Château
Château de Reynerie
Occitanie ; Haute-Garonne (31) ; Toulouse ; Lestang (chemin de) 160
Toulouse faubourg
Reynerie (quartier)
Lestang (chemin de) 160
2011 310842BM0047
En ville
Cour ; jardin ; parc ; communs ; ferme ; pigeonnier ; mur de clôture ; portail ; escalier indépendant
2e moitié 18e siècle
Attribution par source
Dubarry Guillaume (commanditaire)
Ce domaine s'élève sur la dernière terrasse de la Garonne. Il prend ses origines au 15e siècle, alors qu'il est la propriété de la famille Deymier. Il passe au 16e siècle entre les mains des Reynier à qui il doit son nom. Il est acquis en 1781 par Guillaume Dubarry, époux honoraire de la favorite de Louis XV. Ce dernier fit fortune grâce à la généreuse compensation qu'il reçut en remerciement de sa complaisance dans son mariage avec Jeanne Bécu en 1768, qui permit à cette dernière d'être présentée à la cour du roi et d'en devenir la maîtresse officielle. Après avoir obtenu une pension et le titre de Colonel d'Infanterie, le nouveau propriétaire fut en mesure de transformer le lieu à sa guise. Lorsqu'il acquiert la Reynerie, la propriété comporte un château et des communs. En seulement deux ans, il fit bâtir ce véritable bijou d'architecture qu'est le château. En juin 1783, il donna une réception dans sa toute nouvelle demeure. Il semble qu'il ait fait réaménager l'ancien château en communs, reliés à sa folie grâce à une galerie en bois (intervention de Guy Ahlsell de Toulza à la Société Archéologique du Midi de la France en mars 2010). Il acheva d'embellir le domaine en aménageant un magnifique jardin avec l'aide d'un paysagiste parisien en 1790. Ses initiales, GB, sont gravées sur la clé de la baie centrale de la façade sur parc. Plusieurs noms ont été avancé pour l'architecte choisit par le comte. M. Mesplé a notamment cité celui de Jean-Arnaud Raymond, qui pourrait selon lui être l'architecte de la famille Dubarry (il se pourrait qu'il ait également édifié le château de Purpan et l'hôtel Dubarry place Saint-Sernin). Le petit château est construit dans le style du petit Trianon, comme en témoigne les balustrades des fenêtres et leurs larmiers talutés (Gebelin, 1962, p. 147). Son avant-corps circulaire, sa balustrade supérieure et ses murs ornés de refends lui donnent en tous les cas l'apparence d'un édifice parisien, briques exceptées. Les gracieux décors en stuc qui ornent l'intérieur de cette folie ont été sculptés par Jean-Baptiste Julia (Ahlsell de Toulza, Peyrusse, Tollon, p;117). Par chance, ce petit pavillon ne fut pas touché à la Révolution. Guillaume décède en 1812 et sa "folie" est alors vendue. Les propriétaires se succèdent au 19e siècle, la partie supérieure du parc est réaménagée à l'anglaise, les communs et la chapelle sont détruits en 1860, la ferme et l'orangerie sont reconstruits. En 1961, le projet de ZUP du Mirail provoque le classement parmi les sites pittoresques du site et l'inscription à l'Inventaire supplémentaire de la façade de l'orangerie. Deux ans plus tard, le château et son parc sont classés Monument Historique. Le domaine est amputé de 55 hectares de terres et de parc, plusieurs corps de bâtiments de la ferme sont démolis pour faire place aux parkings. Pour faire face aux difficultés d'entretien du domaine, l'orangerie est reconvertie en appartements. En 1985, la ville rachète la partie basse du parc, le jardin à la française ainsi que le pigeonnier du 17e siècle et les parterres attenants. Le 23 octobre 2008, au terme d'une vente à la bougie (forme très ancienne de vente aux enchères), la mairie de Toulouse s'est portée acquéreur de la partie du domaine comportant le château et son orangerie, qui appartenait à la famille Ricard depuis plus d'un siècle.
Brique ; badigeon partiel ; bossage
Tuile creuse
Rez-de-chaussée surélevé ; étage de comble
Toit à longs pans ; croupe
Escalier isolé : escalier droit
Le château de Reynerie est l'une des plus belles réalisations architecturales de la fin du 18e siècle à Toulouse. Le logis forme un rectangle simple rompu côté jardin par une saillie semi-circulaire formée par la rotonde du salon d'honneur. La symétrie des façades occidentales et orientales rythmées par sept travées, dont trois centrales en avant-corps, participe de l'élégance du bâtiment. Un décor de bossage continu anime discrètement les élévations de ce pavillon, couronnées par un entablement. Le toit à double versant est masqué par un mur d'attique interrompu par des balustrades à l'aplomb des baies. L'influence de l'architecture parisienne est bien visible, seuls les matériaux employés rappellent le caractère toulousain de la construction. Côté cour, le bâtiment présente une architecture assez dépouillée : un avant-corps peu marqué souligné par un perron est ouvert par des portes-fenêtres en plein cintre. En aplomb de ces baies, des tables accueillent un décor sculpté représentant des angelots indolents au centre de feuillages sur lesquels sont venues se poser des colombes. Les parties en renfoncement sont percées sur deux niveaux par des fenêtres rectangulaires éclairant le rez-de-chaussée surélevé et l'étage de combles. Côté parc, on accède à la façade orientale par un escalier droit encadré de piliers gardés par deux lions vigilants et ornés de vases. Une fois arrivé sur cette terrasse, on peut aisément admirer la rotonde dont la forme circulaire est épousée par un perron. Les portes-fenêtres de cette élévation sont en plein-cintre : la baie centrale porte un écusson aux initiales entrelacées GB accompagné d'attributs militaires ; les baies qui l'encadrent sont ornées de cornes d'abondance et de palmettes. De part et d'autre de la rotonde, la façade est percée de fenêtres rectangulaires couronnées d'une corniche et ornées d'une balustre en allège. Les élévations latérales comportent quatre travées. Des fenêtres rectangulaires éclairent le rez-de-chaussée surélevé et des petites fenêtres allongées ouvrent l'étage de combles. Il suffit de franchir les portes qui mènent au salon d'honneur pour constater que le rez-de-chaussée est décoré avec le plus grand raffinement : des panneaux de stucs sculptés aux cheminées en passant par les glaces et le mobilier, tout est sujet à l'émerveillement. En descendant les quelques marches de l'escalier qui mène au parc, on aboutit à une allée bordée de buis formant l'axe principal du parc. Cette percée s'achève par un grand bassin circulaire. Une autre allée en direction de l'ouest mène à un pavillon néoclassique d'ordre dorique au fronton soutenu par deux colonnes. Dans cette fabrique semblable à un petit temple est creusée une grotte rustique. Un petit bassin se déverse sur trois marches dans une longue allée d'eau bordée de peupliers. Autres beautés de ce jardin : un pigeonnier percé de niches plein-cintre du 17e siècle et une serre en ferronnerie du 19e siècle.
Céramique
Ange ; palmette ; balustre ; corne d'abondance ; ornement végétal ; colombe ; symbole militaire
Les dessus de porte des avants-corps du château comportent sur la façace occidentale un décor d'anges dans des feuillages sur lesquels sont posés des colombes, et sur la façade orientale des attributs militaires, des cornes d'abondance et des palmettes. Des balustres agrémentent le mur attique et les allèges des fenêtres de la façade sur parc.
1963/08/13 : classé MH
Château ; lavoir ; parc avec son décor d'architecture : classement par arrêté du 13 août 1963
Site classé
Ce château est l'un des joyaux de l'architecture toulousaine de la fin du 18e siècle. Il a été remarquablement bien conservé, y compris son décor intérieur. Il fait partie de ces "folies", ces gracieuses maisons de campagne qui fleurissaient aux abords des villes dans la seconde moitié du 18e siècle.
Propriété publique
Lestang (chemin de) 160
Ouvert en partie
1995
(c) Inventaire général Région Occitanie ; (c) Ville de Toulouse
1995 ; 2010
Noé-Dufour Annie ; Zimmermann Karyn
Dossier individuel
Conseil régional Occitanie - Direction de la Culture et du Patrimoine - Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines 22, bd Maréchal Juin 31406 Toulouse cedex 9 - Espace Capdeville, 417 Rue Samuel Morse, 34000 Montpellier - 05.61.39.62.47