Les aménagements portuaires de la Loire : commune de Cosne-Cours-sur-Loire (Nièvre)
Bourgogne ; Nièvre (58) ; Cosne-Cours-sur-Loire
Région Centre-Val de Loire
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, la Loire est divisée en deux bras vis-à-vis de la ville de Cosne-Cours-sur-Loire (voir le plan de 1781). L'île séparant ces deux bras est très étendue : en 1821, elle mesurait environ 500 mètres de large sur 3200 mètres de long. Actuellement cette île est rattachée à la rive gauche. Ce rapprochement est le résultat de travaux entrepris à partir du milieu du XVIIIe siècle. Vers 1754, une chevrette est en effet établie à l'entrée du bras gauche afin de diriger les eaux vers le bras droit du fleuve pour maintenir la navigation du côté de la ville. L'ouvrage consiste en un barrage submersible bâti en pierres sèches qui oblige les eaux lorsqu'elles sont basses à passer toutes dans le bras droit et qui, dans les temps de crues, leur laisse un vaste débouché. Les travaux sont conduits sous la direction de l'ingénieur des Turcies et Levées de Regemortes. En 1809, l'ingénieur d'Haranguier de Quincerot propose de remplacer la chevrette par un barrage insubmersible pour s'affranchir des dépenses importantes d'entretien et de réparation de la chevrette. Le Directeur général des Ponts-et-Chaussées ordonne l'exécution de ce barrage en 1810. Les travaux débutent en 1812 mais ils sont ajournés en raison d'un manque de crédit. Alors que les travaux viennent de reprendre en 1820, une crue importante emporte au mois d'octobre de la même année 14 mètres de barrage et une partie de l'île. On abandonne alors le projet de barrage et on décide de réparer la chevrette. Un plan daté de 1822 permet de déterminer l'emplacement du barrage non abouti : sur l'île, au niveau de la ville de Cosne et placés perpendiculairement au fleuve. A l'extrémité est du barrage, on note la présence d'une grande rampe double assurant le passage du sommet du barrage aux berges du fleuve. Le plan de l'île de Cosne daté de 1836 montre que l'axe des ponts construits en 1834 reprend le tracé de l'ancien barrage. Les vestiges du barrage sont entièrement détruits en 1825. La chevrette est en revanche régulièrement entretenue tout au long du XIXe siècle (des réparations sont encore effectuées en 1887). Un pont sur la Loire est édifié dès le 1er siècle après J.-C. entre Cosne-Cours-sur-Loire (Nièvre) et Boulleret (Cher). L'ouvrage perdure jusqu'à la fin du 2ème siècle au moins. Il semble qu'il n'y a pas de nouveau pont à cet endroit entre cette période et le XIXe siècle. La traversée du fleuve s'effectue alors au moyen d'un bac. La mention la plus ancienne d'un passage à Cosne date du XIIIe siècle. Au milieu du XVIe siècle, le droit de passage appartenait en partie à l'évêque d'Auxerre, aux abbés de Saint-Satur et au chapitre de Saint-Laurent à Cosne. Un plan daté de 1781 montre que la traversée s'effectuait en deux temps, de part et d'autre de l'île de Cosne. Cette situation est probablement liée à l'extension aval de l'île au XVIIIe siècle. Le bac perdure jusqu'en 1834, date d'établissement d'un pont suspendu. Cet ouvrage est reconstruit en 1959 par l'entreprise Baudin de Châteauneuf-sur-Loire. L'histoire du port de Cosne est étroitement liée aux Forges de La Chaussade fondées en 1735 par Pierre Babaud de La Chaussade (1706-1792) et rachetées par l'Etat en mars 1781. L'établissement est spécialisé dans la fabrication d'ancres et d'objets destinés à la Marine royale. L'activité décline à partir des années 1860 et les Forges ferment définitivement en 1871. Avant l'arrivée de Babaud de La Chaussade au début du XVIIIe siècle, des moulins avaient déjà été établis sur la rivière du Nohain, près de sa confluence avec la Loire. Le plan du comté de Sancerre daté de 1674 et la carte de la Loire levée en 1727-1730 figurent ces établissements. Les aménagements portuaires de Cosne consistent actuellement en deux sites principaux : -le port de Cosne (il regroupe les anciens ports de la Pescherie et de la Madeleine (dit aussi port aux Ancres) -le port refuge (gare d'eau) Certains documents et plans mentionnent également deux lieux dénommés Port Aubry (1727-1730, 1813, IGN actuelle) et Port à la Dame (1674, 1720, 1784, 1834, 1851, 1859). Il semble qu'il s'agisse d'un seul et même endroit situé à environ deux kilomètres en amont de Cosne. Un texte de 1784 rapporte que l'on envisage d'utiliser les pierres de la carrière du Port à la Dame pour la construction du port de Saint-Thibault (commune de Saint-Satur dans le Cher, à environ sept kilomètres en amont de l'actuel Port Aubry). Enfin, on note également la présence sur certains plans (1846 et 1852) d'une cale double à tablier haut située à environ 100 mètres en amont de l'emplacement de la grue. Cet ouvrage est semble-t-il réalisé vers 1845 dans le cadre d'un projet plus vaste, celui d'un "nouveau chemin de halage de Cosne au Port à la Dame" (plan de 1846). La cale double n'a pas été retrouvée sur le terrain. Dans une requête des habitants de la paroisse de Saint-Agnan de Cosne datée du 26 mars 1786, il est précisé que les bateaux abordant dans cette ville sont chargés "d'épicerie, d'huile, de fruits et d'autres denrées de consommation", que ces marchandises y sont exposées à la vente et que c'est là que "toute la ville et même les marchands vont les chercher". Les autres marchandises déposées sur ce port consistent en fer, bois de charpente, bois de marine, bois à brûler, cercles, charniers, merrains, grains, vins, poinçons, caissons, barils, pierres de taille, meules. Sont également cités les produits des "vendanges" provenant des environs (Tracy, les Loges, Pouilly, Sancerre, Saint-Satur). L'enquête nationale conduite par le ministère de l'Intérieur en 1811 sur les moyens de transport, rapporte que les principales denrées qui se chargent à Cosne sont les suivantes : vins, fers, cercles, charniers, carreaux, tuiles, briques et avoine. Ces données ne tiennent manifestement pas compte des objets fabriqués et exportés par les Forges. En 1839, les marchandises embarquées sont des ancres, des essieux de frégate à vapeur, des clous pour les navires et de la coutellerie. Concernant le trafic, l'enquête de 1811 rapporte qu'environ 150 bateaux servent au transport des marchandises sur la Loire à Cosne. Les principaux lieux de destination sont Paris, Orléans, Tours, Saumur, Angers, Nantes et Digoin. En 1828, l'ingénieur ordinaire estime qu'il n'y a ordinairement en stationnement près de Cosne qu'une douzaine de bateaux appartenant aux mariniers de cette ville et qui servent à l'exploitation des forges royales et au transport de fers ou d'autres marchandises. Il précise que les bateaux qui descendent ou remontent la Loire ne stationnent jamais à Cosne, même en cas de crues ou de débâcles où ils se rangent ordinairement dans les gares de Briare ou de Neuvy-sur-Loire. La situation a semble-t-il changé 17 ans plus tard puisque l'ingénieur en chef précise que le nombre de bateau est souvent très considérable à Cosne, tant des bateaux de passage en fraction temporaire que ceux en charge ou déchargement. Parmi ces derniers on doit compter ceux des forges royales. A partir de 1807, l'Administration décide que certains ports (les ports d'assise et les ports d'arrivage) doivent être surveillés par un garde-port rémunéré par les mariniers suivant les marchandises qui y sont déposées. Le port de Cosne, d'abord classé comme port d'assise, est finalement soumis à un tarif particulier ce qui n'a, semble-t-il, pas éviter la présence d'un garde-port dans la ville. L'un d'entre eux est en effet mentionné sur la ville en 1813 (le port de Cosne et celui de Myennes sont tenus par le sieur Soubleau) et en 1860 lorsque les fonctions de ces agents sont supprimées (décision ministérielle du 4 mai 1860). Entre 1854 et 1857, un embranchement de 690 mètres de long est creusé pour relier le canal latéral à la Loire (rive gauche du fleuve) à la Loire sur la commune de Saint-Satur. Cet embranchement débouche dans le fleuve à environ dix kilomètres en amont de Cosne-Cours-sur-Loire et de dix à vingt kilomètres en aval des villes de Pouilly-sur-Loire et La Charité-sur-Loire. Il assure un débouché plus sûr aux produits exportés par ces villes à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Sa présence a peut-être aussi obligé un entretien de la navigation sur la Loire plus tardif entre La Charité et Cosne malgré l'arrivée du chemin de fer dans ces localités : ouverture de la ligne reliant Nevers à Gien en 1861 et de celle reliant Bourges à Cosne en 1893.
Située sur la rive droite, à la confluence de la Loire et du Nohain, la ville de Cosne-Cours-sur-Loire bénéficiait d'un port établi de part et d'autre du pont (le port de Cosne) et, plus en aval, d'une gare assurant un refuge aux bateaux pendant les temps de crues et de glaces.
2012
(c) Région Centre-Val de Loire, Inventaire général
2013
Mauret-Cribellier Valérie ; SIRS SA/CPIE Touraine-Val de Loire
Présentation de l'aire d'étude
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