ; Thomas Auguste (commanditaire)
La première grande opération immobilière à l'origine de la création de la station du Cap-D'Ail est lancée en 1881 par Charles-Alfred-Léon Nicolle, plus connu sous le nom de baron de Pauville. C'est un Parisien fortuné, introduit dans le monde de la finance et de la politique, qui tire sa fortune de ses placements en bourse. Séduit par la beauté du site et convaincu de son fort potentiel touristique avec l'achèvement récent de la voie ferrée et de la route, il acquiert entre 1881 et 1896 vingt et un hectares de terres agricoles constituées de bois, de pâtures et de champs d'oliviers, situés en bordure de mer dans le secteur du Cap Mala. Son but est de réaliser une opération très avantageuse en y implantant une station touristique. Ce pari audacieux, en cet endroit désert, s'appuie sur un projet complexe fondé sur un double programme immobilier: un hôtel de luxe sera construit sur une partie des terrains, l'autre sera aménagée en lotissement. Le principe, déjà appliqué avec succès dans nombre de stations balnéaires de la côte atlantique, consiste à attirer une clientèle fortunée par la promotion faite autour de l'hôtel, la séduire en lui offrant tout le confort moderne et l'inciter à acheter une parcelle dans le lotissement voisin pour y construire une villa. Dès l'acquisition des terrains, le baron de Pauville sollicite son ami Léon Say, alors ministre des Finances, pour convaincre la compagnie du PLM de construire une gare en contrebas du futur hôtel. Celle-ci est réalisée en 1881. Dès lors un important travail de voirie est entrepris entre 1881 et 1884 pour aménager les accès à l'hôtel et désenclaver les terrains. Ces derniers, viabilisés, sont vendus en 1885 avec une forte plus-value au Comptoir d'Escompte de Paris qui achève leur mise en valeur et se charge de leur commercialisation. Pour faciliter les transactions, une agence est installée dans l'hôtel. On peut supposer que la plus-value perçue par le baron au cours de cette vente lui a permis de financer une partie de la construction de l'hôtel de voyageurs baptisé Hôtel Eden. En 1897, soit sept années après l'achèvement de l'édifice, le baron, affaibli par de fortes pertes financières causées par de mauvais placements en bourse, vend son hôtel et les terrains restants. En 1900, il est déclaré en faillite. Ruiné et malade, il se retire à Monaco où il décède quelques mois plus tard. Un second financier, Auguste Thomas, attiré par le succès de la station et sans doute informé du revers de fortune de son créateur, se lance à partir de 1897 à la conquête de Cap-d'Ail. Il crée une société immobilière, la Compagnie du Littoral de la Méditerranée, dont il préside le conseil d'administration. Dès lors, la compagnie rachète l'Hôtel Eden et les terrains appartenant au Comptoir d'Escompte de Paris, puis environ dix hectares de terrains situés dans le quartier de Cap-Fleuri pour y créer un second lotissement.
Dans le quartier Mala, trois routes en balcon, au tracé sinueux, sont construites pour desservir les terrains et assurer la liaison entre l'hôtel Eden, la Basse Corniche et la gare. Ces routes, creusées dans le rocher, ont une largeur restreinte qui n'excède pas quatre mètres. La plupart des terrains ont été aplanis pour asseoir les fondations des villas. Dans certains cas il a fallu entailler le rocher, dans d'autres remblayer et parfois même bâtir une plate-forme artificielle en béton armé supportée par des piliers. Cette dernière solution, la plus audacieuse et sans doute la plus coûteuse, apparaît de façon tout à fait spectaculaire à la Villa Ecossaise. Bien que destiné à une clientèle riche, le lotissement ne présente pas d'équipements urbains particuliers à l'exception d'un escalier indépendant pour relier la gare et d'une promenade, agrémentée de bancs et de terrasses en belvédères, aménagée au début du 1er quart du 20e siècle sur une portion du chemin des Douaniers. Les parcelles, avec une surface moyenne qui varie entre 1000 et 2500 mètres carrés, sont régulières et orientées en direction de la mer. Comme l'impose le cahier des charges, toutes sont clôturées le long de la route par un mur-bahut surmonté d'une grille. Leur accès, conditionné par l'emplacement de la voirie, s'effectue le plus souvent par le nord. Mais certaines, situées au milieu d'un lacet ou entre deux routes, peuvent avoir deux entrées. Enfin, les villas construites en lisière du rivage ont presque toutes un accès direct à la mer par le chemin des Douaniers. Il est très rare que les maisons soient implantées en milieu de parcelle. Elles se situent le plus souvent en fond ou en angle, séparées de la route par une étroite bande de terre. Ce type de disposition offre l'avantage de libérer le maximum de surface consacrée au jardin. Ce dernier, créé le plus souvent en terrasses, ne présente plus, aujourd'hui d'éléments remarquables, suite aux remaniements successifs. Les villas ont en moyenne trois ou quatre niveaux d'élévation avec dans la plupart des cas un ou plusieurs étages de soubassement selon l'importance du relief. Dans le lotissement, un tiers de villas possèdent une conciergerie située en bordure de route, dans le prolongement du portail. La présence d'écuries est exceptionnelle à cause de l'éloignement du lieu de résidence des habitants et de la proximité de la gare.
1997
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général ; (c) Conseil général des Alpes-Maritimes
2005
Del Rosso Laurent
Dossier individuel
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Direction Culture et Patrimoine - Service de l'Inventaire général du patrimoine culturel Grand Horizon, 11-13 boulevard de Dunkerque, 13002 Marseille - 04 88 10 76 66