Manoir
Ferme
Grand Champrond : manoir
Centre-Val de Loire ; Eure-et-Loir (28) ; Champrond-en-Perchet
: Communauté de communes du Perche
Parc naturel régional du Perche
Nogent-le-Rotrou
Le Grand Champrond (le)
1811 C 23 ; 1987 C 163
Isolé
Écurie ; remise ; grange ; hangar agricole ; logement
4e quart 15e siècle (?) ; 16e siècle ; 18e siècle ; 19e siècle ; 1er quart 20e siècle
4e quart 19e siècle
1884
Daté par source
Attribution par source ; attribution par source ; attribution par source
De Beaulieu Loys (commanditaire) ; De Beaulieu Floridas (commanditaire) ; Viette Ernest (commanditaire)
Dès le 11e ou le 12e siècle, la terre de Champrond et sa forêt des Perchets appartiennent au domaine direct des Rotrou. Par le jeu des successions, elles passent à leurs descendants, les Château-Gontier, et la suite des seigneurs de Nogent. Par mariage, elles arrivent, au quatrième quart du 15e siècle, entre les mains de la famille Beaulieu qui rend foi et hommage au seigneur de Brunelles, lui-même vassal du seigneur de Nogent-le-Rotrou. L'un de ses membres, Loys de Beaulieu, est probablement à l'initiative de la construction (ou reconstruction) du manoir à cette même période, comme le montrent le décor de la porte de la tour d'escalier ainsi que la charpente. Au cours du 16e siècle, un de ses descendants, Floridas de Beaulieu, agrandit le manoir vers l'est (une pièce par niveau) et en retour d'équerre au sud-ouest, en attestent les cheminées monumentales de l'étage et les fenêtres chanfreinées de dimensions restreintes. Une partie des bâtiments d'exploitation (bâtiments est et ouest) daterait du 18e siècle, comme le montrent plusieurs détails architecturaux dont une porte en plein cintre obstruée, ou les deux portes charretières en anse de panier. Suite à la Révolution, le manoir est vendu comme bien national. En 1825, Charles François Fontaine en acquiert la propriété. Les matrices cadastrales font état de "l'augmentation d'une maison" à l'initiative d'Ernest Viette en 1884, date probable de la transformation du logis manorial (agrandissement des ouvertures et du bâtiment vers l'est). A cette même période, les bâtiments d'exploitation sont transformés (remaniement des ouvertures, emploi de la brique en encadrement). Le hangar au nord-ouest semble dater du premier quart du 20e siècle.
Calcaire ; silex ; enduit ; pan de bois ; moellon
Tuile plate
Rez-de-chaussée ; 1 étage carré ; comble à surcroît
Élévation à travées
Toit à longs pans ; toit polygonal
Escalier hors-oeuvre : escalier en vis
¶Le manoir est implanté à l'est du plateau du bois des Perchets, non loin de la source du ruisseau du Val Roquet. L'ensemble comprend quatre bâtiments dissociés et organisés en "U" autour d'une cour ouverte.¶¶- Au sud, le logis manorial comprend aujourd'hui quatre corps de bâtiment : un corps principal de plan rectangulaire, une tour hors-oeuvre, un corps de bâtiment de plan presque carré, perpendiculaire au corps principal, et un petit corps construit dans le prolongement vers l'est du corps principal.¶¶Le corps principal du logis comprend deux pièces par niveau habitable - une cuisine et une salle au rez-de-chaussée, deux chambres à l'étage. Pourvues chacune à l'origine d'une cheminée monumentale, seuls quelques vestiges de consoles subsistent à l'étage à l'ouest, tandis que la cheminée de la chambre est a été démontée et remontée dans la salle. La tour hors-oeuvre est accolée sur la façade nord du corps principal ; elle abrite un escalier à vis en bois qui dessert quatre niveaux : le sous-sol à usage de cave, le rez-de-chaussée, un étage carré et le comble. Elle est accessible par une porte en anse de panier surmontée d'un larmier. Elle est éclairée par de petites ouvertures aux encadrements chanfreinés à congés coupés.¶¶Le corps de bâtiment aligné à l'est du logis comprend deux pièces, une au rez-de-chaussée et une à l'étage ; celle-ci est également pourvue d'une cheminée monumentale. Cette ancienne chambre était également accessible par un escalier extérieur dont les vestiges ont été mis au jour lors de récents travaux de restauration.¶¶Le corps de bâtiment en retour d'équerre au sud-ouest comprend un rez-de-chaussée surmonté d'un haut comble à surcroît, avec cheminée adossée.¶¶De nombreuses ouvertures, notamment sur le corps principal, ont été agrandies dans le style néo-gothique : encadrées d'une chaîne en besace surmontée d'un larmier rampant à retours anguleux. Ces ouvertures forment trois travées au sud.¶¶Les murs sont en moellons de silex au niveau du soubassement, et pour le reste des élévations, en moellons de calcaire couverts d'un enduit à plein (façade nord) ou à pierre vue. On décèle quelques vestiges de murs en pans de bois (pignons, étage de la façade nord dans sa partie ouest, étage du corps sud-ouest, cloison de séparation des deux chambres à l'étage). Les encadrements des baies et les chaînages d'angle sont en pierre de taille de calcaire.¶¶- Trois bâtiments d'exploitation complètent l'ensemble. Le bâtiment sud-est abrite sous le même toit deux écuries, une remise et les anciens clapiers. Le bâtiment est abrite une remise à attelages, une écurie et un ancien logement de journaliers. Le dernier, à l'ouest, comprend deux granges, une cave, une écurie et une betteraverie. Les betteraves y étaient acheminées par charrette puis rejoignaient un silo au nord de la ferme via un charriot roulant sur rails (rails toujours visibles). Un hangar métallique se situe en alignement au nord du dernier bâtiment.¶¶Les murs sont en moellons de calcaire couverts d'un enduit à pierre vue. Les chaînages d'angle et les encadrements des baies sont en pierre de taille de calcaire (pour la partie sud du bâtiment ouest) ou associant la brique et la pierre de taille.¶¶L'ensemble des toits est à longs pans (à l'exception de la tour d'escalier à toit polygonal) couverts en tuile plate.
Bon état ; restauré
Ce manoir, bien connu par les archives, a subi trois campagnes de construction. Edifié à la fin du 15e siècle, il est agrandit dans le courant du 16e siècle de deux adjonctions (à l'est et au sud-ouest). En 1884, une nouvelle adjonction est construite à l'est tandis que presque toute les ouvertures sont agrandies (et repercées) dans le style néo-gothique en vogue à cette époque. Gilles Provost, dans le cadre de son mémoire de maîtrise d'histoire de l'art portant sur la maison des champs du Perche nogentais, compare le Grand Champrond aux autres manoirs de la même époque et du même secteur. D'après lui, l'édifice n'est pas seulement remanié en 1884 mais en partie reconstruit : comprenant initialement tout l'étage en pan de bois (comme d'autres manoirs du secteur) - dont il reste quelques vestiges - ce dernier a été remplacé par une maçonnerie en moellons.¶¶Bien qu'assez remanié, l'ensemble conserve plusieurs éléments significatifs de l'architecture seigneuriale percheronne tels que la tour hors-oeuvre abritant l'escalier à vis en bois et trois cheminées originelles. Les parties agricoles, bien conservées et de grandes dimensions, font probablement de cette ferme l'une des plus importantes à la fin du 19e siècle. Le Grand Champrond est un élément patrimonial de premier ordre à l'échelle communale (voire supra).
Propriété d'une personne privée
2008
(c) Région Centre-Val de Loire, Inventaire général ; (c) Parc naturel régional du Perche
2008
Casses Laetitia ; Maillard Florent
Dossier individuel
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06