POP

Plateforme ouverte du patrimoine

Fortifications et ensemble fortifié du port de Roscoff (Mo 95)

Désignation

Dénomination de l'édifice

Port ; maison ; quai ; ensemble fortifié

Titre courant

Fortifications et ensemble fortifié du port de Roscoff (Mo 95)

Localisation

Localisation

Bretagne ; Finistère (29) ; Roscoff

Aire d'étude pour le domaine Inventaire

Bretagne Nord

Lieu-dit

Le Port

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

Moyen Age

Siècle de campagne secondaire de consctruction

Temps modernes ; Epoque contemporaine

Description historique

Un château fort sur l’Îlot de la pointe de BlosconL’agglomération primitive de Roscoff était située à l’origine au lieu-dit Rosko-Goz, le vieux Roscoff (situé à 700 m environ au Sud-sud-ouest de l’église Notre-Dame de Croas-Batz). Roscoff est une trève de la paroisse de Saint-Pol-de-Léon. Son port était situé dans l’anse du Laber abritée des vents et de la houle : cette anse naturelle dans laquelle les embarcations peuvent échouer à marée basse, est quasiment fermée, sauf vers le Nord, mais protégée par l’Île de Batz. Toute proche, la cité épiscopale de Saint-Pol-de-Léon dispose au Moyen Âge de son propre port d’échouage en Baie de Morlaix à Pempoul (port qui s’envase progressivement).A l’extrémité de la Pointe de Bloscon se trouve un petit îlot accessible à marée basse, sur lequel un château fort est construit (puis le Fort Bloscon en 1694). Lors de l’un des épisodes de la Guerre de Succession de Bretagne pour l'héritage du duché de Bretagne, les troupes de Charles de Blois commandée par Bertrand du Guesclin reprennent en 1363 le ""castro de Blasco"" aux Anglais (Patrick Kernévez, 1997). Au cours de ce conflit, l’agglomération primitive de Roscoff est entièrement incendiée... En 1403, une flotte sous les ordres de Jean de Penhoët, capitaine de Morlaix et amiral au service du duc de Bretagne Jean V lève l’ancre de l'anse de Laber pour aller combattre les Anglais.Côté Baie de Morlaix, il existe un lieu-dit Portz ar Boscon (Pors ar Bascoun) avec une pointe orientée vers l’Est associée au toponyme La tour (cadastre parcellaire de 1846). Des fortifications privéesL’agglomération de Roscoff est reconstruite vers 1500 plus au Nord : l’anse du port - complétement découverte à marée basse - est naturellement abritée des vents et des houles d’Ouest et de Nord-ouest, mais pas des vents de Nord-est. Le port prospère notamment grâce à l'importation de graines de lin pour la manufacture des toiles. L’église Notre-Dame de Croas-Batz est construite dans la première moitié du 16e siècle près de la Croix de l’Île de Batz (c’est cette croix qui donne son nom à la batterie de côte à la fin du 17e siècle). Une compagnie d'arquebusiers est formée en 1550.Du côté de la mer, l’agglomération est protégée par les murs de clôture des jardins des maisons. Inspirées des manoirs ruraux, les tours d’escaliers sont dotées de pièces hautes servant de cabinet de travail voire de vigie. Certaines maisons sont vraisemblablement dotées de petites pièces d’artillerie ou d’arquebuses comme le suggère la présence d’ouvertures de tir : de part et d’autre de l’échauguette de la maison dite de Marie Stuart (25 rue Amiral-Réveillère) ou dans la partie basse de la maison du Passage Louis-Noir donnant dans l’anse du port (maison située aujourd’hui le long du Quai Charles de Gaulle). La construction de ces demeures est attribuée à des armateurs qui se livrent à la course, à des négociants ou à des marchands. Ces éléments défensifs participent d’affirmer le statut social des propriétaires.Un quai percé d'embrasuresLa construction d’un quai pour protéger la zone d’échouage du port débute en 1623 et s’achève en 1649. Cinq embrasures à canon et des latrines en bretèche (en encorbellement) figurent sur le plan de François Froger de 1702 et sur la représentation du port de Roscoff au 18e siècle. Le plan de 1702 montre le projet d’agrandissement du quai avec une batterie implantée sur le musoir (projet non réalisé). L’espace entre la ville et le début du quai est légendé comme ""Place d’armes"" tandis que le parapet est doublé d’une ""banquette"" et d’une ""promenade"" dominant le ""chemin des charrois"". La deuxième embrasure (du côté de la ville), est armée d’un canon de 8 livres de balle disposé sur une plate-forme.Suite à une tempête survenue en 1713, le quai long de 175 m est réparé et allongé en 1743. Après la construction du Quai neuf au 20e siècle, il est baptisé ""Vieux quai"" puis ""Quai Tristan Corbière"" (il mesure 250 m de longueur pour 12 m de largeur). Les trois embrasures du quai, comblées à une date inconnue, ont été débouchées à la fin des années 1990 et en 2004. Elles ont été valorisées par la mise en place de trois pièces d’artillerie (l’un des tubes de canon proviendrait du Fort Bloscon, les deux autres tubes proviennent de l’arsenal de Cherbourg). Un ensemble de batteries de côteA la fin du 17e siècle, dans le contexte de la Guerre de Ligue d’Augsbourg, alors que la menace d'un débarquement pèse sur la ville-arsenal de Brest et dans les ports bretons, plusieurs batteries de côte sont créées pour protéger le port de Roscoff et les mouillages de l’Île de Batz : à l’Est le Fort Bloscon, à l’Ouest le Fort de La Croix et sur l’Île de Batz, la batterie de Penn ar C’hleguer. Le Fort Bloscon est le siège de la capitainerie de Saint-Pol-de-Léon.Au début du 18e siècle, le Fort Bloscon est armé de 8 canons, l’Île Callot de 3 canons, l’Île de Batz de 4 canons (en deux batteries), l’Île de Sieck de 3 canons, la batterie dite Fort de la Croix de 4 canons (deux pièces de 12 livres de balle, une pièce de 6 livres de balle et une de 4 livres de balle) et le début du quai du port de Roscoff est doté d’un canon (pièce de 8 livres de balle).En 1841, la batterie du Fort Bloscon est doté de 7 canons, celle de Roscoff de 3 canons. L’Île de Batz est dotée de 13 canons répartis sur quatre batteries (Belvedic, Pen ar C’hleguer, Beg Séac'h et batterie de l’Ouest dite Fort du Chenal sur le cadastre de 1846)Le cadastre de 1846 révèle également la présence d’un bâtiment de douane implanté Pointe du Vil.Dans les années 1860, la batterie de La Croix est remplacée par celle de Perharidi aménagée sur l’Îlot Jacopin (2 canons de 30 livres de balle et 2 obusiers de 22 cm) qui croise son feu avec celle située à l’Ouest de l’Île de Batz de (2 canons de 30 livres de balle et 2 obusiers de 22 cm). La batterie du Fort Bloscon est également modernisée (4 canons de 30 livres de balle et 2 obusiers de 22 cm).Ces batteries sont désarmées dans les années 1870.Située à l’est du port, la jetée de Pen ar Vil est achevée en 1878 ; un feu de signalisation maritime blanc est installé à son extrémité en 1880. La jetée est dotée d’une petite cale en au début du 20e siècle afin de permettre l’accès à la grève de Sainte-Barbe. L’ensemble fortifié ""Mo 95""Lors de la Seconde Guerre mondiale, le Port de Roscoff est intégré au Mur de l’Atlantique. Ce ""nid de défense"" (Widerstandsnest), numéroté 95 appartenait au groupe défensif côtier de Morlaix (Küsten-Verteidigungs-Gruppe, abrégé ""KVGr""), sous-groupe de Roscoff. Dès mars 1943, l'accès aux deux quais du port de Roscoff (Vieux quai et Quai neuf) est barré par un champ de mines numéroté Elorn I/89 et baptisé Esche (chêne en allemand) composé de 43 mines antipersonnel. Un réseau de barbelés (Flächendrahthindernis) complétait la défense du côté de la terre. Le plan de mars 1943 révèle la présence de la douane (Zollhaus) et d’une douane maritime (Zollschifsstation). Dans les ports, ce sont des soldats de la douane militaire maritime (Grenzaufsichtsstelle, GAST) qui contrôlaient la circulation des embarcations et tout particulièrement celles des pêcheurs.Pour fermer les accès au bourg depuis la grève du port, plusieurs portions de mur antichar sont construites en 1943. Ce mur en béton armé complète les murs de soutènement en maçonnerie existants (comme par exemple ceux des grèves de Sainte-Barbe et de Poullous). Le port de Roscoff était notamment sous le feu d’un canon antichar Skoda abrité sous un bunker - casemate de type 631 (actuellement situé Boulevard Sainte-Barbe) et d'un Tobruk-Stand surmonté d'une tourelle de char Renault FT situé au début de la jetée de Pen ar Vil. Le canon de de 75 mm Krupp de la casemate de type 611 du Fort Bloscon prenait en enfilade l’entrée du port en avant du Quai neuf. Selon Olivier Doher (cf. bibliographie), le déminage de ce champ a été réalisé par les Américains, immédiatement après le départ des Allemands le 9 août 1944. En effet, le port de Roscoff (et de Morlaix) est utilisé pour approvisionner les troupes américaines en route pour assiéger Brest. Des héritages maritimes témoins de l’artificialisation du littoralLe Quai neuf est aménagé dans le deuxième quart du 20e siècle. Le remblaiement consécutif à sa construction isole définitivement de la mer plusieurs maisons dont celle dite de Marie Stuart dont le mur de clôture et l'échauguette se retrouvent désormais situés au milieu d’un vaste terre-plein devenu route et parking.Destinée à faciliter la liaison avec l’Île de Batz, l’estacade a été inaugurée en 1969. En raison du marnage et du retrait important de la mer dans le chenal de l’Île de batz, elle mesure près de 600 m de longueur.Les quais Charles de Gaulle et d’Auxerre sont respectivement aménagés entre 1966 et 1970 et entre 1974 et 1976. Dédiés au développement du tourisme à l’époque du « tout-voiture », ces quais, reçoivent une route - boulevard, des parkings et un rond-point.Le phare de Roscoff (mis en service en 1934), la maison du gardien de phare (1917), l’abri du canot de sauvetage (1867), l’Abri du marin (1909), le mur antichar (1943) et des demeures dont celle du Passage Louis-Noir, à l’origine situés en haut de l’estran, se retrouvent éloignés de la mer de 30 à 40 m.Dans la continuité du Quai d’Auxerre, un vaste terre-plein éloigne la rue Jeanne d’Arc de la mer.Propriétaire du Vieux port de Roscoff depuis 2007, la Région Bretagne a délégué son exploitation à la Ville de Roscoff. Un nouveau port en eau profondeUn port en eau profonde est aménagé à l’est de Roscoff à partir de 1972, c’est le Port du Bloscon, port de commerce (siège de Brittany Ferries) auquel est adjoint un port de pêche (la criée est construite en 2003) et un port de plaisance en 2012. Leur exploitation est déléguée à la Chambre de Commerce et d’Industrie Métropolitaine Bretagne Ouest.

Protection et label

Intérêt de l'édifice

Vestiges de guerre

Eléments remarquables dans l'édifice

Port ; ensemble fortifié

Statut juridique

Statut juridique du propriétaire

Propriété publique ; propriété privée

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2002

Date de rédaction de la notice

2002 ; 2023

Noms des rédacteurs de la notice et du dossier

Lécuillier Guillaume

Typologie du dossier

Dossier avec sous-dossier

Adresse du dossier Inventaire

Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35

1/4
Vue de la pièce d'artillerie (18e siècle) ; Vue de la batterie du vieux quai dit quai Tristan Corbière mise en valeur par l'installation d'une pièce d'artillerie (18e siècle)
Vue de la pièce d'artillerie (18e siècle) ; Vue de la batterie du vieux quai dit quai Tristan Corbière mise en valeur par l'installation d'une pièce d'artillerie (18e siècle)
(c) Inventaire général, ADAGP
Voir la notice image
Roscoff : vue générale de la batterie du vieux quai, aujourd'hui mise en valeur ; Vue de l'une des embrasures aménagées dans le parapet du Vieux quai (état en 2002). Il s'agit d'une pièce d'artillerie de 12 livres de balle provenant du Fort Bloscon ; Vue de l'embrasure n° 1 aménagée dans le parapet du Vieux quai baptisé Quai Tristan Corbière (état en 2002). Il s'agit d'un tube de canon de 12 livres de balle provenant du Fort Bloscon sur un affût reconstitué
Roscoff : vue générale de la batterie du vieux quai, aujourd'hui mise en valeur ; Vue de l'une des embrasures aménagées dans le parapet du Vieux quai (état en 2002). Il s'agit d'une pièce d'artillerie de 12 livres de balle provenant du Fort Bloscon ; Vue de l'embrasure n° 1 aménagée dans le parapet du Vieux quai baptisé Quai Tristan Corbière (état en 2002). Il s'agit d'un tube de canon de 12 livres de balle provenant du Fort Bloscon sur un affût reconstitué
(c) Inventaire général, ADAGP
Voir la notice image
Vue du port de Roscoff depuis une vedette en bois de la Marine nazie (collection particulière). Il s'agit d'une photographie de propagande
Vue du port de Roscoff depuis une vedette en bois de la Marine nazie (collection particulière). Il s'agit d'une photographie de propagande
(c) Collection particulière
Voir la notice image
Vue de l'embrasure débouchée et mise en valeur par une pièce d'artillerie sur affût de marine (état en 2004). Des bragues en bout (cordage) ont été disposées de part et d'autre de l'affût ; Vue de l'embrasure n° 2 aménagée dans le parapet du Vieux quai baptisé Quai Tristan Corbière (état en 2004). Il s'agit d'un tube de canon provenant de l'arsenal de Cherbourg sur un affût de marine reconstitué
Vue de l'embrasure débouchée et mise en valeur par une pièce d'artillerie sur affût de marine (état en 2004). Des bragues en bout (cordage) ont été disposées de part et d'autre de l'affût ; Vue de l'embrasure n° 2 aménagée dans le parapet du Vieux quai baptisé Quai Tristan Corbière (état en 2004). Il s'agit d'un tube de canon provenant de l'arsenal de Cherbourg sur un affût de marine reconstitué
(c) Inventaire général, ADAGP
Voir la notice image