Usine d'impression sur étoffes ; scierie ; usine de construction mécanique ; usine de matériel d'équipement industriel
Fabrique d'indiennes ; usine de moteurs hydrauliques
Usine de la Bove
Indiennerie Liesse puis Hutrel puis Daliphard, puis usine de moteurs hydrauliques Blot, dite usine de la Bove
Normandie ; Eure (27) ; Charleval
Bassin hydrographique de l'Andelle
Romilly-sur-Andelle
La Bove
1836 D 20 à 31 ; 2019 AM 289
Isolé
La Lieure (affluent de l'Andelle)
Bief de dérivation
4e quart 18e siècle (détruit) ; 1er quart 19e siècle (détruit) ; 2e quart 19e siècle (détruit) ; 3e quart 19e siècle (détruit) ; 4e quart 19e siècle ; limite 20e siècle 21e siècle (détruit)
1778 ; 1783 ; 1819 ; 1840 ; 1890 ; 2000
Daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques
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Liesse Martin (propriétaire ; commanditaire) ; Hutrel Michel (propriétaire ; commanditaire) ; Daliphard Auguste (propriétaire ; commanditaire) ; Blot Isidore (propriétaire ; commanditaire)
En 1778, Martin Liesse, imprimeur dans la fabrique d'indienne rouennaise de Noël Fleury, décide de se mettre à son compte et obtient par bail du marquis Delafosse, deux vastes parcelles sur la commune de Charleval, au lieu-dit de la Bove, pour «y étendre toutes les toiles, indiennes et marchandises qu’il jugerait à propos », autrement-dit pour y fonder sa propre indiennerie. Le bail prévoit également la location d’une demeure voisine qu’il transforme, avec le consentement du propriétaire, en atelier d'imprimerie sur tables. L'indiennerie de Martin Liesse est implantée sur la Lieure dont l’eau claire et abondante est utilisée pour le trempage et le rinçage des toiles et comprend une dizaine de bâtiments : ateliers de gravure, d'impression, de teinture et autres dépendances. Pour compléter l'ensemble, Martin Liesse annexe des prairies voisines, y fait aplanir le sol et élever des digues dans le but de faire sécher à l'air libre toutes les toiles produites dans son établissement. Martin Liesse fait appel pour la gravure de ses planches à imprimer, au dessinateur-graveur Jean-Antoine Rigaud qui restera à son service pendant près de 20 ans, se réservant pour sa part le travail de colorisation. En 1783, lors du renouvellement du bail, un nouvel atelier est édifié. Après la Révolution Française, Martin Liesse profite de la vente des biens nationaux pour se rendre acquéreur des immeubles qu'il louait jusqu'alors. En 1789, la fabrique emploie une centaine d'ouvriers et devient sous le Consulat l'indiennerie la plus florissante de la région. Elle totalise alors trente tables d'impression et occupe 300 ouvriers. Ceux-ci résident pour la plupart dans les communes environnantes mais logent à Charleval chez un maître de pension durant la période d'activité de la fabrique, soit de mars à novembre. En hiver, l'activité est arrêtée en raison des intempéries qui rendent impossible le séchage des toiles en plein air. L'indienneur profite donc de cette période de chômage pour s'approvisionner en calicots et en siamoises à la halle de Rouen où il tient une maison de commerce. C’est là qu’il écoule les 12 000 pièces imprimées que sa fabrique de Charleval produit chaque année. A partir de 1806, la production régresse et tombe à 9 000 pièces par an. La fabrique emploie tout de même 260 ouvriers, et son équipement est estimé à 65 000 livres. C’est à cette époque que Martin Liesse s'associe à Jean-Baptiste Vacossin avant de se retirer définitivement des affaires. Malgré les efforts des deux associés, la fabrique n’occupe plus que 73 hommes et 21 femmes en 1810 et produit 4 000 mouchoirs par an. La faillite de l’entreprise ne peut être évitée et l’ensemble des biens fait l’objet d’une vente par adjudication le 3 novembre 1819. La fabrique d’indienne est rachetée par Michel Hutrel, un entrepreneur rouennais, qui engage aussitôt sa modernisation : il fait percer sur son terrain un canal de dérivation de 230 m de longueur et d’1,5 m de largeur et y installe une machine à battre les toiles mue par une roue hydraulique. L'usine fonctionnant jusqu’alors sans autorisation administrative, Michel Hutrel demande en 1823 la permission de conserver son moulin à battre les toiles. Pour obtenir l’accord de l’administration, il se voit contraint à quelques réaménagements pour palier ses exactions : il est en effet accusé à raison d’avoir détourné l’eau de la rivière à son profit en créant sur son terrain ce bief de dérivation sans le consentement des propriétaires de la rive gauche et d'avoir construit sur ce canal un barrage en pieux et planches pour produire une importante chute. L’autorisation légale de conserver son moulin lui est finalement accordée par l'ordonnance royale du 23 avril 1829, à condition de remplacer le barrage illégal par un déversoir en maçonnerie de 2 m de large.Après le décès de Michel Hutrel, ses héritiers s'associent à Victrix Delanos, commerçant à Rouen. L'usine est à nouveau réglementée par l'ordonnance royale du 7 mai 1840 qui modifie la hauteur de la retenue et du repère de l’usine fixée par la précédente ordonnance royale, et ordonne la construction d’un aqueduc maçonné à la naissance du canal de dérivation de son usine. La roue motrice est placée dans un coursier de 0,68 m de largeur. Parallèlement il fait édifier au voisinage de son usine, une cité ouvrière de 12 logements. Le 5 novembre 1841, l’indiennerie est transmise par héritage à la nièce de Michel Hutrel, Marie Françoise Engerant épouse Gallot puis Durand, mais la famille Delanos en assure toujours l’exploitation. D’après l’enquête industrielle de 1847, l’indiennerie Delanos fils dépense 189 000 f en matière première et dégage annuellement 254 250 f de valeur de production. Elle emploie à cette date 50 hommes et 47 enfants. En 1849, la fabrique d’indienne de Mme Vve Gallot est louée 4000 f et donne un impôt de 900 f. L’usine cesse de fonctionner comme indiennerie dans les années 1860 et ses installations sont reconverties quelque temps au travail de la laine et plus spécifiquement au dégraissage des draps. En 1887, suite à la mise en vente par adjudication publique des biens de l'héritière de Michel Hutrel, l'ensemble des bâtiments industriels et une partie de la cité Hutrel sont rachetés pour la somme de 30 000 f par l'indienneur Auguste Daliphard qui exploitait depuis 1842 en association avec Nicolas Dessaint, l’indiennerie de Radepont fondée en 1800 par les frères Anty.En 1890, Auguste Daliphard cède son usine à Isidore Blot, mécanicien constructeur qui occupait déjà, comme locataire, l'ancienne fabrique d'indiennes reconvertie en scierie et en atelier de construction mécanique spécialisés dans la fabrication de moteurs hydrauliques, roues et turbines. L’établissement d'Isidore Blot emploie une dizaine d’ouvriers au début du XXe siècle. Son fils, Edouard Blot (maire de Charleval de 1925 à 1945) poursuit l'activité de l'usine sous son nom jusqu’en 1942, puis sous le nom de Blot-Massien jusqu’en 1948. Durant toute cette période, la force hydraulique de la Lieure est continuellement sollicitée pour entraîner une grande partie des machines à bois. En 1948, l’usine de construction mécanique est reprise par MM. E. De Vriendt et F. Clybouw, puis rachetée en 1985 par la société Métalab. Le dernier atelier de l'usine de la Bove est finalement rasé en 2000 pour fait place à un supermarché.
Brique
Ardoise
2 étages carrés
Élévation à travées
Toit à longs pans pignon couvert
Énergie hydraulique ; produite sur place
L'indiennerie comptait, dans les années 1830-40, une quinzaine de bâtiments de plan rectangulaire massif ou allongé. Deux d'entre eux était bâtis à cheval sur la Lieure et dotés chacun d'une roue hydraulique. Les autres étaient implantés le long de la Lieure ou du canal dit le rü des Prés, une dérivation de la rivière Andelle qui bordait le site à l'ouest. Cette configuration montre l'importance de l'eau dans l'activité d'indiennage, tant comme matière première que comme force motrice. A la fin du XIXe siècle, lorsque l'indiennerie est reconvertie au travail du bois et du métal, seuls les bâtiments dotés d'un moteur hydraulique sont conservés et reconvertis pour l'un en scierie, pour l'autre en atelier de mécanique. Seul ce dernier subsiste dans les années 1980 et consiste en un atelier en brique de deux étages et de 202,5 m2 de surface au sol (soit 22,50 m sur 9 m). Il est détruit en 2000.
Détruit
2015
(c) Région Normandie - Inventaire général
2016
Real Emmanuelle
Dossier avec sous-dossier
Région Normandie – Service Inventaire du patrimoine