Rue
Rue en escalier
Montée Saint-Maurice
Rue en escalier dite Montée Saint-Maurice
Pays de la Loire ; Maine-et-Loire (49) ; Angers ; montée Saint-Maurice
Angers intra-muros
Angers Centre
Centre-ville (quartier)
Saint-Maurice (montée)
1840 J 38, 40, 42, 59, 259 à 261, 319 à 321, 378 à 380, 382 à 390 ; 1970 DH 1 à 12, 17 à 19, 23, 42 à 46, 48, 49, 574, 575, 613 à 615, 627, 629 ; 1999 DH 17, 19, 23, 43 à 46, 48, 49, 574, 629, 694, 738, 754
En ville
Hôtel ; maison ; immeuble ; bains douches ; bourse du travail
Ville
IA49006892
Fin du Moyen Age ; 16e siècle ; 16e siècle (détruit) ; 17e siècle (détruit) ; milieu 18e siècle (détruit) ; 4e quart 18e siècle ; 4e quart 18e siècle (détruit) ; 1er quart 20e siècle (détruit) ; 2e quart 20e siècle ; 3e quart 20e siècle
1791 ; 1845 ; 1851 ; 1853 ; 1897 ; 1905 ; 1909 ; 1912 ; 1914 ; 1919 ; 1928 ; 1929 ; 1937 ; 1942 ; 1958 ; 1960 ; 1964
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Sous l'Ancien Régime, la montée Saint-Maurice n'est qu'une ruelle escarpée et tortueuse, montant de la rue Baudrière (fontaine Pied-Boulet) à la cathédrale. Les demeures qui l'accompagnent datent de différentes époques, entre la fin du Moyen Age et le 18e siècle. En 1791, une première proposition est suggérée pour son élargissement et sa régularisation. La partie supérieure de la montée est élargie côté nord, tandis que trois maisons sont largement reconstruites côté sud, aux angles des rues du Vollier et Donadieu-de-Puycharic, suivant les prescriptions de la municipalité (alignement, pans coupés). Des projets plus ambitieux ont cours au milieu du 19e siècle. Le plan d'alignement de 1845 prévoit une montée plus large, surtout dans sa partie basse (encore à l'état de ruelle) par la destruction d'un îlot d'habitation. En 1851 et 1852, deux architectes, François Lecoy et Louis Duvêtre, proposent successivement un nouveau projet d'élargissement bordé de larges immeubles à façades identiques ; le second va jusqu'à dessiner une véritable composition urbaine descendant jusqu'à la Maine, avec un escalier monumental à terrasses latérales, scandées de statues qui seraient confiées au sculpteur David d'Angers. Le service de la voirie reprend le sujet en 1897 en étudiant une percée large de 25 m, buttant néanmoins sur le populeux quartier en contrebas, sans débouché sur la rivière. En 1905, deux nouveaux projets sont lancés sous la houlette de l'ingénieur en chef de la ville F. Le Cornec : une percée jusqu'à la rivière encore plus large (40 m) , dotée d'un escalier monumental avec terrasses latérales (reprise de l'idée de 1857) devant des hôtels en série d'aspect Renaissance. Le premier projet a comme ligne de mire la statue de Beaurepaire sur le pont du Centre ; le second, beaucoup plus ample, se poursuit sur la rive droite jusqu'à l'église de la Trinité et suppose la reconstruction du pont du Centre plus en aval et la reprise radicale de la rue Beaurepaire. Les projets municipaux de 1905 ne pouvant être facilement mis en oeuvre à brève échéance, un projet plus réaliste est établi en 1909, d'autant qu'entre-temps des démolitions pour cause d'insalubrité venaient d'intervenir en contrebas de la montée. Mais ce projet plus modeste, un escalier prolongé d'un square, ne parvient pas davantage à voir le jour. Un autre projet, dû à l'entrepreneur, Georges Yvon, se signale en 1912 par l'introduction d'une grande cascade au milieu de l'escalier monumental. Finalement c'est un escalier provisoire qui est réalisé en 1919. Des constructions commencent à s'élever parmi les démolitions : des bains-douches (V. Schmidt, arch.) au début des années 1920 sur des plans de 1912 à l'angle de la montée et de la rue Chapellière, des maisons en 1928, 1929 et 1937 (15, montée Saint-Maurice ; 2, rue Donadieu-de-Puycharic, 1-3, rue Saint-Christophe, cette dernière étant une modernisation par l'architecte André Mornet) ; par contre, un projet de bourse du travail par l'architecte de la ville René Brot en 1914 est emporté par la guerre. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le percement de la montée atteint enfin le quai Ligny sur une largeur de 12 à 14 m dans son extrémité basse. En 1941, la ville, attachée au parti d'une composition urbaine monumentale, lance encore un concours d'idées relatif à la montée et à tout le quartier Ligny adjacent, dans le cadre de la loi Cornudet et du Plan d'aménagement, d'embellissement et d'extension qui en découle, entériné tardivement en 1936. Quatre projets sont présentés en 1942, dont ceux primés de J. Regnault (arch. parisien) et du duo Abadie et Delacourt (de Paris ?). Pour autant, le jury charge finalement l'architecte de la ville André Mornet de nouvelles études. Une maquette en est établie par le sculpteur Maurice Legendre, exposée à la foire exposition de 1946. Mais les urgences de l'après-guerre ont raison de ces nouvelles ambitions. Dès lors, les degrés de 1919 devien nent définitifs et tout projet monumental est abandonné. Les démolitions d'habitat ancien se poursuivent, au profit de nouveaux bâtiments édifiés au coup par coup : une maison en haut de la montée en 1958 (Henri Enguehard, arch.) , un centre social et un programme d'habitation occupant deux immeubles dans la partie basse de la montée, avec élévation principale sur la rue Baudrière (Maurice Moca, arch., 1960 et D. Bertrand et P. Soulez-Larivière, arch. 1964). La décision du passage d'une voie rapide le long de la Maine entraîne à la fin des années 1970 la destruction complète de tous les bas quartiers au pied du rocher de la Cité : la montée Saint-Maurice s'achève dès lors (passé les deux constructions de 1960-1964) sur une esplanade (actuelle place Jean Turc) aménagée en jardin avec un grand bassin circulaire dans l'axe de la cathédrale, inaugurée en 1986.
Schiste ; moellon ; enduit ; béton
Ardoise
Étage de soubassement ; 3 étages carrés ; étage de comble ; étage en surcroît
Élévation à travées
Toit à longs pans ; pignon couvert ; croupe
Adresses précises du bâti qui borde la montée : Saint-Maurice (montée) 15, 16, 17 bis à 21 ; Baudrière (rue) 2, 28, 40 ; Donadieu-de-Puycharic (rue) 2 ; Parvis-Saint-Maurice (rue du) 10 ; Saint-Christophe (rue) 1 à 5 ; Vollier (rue du) 2 La montée Saint-Maurice présente un aspect double : d'un côté les architectures de papier que sont les multiples projets envisagés, de l'autre l'état présent résultant de deux siècles d'opérations disparates, au coup par coup, parfois dans une optique provisoire qui s'est avérée définitive. Les projets présentent tous un parti monumental, induit par le site et la mise en valeur de la façade de la cathédrale. Les plus ambitieux prévoyaient des escaliers monumentaux et complexes dans le dessin des degrés ou l'aménagement de terrasses latérales, et une percée de largeur imposante (25 m, 40 m). A l'exception des projets de 1942 qui devaient en partie compter avec l'existant, ils préconisaient également une reconstruction des édifices bordant latéralement la montée suivant un dessin identique, en vue d'une composition urbaine parfaitement ordonnancée - des immeubles à façade en tuffeau à trois étages carrés pour les projets Lecoy et Duvêtre, des hôtels également à parements de tuffeau, à un ou deux étages carrés avec lucarnes, pour les projets municipaux du début du 20e siècle. Dans son état actuel, la montée témoigne des velléités d'ordonnancement et de régularisation, mais surtout des difficultés et des renoncements face à une opération trop complexe. La largeur réalisée varie ainsi selon les endroits entre 14 m et 23 m, avec des décrochements successifs qui indiquent autant de phases chronologiques. La végétation, sauf dans la partie bordée par les immeubles des années 1960, parvient assez remarquablement à masquer toutes ces irrégularités et disparités. Les emmarchements sont en revanche réguliers (5 m de large environ) entre deux doubles trottoirs en pente continue. Quatre séquences de degrés se succèdent, d'importance variable en fonction de la déclivité et des intersections avec les rues qui y aboutissent, matérialisées par autant de paliers. La partie inférieure, désormais vide de toute architecture, est traitée en esplanade et jardin (dont une partie sur la voie rapide par une trémie). Les deux seuls édifices appartenant à un programme concerté - entre les rues du Vollier et Donadieu-de-Puycharic - sont en moellon de schiste enduit, à travées, constitués d'un rez-de-chaussée sur étage de soubassement, un étage carré et un étage en surcroît dans des combles à longs pans ; des croupes couvrent les pans coupés. Les autres constructions réalisées, au coup par coup, dans le cadre de cette opération d'urbanisme, sont principalement en béton, étant des édifices du 20e siècle, maisons à tendance pittoresque (faux pan de bois, toit à demi-croupe) ou immeubles franchement modernes.
La montée Saint-Maurice est une des premières opérations d'urbanisme d'ampleur à Angers dès la fin du 18e siècle. La durée de l'opération - sur deux siècles - et l'ambition particulière qui s'y attache en raison de la présence d'un monument prestigieux lui confèrent une place particulière. Comparativement aux projets, le résultat est en définitive extrêmement modeste, à la différence d'autres projets municipaux qui se sont concrétisés de manière satisfaisante (ainsi, la place du Ralliement et plus globalement la restructuration haussmannienne du centre-ville). Le résultat est paradoxal : loin des projets monumentaux, très architecturés (avec référence aux perspectives les plus spectaculaires de Paris) , l'aspect actuel offre un paysage où végétation et espaces de jardin supplantent presque totalement un bâti épars. Pour autant, l'histoire de la montée Saint-Maurice constitue localement un bel exemple d'architecture de papier.
Propriété de la commune,propriété privée
2006
© Région Pays de la Loire - Inventaire général ; © Ville d'Angers
2007
Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier
Sous-dossier
Région Pays de la Loire - Centre de ressources 1, rue de la Loire - 44966 Nantes cedex 09 - 02.28.20.54.70