Demeure
Demeure, dite malouinière de la Chipaudière (Saint-Malo)
Bretagne ; Ille-et-Vilaine (35) ; Saint-Malo
Saint-Malo
Chipaudière (la)
En écart
1er quart 18e siècle
La terre de la Chipaudière devient l'apanage des Magon par suite du mariage en 1643 de Suzanne Grout avec Nicolas Magon de la Lande. L'imposante demeure qui succède à la résidence primitive, reconstruite vers 1715, est la conséquence de l'exceptionnelle réussite financière de la famille, qui compte un comptoir à Cadix (Espagne), où réside plusieurs années le commanditaire de la malouinière, François-Auguste. C'est ce dernier qui dirige la maison familiale à partir de la mort de son père en 1709, alors que le négoce prend une nouvelle dimension avec le commerce interlope vers les colonies espagnoles d'Amérique du Sud, établi par le milieu malouin pendant la guerre de succession d'Espagne. En août 1710, le retour de Lima du navire ""Notre-Dame de l'Assomption"" occasionne un tel bénéfice qu'il provoque un conflit ouvert avec le pouvoir royal au sujet du montant de l'impôt. Plus de quatre millions de livres sont déclarées, mais la rumeur publique fait mention d'un bénéfice bien supérieur. Cette réussite financière permet de contextualiser la construction presque contemporaine de plusieurs malouinières d'exception dans le même giron familial (la Balue, le Bosc, la Ville Bague...).Le mariage de Nicole-Françoise Magon de la Lande à la Chipaudière en septembre 1724 atteste de l'installation de la famille dans sa nouvelle résidence rurale à cette date. La chapelle Notre-Dame de l'Assomption est fondée, quant à elle, en juin 1732. En 1776, Nicolas-Auguste Magon achète le domaine voisin du Vau Salmon qui agrandit considérablement le domaine, pillé en 1793 lors de l'arrestation d'Erasme Magon.
Granite ; pierre de taille ; schiste ; moellon ; enduit ; grès ; moellon ; enduit
Ardoise
Construction de plan rectangulaire, ramassé, à deux étages sous comble et à sept travées. L'avant-corps en hémicycle ouvert sur le jardin semble avoir une dette, précoce, envers celui de Champs-sur-Marne (1706), ce qui atteste de contacts entre les milieux d'affaires malouin et parisien. Si la façade affiche une certaine sévérité ponctuée de chainages d'angle en bossages, de bandeaux de granite encadrant des surfaces enduites masquant une mise en oeuvre de moëllons, l'intérieur est digne des résidences les plus luxueuses de la période: boiseries dans le goût de Bérain du salon ovale, mobilier liturgique de la chapelle, rampe d'escalier en ferronnerie, rare dans le contexte malouin... Cette nouveauté inspirée des plus récents aménagements à Versailles ou Paris s'établit en contrepoint d'un goût pour certaines permanences issues de modèles plus anciens, comme par exemple la forte pente du toit à la française, distinguée par ses hautes souches de cheminées épaulées de contreforts. Le jardin organisé autour de l'étang traité en canal s'inscrit dans la tradition de Le Nôtre.
classé MH
Propriété d'une personne privée
1992
(c) Monuments historiques ; (c) Région Bretagne
1993 ; 2023
Besnard Lionel
Dossier individuel
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