Les salles de spectacle de Dole
Franche-Comté ; Jura (39) ; Dole
Bourgogne-Franche-Comté
2e quart 19e siècle ; 1er quart 20e siècle ; 2e quart 20e siècle ; 3e quart 20e siècle ; 1er quart 21e siècle
4e quart 20e siècle
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Pannaux Justin (commanditaire) ; Société doloise de Représentations cinématographiques (commanditaire) ; Sadosky Robert (commanditaire)
L'activité théâtrale est attestée à Dole dès le 16e siècle, notamment au sein du collège des jésuites. En 1740, la Ville achète un ancien magasin à poudre, datant du 15e siècle et situé entre deux écuries militaires au long de la rue du Mont-Roland. Elle le transforme en salle de spectacle - la Comédie - bien que le lieu (une pièce rectangulaire voûtée) ne s'y prête que moyennement. Le 8 juillet 1754, la Ville impose à un directeur de troupe nommé Lubis ou Labis de trouver une nouvelle écurie pour 40 chevaux en remplacement de celle qu'il doit aménager en théâtre (l'ancien magasin à poudre). Des transformations conséquentes (création de loges) ont lieu sous la direction de l'architecte Antoine Louis Attiret, à l'aide d'un emprunt autorisé en 1762. Déclaré en 1788 vétuste "et dangereux pour les spectateurs qui le fréquentent", le bâtiment est rénové au début du 19e siècle par l'architecte voyer Augustin Derriey. La salle étant jugée "beaucoup trop restreinte, soit pour les spectateurs, soit pour l'orchestre où 15 à 16 musiciens peuvent à peine se placer", la Ville cherche en 1833 à la convertir en château d'eau et à en aménager une autre dans l'ancien couvent des cordeliers, ce qui entraîne l'opposition des magistrats du tribunal installé là. Le projet établi par l'architecte voyer André Amoudru suscite de nombreuses demandes de modifications par le Conseil des Bâtiments civils, auquel il est soumis en juillet 1834, entraînant son abandon par la Ville. Le 16 février 1839, l'écroulement de l'une des écuries endommage la toiture de la Comédie et conduit la municipalité à se rendre propriétaire des bâtiments pour les démolir. Elle décide alors de construire une nouvelle salle, de 800 places, dont le programme est donné le 4 mai par Amoudru. Le projet de l'ingénieur architecte Jean-Baptiste Martin, de Besançon, est retenu à l'issue d'un concours. L'adjudication des travaux a lieu le 17 août 1840, l'inauguration le 4 juillet 1843. Le théâtre (30 rue du Mont-Roland, cadastré 2022 BI 24) accueille au fil du temps de nombreuses manifestations, réunions, cérémonies, concerts, conférences (de 1880 aux années 1970), etc., mais l'aménagement en 1900 dans la halle aux grains d'une salle des fêtes (qui a disparu depuis) permet de le recentrer sur sa destination initiale.Le cinématographe fait son apparition à Dole en mai 1899, lors de la fête de la Pentecôte, sur le cours Saint-Mauris. C'est d'abord une attraction foraine dans laquelle se distinguent, de 1901 à la Première Guerre mondiale, Louis Bracco et son "Salon du Cinématographe Lumière" (une baraque de 22 m sur 7, avec une locomobile actionnant une dynamo de 15 ch). Des séances ont lieu en plein air, à la terrasse de cafés, notamment place Jules Grévy (café Lajonchère, hôtels de la Cloche et de la Ville de Lyon). Les établissements se rattachent à l'un des deux grands réseaux existants. Tout d'abord celui de Charles Pathé avec en novembre 1907 le Cinéma Pathé de la Brasserie de Tantonville (19 Grande Rue) - auparavant café-concert des Variétés - auquel succède le 4 décembre 1909 le Grand Cinéma Pathé (salle des fêtes de l'hôtel de Genève, rue Carondelet), tous deux appartenant à Edouard Rémy, puis en juin 1911 le Cinéma Pathé de l'hôtel de la Cloche (place Grévy) de Justin Pannaux (avec projection en salle à partir du 7 octobre). Le réseau de Léon Gaumont, un peu plus tard : le Franco-Cinéma Gaumont ouvre en octobre 1913 dans la chapelle des cordeliers, sur l'initiative de Bessie Mac Ginnis, veuve Van Vorst (née en 1873 à New York, Etats-Unis), et d'Henri Mortier. Le paysage cinématographique est assez mouvant jusqu'à la fin de la Grande Guerre : le Grand Cinéma Pathé devient Central Cinéma (il fermera en 1919) tandis que le Cinéma Pathé de la Brasserie de Tantonville est remplacé le 19 février 1916 par le Cinéma Franco-Belge (dû à Mme Merken, une Belge tenant auparavant un cinéma forain cours Saint-Mauris), qui ferme en mai 1918, renaît sous le nom de Modern'Cinéma et disparaît en 1919. 1919 voit l'ouverture du cinéma des Familles ou cinéma du Cercle Catholique - le Foyer (30 boulevard Wilson, 2022 BL 177) -, créé à la veille de la Première Guerre mondiale dans le patronage Saint-Joseph du Cercle catholique et inauguré en octobre. Autre ouverture la même année, le 29 ou le 30 août, dans la chapelle des Cordeliers (39 rue des Arènes, 2022 BH 185) : le Familia Cinéma Gaumont, exploité par Justin Pannaux. Délaissant celui de l'hôtel de la Cloche, ce dernier fait également construire un nouveau Cinéma Pathé (12 rue du 21 janvier, 2022 BL 169, 243), de 900 places, qui ouvre le 9 octobre 1920, et il met en place un réseau de correspondants locaux permettant des projections en milieu rural. Pannaux est également membre de la société des Amis de la Musique, qui achète et rénove en 1924 le Familia Gaumont (lequel ferme définitivement début 1926). En août 1929, il remplace l'appellation de son établissement de la rue du 21 Janvier par celle d'Omnium, puis d'Omnia Cinéma, et rénove en 1930 la salle, qui en novembre passe au sonore (c'est la première du département) avec une installation RCA (Radio Corporation of America, société créée en 1919 par la General Electric). Le Foyer ne devient parlant qu'en 1935-1936 alors que le théâtre, rénové en 1922-1923, accueille des projections sonores pour compenser sa baisse d'activité. En effet, le 14 août 1935 est fondée la Société doloise de Représentations cinématographiques (SDRC), qui transforme en cabine fermée l'une des loges et l'équipe de deux projecteurs de type 70 fournis par la société Pathé-Consortium-Cinéma (6 rue Francoeur, à Paris). L'établissement accueille des projections de films du 4 octobre 1935 au 3 mai 1936 mais l'expérience est arrêtée à la fin de la saison du fait d'un déficit croissant. La SDRC fait alors construire un cinéma derrière l'hôtel de la Cloche (3 avenue de Northwich, 2022 AX 119), qui (re)prend le nom de Modern'Cinéma et ouvre le 31 décembre 1936 sous la direction d'Eugène Girardin : salle de 25,50 m sur 12 en pan de fer et hourdis de briques creuses, 600 places au parterre et 150 au balcon, bar. La structure cinématographique doloise se stabilise alors avant-guerre avec trois cinémas permanents : le Foyer - qui deviendra le Vox dans les années 1960 - (300 places), l'Omnia (800 à 900 places) et le Modern'Cinéma (750 places). Deux nouveaux établissements voient le jour dans les années 1960. Intégré au centre paroissial Saint-Jean-l'Evangéliste (9 rue Jean XXIII, 2022 BT 579), bâti de 1960 à 1964 sur des plans de l'architecte Anton Korady, le Régent est une salle de spectacle de 478 places, disposant d'une scène de 8 m sur 4. La Maison des Jeunes et de la Culture (place Barberousse) est édifiée peu après, en 1969 ; elle a sa propre salle art et essai, le Studio, d'une capacité déclarée de 270 places en 1980, 214 en 1990. Le Régent semble fermer en 1977, le Vox avant 1980. La Ville crée en 1979 son Centre d'Animation culturelle (CAC) qu'elle établit en 1980 dans le bâtiment du Vox, doté d'une salle de spectacle de 270 places et d'une galerie d'exposition. De nouveau fermé, ce lieu rouvrira le 25 octobre 1996 sous l'appellation la Fabrique. L'Omnia, exploité dans les années 1960 et 1970 par la SA Omnia Rex, passe, comme le Modern'Cinéma, aux mains de la famille Sadosky. Celle-ci les rénove, le Modern passant à 380 places en 1980 et l'Omnia, transformé en complexe les Tanneurs, à 680 places réparties dans trois salles (250 pour la salle 1, 320 pour la salle 2 et 110 pour la salle 3). Elle ferme le Modern au cours de cette décennie et, construisant un nouveau bâtiment entre 1983 et 1989, agrandit les Tanneurs qui compte en 1990 trois salles supplémentaires (de 146, 99 et 263 places). En ce premier quart du 21e siècle, Dole compte quatre grandes salles de spectacle. Dernier cinéma, les Tanneurs totalise 1 037 fauteuils en 2019 et oeuvre avec la MJC, dont le bâtiment de la place Barberousse a été démoli l'année précédente. Il vient de changer plusieurs fois de propriétaires : Cap'Cinéma, CGR en 2017, Majestic au début 2019. Ce dernier groupe, appartenant à Jean-Claude Tupin, programme à courte échéance son transfert sur la rive gauche du Doubs, à l'emplacement des anciens abattoirs (rue du Général Béthouard). L'agence francilienne Linéaire A (108 avenue de la République, à Bagnolet), de Damien Deby, y prévoit, outre deux restaurants, 1 916 sièges répartis dans 10 salles (une de 450 places, une de 306, trois de 200, une de 160 et quatre de 100). La Fabrique a été rénovée par l'agence d'architecture doloise Thierry au cours du deuxième semestre 2015 et inaugurée le 6 février 2016, avec une capacité de 230 places. Pour sa part, le théâtre municipal, restauré à partir de 2014, a rouvert ses portes le 28 novembre 2021. Il abrite l'association Scènes du Jura, née en 1997 de la fusion des théâtres de Dole et de Lons-le-Saunier, labellisée Scène nationale en 2013, qui assure sa programmation. Dernière salle bâtie : la Commanderie (2 rue d'Azans, 2022 BY 484), édifiée de 2002 à 2006 suivant les plans de l'architecte Brigitte Métra (créatrice en 2003 de l'agence Métra et Associés, 33 avenue Paul Doumer à Paris). D'abord envisagée comme salle de sport, la salle est finalement un équipement polyvalent, doté d'un cadre de scène de 18 m sur 7, de parois mobiles et de tribunes escamotables, pour une jauge de 500 à 2 900 places selon le dispositif scénique et le type de spectacle.
Le théâtre et la Fabrique (ancien cinéma le Foyer) sont des bâtiments en pierre ; le Modern'Cinéma fait appel au pan de fer et les Tanneurs au pan de béton armé, tous deux avec hourdis de briques ; l'ancien Régent (centre paroissial Saint-Jean) est en béton, de même que la Commanderie (avec plaquage de roches calcaires) qui fait aussi appel à un mur-rideau côté ville.
2022
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
2022
Poupard Laurent
Dossier thématique