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Plateforme ouverte du patrimoine

Ancien vélodrome de Kérabécam (Brest)

Désignation

Dénomination de l'édifice

Vélodrome

Titre courant

Ancien vélodrome de Kérabécam (Brest)

Localisation

Localisation

Bretagne ; Finistère (29) ; Brest ; de Kérabécam (rue)

Aire d'étude pour le domaine Inventaire

Bretagne

Adresse de l'édifice

De Kérabécam (rue)

Milieu d'implantation pour le domaine Inventaire

En ville

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

4e quart 19e siècle (détruit)

Siècle de campagne secondaire de consctruction

1ère moitié 20e siècle (détruit)

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1893 ; 1904 ; 1936

Commentaires concernant la datation

Daté par source ; daté par source ; daté par source ; daté par source ; daté par source

Description historique

Du Cours Dajot au vélodrome de Kérabécam, des Paris-Brest-Paris aux arrivées du Tour de France, l’engouement pour la petite reine fut constant dans la cité du Ponant. Haut lieu du cyclisme finistérien, Kérabécam était le vélodrome le plus prestigieux de toute la Bretagne au début du XXe siècle. Sa piste accueillait les meilleurs pistards mondiaux à l’occasion des fêtes de la Pentecôte et du 14 juillet, jour de Fête nationale.Du cours Dajot à KérabécamLe samedi 26 juin 1869, la Société hippique brestoise organisa les premières courses vélocipédiques à Brest sur le cours Dajot - promenade publique aménagée un siècle plus tôt par l’ingénieur militaire Louis-Lazare Dajot, Directeur des fortifications de Bretagne -. Bordé d’ormes, ce faux plat long de près de 500 mètres était le lieu idéal pour expérimenter ces drôles de machines. Deux épreuves étaient programmées : la course de vitesse sur 1 500 mètres fut remportée par un certain Ribault de Lannilis ; la course de lenteur sur 100 mètres revînt à Duplessis de Saint-Frégant. Le succès populaire fut au rendez-vous. On ajouta une course d’obstacles l’année suivante.En janvier 1888, le jeune Armand Paul Julien Palasne de Champeaux - âgé de seulement 24 ans - adressa une lettre au maire de Brest Louis Arthur Delobeau.La vélocipédie ayant fait de rapides progrès en France et tendant à se développer de plus en plus à Brest, où nous avons le projet de fonder un club et d’organiser des courses, nous avons l’honneur d’avoir recours à vous pour vous prier de vouloir bien nous autoriser à nous exercer sur le cours d’Ajot[sic], le matin jusqu’à dix heures et le soir à partir de six heures pendant les mois d’octobre à avril exclusivement.Notre demande est surtout fondée sur le mauvais état des routes pendant l’hiver. Chaque véloce devra, bien entendu, être muni de cloche et de lanterne.Le nombre des promeneurs pendant l’hiver, le matin et le soir, étant très restreint, aucune plainte ne sera portée contre le dérangement que nous pourrions occasionner nous en sommes convaincus. Ce sera plutôt une distraction pour la plupart de nos concitoyens.La municipalité, bien décidée à réglementer la circulation des vélocipèdes, autorisa leur présence sur le cours Dajot exclusivement avant 8h00 en été et 10h00 en hiver, sous condition expresse qu’ils soient munis de corne ou de trompe d’avertissement et que ces ‘fanatiques du deux roues’ ne roulent qu’à allure modérée. Face à de telles restrictions, sept amateurs de la pédale se réunirent au Café du Commerce le vendredi 7 novembre 1890. Le dimanche 9, le Véloce-Club Brestois (VCB) était fondé puis autorisé par arrêté préfectoral le 24 novembre. Ses membres se fixaient quatre objectifs : propager et développer le goût de la bicyclette et du tourisme en Bretagne afin d’en faire ressortir l’utilité et l’agrément ; préparer les jeunes gens français qui se destinent à la vélocipède militaire ; organiser des courses et des promenades ; concourir aux fêtes de bienfaisance et aux fêtes publiques par des courses organisées de concert avec les administrations municipales. Les début du VCB furent des plus modestes. Les ressources restreintes dont la société vélocipédique disposait ne lui permettaient ni d’acquérir ni de louer un terrain.Le VCB parvînt néanmoins à organiser le dimanche 14 juin 1891, jour de Pentecôte, un grand vélousel dans l’enceinte du concours hippique. Ce carrousel vélocipédique donna lieu à des mouvements d’ensemble où les cyclistes opéraient des changements de direction par quatre ou par huit, faisaient des charges et des conversions. Les gloires locales (Renouvel, commerçant et cycliste brestois) et régionales (Corre et Fol) défièrent sans complexes les meilleurs parisiens. Devant un tel succès, l’expérience fut renouvelée en 1892 à Kérabécam.Création et améliorations : les grandes heures du vélodrome de KérabécamUn an après sa création, le Véloce-Club Brestois comptait déjà 222 sociétaires. Les cotisations permirent d’aménager une première piste rudimentaire de 300 mètres de longueur sur les terrains de Kérabécam et du Fort des Fédérés ; 99 ares loués aux dénommés Boelle et Lamoricière. Des travaux plus importants furent rapidement entrepris pour construire un vélodrome à virages relevés du même type que celui de Buffalo à Paris. La pente des virages fut portée à 34% (19°). L’inauguration du vélodrome de Kérabécam se déroula en grande pompe le 23 avril 1893 ; étaient présents : l’amiral Réveillère, président d’honneur du VCB, M. Carof, président du VCB, MM. Berger et Anner, adjoints au maire de Brest, les capitaines de vaisseau Constantin et de frégate Crispin. La fanfare de la Brestoise rythmait joyeusement la fête. L’affluence fut tellement considérable qu’on vînt à manquer de sièges. Les prix des entrées variaient entre 25 centimes et 2 Francs selon les places. Pas moins de six courses cyclistes figuraient au programme des réjouissances. Le vélodrome terminé, le Véloce-Club Brestois acheta en 1894 des tribunes fixes en remplacement des démontables louées fort cher aux organisateurs du concours hippique.En 1896, le Brestois Pierre s’attaqua au record de l’heure, il parcourut 35,187 kilomètres sur l’anneau cycliste de Kérabécam en 60 minutes.En 1897, la petite piste réservée aux novices fut réaménagée ; trop abrupte, la pente des virages fut adoucie. Pour sa programmation de la Pentecôte, le Véloce-Club Brestois innova en prévoyant trois courses de dames, une première dans l’Ouest. Le succès fut immédiat, les organisateurs furent contraints de refuser du monde. L’opération fut reconduite les années suivantes. Le 29 mai 1898, des coureuses de Paris et de Belgique étaient présentes à Kérabécam. L’affluence fut telle que les barrières cédèrent sous la pression de la foule. Cette même année le Véloce-Club Brestois se porta acquéreur de nouveaux terrains au nord du vélodrome pour y aménager des courts de tennis. En effet, en plus d’être l’antre des pistards, Kérabécam était le temple du sport brestois. On comptait pas moins de douze courts de tennis. Un terrain de foot-ball - sport alors à ses balbutiements - était aménagé au centre de l’anneau cycliste. On pouvait également pratiquer la course à pied, les sauts à la perche, en longueur et hauteur, le lancer du poids et du disque, du croquet, des jeux de boules et de quilles, du diabolo,… La pelouse de Kérabécam accueillait également des représentations de théâtre en plein air, des concours de musique, des courses de taureaux,…Le Véloce-Club Brestois était dans l’obligation de diversifier sa programmation pour attirer toujours plus de spectateurs. Le 11 juin 1899, une épreuve de demi-fond de 50 kilomètres se déroula à Kérabécam. Ce type de course très à la mode sur Paris était impressionnant mais restait difficile à suivre et s’avérait monotone. À partir de 1900, c’étaient les américaines, très en vogue à Buffalo et au Vél’ d’Hiv’, qui remportaient le suffrage des spectateurs.En 1904, d’important travaux de réfection furent entrepris sur la grande piste. La pente des virages fut portée à 65% (33°). Il était prévu d’effectuer le coaltarage (goudronnage) de la piste l’année suivante mais faute de temps et surtout de budget, elle était toujours en cendrée pour les Fêtes franco-anglaise de l’Entente cordiale du 12 juillet 1905. Les deux Marines s’affrontèrent ‘cordialement’ sur la terre battue de Kérabécam.Rachat et démolition : les dernières heures du vélodrome de KérabécamLe 6 février 1924, le conseil municipal vota l’acquisition à l’amiable du vélodrome de Kérabécam et de ses dépendances afin de transformer l’équipement sportif en un véritable stade où pourraient se dérouler toutes sortes de manifestations sportives : des courses cyclistes, des concours athlétiques et des matchs de football. La municipalité voyait dans cet achat à la fois une bonne affaire pour la Ville qui aurait besoin tôt ou tard de cet espace pour mettre en oeuvre son plan d’embellissement et également une bonne action au profit des sociétés sportives alors empêtrées dans les difficultés matérielles et financières. Les terrains Boelle furent rachetés par la Ville, le Véloce-Club Brestois demeura néanmoins locataire et reçut une indemnité de 160 000 Francs compte tenu de la vétusté des tribunes.Dix ans plus tard, en 1934, le Véloce-Club Brestois fut exproprié des terrains Lamoricière et toucha une indemnité de 90 000 Francs. Le VCB reçut par la même occasion congé comme locataire des terrains Boelle. La Ville de Brest céda les terrains aux hospices. La construction d’un nouvel établissement hospitalier en plein coeur de Brest était devenue urgent pour une ville de 120 000 habitants.Le 13 août 1936, le vélodrome ferma définitivement ses portes. Pour cette grande dernière à Kérabécam, le Véloce-Club Brestois concocta un excellent programme. L’enceinte était comble ; nombreux étaient les Brestois venus témoigner de leur attachement à la vieille piste en cendrée. L’américaine de 105 kilomètres fut remportée par le duo belge Van Buggenhout-Van Vlockhoven ; le match de vitesse revînt à Émile Diot.Le vélodrome de Kérabécam est mort jeune à 43 ans pour raison de santé non pas comme on aurait pu le penser des effets de la guerre mais en raison de l’édification de l’Hôpital Morvan. Aujourd’hui, seul le nom de la rue Kérabécam nous rappelle l’existence du glorieux vélodrome brestois.

Description

Commentaire descriptif de l'édifice

Anneau cycliste en plein air, Kérabécam était doté de deux pistes en cendrée (mélange de mâchefer et de sable). La petite piste offrait un développement de 250 mètres de longueur pour 6 mètres de largeur dans les lignes droites. Les deux virages de 12 mètres de largeur étaient peu relevés ce qui permettait aux débutants de s’exercer et aux compétiteurs plus aguerris de s’échauffer. La grande piste qui offrait un développement de 330 mètres de longueur était utilisée pour les entraînements et les différentes courses cyclistes lors des compétitions. Ses virages relevés à 34% (18,8°) puis portés à 65% (33°) à partir de 1904 permettaient d’atteindre de grandes vitesses tout en évitant les sorties de piste dues à la force centrifuge. Les dirigeants du Véloce-Club brestois se targuaient de posséder le vélodrome le plus relevé de Province. Bon nombre de coureurs cyclistes reconnaissaient eux-même la qualité de la piste brestoise.L’enceinte du vélodrome de Kérabécam pouvait accueillir jusqu’à 5 000 spectateurs répartis dans les différentes tribunes et autour de la piste. Un terrain de football avait été aménagé au centre de l’anneau cycliste. Un hangar servait de quartier des coureurs. Le Véloce-Club brestois possédait également des buvettes et plusieurs terrains de tennis.Unique vestige du vélodrome de Kérabécam, la cloche servant à annoncer le dernier tour est conservée au Musée du Léon à Lesneven. Elle est utilisée lors des courses cyclistes organisées au vélodrome Fañch Favé.

Statut juridique

Statut juridique du propriétaire

Propriété d'une association ; propriété de la commune

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2015

Date de rédaction de la notice

2015

Noms des rédacteurs de la notice et du dossier

Robert Clément

Typologie du dossier

Dossier individuel

Adresse du dossier Inventaire

Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35

Tour de France 1928, 4e étape Dinan - Brest : les marins brestois encouragent les coureurs cyclistes qui arrivent au vélodrome de Kérabécam (20 juin 1928)
Tour de France 1928, 4e étape Dinan - Brest : les marins brestois encouragent les coureurs cyclistes qui arrivent au vélodrome de Kérabécam (20 juin 1928)
(c) Collection particulière
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