Port
Port Lazo
Port Lazo (Plouézec)
Bretagne ; Côtes-d'Armor (22) ; Plouézec
Communes littorales des Côtes-d'Armor
Paimpol
Port Lazo
1982214 B2 non cadastré ; domaine public maritime
En écart
Maison ; quai ; cale ; digue ; jetée ; cale ; douane
Limite 19e siècle 20e siècle
20e siècle
La légende du toponyme de Port Lazo :Port Lazo : Porz Lac'ho en Breton. C'est à dire le ""port de la tuerie ou du massacre"". Cette appellation serait la résultante selon la tradition orale, du massacre des troupes anglaises, attribuée aux femmes de Plouézec, qui auraient brûlé les embarcations ennemies, échouées sur la grève de Port-Lazo, au cours du 9e siècle. Cependant, cette date nous semble fantaisiste, à moins de confondre les Anglais avec les vikings normands. Il faudrait pouvoir ramener cet évènement aux incursions anglaises nombreuses pendant la Guerre de cent ans au 15e siècle. Somme toute, les Bretons, vainqueurs, accomplirent le vœu de leur chef et firent ériger une chapelle au lieu de la victoire sous le vocable de Notre-Dame du Gavel. De cette chapelle, il ne reste plus aucune trace puisqu'elle fut démolie à la fin du 18e siècle par Monsieur Sérel des Forges, qui, avec les pierres, construisit une grande maison à Lan Kolaz et un moulin à Beauport. L'autel et les statues de Notre-Dame du Gavel et de Saint-Joseph qui s'y trouvaient furent alors transférés vers l'église de Plouézec. A l'époque, en effet, cette partie de Kérity et l'abbaye de Beauport, appartenaient à la commune de Plouézec et ce jusqu'en 1834. En 1906, lorsque la statue de Notre-Dame du Gavel vint en procession de Beauport à Plouézec, elle était précédée de porteuses de fourches, symbolisant ainsi les évènements de Port Lazo. On dit également que le seul vestige de la chapelle reste la fontaine située sur la place de Kérity.. . Port Lazo : une économie de pêche : Au début du 18e siècle, l'inspecteur de la Marine Le Masson du Parc relevait, pour la paroisse de Plouézec, seulement 8 marins-pêcheurs qui se trouvaient à Port Lazo. A la fin du 19e siècle et jusqu'à la 1ère moitié du 20e siècle, le village de Port Lazo est peuplé de pêcheurs qui vivent du produit de la pêche côtière, lorsqu'ils ne sont pas embarqués à la pêche à Islande. La flottille de Port Lazo est assez importante : 60 bateaux de petit tonnage, selon les rapports de douane, à la fin du 19e siècle (1893), gréés au tiers ou à corne. Pendant une partie de l'année, la flottille est occupée à la capture du poisson frais, au moyen de chalut et de la ligne (maquereaux). Entre les deux guerres, trois chalutiers à voile (armateur : Perchevancier, un résident vacancier, enseignant, originaire de Saint-Etienne), sont armés par des équipages de Bréhec : Alphonse Le Cerf, patron de la ""Marie-Madeleine"", Jean Even, patron de la ""Marie-Marguerite"", et Fanch Quéré, patron de la ""Marie-Claude"". Quelques pêcheurs retraités pratiquent les lignes (Victor Maigat et son tape-cul). La pêche est fructueuse et permet aux équipages islandais de trouver une reconversion à la pêche côtière entre deux campagnes. Une ancienne bâtisse en pierre, aujourd'hui disparue, située près de la grève du ""port"", servait à la pesée (grande balance à fléau) et à la vente du poisson. Un charpentier de marine Jean Maléjean œuvrait dans son atelier près de la grève (à l'emplacement de la maison Potier). Pendant l'autre partie de l'année, la flottille drague les sables calcaires et le maërl autour des îles de Metz-Goëlo. Ces engrais marins, auxquels se rajoute le goémon, sont débarqués sur la grève de Port Lazo et surtout de Bréhec, par l'unique voie charretière (actuelle route du Cap Horn), où les cultivateurs viennent prendre en charge le précieux amendement. Il faut remarquer que les gisements de maërl, les plus importants d'Europe sont situés dans ces parages entre Bréhat et la pointe de Plouézec. Le quai (cale de débarquement goémon, sable et charbon), prolongeant l'ancienne route a été aménagée en 1941 par des marins au chômage (bénéficiant d'une caisse de solidarité), sur un emprunt contacté par la mairie (délibération du conseil municipal du 3 novembre 1940). Après la Seconde Guerre et le déclin de la Grande pêche, la pêche côtière ne prend pas son essor, malgré la prodigalité de la ressource et la proximité des lieux de pêche. Quelques bateaux arment aux praires, aux araignées et à la coquille Saint-Jacques : la famille Le Hoguillard, pêcheurs, originaires de Loguivy de la mer, implantés à Port Lazo depuis 1926 (Job Le Hoguillard), dont les bateaux, du premier à voile ""Edouard-Albert"" au dernier polyvalent motorisé le ""Lili-Claude"", ont quitté progressivement le port en l'an 2000, pour être vendus. 5/6 bateaux de pêche professionnelle fréquentaient Port Lazo dans les années 1980, mouillés dans le chenal de Plouézec (chenal de « Gornelour »), accessible à mi-marée.Dans cette 2e moitié du 20e siècle, les inscrits maritimes de la commune vont fournir des équipages pour la Marine de commerce : 400 inscrits maritimes dans les années 1960 (source ENIM). Dans la 2e moitié du 20e siècle, la pêche professionnelle se développe davantage dans les ports du Goëlo, plus facilement accessibles et équipés, comme Loguivy de la mer, Pors Even et Paimpol. La pêche plaisance locale va remplacer la pêche professionnelle à Port Lazo et occuper partiellement la grève, avec des corps-morts, puis l´aménagement d´une digue et quelques installations à terre pour les annexes.. Cependant, alors que l'ostréiculture se développe après guerre, comme économie complémentaire pour les pêcheurs de Port Lazo, les premiers conflits vont apparaître avec les nouveaux occupants du DPM (Domaine Public maritime), les ostréiculteurs, pour la maîtrise de l´espace et son aménagement durable. . . Une nouvelle économie ostréicoleEn 1848, la branche industrielle la plus développée du canton de Paimpol semble être l´ostréiculture, selon l´enquête des maires auprès de leurs administrés. C´est la commune de Plouézec qui dispose du plus grand nombre de parcs. Ceux-ci sont privés et appartiennent à des armateurs et à des investisseurs paimpolais (Morand, Disseaux, Héron). Ces 8 parcs reçoivent plusieurs millions de naissain d´huîtres de la baie de Paimpol, pour compléter les bancs d´huîtres sauvages, qui serviront plus tard à repeupler les bancs de Cancale et de Marennes, surexploités. L´élevage se pratique au sol, de façon extensive. Les huîtres sont draguées. La main d´œuvre est locale. . Mais la véritable culture technique de l´huître va se développer dans les années 1950, avec l´arrivée des ostréiculteurs du Morbihan, qui vont précéder les Charentais et les Vendéens, pour l´élevage de l´huître creuse, au sol, puis sur table, en poches. La culture de l´huître plate se poursuivant au sol, avec le cycle complet de l´élevage. L´anse de Kérarzic, proche de Beauport, comme la baie de Paimpol, va être cultivée de façon intensive (600 ha en baie de Paimpol, dont les parcs les mieux placés sont sur le territoire maritime de Plouézec). Ces ostréiculteurs vont ensuite « s´emparer » du terroir maritime de Plouézec, en Port Lazo, avec une appropriation par zone de la grève, sans toutefois disposer d´installations permanentes à terre, pour le traitement des huîtres et leur commercialisation. Les concessions maritimes à géométrie variable se développent, transformant le paysage maritime de l´estran. Les chalands ostréicoles et les tracteurs ont remplacé les anciens bateaux de pêche et les charrettes de goémon. Les tables en fer à béton ont remplacé les pêcheries en pierre, offrant une nouvelle rente halieutique aux usagers professionnels de l´estran. . . De la pointe de Plouézec, on aperçoit les îlots de Metz de Goëlo (dont l´île du Taurel, sur lesquels, disait un voyageur en 1832, ""on élève des moutons délicats et renommés dans la gastronomie grâce au serpolet et aux autres plantes aromatiques qu'ils y broutent"". Au début du 20e siècle, les cultivateurs de Plouézec faisaient encore paître leurs vaches sur l'île, qui déschalle, en passant par le cordon de galets à marée basse. . Aujourd'hui, ces îlots sont déserts de présence humaine et d'élevage. Seule une croix en pierre, antérieure au 20e siècle témoigne du naufrage d´un caboteur ou d'une noyade d'un jeune marin, selon la tradition orale.
Entre géographie et aménagement : . . L'anse de Port Lazo est située entre la pointe de Kerarzic et la pointe de Plouézec. Elle offre seulement un abri pour les vents de sud-ouest, mais reste ouverte aux vents du large du secteur nord-ouest et nord. C'est pour cette raison que les projets d'aménagement d'une digue abri ou d'un quai n'ont pas été retenus au 19e siècle, en dépit d'une fréquentation importante, au profit de l'anse de Bréhec. Le port est aménagé avec les éléments suivants : une digue, faisant office de quai, avec une ligne d´enrochements à l'ouest du quai et à sa base, trois petites cales pour les annexes et un terre-plein en bas de la falaise, jouxtant le quai. Les galets de la plage ont servi à remblayer le terre-plein ou perré. La route du Cap-Horn, qui descend au port et à la grève, se termine par un quai, maçonné avec des moellons de grès. Elle est seulement accessible à pleine mer, par grands coefficients. Ce quai mesure environ 70 m de long, avec une hauteur variant de 2 à 8 mètres. Une retenue d'eau de mer, construite en granite, située à l'est de l'anse de Port Lazo, accessible à mi-marée, sert de piscine publique.. La partie Est de Port Lazo est appelée ""le petit Port Lazo"", sous les falaises qui ""tombent"" et s'affaissent. Selon la tradition orale, un ancien quai s'appuyant sur les roches, sous la falaise aurait pu abriter quelques bateaux (hypothèse à vérifier).. . La côte de Port Lazo à Boulgueff est constituée de falaises abritées, d'intérêt géologique et paysager (falaises de sédiments quaternaires en recul sensible). Les landes côtières sont nombreuses. L'urbanisation est diffuse et l'agriculture résiduelle. L'intérêt géologique des falaises limoneuses et friables contribue à l'unité paysagère de la Baie de Paimpol. Cependant, la falaise de Port Lazo, elle aussi litée, nettement plus élevée, que celle de Boulgueff, au moins sur une partie de sa longueur, est déjà largement bâtie, et le replat est lourdement chargé par des installations ostréicoles. Il s'est déjà produit nombre de glissements de terrain, qui ont conduit à mettre en place des enrochements de protection (figure). La plupart de ces enrochements n'ont pas d'utilité réelle, dans la mesure où la côte n'est pas très battue : le recul est lié essentiellement aux problèmes d'eau du sol, comme le montre le fait que les principaux cônes de fluage soient en face des vallons vers lesquels convergent les eaux du replat.. . Le problème est que Port Lazo est le meilleur endroit pour atteindre rapidement les parcs à huîtres, ce qui incite à y développer les installations de traitement ostréicole, et elles ne peuvent l'être que sur le haut de la falaise ou sur le haut de l'estran. Il existe des restes d'installation sur l'estran, amis la tendance actuelle semble être de les placer à terre. Il y a là un risque sérieux, des bassins implantés en altitude risquant de trop peser sur un sous-sol fragile, et les risques de fuite d'eau, donc de saturation en eau du loess, puis de fluage en masse, ne sont pas nuls. Il serait moins dangereux de développer éventuellement le traitement des huîtres sur le haut de l'estran, au prix d'un aménagement collectif et concerté (Pinot Jean-Pierre, Rapport sur les risques liés à l'évolution du littoral entre Penvénan et Plouha, Schéma de Mise en Valeur de la Mer Trégor-Goélo, mai 1997). Un parking situé au-dessus du port, en retrait sert actuellement de remise pour les chalands amphibies et les tracteurs des ostréiculteurs.
À étudier
Le site portuaire mérite une étude globale pour la conservation de l'existant et son aménagement.
Propriété de la commune
2002
(c) Inventaire général ; (c) Conseil général des Côtes-d'Armor
2002
Prigent Guy
Dossier individuel
Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35