Hôtel-Dieu
Hôtel-Dieu
Centre-Val de Loire ; Loiret (45) ; Orléans ; Porte-Madeleine (rue) 1
Commune d'Orléans
Orléans-Carmes
Porte-Madeleine (rue) 1
1994 AY 2
En ville
Hôpital Porte-Madeleine
IA45002421
Milieu 19e siècle
1844
Daté par source ; daté par source
Attribution par source ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source
L’idée de déplacement du vieil hôtel-Dieu situé près de la cathédrale Sainte-Croix émerge dès la fin des années 1760 : on y dénonce les mauvaises conditions sanitaires, le manque de circulation de l'air, les dangers épidémiques encourus par le voisinage du fait de son implantation au cœur de la cité, le faible nombre de lits offerts aux malades et l'impossibilité d'agrandir l'établissement.La décision de la "translation", selon le terme régulièrement employé, est prise pendant les travaux d'édification de la façade occidentale et des tours de la cathédrale (1739-1791). La difficulté pour trouver un lieu approprié ainsi que les problèmes financiers de la ville retardent la réalisation. Pendant plus d’un demi-siècle, une quinzaine de projets sont proposés, s’orientant, à l’exception de celui de 1806, vers la réhabilitation de bâtiments existants, généralement d’anciens couvents. Tous sont rejetés pour diverses raisons liées au coût de réaménagement, à l’implantation urbaine ou à l’architecture inadaptée pour la fonction future.En mai 1806, le projet exposé par les architectes François-Narcisse Pagot et Benoît Lebrun, d'un hôtel-Dieu ex nihilo implanté sur les fortifications urbaines à l'extrémité sud-ouest de la ville fait l'unanimité. Il prévoit un établissement, déjà de type pavillonnaire, qui adopte un plan en simple peigne, l’étroitesse du terrain ne permettant pas un déploiement plus large. La municipalité qui manque de ressources s’adresse au ministère qui malheureusement rejette le projet, le jugeant trop onéreux.Après trente années d’attente et d’hésitations, le transfert est confirmé à la fin de l’année 1836 et le lieu d’implantation arrêté à l’ancien couvent du Calvaire, devenu depuis la Révolution, la Manutention militaire, emplacement déjà pressenti en 1769. Le 1er mai 1839, la commission des Hospices civils présente un programme et confie l'élaboration des plans aux architectes Pagot et Pierre-Charles Thuillier. Le devis général est établi le 26 janvier 1840 et la première pierre posée le 30 août 1841 par le député-maire d'Orléans, Aimé Sevin-Mareau.Le projet se conforme cette fois au plan en double peigne. Il propose deux rangées de trois pavillons disposés de part et d’autre d’un bâtiment sensiblement carré encadrant une cour d’honneur. Au rez-de-chaussée, ce bâtiment est bordé sur ses quatre côtés par une galerie de circulation à arcatures ouvertes sur la cour. Cependant et compte tenu de l'état précaire des finances, la commission, bien qu’approuvant le projet, se résout à ne construire dans l’immédiat que quatre pavillons. Le 1er juillet 1841, elle réduit la construction à trois pavillons seulement : deux à l’ouest pour les hommes, et un seul au sud-est pour les femmes, qui sont terminés à l'automne 1844. La bénédiction et l'inauguration ont lieu le 26 novembre suivant, le transfert des malades commencé dès le lendemain, s’achève le 26 décembre. Vers 1848, un quatrième pavillon de femmes est ajouté au nord-ouest, par contre les deux ailes médianes du peigne qui figurent sur le plan de 1840, ne seront jamais construites.L'hôtel-Dieu est un bel exemple d'architecture de transition qui mêle la structure de l’hôpital classique de l’Ancien Régime à une architecture de type pavillonnaire dont il constitue un exemple précoce de réalisation.A la fin du 19e siècle, aux 20e et 21e siècles, l'hôtel-Dieu est complété par divers édifices : annexes de service, nouvelle morgue, laboratoire de bactériologie, pavillons de pneumologie, cardiologie, ophtalmologie, ORL, maison Mère et Enfant. Il est entièrement désaffecté à la fin des années 2010.
Brique ; pierre ; enduit ; moellon ; pierre de taille
Ardoise
Plan régulier
1 étage carré
Élévation ordonnancée
Toit à deux pans ; croupe
Escalier dans-oeuvre : escalier tournant
L'architecture de l'hôtel-Dieu se rattache à l'architecture ventilée dont les préceptes furent définis en 1788 par le chirurgien Jacques René Tenon (1724-1816), mandaté par l'Académie des sciences, dans son ouvrage qui prenait pour référence les hôpitaux parisiens. La réflexion sur l'hygiène publique était déjà amorcée depuis le milieu du 18e siècle, mais, dans le domaine médical, ce fut l'incendie en 1772 de l'emblématique hôtel-Dieu de Paris qui fut le point de départ d'un long et profond débat autour des questions liées à l'hygiène et à la conception architecturale des hôpitaux. Plusieurs projets furent présentés, puis Tenon, dans l'application des nouvelles théories, proposa un modèle d'hôpital calqué sur l'hôpital militaire anglais de Stonehouse à Plymouth. Il s´agissait de refuser la concentration architecturale et par conséquent celle des malades. Il suggéra donc de créer une segmentation des bâtiments (ou pavillons), reliés entre eux par des galeries ouvertes permettant la circulation de l'air, de part et d'autre de vastes cours, donnant une apparence de double peigne à ces hôpitaux.L'hôtel-Dieu d’Orléans qui adopte ce plan en double peigne constitue un exemple précoce de cette nouvelle norme architecturale. Il est contemporain de l'hôpital de la Reconnaissance de Garches (1835-1843), qui fait référence, et réalisé avant l'hôpital Lariboisière à Paris (1839-1854), considéré comme l'hôpital modèle de la typologie pavillonnaire en France. En 1844, à l'arrivée des premiers malades, il se composait du bâtiment principal d'accueil, couronné d'un fronton central, percé de grandes arcades en plein cintre, donnant sur la cour d'entrée ouverte sur la rue et complété par deux ailes en retour (ou pavillons) et communiquant à l'arrière, par un porche à trois arcatures, avec une vaste cour d'honneur (ou cour principale) rectangulaire bordée de bâtiments sur ses quatre côtés. Ces bâtiments, qui offraient au rez-de-chaussée un portique à arcatures formant galerie de circulation (libres à l'origine et closes après 1907), étaient prolongés, du côté occidental, par deux ailes perpendiculaires et de l'autre côté par une seule aile au sud-est, qui accueillaient les salles de malades.La partie sud, derrière la cour d’honneur, autour des deux petites cours intérieures était occupée par l’intendance, en particulier les cuisines et par l'amphithéâtre destiné aux cours de l’École de médecine qui fonctionna quelques années, de 1845 à 1849. Les bâtiments comportent deux niveaux rythmés par de hautes fenêtres en plein cintre. Sur les plans sont indiquées les salles de malades, à l'est les salles de femmes, à l'ouest les salles d’hommes. A l'ouverture, les salles de femmes, au rez-de-chaussée, se nommaient Saint-Nicolas au nord-est (l'unique salle ayant toujours conservé son nom d'origine) et Froberville au sud-est ; au second niveau, Sainte-Angèle au nord-est et Sainte-Claire au sud-est ; les salles d´hommes se nommaient, au rez-de-chaussée, Besnard au nord-ouest et Saint-Paul au sud-ouest ; au second niveau, Saint-Lazare au nord-ouest et Saint-Laurent au sud-ouest. Chaque grande salle accueille a minima une quarantaine de lits, disposés de part et d'autre d'une allée centrale.La cour d'entrée et la cour d'honneur sont construites en pierres de taille provenant des carrières de Malvaux (Nièvre) et Briare (Loiret). Les façades latérales et de l'arrière sont constituées de moellons enduits ; les soubassements, encadrements des ouvertures, pilastres et entablements sont en pierres de taille. Les marches des escaliers de distribution sont en pierre de Château-Landon, les menuiseries en chêne.Le bâtiment bas qui clôt l'hôtel-Dieu sur son flanc occidental renfermait les sanitaires destinés aux hommes dans la partie sud, et aux femmes dans la partie nord. Au milieu du mur de cette façade, rythmée de pilastres, trois arcatures évoquent l'emplacement de l'extrémité du pavillon central non réalisé.
inscrit MH
Inscription des façades et toitures.
À signaler
Propriété d'un établissement public
2011
(c) Région Centre-Val de Loire, Inventaire général
2011
Jouanneaux Françoise
Dossier individuel
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06