Rue
Rue du Mail
Rue du Mail
Pays de la Loire ; Maine-et-Loire (49) ; Angers
Angers intra-muros
Angers Centre
Centre-ville (quartier)
1840 H1, H2 ; 1980 BR, BS, BV
En ville
Immeuble ; boutique
Ville
IA49006892
1er quart 19e siècle ; 2e quart 19e siècle ; 3e quart 19e siècle
1802 ; 1832 ; 1836 ; 1839 ; 1852 ; 1867
Porte la date ; daté par source
Attribution par source
Bordier Jules (commanditaire)
Le projet de cette voie remonte à la Révolution. Cependant, son percement ne s'est effectué qu'au 19e siècle, en quatre phases successives. Le premier tronçon, du boulevard Bessonneau à la place du Pilori, est prévu dans les ventes des biens nationaux, sur les jardins des couvents des Ursulines et des Cordeliers. Commencé vers 1802, il est effectif sur le plan d'Angers dû à Rudemare en 1813. Les édifices alors construits en bordure n'obéissent pas à des prescriptions particulières : ce sont presque exclusivement des hôtels particuliers établis sur des parcelles importantes, comme l'hôtel Joubert (12, rue Chevreul) , dont les plans sont datés de 1808. Le deuxième et le troisième tronçon, de la place du Pilori à la rue du Cornet et de celle-ci à la rue Boisnet, sont décidés en 1829. Contrairement à la première partie, le percement s'effectue dans un tissu bâti préexistant (habitat de notable d'après le parcellaire). L'opération devait être prise en charge par la municipalité, mais cette dernière tergiverse devant le coût des expropriations. Les travaux commencent en définitive vers 1832 par le troisième tronçon, entre rue du Cornet et rue Boisnet, que réalisent deux personnes privées, l'orfèvre Jules Bordier et l'architecte Mathurin Binet : un ensemble concerté d'immeubles derrière une façade uniforme, dont l'étroitesse de gabarit (pour la plupart) est certainement à relier au caractère spéculatif de l'opération. L'angle nord avec la rue Boisnet (25 à 29 rue du Mail) sera entrepris ultérieurement, vers 1848 : une rupture d'épannelage est observable au n° 29, où la façade - s'interrompant au-dessus de l'entresol - habille les communs d'un hôtel de la rue Boisnet (n°25). Une interruption du front sud sera opérée en 1876 lors de la prolongation de la rue Parcheminerie. La municipalité prend finalement en charge le deuxième tronçon vers 1836 : cette partie entre la place du Pilori et la rue du Cornet est réalisée avec façades imposées par l'architecte de la ville, Bienfaisant Thierry, et s'achève vers 1839 (date portée sur l'immeuble d'angle avec la rue des Poëliers, 64 rue du Mail) , à l'exception de l'immeuble d'angle avec la place du Pilori qui n'est édifié qu'en 1867 (65, rue du Mail - 8, place du Pilori). Mais les deux opérations menées séparément ont engendré des problèmes de nivellement au point qu'un pont avait même été envisagé pour enjamber la rue du Cornet ; encore observables aujourd'hui à ce carrefour, les différences de pentes attestent la mauvaise coordination entre les protagonistes. Le quatrième tronçon de la rue du Mail, entre la rue Boisnet et le quai Gambetta, est entrepris à partir de 1852 dans le cadre de la création du quartier des Luisettes - triangle constitué par la rue Boisnet, le quai Gambetta et le boulevard Ayrault - sur d'anciens terrains inondables (prés de l'hôpital Saint-Jean). Les constructions sont hétérogènes, maisons, immeubles, entreprises artisanales et commerciales, édifiées tout au long de la seconde moitié du 19e siècle. Dans le dernier quart du 20e siècle, les parties haute et basse de la rue (premier et quatrième tronçons) ont fait l'objet d'amples reconstructions qui se poursuivent encore (hôtel de ville en 1981, siège de la communauté d'agglomération en vis-à-vis, puis grands immeubles de la ZAC Thiers-Boisnet depuis les années 1990). La partie intermédiaire aux façades concertées (deuxième et troisième tronçons) a subi de nombreux ravalements touchant la moitié des élévations.
Tuffeau ; moyen appareil
Ardoise
Sous-sol ; entresol ; 3 étages carrés
Élévation à travées
Toit à longs pans ; croupe ; pignon couvert
Voie la plus longue de la ville intra-muros établie sur la pente du versant (715 m) , la rue du Mail traverse de part en part le centre-ville en axe nord-ouest - sud-est, reliant les boulevards de ceinture à la rivière de Maine. Sur un plan morphologique, elle présente trois parties bien distinctes dont une intermédiaire (2e et 3e tronçons) se décomposant elle-même en deux. La partie haute, des boulevards Bessonneau et de la Résistance et de la Déportation à la place du Pilori (265 m) , est presque entièrement bordée d'hôtels dont certains ont été détruits pour laisser place aux bâtiments modernes de la mairie et de la communauté d'agglomération. La partie intermédiaire (215 m) est la plus remarquable par son urbanisme concerté. Elle est constituée de deux parties de structuration différente (2e et 3e tronçons) , mais dans une continuité de gabarit et de style. - le tronçon supérieur, de la place du Pilori à la rue du Cornet (77 m) , présentent à une exception près (deux immeubles de deux travées sur le côté nord) un rythme d'immeubles à élévations en tuffeau de trois étages carrés/trois travées avec chaînes d'angle et balcons individuels au premier étage. - le tronçon inférieur, de la rue du Cornet à la rue Boisnet (133 m) , est constitué d'élévations continues en tuffeau sans séparation verticale, à entresol et deux étages carrés, dont l'horizontalité est encore renforcée par un balcon continu courant à hauteur du bel étage. La déclivité du terrain a entraîné des ruptures d'alignement de niveaux, essentiellement dans la partie supérieure réalisée dans un second temps et sur laquelle s'est reporté le problème de nivellement. La partie basse de la rue du Mail, de la rue Boisnet au quai Gambetta (195 m) , est la seule partie plate puisque créée sur des terrains inondables. Elle est hétérogène dans son parcellaire et ses constructions, bordée de maisons, d'immeubles, d'établissements commerciaux et artisanaux, voire industriels (ancienne usine Cointreau). Cette partie est aujourd'hui en profond renouvellement, par la construction de grands immeubles d'habitation en remplacement des édifices à vocation économique.
À signaler
Élévation
Aujourd'hui fortement transformées, les parties extrêmes de la rue du Mail illustraient la césure sociologique entre villes haute et basse, l'une tracée sur des terrains religieux démembrés à la Révolution en vastes parcelles pour l'édification d'hôtels particuliers, l'autre au sein d'un quartier industrieux pris sur les marécages.££La partie médiane est bien sûr à signaler pour son urbanisme concerté à grande échelle, d'autant qu'elle constitue, avec la courte rue Botanique, la seule voie ordonnancée subsistante de la période néo-classique (les quais de la rive gauche ayant été détruits). Les deux ensembles concernés illustrent la variété des possibilités, l'une à élévation uniforme avec entresol et balcon continu qui pourrait être en partie inspirée de l'exemple très diffusé de la rue de Rivoli, l'autre avec délimitation des habitations en série par des chaînages, où apparaît la première forme des immeubles angevins du 19e siècle (l'élévation à trois étages carrés/trois travées) ; cette dernière formule quelque peu contradictoire avec la notion d'ensemble-rue, fut peut-être rendue nécessaire par l'obligation de scinder la continuité d'élévation en raison de la déclivité.
Propriété privée,propriété publique
2006
© Région Pays de la Loire - Inventaire général ; © Ville d'Angers
2007
Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier
Sous-dossier
Région Pays de la Loire - Centre de ressources 1, rue de la Loire - 44966 Nantes cedex 09 - 02.28.20.54.70