Théâtre
Théâtre municipal
Théâtre municipal
Franche-Comté ; Jura (39) ; Dole ; Mont-Roland (rue du) 30
Bourgogne-Franche-Comté
Mont-Roland (rue du) 30
2022 BI 24
En ville
2e quart 19e siècle
1840
Daté par source ; daté par travaux historiques
Attribution par source ; attribution par travaux historiques
Le théâtre est bâti de 1840 à 1843. Il succède à une salle de spectacle devenue insuffisante, aménagée dans un ancien magasin à poudre du 15e siècle acheté en 1740 par la Ville. Cette dernière manifeste son désir de construire un nouveau théâtre, notamment lorsqu'elle justifie ce voeu, le 11 août 1838, par la volonté de développer l'art musical et d'offrir à la jeunesse un "délassement utile", qui concourt également au maintien de la garnison, ajoutant "que le théâtre hâte les progrès de la civilisation en instruisant le peuple". En 1839, l'écroulement des écuries militaires encadrant la salle existante et une conjoncture financière favorable décident la municipalité, laquelle organise un concours sur la base du programme établi le 4 mai par l'architecte voyer André Amoudru : 800 places, trois galeries dont deux avec loges, un orchestre pour 40 musiciens et un foyer d'une capacité de 250 personnes, un coût limité à 120 000 F. Une trentaine d'architectes est intéressée, dix envoient leur projet dont trois sont, dans un premier temps, retenus : ceux des Parisiens Rolland et Levicomte, de Martin et de Belfort-Devaux. C'est celui de l'ingénieur architecte Jean-Baptiste Martin, de Besançon, repéré par sa devise (Convenance, Economie), qui est choisi en décembre 1839. Il a déjà participé à des aménagements de théâtres parisiens, en travaillant avec les architectes Debret et Duban, et a obtenu en 1836 le 2e prix du concours pour la construction de celui du Mans. En fait, Martin a donné deux variantes, dont la première (la moins onéreuse) est adoptée. Il prévoit, à l'emplacement de l'ancien théâtre qui sera détruit, un bâtiment de 45,50 m sur 17, dont les murs latéraux seront ouverts de nombreuses fenêtres pour l'aération et en cas d'incendie : "cette dernière hypothèse doit toujours être supposée quand il s'agit d'un théâtre, puisqu'il est reconnu que sur 12, 10 sont détruits par l'effet du feu". L'accès à la salle se fera par des escaliers différenciés suivant le statut social ("un de ces escaliers est affecté aux places privilégiées, telles que les premières, les loges des 1re & 2e galeries et le parquet (places équivalentes aux 1res)"). Cette salle aura une capacité de 811 places : 323 "places chères" (dont 18 dans les loges du maire, du sous-préfet et des officiers supérieurs, 52 dans 10 loges fermées des 1res et 83 dans 15 loges fermées des 2es) et 488 "places inférieures" (dont 12 dans 4 baignoires devant la scène et 50 dans 11 baignoires au parterre). Le cadre de scène aura 9,65 m de large sur 10,80 de haut, le dessous de scène une hauteur de 2,50 m ("cette profondeur est suffisante pour engloutir acteurs, actrices, Dieux, Diables, etc., etc."), la scène 15,65 m de largeur pour 9,80 de profondeur. 19 loges d'acteurs sont prévues : "ce nombre est bien suffisant pour une troupe de comédie et d'opéra comique, composée ordinairement de 24 acteurs". Le chauffage de l'entrée et de la salle sera assuré par un calorifère. Le foyer servira de salle de concert et de bal et pour cela, l'antichambre en hémicycle à l'entrée aura un sol mobile pouvant s'élever pour servir d'estrade à un orchestre ("la salle aura alors la même disposition que celle où se donnent les concerts Musard à Paris"). Le projet, déclaré "de bon goût, bien dessiné" par la commission municipale chargée de l'examen des projets mis au concours, est modifié en fonction de ses observations, avec notamment remplacement des trois escaliers de l'entrée par un seul, disparition de l'estrade mobile du foyer et nouvelle disposition pour le parterre ("en amphithéâtre et à gradins comme celui de l'Opéra"). Les critiques du Conseil des Bâtiments civils conduisent à l'élargissement des circulations, la suppression des saillies latérales et le report des loges d'acteur à l'arrière du bâtiment.La construction est adjugée le 17 août 1840 à l'entrepreneur dolois François Décoursières, associé à Jean Phal (d'Auxonne), qui confie la taille des pierres et la sculpture aux Dolois Pierre Berger, Louis Dubois et Jacques Bicasiny. Le décor, le luminaire, l'ameublement et la machinerie sont attribués le 24 février 1841 au Bisontin Georges Och (préféré à Napoléon Sacchetti), élève de Ciceri, qui a oeuvré au théâtre de Besançon et à celui de La Chaux-de-Fonds. Ce dernier sous-traite la réalisation de la salle au peintre et scénographe Victor Chenillon, aussi élève de Ciceri, qui a déjà travaillé avec Martin. Le théâtre est inauguré le 4 juillet 1843 (la réception provisoire avait été prononcée le 1er juin précédent, celle définitive le sera le 1er juin suivant). Il compte 800 places (200 au parterre, autant au 1er balcon, 150 au 2e, 250 au 3e et au poulailler) et est plus décoré que prévu initialement, d'où un dépassement de devis conséquent conduisant à l'inachèvement du fronton. Une pièce du rez-de-chaussée, à gauche du vestibule, est louée à un cafetier.L'éclairage au gaz est installé en 1869, suivant le projet du 20 mai 1868 de l'architecte voyer Jules Decoursière et sous la responsabilité du directeur de l'usine à gaz J.-A. Jourdes, tandis que le calorifère construit au sous-sol en 1844-1845 par Zani père et fils (de Besançon), suivant les plans de l'ingénieur Ch. Lombard, est remplacé en 1870 par deux nouveaux appareils de la même entreprise Zani (qui seront refaits au début des années 1890). Le même Decoursière substitue en 1870 des poteaux en fonte à certains de ceux en bois supportant les balcons. Le 1er décembre 1897 (huit mois après l'incendie du Bazar de la Charité), l'architecte de la Ville Eugène Bouveret livre un projet de galeries et escaliers de secours métalliques à établir sur quatre niveaux à l'extérieur (contre les murs gouttereaux), que la Société des Hauts Fourneaux, Fonderies et Forges de Franche-Comté concrétise en 1901. "Occupé par la troupe pendant la guerre et détérioré", le théâtre est rénové en 1923 suivant le projet, daté du 15 avril 1922, de l'architecte voyer Noël Lavie. Exécutés à partir du 11 mai (fin de la saison théâtrale), les travaux comprennent notamment l'agrandissement du 1er balcon par l'entrepreneur Victor Haxaire (14 avenue de Gray), l'installation de colonnettes en fer sous les balcons, la réfection du plafond du foyer, le remplacement d'une partie du mobilier (les banquettes en planches et chaises en paille) par Gallot Frères (48-54 avenue de Suffren, à Paris), la modernisation des installations, l'éclairage électrique par Jules Brisebras (Grande Rue), etc. La décoration de la salle est confiée le 27 avril 1923 à Charles Laforêt (37 rue Pasteur), qui refait le garde-corps du 1er balcon, nettoie les autres balcons et le foyer ; la réalisation des décors revient le 5 juin suivant à Chambouleron et Mignard (28 rue Vicq d'Azir, à Paris). La réouverture a lieu le 13 décembre, avec une capacité de 721 places assises. Par la suite, en 1967, les escaliers en bois du corps d'entrée seront remplacés par d'autres en béton ; les escaliers de secours et les galeries extérieures seront déposés fin 1973 ou début 1974 (seule la galerie du 1er niveau sera conservée).L'établissement accueille des projections de films du 4 octobre 1935 au 3 mai 1936, sous l'impulsion de la Société doloise de Représentations cinématographiques, Sarl fondée le 14 août 1935 par divers commerçants. Cette dernière, qui transforme en cabine fermée la loge située au milieu du 2e balcon, fait appel à la société Pathé-Consortium-Cinéma (6 rue Francoeur, à Paris) pour la fourniture de deux appareils de type 70 (projecteur Simplex à obturateur avant, lanterne à arc, tête sonore RCA Photophone) avec transformateur, enrouleuse double Ernemann, etc. Accusant un déficit croissant, l'expérience est arrêtée à la fin de la saison et la société se transporte dans un cinéma qu'elle fait construire derrière l'hôtel de la Cloche (3 avenue de Northwich), le Modern'Cinéma. Le théâtre est protégé au titre des Monuments historiques en 1975 (inscription le 29 octobre) et 1996 (classement le 12 avril). Il fait l'objet d'une campagne de restauration de 2014 à 2021 sous la direction du cabinet Chatillon Architectes (61 rue de Dunkerque à Paris et 10 rue de Genève à Ferney-Voltaire), en collaboration avec l'agence de scénographie Architecture & Technique (9 avenue de Taillebourg, à Paris), et rouvre le 28 novembre 2021. Sa programmation est assurée par Scènes du Jura, association née en 1997 de la fusion des théâtres de Dole et de Lons-le-Saunier, labellisée Scène nationale en 2013.
Calcaire ; pierre de taille ; moellon ; enduit
Ardoise ; zinc en couverture
Plan rectangulaire régulier
Sous-sol ; rez-de-chaussée surélevé ; 4 étages carrés ; étage de comble
Voûte en berceau plein-cintre ; fausse coupole
Élévation ordonnancée
Toit à longs pans pignon couvert ; croupe ; noue
Escalier dans-oeuvre : escalier droit, escalier tournant à retours avec jour, escalier tournant à retours sans jour, en maçonnerie ; escalier dans-oeuvre : escalier en vis avec jour, en charpente ; escalier de distribution extérieur : escalier droit, en charpente métallique
Le théâtre est organisé en trois corps de bâtiment : l'entrée au nord et les loges d'acteurs au sud sont dominées par celui plus élevé au centre, qui abrite la salle et la cage de scène. Les murs sont en moellons calcaires enduits à l'exception du corps d'entrée, réalisé en pierres de taille. Le corps central est protégé par un toit à longs pans et pignons couverts (sur lequel le mur de séparation entre la salle et la cage de scène forme saillie), avec couverture d'ardoises. Même matériau sur le toit du corps postérieur tandis que le corps d'entrée fait aussi appel au zinc. Ce dernier est doté d'un avant-corps central d'inspiration Renaissance, avec loggia (donnant sur le foyer) et deux rangées d'arcades superposées encadrées par des colonnes doriques et surmontées d'un fronton triangulaire, dont le décor sculpté n'a pas été réalisé. Le foyer est précédé côté salle d'une antichambre en hémicycle. Le corps principal comporte un sous-sol partiel (abritant autrefois la chaufferie) voûté en berceau plein cintre, un rez-de-chaussée surélevé, 4 étages carrés et un étage de comble. Sans compter les deux ascenseurs et le monte-charge (récents), les dessertes font appel à plusieurs types d'escaliers : droit dans l'entrée, tournant à retours avec jour pour les balcons, sans jour (récent) pour les loges, en vis pour la chaufferie et la loggia. La salle est formée d'un parterre enserré par un niveau de gradins établis sous les balcons ("pourtour"), d'un premier balcon en gradins avec des loges cloisonnées, de deux autres balcons soutenus par des colonnettes en fonte et d'un poulailler (4e balcon), dont les baies ont été fermées lors de la restauration. Coiffée d'une fausse coupole, elle dispose aussi de loges d'avant-scène et d'une fosse d'orchestre, couverte d'un plancher amovible. La cage de scène conserve une partie de sa configuration ancienne : un dessous soutenu par une charpente en bois, deux niveaux de galeries de service, un de ponts volants et un grill, le tout en bois (un faux grill métallique a été ajouté). L'inscription "Vive la République démocratique et sociale" est visible sur le mur du fond depuis la première passerelle.
1996/04/12 : classé MH
Le théâtre en totalité (cad. BI 24) : classement par arrêté du 12 avril 1996.
Site inscrit ; secteur sauvegardé
À signaler
Inscription du 29 10 1975 (théâtre en totalité) (arrêté) abrogée.
Propriété de la commune
2022
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
2022
Poupard Laurent
Dossier individuel