Moulin
Moulin à marée
Moulin à marée du Birlot
Moulin à marée du Birlot (île de Bréhat)
Bretagne ; Côtes-d'Armor (22) ; Bréhat (île de)
Communes littorales des Côtes-d'Armor
Paimpol
Birlot (le)
1832B 3ème feuille, 1417-1418-1420-1421
Isolé
Atelier de fabrication ; digue
2e quart 17e siècle ; 18e siècle ; 19e siècle ; 2e quart 20e siècle ; 20e siècle ; 4e quart 20e siècle
1633
Daté par travaux historiques
Sur le cadastre de 1832, le moulin est cadastré en plusieurs parties : l'étang (B1417), la chaussée (B1418 et 1420) et le bâtiment du moulin (B1417). La rocher sur lequel s'appuie la chaussée en son milieu est cadastrée en B1416.C'est en 1632, à l'audience du 29 septembre au duché de Penthièvre, qu'il est à la fois rapporté que le moulin à vent de Crec'h Tarec nécessite des réparations, mais aussi 'que si l'on bâtissait un moulin à mer de revenu de la seigneurie en serait augmenté'. Il s'agit de la première évocation rédigée d'un projet de moulin à marée à Bréhat. Le moulin était en effet un enjeu de pouvoir et de placement financier. En 1633, un contrat de construction fut passé entre le duché de Penthièvre et Jan de Tanouarn, meunier, et en 1638, un contrat d'afféagement pour les deux moulins à vent et le moulin mer. En 1679, un aveu, rendu à la seigneurie de Bréhat, rend compte que les héritiers de Jan de Tanouarn, reconnaissent détenir 'le moulin à mer situé dans l'Isle de Bréhat, le moulin à vent de Crec'h tallec, celui de Crec'h ar Pot et un droit de colombier'. En 1718, le droit de féage a été cédé en indivision à François Corouge, François Lambert et Pierre Guézennec. En 1744, le moulin était fortement dégradé et les Bréhatins 'moulans' refusaient de participer à la corvée d'entretien et de réparations. Cependant, le Parlement donna raison aux afféageurs et la date de 1744, sur une poutre, témoigne encore des travaux accomplis. En 1794, le meunier était Yves Faye, en 1848 ; Yves Querhic faisait valoir les moulins du Birlot et de Crec'h ar Pot. En 1873, le nouveau meunier était Pierre Le Chevanton, dont la famille possédait plusieurs moulins à vent sur la commune de Pleubian. Le moulin du Birlot a cessé de fonctionner en 1916 ou en 1920, selon la tradition orale. Le mécanisme, la roue et les meules sont alors détruits. L'étang du moulin est communal.Avant la Révolution, ce moulin était un moulin banal, appartenant au duché de Penthièvre. En 1810, il pouvait moudre 8 quintaux de farine par jour. En 1848, il produisait 23571 kg de farine de froment, 825 kg d'orge, 728 kg de méteil et 146 kg de blé noir.Après avoir cessé son activité, le moulin fut vendu en 1925 à M° Rouget, qui remplaça le toit en chaume par une couverture en fibro-ciment, puis il fut de nouveau revendu à M° Wague (mime), qui restaura les vannes. Il a ensuite été acheté par le chanoine Bercy, qui devait en 1965 restaurer entièrement le moulin avec l'aide de l'Etat et du Département. Cependant, les travaux ne furent jamais entrepris, en raison d'un malentendu sur la maîtrise d'ouvrage. Le moulin devait encore changer plusieurs fois de propriétaire, avant d'être acquis en 1990 par la mairie de Bréhat.En 1991-1992, une première tranche de travaux a été effectuée par les services techniques communaux sur le bâtiment (rejointoiement et consolidation des murs hauts) et la digue. Une 2ème tranche de travaux a été réalisée entre 1995 et 1996 : comblement de la brèche existant dans la digue au Sud des pertuis, charpente et couverture en chaume, ouvertures extérieures, plancher, reconstitution de l'escalier extérieur). L'association du moulin du Birlot a été créée en 1994 afin de restaurer le moulin dans son intégralité. Les étapes suivantes se sont succédées afin que le moulin puisse retrouver son état d'origine et fonctionner avec un mécanisme neuf reconstitué et sa nouvelle roue en 2002. En 1996, l'association a reçu le 1er prix du concours du Brest 96, par la revue Le Chasse-Marée, pour le patrimoine maritime (prix d'encouragement et de sensibilisation au patrimoine).
Granite ; moellon ; pierre de taille
Chaume
Plan carré régulier
Étage de soubassement ; 1 étage carré
Croupe
Énergie hydraulique
Le site du moulin est classé mais non le moulin lui même. Le moulin est situé sur la partie Nord-Ouest de l'étang, adossé à l'extrémité Nord d'une digue submersible côté mer, avec une pente accentuée vers le chenal et le flot. L'édifice est accessible côté mer pour les bateaux. Le bâtiment, de belles proportions, est de plan presque carré, avec un étage de soubassement, un rez-de-chaussée submersible et un étage carré. L'édifice a une longueur de 8, 60 mètres, une largeur de 8, 20 mètres et une hauteur de 11 mètres côté mer et 6, 40 mètres sur la digue. Les murs, évasés vers le sol, de 1, 33 mètre de section intérieure et 3 mètres de section à la fondation, sont constitués d'un assemblage de blocs de granite (granite gris de Bréhat), avec un fruit très prononcé de la base au sommet. C'est une construction dite 'à simple maçonnerie', ne formant qu'une seule et même pierre sur les quatre faces, assise directement sur la roche, afin d'éviter les vibrations, lors du fonctionnement hydraulique du moulin. L'angle Sud-Ouest est épaulé par des contreforts réalisés en pierre de taille. Le contrefort Sud est évidé à sa base pour laisser le passage à l'eau du coursier. La toiture d'origine était à croupe, en 4 pans avec faîtage parallèle à la digue. En 1920-25, la toiture a été modifiée. La couverture était en chaume l'origine ; ce matériau a été de nouveau employé pour la restauration. Le moulin comprend neuf ouvertures extérieures, deux portes et une fenêtre en façade à l'Est, deux petites fenêtres et le passage de l'arbre à roue au Sud, une porte haute et une lucarne à l'Ouest et une dernière ouverture à la base du pignon Nord. Les trois petites fenêtres à l'Est et au Sud sont situées sous la charpente et servaient à éclairer la meule. A l'Ouest, la petite lucarne était en surélévation de la maçonnerie et intégrée dans la toiture, pour aérer et éclairer le grenier. La partie inférieure du bâtiment ou caveau était inondée au flot et asséchée au jusant. L'eau passait par les deux ouvertures pratiquées ; celle du Sud permettant le passage de l'arbre et celle du Nord, la visite du caveau pour la vérification et l'entretien de cet arbre et du mécanisme de renvoi. L'une des deux portes au centre de la façade est cintrée, de même niveau que la digue mais elle a été rebouchée. La date gravée sur le linteau de cette porte, 1744, correspond à la date de reconstruction du moulin. L'autre porte, plus haute et autrefois accessible par un escalier extérieur, aujourd'hui reconstitué, permettait d'entrer dans le moulin, même à pleine mer, la chaussée inondée. A l'Ouest, en dessous de la petite lucarne surélevée, se trouvait la petite porte haute caractéristique des moulins qui pouvaient accueillir des bateaux. La digue ou chaussée est formée de deux tronçons qui prennent appui sur un îlot rocheux isolé au milieu de l'étang 'Roc'h Moch'. La longueur de la digue est de 140 mètres de long et sa largeur moyenne de 4 mètres. La digue barre partiellement l'anse du moulin à marée. L'étang, très envasé, constitue une retenue d'eau de mer d'une superficie de 2 hectares et demi, d'une hauteur d'eau maximum à grande marée de 4 à 5 mètres, a une contenance d'environ 30 000 m3, sans apport d'eau douce. La variation du niveau d'eau dans l'étang est assez faible pendant les 8 heures de fonctionnement du moulin. Seule l'ouverture complète des vannes pour le curage de l'étang ou pour la pêche, permettait de le vider. L'étang était très poissonneux et a pu servir de pêcherie. Les passages d'eau ou pertuis, réalisés dans la digue (2 arches) au Nord, permettaient de remplir et de vider l'étang grâce à des portes à marée (équipées de vannes à clapet, en bois, remplacées en 1935 par deux vannes à ouverture manuelle, pour un usage de pêcherie), reconstituées en chêne, lors de la réfection totale du moulin et de la digue. Ces deux passages, sorte de galeries en pierre de taille et moellon, étaient voûtés et pavés, séparés par une mur de refend en pierre de taille. Les vannes à la mer étaient appelées 'portes à mer', s'ouvrant librement sous la poussée du flot et se refermant au jusant. Une vanne à pelle permettait d'orienter le courant de jusant vers la roue dans un canal d'évacuation ou coursier ('kanel'), avec une hauteur d'eau suffisante ou chute d'environ 3 à 4 mètres. La pelle était soulevée par une crémaillère. Le coursier, de 0, 70 mètres de largeur et de 2 mètres de profondeur, recevait une roue unique, actionnée par des pales, sous la poussée de l'eau 'moutale' ('dour mal' en breton). La chute ou déversoir du coursier a une pente de 30 degrés pour accélérer la vitesse de l'eau. La roue ('ar rod vras') verticale à aubes, à simple couronne, mesure 4, 50 mètres de diamètre et est équipé de 8 bras (ou raies) et 32 pales ou palettes d'une largeur de à, 64 mètre, réparties sur la couronne (ou jante). L'arbre de couche reposait sur des coussinets réalisés en dolérite. Une pierre à lubrifier, encore visible sur le pignon Sud et relayée par une goulotte en bois incluse dans l'épaisseur du mur, permettait de lubrifier et de refroidir les points de frottement et d'échauffement de la transmission, notamment le palier interne de l'arbre à roue.Le logis du meunier se situe au Nord de l'étang. Cette maison est classée et fait partie du site classé.Une maquette du moulin a été réalisée en stérodur, avec la technique associée de pyrogravure, par la présidente de l'association, Marion Le Pache.
Moulin à marée
Établissement industriel désaffecté ; restauré
À signaler
Le moulin à marée du Birlot mérite d'être signalé pour son ancienneté, son histoire et la qualité de sa restauration.
Propriété de la commune
2008
(c) Région Bretagne ; (c) Conseil général des Côtes-d'Armor
2009
Prigent Guy
Dossier individuel
Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35