Manoir
Châtellier : manoir
Centre-Val de Loire ; Eure-et-Loir (28) ; Frazé
Parc naturel régional du Perche
Brou
Châtellier ((le))
2016 ZY 16 ; 1813 H 126
En village
1er quart 16e siècle
1er quart 16e siècle
Attribution par source ; attribution par source
Montdoucet (de) Bertrant (?, commanditaire) ; Montdoucet (de) Maximilien (?, commanditaire)
Le fief du Châtellier est mentionné la première fois en 1341 dans un aveu. A cette époque, cette importante seigneurie relève de la châtellenie de Miermaigne. Mise à sac durant la guerre de Cent Ans, la propriété est vendue à la famille Montdoucet dont l’un des membres, Bertrand de Montdoucet, est très certainement responsable de la reconstruction du manoir au début du 16e siècle. Le 8 février 1614, la seigneurie du Châtellier retourne dans le giron des Montdoucet avec son rachat par Maximilien de Montdoucet. Le riche seigneur qui venait d’acheter la seigneurie du Grand Mesnil (Frazé), fait très certainement réaménager voire reconstruite « noblement » le manoir dans les années 1614 - 1620 dans le style Renaissance en vogue à cette époque : réfection de toutes les ouvertures dont les encadrements sont alors ornés de chambranles moulurés (à l’exception d’une demi-croisée au niveau du fournil qui semble d’origine), reconstruction des cheminées de la salle et de la cuisine. D’après un acte notarié daté du 4 août 1626, la propriété consiste « en un château composé de plusieurs pavillons et autres bâtiments clos de fossés et lors à pont levis ; - une basse-cour composée de maison manable, grange, étable, colombier et autres bâtiment et édifices, cour et trois jardins, le tout clos de fossés et de murailles, un puits dans la dite basse-cour et 120 arpents tant de terre labourable […]. » Reflet d’un état certainement médiéval, le plan géométrique de 1767 montre un site défensif avec haute et basse cours, entourées de douves en eau.En 1662, la seigneurie du Châtellier est réunie à celle de Frazé par Antoine de Gramont. En 1902, Joseph Dulong de Rosnay qui avait acheté le château de Frazé en 1896, se porte acquéreur du Châtellier qu’il restaure. A cette occasion, il fait déposer les épis de faîtage de plomb ouvragés, emblèmes seigneuriaux du Châtellier, pour les conserver au château de Frazé. Occupé par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, le manoir est quasiment en ruine en 1957, date à laquelle l’actuel propriétaire le restaure (réfection complète de la charpente et de certains planchers).
Brique ; silex ; moellon ; enduit partiel
Tuile plate ; ardoise
Étage de soubassement ; rez-de-chaussée surélevé ; 1 étage carré
Élévation à travées
Toit à longs pans croupe ; toit en pavillon
Escalier hors-oeuvre : escalier tournant à retours, en maçonnerie
Le Châtellier se situe au sud du bourg, à quelques centaines de mètres. L’ancien site seigneurial entouré de douves en eau comprenait haute-cour (manoir accessible par un pont-levis) et basse-cour (ferme et colombier). Il ne subsiste qu’une partie du manoir, entouré de douves sèches. Les traces d’un pilier du pont-levis sont toujours visibles sur le mur sud de la tour (arrière cuisine).Le manoir compte plusieurs corps de bâtiments organisés en "U" et ménageant une cour ouverte au sud-est, autrefois fermée d’un autre bâtiment détruit. Il s’élève sur trois niveaux habitables : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré. L’aile principale est divisé en trois espaces : la cuisine, la salle et une chambre (ancienne cuisine, comme tendent à le montrer les vestiges d’une cheminée). En retour d’équerre à l’est, se trouve le fournil, qui conserve également les vestiges d’une cheminée ainsi que les traces d’arrachage de la voûte détruite. Flanquée à l’angle de l’aile principale, se situe une première tour de plan carré. Elle abrite l’arrière cuisine au rez-de-chaussée surélevé sur cave voûtée, et cabinet à l’étage carré. En façade postérieure de l’aile principale se situent un cellier ainsi que la tour hors-œuvre abritant l’escalier rampe sur rampe. Ce dernier permet l’accès à deux caves voûtées situées sous la cuisine et le cellier (étage de soubassement) ainsi qu’à une chambre et un cabinet (étage carré). Les cheminées de la cuisine et de la salle, identiques, sont adossées au même mur de refend. En pierre de taille calcaire et de style Renaissance, elle possède des piédroits ornés de volutes et de feuilles d’acanthe en bas-relief. La cuisine dispose également d’un évier sous la fenêtre ouest, et de niches aménagées dans les murs.Les soubassements des murs sont en pierre de taille de grison, matériau que l’on retrouve également au niveau des chaînages d’angle en alternance avec la pierre de taille calcaire. Les murs en brique rouge et noire sont ornés de motifs géométriques. Une partie des murs de l'ancien fournil sont en moellons de silex, partiellement couverts d'un enduit. Les ouvertures, en pierre de taille calcaire, possèdent majoritairement des chambranles moulurés. La façade ouest, la plus ostentatoire car visible depuis l'entrée de la propriété, reçoit des fenêtres à meneaux et à traverses, ou des demi-croisées organisées en travées. Un œil-de-bœuf encadré d'un décor d'oves, aujourd'hui obstrué, éclairait la salle. Plus dissuasives qu'opérationnelles, des bouches à feu sont aménagées dans les murs donnant sur l'extérieur, plus particulièrement sur l'accès, l'ancien pont-levis étant de ce fait bien protégé.Couverts en ardoise ou en tuile plate, les toits sont en pavillon (tours) ou à longs pans et à croupes.
Bon état ; restauré
inscrit MH
Façades et toitures ; escalier intérieur ; cheminées des deux pièces principales du rez-de-chaussée et d'une salle du premier étage (cad. H 65) : inscription par arrêté du 7 mars 1975.
Bien qu'aucune fouille archéologique n'ait été réalisée, le site du Châtellier semble occupé depuis la fin du Bas Moyen-Âge. Très rares, les douves sèches entourant la motte sur laquelle s'élève le manoir en témoigneraient. Il a été reconstruit au début du 16e siècle puis modifié au premier quart du 17e siècle. La filiation avec une partie du château de Frazé qui partage le même type de parement en décor de brique est indéniable. Ce type de décor, assez rare dans le Perche, est beaucoup plus répandu dans l'Eure.L'occupation probablement ancienne du site, la présence de douves sèches, de la motte et la conservation d'éléments architecturaux anciens (mise en œuvre à décor de brique, fenêtres à croisée, demi-croisée, à chambranle mouluré, bouches à feu, cheminées Renaissance) font du Châtellier un site patrimonial de premier ordre à l'échelle communale et celle du Parc.
Propriété privée
2016
(c) Région Centre-Val de Loire, Inventaire général ; (c) Parc naturel régional du Perche
2016
Maillard Florent
Dossier individuel
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06