Château fort ; fort ; batterie ; blockhaus
Fort Bloscon ; fort de Bloscon
Château fort puis Fort Bloscon, Pointe de Bloscon (Roscoff)
Bretagne ; Finistère (29) ; Roscoff ; Sainte-Barbe (Boulevard)
Bretagne
Saint-Pol-de-Léon
Pointe de Bloscon
Sainte-Barbe (Boulevard)
AI 180 ; AI 283 ; AI 288 ; AI 181
Bâti lâche
Moyen Age ; 4e quart 17e siècle ; 18e siècle ; 19e siècle
1er quart 20e siècle ; 2e quart 20e siècle
1694 ; 1943
Daté par source ; daté par source ; daté par travaux historiques
Attribution par travaux historiques ; attribution par travaux historiques ; attribution par source
A l’extrémité de la pointe de Bloscon se trouvait un petit îlot accessible à marée basse, sur lequel un château fort est construit pour la défense de Roscoff, de l’Île de Batz. Lors de l’un des épisodes de la Guerre de Succession de Bretagne pour l'héritage du duché de Bretagne, les troupes de Charles de Blois commandée par Bertrand du Guesclin reprennent en 1363 le ""castro de Blasco"" aux Anglais (Patrick Kernévez, 1997). Au cours de ce conflit, l’agglomération primitive de Roscoff, située à l’origine au lieu-dit Rosko-Goz, le vieux Roscoff (situé à 700 m environ au Sud-sud-ouest de l’église Notre-Dame de Croas-Batz), est entièrement incendiée...L’agglomération de Roscoff est reconstruite vers 1500 plus au Nord : l’anse du port - complétement découverte à marée basse - est naturellement abritée des vents et des houles d’Ouest et de Nord-ouest, mais pas des vents de Nord-est. Le port prospère notamment grâce à l'importation de graines de lin pour la manufacture des toiles. L’église Notre-Dame de Croas-Batz est construite dans la première moitié du 16e siècle près de la Croix de l’Île de Batz (c’est cette croix qui donne son nom à la batterie de côte à la fin du 17e siècle). Une compagnie d'arquebusiers est formée en 1550. Du côté de la mer, l’agglomération est protégée par les murs de clôture des jardins des maisons. Certaines maisons sont vraisemblablement dotées de petites pièces d’artillerie ou d’arquebuses comme le suggère la présence d’ouvertures de tir. La construction de ces demeures est attribuée à des armateurs qui se livrent à la course, à des négociants ou à des marchands. La construction d’un quai pour protéger la zone d’échouage du port débute en 1623 et s’achève en 1649. Il est doté de plusieurs embrasures à canon.En 1694, alors que la menace d'un débarquement pèse sur la ville-arsenal de Brest dans le contexte de la Guerre de Ligue d’Augsbourg, Vauban charge Arnould Le Poictevin le Jeune, seigneur de la Renaudière, ingénieur ordinaire natif de Brest de la défense de la baie de Morlaix, de l'Île de Batz à la rivière de Lannion (à l'exception du château du Taureau dont les travaux de reconstruction sont dirigés par l’ingénieur architecte Garengeau). Le plan du Fort Bloscon (voir copie en illustration) est approuvé par Vauban lui-même le 15 octobre 1694.Le 30 octobre 1694, des retranchements sur une longueur de 6 lieues (de Roscoff à Pempoul, et de Morlaix à la rivière de Lannion) sont d´ores et déjà achevés tandis que les travaux du fort Bloscon à Roscoff se poursuivent. Construit en deux mois, le fort se compose d'une batterie engazonnée dotée de 13 embrasures, d'un corps de garde avec son mât de pavillon (pour communiquer avec les autres points fortifiés ou pour donner l’alarme), d'un magasin à poudre et d'un magasin d'artillerie. La gorge du fort, séparée du continent par un fossé sec, est fermée par une palissade et un pont-levis. Le bois du pont-levis est acheté grâce à l'argent collecté par monsieur de Trofagan, gouverneur des villes de Saint-Pol-de-Léon, de Roscoff et de l'île de Batz. La garnison du fort a pour mission de protéger, grâce à ses pièces d’artillerie, l'entrée du port de Roscoff et le chenal de l'île de Batz.Lors des travaux de 1694, une statue de pierre (60 cm x 8 cm) de la période gauloise ou romaine, très vite surnommée ""L’enfant à l’oiseau"", est découverte ainsi que des substructions, des tegulae (tuiles plates) et de la céramique (datée plus tard du 2e siècle) attestant d’une occupation ancienne de ce site (Carte archéologique, 2010).En 1776, le Fort Bloscon, doté d’un corps de garde et d’un magasin à poudre, est armé de 8 canons.En 1801, un rapport de la commission des côtes de Bretagne de Dembarrère mentionne la présence d’un ""petit fourneau à réverbère"" (four à rougir les boulets).En 1820, le fort compte toujours un magasin d'artillerie, un corps de garde, un magasin à poudre, une guérite et un fourneau à rougir les boulets selon le rapport Paulin. En 1825, il est question de ""construire à la batterie de Bloscon un mur crénelé pour empêcher d´être vu dans l´intérieur de la batterie de la hauteur où se trouve la chapelle Sainte-Barbe"" (Archives du Génie. Article 12 : Avis du comité, Section ""défense générale"" : frontières maritimes, Morlaix, carton 42, 1821-1839).En 1841, la commission des côtes recommande l'armement de la batterie par 7 canons de 30 livres de balle et obusiers de 22 cm en fer. L'avis du comité des fortifications du 7 novembre 1844 confirme la décision de la commission. (Archives du Génie. Article 12 : Avis du comité, Section ""défense générale"" : frontières maritimes, Morlaix, carton 31).Mentionnée dans l'Atlas de 1858 de mise en état de défense des côtes de l'Empire Français (n° 230) et classée en 2e degré d'importance, la batterie du Fort Bloscon est armée de quatre canons de 30 livres de balle et de deux obusiers de 22 cm.En 1861, le Fort Bloscon peut accueillir 15 hommes couchés sur des hamacs, le gardien de batterie et le chef de poste. Il comprend deux batteries, l’une orientée vers l’est, la seconde orientée vers l’ouest. Un bâtiment regroupe - du nord au sud - un corps de garde avec cheminée et un magasin à poudre vouté couvert à deux pans et deux logements couverts en appentis avec chacun une cheminée. Le fourneau à rougir les boulets est toujours mentionné.Le nouvel armement prévu nécessite une garnison de 30 hommes. Plusieurs projets sont proposés mais leurs coûts sont jugés trop élevés.La construction d’un corps de garde type 1846 n° 2 modifié et renforcé pour 30 soldats est proposé en février 1861 avec une batterie de six pièces d’artillerie (cf. plan).La construction d’un nouveau bâtiment implanté à la gorge pour 15 hommes avec un magasin pour 6 tonnes de poudre (à raison de 200 coups par pièce) est proposée en septembre 1861. Il est finalement prévu d’agrandir le bâtiment existant et ""d’organiser le mur de gorge de manière à en faire une clôture à l’abri de l’escalade"".Un troisième projet est proposé en février 1862.Dans les années 1860, Claude Chevalier fonde les ""Viviers de Roscoff"" afin de stocker et conserver les crustacés qui sont pêchés avant leur vente. Autorisée par une concession le 11 juillet 1863, la pointe de Bloscon est agrandie sur la mer par la création d’une digue en arc de cercle d’un linéaire de près de 170 m. L’îlot du fort est alors rattaché à la terre ferme. Une maison est construite en 1877 pour les viviers ainsi que des bâtiments au fil du temps selon les besoins. Les familles Hernandez, Blondeau et Oulhen se succèdent à la tête des viviers.Certaines fortifications de la Baie de Morlaix sont cependant maintenues classées : le Château du Taureau (avis du 10 août 1853), la caserne défensive dite fort central de l’Île de Batz (avis du 11 janvier 1862), le Fort Bloscon et la Batterie Ouest de l’Île de Batz et son corps de garde crénelé (avis du 19 février 1886). Le Fort Bloscon est finalement déclassé en 1889.Lors de la remise à l’administration des Domaines de la Batterie du Fort Bloscon, un procès-verbal et un plan sont réalisés le 15 septembre 1898. Le fort est vendu à un propriétaire privé en 1900 et sert d’écrin à une maison de notable de style néogothique.Lors de la Seconde Guerre mondiale, le Fort Bloscon et la pointe homonyme sont intégrés au Mur de l’Atlantique. Des bunkers sont construits en 1943 sous maîtrise d’ouvrage de l’Organisation Todt. Ce ""point d’appui lourd"" (Stützpunkt) numéroté ""Mo 94"" appartenait au groupe défensif côtier de Morlaix (Küsten-Verteidigungs-Gruppe, abrégé ""KVGr""), sous-groupe de Roscoff. La maison de la pointe est détruite en 1943. Un bunker - casemate de type 611 abritant un canon de campagne Krupp de 7,5 cm est construit pour prendre en enfilade l’entrée du port de Roscoff. On trouve également deux bunkers type tôle métro, deux soutes à munitions et trois postes d'observation et de tir dits Tobruk-Stände. Un mur en béton est daté par millésime du 31 août 1943.Après la Guerre, les viviers reprennent possession des lieux. Les bunkers servent ponctuellement de remise.
Granite ; pierre de taille ; granite ; moellon ; terre
Terre en couverture
Aucune trace du château fort mentionné sur l'îlot ne semble subsister en élévation. Le fort Bloscon présente en revanche des maçonneries en moellon et pierre de taille de granite : courtine (à l'est, au nord et à l'ouest vers l'agglomération de Roscoff), tour (à l’est, dans laquelle est inséré un bunker - poste d’observation et de tir), tourelle en encorbellement (à l’ouest). Batterie et/puis bunker ont partiellement recouvert le fort notamment au nord-ouest (bunker - casemate de type 611).Le fort est menacé par l’érosion marine.
État moyen ; inégal suivant les parties ; menacé
"Le Fort Bloscon et les environs proches de la chapelle Sainte-Barbe sont classés en zone ""N"" (naturelle et forestière) dans le plan local d’urbanisme de la commune de Roscoff. Ils sont intégrés dans le périmètre du site patrimonial remarquable - SPR de Roscoff (18/09/2004)."
Site patrimonial remarquable
Vestiges de guerre ; site archéologique ; à signaler
Fort
Propriété privée ; propriété de l'Etat
Domaine public maritime.
2002
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne ; (c) Région Bretagne
2002 ; 2023
Lécuillier Guillaume
Sous-dossier avec sous-dossier
Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35