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Plateforme ouverte du patrimoine

Base de sous-marins dite Petite base du Scorff, Zone industrialo-portuaire du Scorff (Lanester)

Désignation

Dénomination de l'édifice

Blockhaus ; arsenal ; édifice logistique ; centrale électrique

Appellation d'usage

Petite base du Scorff

Destination actuelle de l'édifice

Ensemble industriel

Titre courant

Base de sous-marins dite Petite base du Scorff, Zone industrialo-portuaire du Scorff (Lanester)

Localisation

Localisation

Bretagne ; Morbihan (56) ; Lanester

Aire d'étude pour le domaine Inventaire

France

Canton

Lanester

Lieu-dit

Zone industrialo-portuaire du Scorff

Références cadastrales

AO 50

Milieu d'implantation pour le domaine Inventaire

En écart

Nom du cours d'eau traversant ou bordant l'édifice

Le Scorff

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

2e quart 20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

2e moitié 20e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1941

Commentaires concernant la datation

Daté par travaux historiques

Commentaires concernant l'attribution de l'édifice

Attribution par travaux historiques ; attribution par travaux historiques

Description historique

La construction de la base par l'Allemagne nazieLes plans de construction de la base de sous-marins du Scorff sont fournis par le service de construction de la Kriegsmarine. Le bunker est construit par l’entreprise allemande de travaux publics Carl Brand de Düren sous contrat avec l’Organisation Todt. Cette entreprise construit déjà depuis février 1941 les deux Dom-bunkers (bunkers cathédrales) situés sur l’aire du slipway du port de pêche de Lorient (les travaux s’achèvent en mai 1941). Le chantier de construction de la base du Scorff s’étale de mars 1941 (dès novembre 1940 selon certaines sources : s’agit-il des opérations de battage des pieux de fondation ?) au 1er octobre 1941. Le 21 avril 1941, Fritz Todt, ministre du Reich pour l'armement et les munitions, constate sur place le retard important du chantier en raison d’erreurs de planification, d’un manque de matériaux et d’engins de chantier et adresse un courrier de mécontentement à l’entreprise Carl Brand. Des photographies de la construction du bunker montrent le front ouest de la base encore dépourvu de ses deux linteaux de protection en béton armé. La cuve, conçue pour accueillir un canon antiaérien (4 cm Flak 28 Bofors, Flak étant l'acronyme allemand pour Flugabwehrkanone, canon antiaérien) sur la dalle de couverture du bunker, est coulée fin août - début septembre 1941 (elle est achevée le 6 septembre). Sur des photographies aériennes, on peut voir la peinture camouflage de la base. Les travaux se sont étalés sur sept mois, mais la base du Scorff est finalement opérationnelle après le bunker KI de Keroman livré le 1er septembre 1941 et dont les travaux de bétonnage ont été conduits par l’entreprise Philipp Holzmann de Frankfurt.Le fonctionnement de la base de sous-marinsDans ses deux bassins soumis aux marées, mais protégés des bombardements aériens par une dalle de béton armé de 3,5 m d’épaisseur, la base du Scorff peut accueillir simultanément quatre sous-marins de type VII et IX. Le 1er octobre 1941, date d’inauguration de la base du Scorff, le sous-marin ""U-124"" de type IX-B commandé par Johann Mohr et son équipage, de retour d’une mission de 16 jours, sont accueillis par l’amiral Dönitz.La base du Scorff sert principalement à l'avitaillement des sous-marins (carburant, eau et denrées alimentaires...) lors de leur départ en mission.L’isolement relatif de la base du Scorff, l’envasement régulier des deux bassins obligeant à des travaux réguliers de dragage et le risque d’échouement des sous-marins entraînent progressivement sa désaffectation alors que le bunker KIII de Keroman est opérationnel en janvier 1943. De plus, du fait de son implantation sur pieux, la dalle de couverture en béton armé de 3,5 m d'épaisseur du Scorff ne peut être renforcée pour faire face à des bombes aériennes de plus en plus puissantes. Deux sous-marins japonais dans la baseLe 7 août 1942, le sous-marin japonais ""I-30"" de type B1 baptisé ""Sakura"", placé sous le commandement de Endo Shinobu est mis à l’abri dans la base du Scorff. Arrivé le 5 août, le sous-marin est d’abord amarré au port de Lorient où son équipage de 101 officiers et marins est accueilli par les amiraux Otto Schultze et Karl Dönitz et l’attaché naval japonais Yokoi Tadao. Le sous-marin est ensuite mis à l’abri dans la base du Scorff par deux remorqueurs venus de Brest. Le bassin de 99,5 m de longueur ne suffit pas à protéger ce navire long de 106,88 m pour un maître-bau de 9,3 m. Celui-ci arrive du Japon chargé de 2 t d’or, de matériaux rares (mica et shellac) et de technologies nipponnes, dont des torpilles aériennes à destination de l'Allemagne nazie. Des travaux de peinture (pour être moins visible, le sous-marin est repeint en gris clair) de réparation et d’armement (détecteur de radar et canon), sont effectués dans la base du Scorff pendant que l’équipage japonais se repose et sert la propagande nazie en voyageant en France et en Allemagne. Chargés de matériels et de technologies nazies, le sous-marin part de Lorient le 22 août pour Singapour où il arrive le 13 octobre 1942.Le 11 mars 1944, c’est le sous-marin japonais ""I-29"" commandé par Takakazu Kinashqui, parti de Singapour le 16 décembre 1943, qui arrive à Lorient et s’abrite dans la base du Scorff après son arrivée au port. Chargé également de matériaux précieux et rares, il transporte seize passagers dont le nouvel attaché naval pour Berlin. Le navire repart le 16 avril pour Singapour qu’il rejoint le 14 juin 1944 avec des matériaux rares (bauxite et radium) et des équipements militaires : moteur d’avion fusée Messerschmitt Me 163 Komet, réacteur pour chasseur bombardier Messerschmitt Me 262, bombe volante V1, plans de vedettes rapides et de mines acoustiques et des passagers. La petite base du Scorff est le lieu d'importants transferts de technologie entre les forces de l'Axe.La réutilisation de la base par l’Armée françaiseLe 10 mai 1945, la base du Scorff est livrée intacte. Elle est réutilisée et adaptée aux besoins de l’Armée française : Direction des constructions navales (DCN) et Direction du commissariat de la Marine (DCM) comme le montre le plan de la Petite base du Scorff (non daté). On y trouvait notamment, côté Direction des constructions navales (alvéole nord) : une armurerie, un atelier de visite avec potence d’une capacité d’une tonne ; côté Direction du commissariat de la Marine (alvéole sud) : des magasins pour des matériels et produits antipollution. Étagères et armoires automatiques témoignent de cet usage de la base en ""magasin"". Les locaux techniques sont affectés à la Direction des constructions navales : la centrale électrique alimentent la base en électricité en cas de coupure du réseau électrique. La grande pièce sud a été transformée pour recevoir un pont roulant manuel avec treuil et un monorail avec treuil (ajout d’un chemin de roulement). Au premier étage de la partie sud, une sortie de secours a été créée dans le mur sud : un escalier métallique permettait l’évacuation vers l’extérieur. Des locaux, attribués à la Direction du commissariat de la Marine, étaient accolés au mur sud de la base, ils ont été déconstruits.Le transfert de la base au Conseil régional de BretagneLa propriété de la base de sous-marins du Scorff a été transférée de l'État au Conseil régional de Bretagne en 2007. A l’intérieur de la base subsistent, outre les deux grandes portes blindées nord et sud, les quais avec platelage bois, les vestiges des systèmes d’amarrage, des réseaux, du système de ventilation et d’éclairage des bassins, mais aussi la numérotation des quais d’amarrage (de 1 à 4) ou encore des marquages en allemand et en français. Les alvéoles nord et sud conservent chacune leur pont roulant Levman construit à Livry-Gargan et leur chemin de roulement.En décembre 2023, l'alvéole sud est occupée par la société ISMER - Travaux Maritimes Plongeurs Scaphandriers Lorient par une autorisation d'occupation temporaire (AOT) de droit réel. Suite à un appel à manifestation d’intérêt lancé par la Région Bretagne, la société Oceanic Assistance occupe l'alvéole nord.

Description

Matériaux du gros-œuvre

Béton ; béton armé

Matériaux de la couverture

Béton en couverture

Typologie de plan

Plan rectangulaire régulier

Description de l'élévation intérieure

Sous-sol ; rez-de-chaussée ; entresol ; 1 étage carré ; 2 étages carrés ; 3 étages carrés

Typologie de couverture

Terrasse

Emplacement, forme et structure de l’escalier

Escalier dans-oeuvre : escalier droit ; escalier dans-oeuvre : escalier tournant

Source de l'énergie utilisée par l'édifice

Énergie électrique ; produite à distance ; produite sur place ; générateur ; moteur thermique ; moteur électrique

Commentaire descriptif de l'édifice

Principe de construction et dimensionsIsolé des eaux du Scorff par un gigantesque batardeau constitué de palplanches, le chantier de la base de sous-marins a nécessité le battage de 2 557 pieux d’acier de 20 m de longueur via une ""sonnette"" ou machine diesel à battre, afin d’atteindre la roche (une coupe de la base montre le niveau de la roche-mère à 14,5 m de profondeur). Ces pieux de 70 cm de diamètre ont ensuite été remplis de béton. Les pieux ont servi d’assise aux murs périphériques de 3 m d’épaisseur et au mur de refend de 1,5 m d’épaisseur. Ces murs de béton, coulés dans de gigantesques coffrages en bois solidement étayés, sont constitués d’un important ferraillage. La dalle de couverture en béton armé mesure 3,5 m d’épaisseur (Baustärke A, résistance structurelle A). C’est seulement après la construction du bunker qu’ont été creusées les deux bassins. Selon les plans (allemand et français, vers 1970-1980), la base de sous-marins du Scorff mesure 144,55 m de longueur pour 51 m de largeur et 14,5 m de hauteur (21,1 m au-dessus du niveau de la mer). Elle s’accompagne également côté Scorff de deux quais en béton armé construits sur pieux.Les accès maritimes et terrestresOutre les deux bassins ouverts sur le Scorff qui en constituent l'accès maritime, la base est desservie au nord et au sud par deux grandes portes blindées avec petite avancée de protection qui donnent accès à un large passage transversal de 7,45 m de largeur appelé la ""rue"". La rue est dotée d’une voie de chemin de fer dont subsistent encore les rails au sol (écartement standard de 1435 mm). Locomotive et wagons pouvaient à l'origine circuler dans la base : matériels et marchandises étaient ainsi déchargées directement à l’abri. Des filets pare-éclats étaient vraisemblablement tendus du côté du Scorff afin de protéger l’intérieur des alvéoles, comme le suggèrent les importantes fixations visibles sur le front ouest.Les bassins nord et sudLes deux bassins mesurent 98,40 m de longueur (99,50 m sur le plan français) pour une largeur de 17,55 m : ils sont desservis par des quai mesurant 2 m de largeur (2,1 m pour les quais extérieurs) avec platelage en bois. Le long des quais, à intervalles réguliers, se trouvent des postes d’amarrage sur caisson flottant suivant le niveau de l’eau, reconnaissables à leur taquet. Sur les quais, se trouvent des organeaux, des bittes d’amarrage et des cabestans électriques à commande à pédale (marqués au nom de l’établissement ""Hillairet Paris Persan""). Sous les quais passaient les fluides destinés à avitailler les sous-marins : eau douce, carburant, air comprimé et eau salé pour l’extinction en cas d’incendie du sous-marin à quai. Sur les murs de refend de la base sont encore fixés des tableaux et prises électriques de différentes capacités.Une station de pompage se situe à l'angle nord-ouest de la base. Elle alimentait vraisemblablement le réseau d’eau en cas d’incendie.Les locaux situés derrière les bassins et la ""rue""Derrière les bassins et la ""rue"" se trouvent des ateliers de réparation, des magasins, des bureaux et des casernements sur trois niveaux : rez-de-chaussée, entresol désigné comme ""mezzanine"" et premier étage. Un escalier en béton armé dessert le premier étage et le pont roulant de chaque alvéole.Les ponts roulants des alvéolesLes alvéoles nord et sud sont chacune équipées d'un pont roulant électrique Levman construit à Livry-Gargan. Avec son treuil électrique d'une capacité maximale de 2 tonnes, le pont roulant permettait le levage et le transfert de charges lourdes. L'ensemble est peint en jaune pour être bien visible des ouvriers. Les chemins de roulement du pont sont en place. Les communications entre les alvéoles et les locaux techniques Les deux alvéoles communiquaient à l’origine avec les locaux techniques et la centrale électrique, par un large passage percé au rez-de-chaussée (débouchant dans la partie sud des locaux techniques) et par un passage piéton percé au premier étage (débouchant dans la partie nord). L’épaisseur du mur en béton armé atteint 3 m et le niveau de sol des alvéoles est plus bas que celui des ateliers techniques (différence estimée à 80 cm). Ces deux passages sont fermés par un mur de brique monté au ciment (état en 2023).Etat sanitaire généralLa base de sous-marins du Scorff demeure dans un bon état général de conservation : des désordres sont cependant observables à l’intérieur des alvéoles du fait de l'infiltration de l’eau de pluie au niveau des joints de la dalle de couverture entraînant la corrosion des tôles nervurées en acier du plafond. Certaines palplanches montrent également des signes de corrosion. Les ponts roulants sont en mauvais état et non fonctionnels. A l’extérieur de la base, un filet empêche les éclats de béton - fragilisé par la corrosion du ferraillage - de tomber au sol. Le remblai situé le long du mur sud contribue à maintenir l'humidité au pied du mur.

Technique du décor des immeubles par nature

Peinture ; fonderie

Description de l'iconographie

"Numérotation des bassins : 1, 2, 3 et 4 ; Consignes sur les murs des alvéoles : ""Attention ! [peinture rouge] Aux chargements d'huile pas de lumière oud[v]erte. J[I]l est défendu de fumer, souder et bruler [peinture noire]"" (x 2) ; Signalétiques : - sur le mur de refend, au niveau de la ""rue"", grande croix rouge sur fond blanc, flèche pointant vers le sud et inscription ""[illisible] Tel : 804"". En-dessous, l'inscription : ""Toiletten"" [toilettes] avec en-dessous, une flèche pointant vers le sud ; - sur les quais, inscription ""Umformer"" qui signifie convertisseur (x 2) ; ""Vorkante Vorslever [?]"" que l'on peut traduire par levier avant du bord avant.- aux endroits de passage, ""DÉFENSE DE FUMER"" ; - dans l'alvéole sud, au rez-de-chaussée à l'entrée du magasin : ""DCM SERVICE MATERIEL ANTIPOLLUTION"" ; - dans un magasin situé au premier étage : ""IL EST FORMELLEMENT INTERDIT AU PERSONNEL DE GRIMPER SUR LES ETAGERES / DE REMPLIR LES ETAGERES A PARTIR DU HAUT / DE LES VIDER A PARTIR DU BAS / DE STOCKER LES CHARGES LES PLUS LOURDES EN HAUTEUR"".Sur les cabestans électriques des quais : ""ET.[ablissement] HILLAIRET PARIS PERSAN""."

Dimensions normalisées des édicules uniquement

Selon les plans et coupes de l’Armée française (plans vers 1970-1980).

État de conservation (normalisé)

Bon état ; remanié ; inégal suivant les parties ; état moyen

Protection et label

Intérêt de l'édifice

Vestiges de guerre ; à signaler

Eléments remarquables dans l'édifice

Blockhaus ; arsenal ; édifice logistique ; centrale électrique

Statut juridique

Statut juridique du propriétaire

Propriété de la région

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2019

Date de rédaction de la notice

2019 ; 2023

Noms des rédacteurs de la notice et du dossier

Lécuillier Guillaume

Typologie du dossier

Dossier individuel

Adresse du dossier Inventaire

Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35

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Vue générale depuis le sud-ouest, front ouest
Vue générale depuis le sud-ouest, front ouest
(c) Région Bretagne
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Vue générale du front ouest orienté vers le Scorff. Un pylône surmonte la base
Vue générale du front ouest orienté vers le Scorff. Un pylône surmonte la base
(c) Région Bretagne
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