Port
Port de rive
Port dit port de Cosne
Bourgogne ; Nièvre (58) ; Cosne-Cours-sur-Loire
Région Centre-Val de Loire
Cosne-Cours-sur-Loire
En ville
Loire (la)
4e quart 18e siècle ; 1ère moitié 19e siècle
Babaud de La Chaussade Pierre (propriétaire)
L'histoire du port de Cosne est étroitement liée aux Forges de La Chaussade fondées en 1735 par Pierre Babaud de La Chaussade (1706-1792) et rachetées par l'Etat en mars 1781. L'établissement est spécialisé dans la fabrication d'ancres et d'objets destinés à la Marine royale. L'activité décline à partir des années 1860 et les Forges ferment définitivement en 1871. Dans un courrier adressé à Trudaine le 4 août 1746 (signature illisible), il est précisé que la forge de Cosne « où se fabriquent les ancres nécessaires pour le service des vaisseaux du roi est exposée à être emportée par le courant des eaux de la Loire qui depuis quelques années ont enlevé plus de 150 toises de terrain du côté de la ville ». Des mesures doivent être prises pour résister aux crues violentes du fleuve et garantir le faubourg Saint-Agnan qui protège la forge (l'église Saint-Agnan est située immédiatement en amont des forges). On ne connaît pas la date exacte de la décision de faire construire un quai maçonné vis-à-vis de Cosne mais on sait que le roi a ordonné la construction d'un quai "quelques temps avant de faire l'acquisition des forges" (le 8 mars 1781). On sait également qu'en décembre 1776, le roi concède à la ville une butte artificielle de terre et pierres dite « tour Froide » et qu'en décembre 1781 les notables de la ville se félicitent qu'un quai le long de la Loire ait été construit avec les pierres de démolition de cette butte. Les travaux le long du fleuve se poursuivent durant les années suivantes : en octobre 1783, l'entrepreneur Moreau travaille encore sur les quais. Le plan de 1785 mentionne quant à lui des "quai nouvellement construits" vis-à-vis des Forges royales. Dans une requête des habitants de la paroisse de Saint-Agnan de Cosne adressée le 26 mars 1783 à l'évêque d'Auxerre (seigneur du lieu), on apprend que le quai est construit aux frais du roi et qu'il s'étend "depuis et compris le port de la Pêcherie de cette ville et jusque y compris une partie du port de la Madeleine, ce qui en fait une étendue de terrain assez considérable". Il est également spécifié que les différents débouchés de la rivière du Nohain dans le fleuve seront enjambés par des "arcades" (ponceaux) qui permettront de former une communication au niveau des bords de Loire entre les deux paroisses de la ville (Saint-Agnan et Saint-Jacques). En outre, il faut préciser que, déjà durant le troisième quart du XVIIIe siècle, Babaud de La Chaussade avait fait construire "en pente et en perré" un espace de 25 à 30 pieds (8 à 10 mètres) de large sur le bord de la Loire pour faciliter l'accostage et les chargements et déchargements des marchandises vis à vis de l'usine. Au cours du XVIIIe siècle, les maîtres des forges empiètent sur l'espace communal, notamment par l'achat de biens fonciers et par l'occupation d'une partie du port public pour y déposer des ancres à expédier. En 1751, Babaud de La Chaussade demande que le port public soit déplacé vers l'amont pour installer des logements pour les ouvriers des forges ce qui entraine le mécontentement des habitants. En 1783, le directeur des forges royales projette d'inclure le port de la Madeleine dans l'enceinte des forges. Les habitants s'estiment lésés par ces empiètements successifs et craignent de perdre l'usage du port de la Madeleine. En 1792, les habitants et les usagers du port se plaignent à nouveau que les quais de Cosne ne sont accessibles que depuis ses deux extrémités amont et aval. Cette situation les oblige à des longs détours. Ils mentionnent une ancienne communication reliant la ville et le milieu du quai qui a été usurpée au XVIIe siècle par les religieux augustins puis par les agents des forges de La Chaussade. Le Conseil général de la commune décide par arrêté du 16 décembre 1792 que la rue du Port (actuellement rue Thême) doit de nouveau être reliée au quai de Loire en traversant le terrain usurpée par les Forges. Cette rue accédant au fleuve est visible sur le plan de 1807. Une grue est attestée depuis le tout début du XIXe siècle (première mention sur le plan de 1807). A cette date, elle sert « au chargement des ancres et autres objets destinés pour les ports du Ponant et du levant" (de l'Océan et de la Méditerranée). L'ouvrage de manutention est mentionné jusqu'au milieu du XIXe siècle. Nous ne savons pas à quelle époque la grue a été enlevée de sa plateforme (cette dernière existe encore actuellement). On sait par ailleurs que Babaud de La Chaussade avait lui-même songé à établir une grue pour faciliter les chargements des ancres (avant 1781) et que l'entrepreneur des quais en avait placé une pour aider à la manutention des pierres de taille utiles aux travaux. Au tout début du XIXe siècle (1809-1813), les pavés et les perrés du quai de Cosne sont réparés. En 1827, le garde-port expose que le port de la ville est habituellement encombré d'un double rang de bateaux vidangés (vides) attachés au quai et qu'il en résulte des inconvénients pour les bateaux chargés qui souhaitent aborder. A partir du 20 octobre 1827, un arrêté préfectoral oblige par conséquent les bateaux vides (sauf bac, batelet, bachots et bascules) à se garer dans la gare située à l'extrémité aval du port (voir notice sur le port refuge de Cosne). Il semble que le port ne subit pas de modification importante avant le milieu des années 1840, période durant laquelle un "nouveau chemin de halage de Cosne au Port à la Dame" (plan de 1846) est réalisé en amont du port de Cosne. Le projet comprend, en plus du chemin de halage proprement dit, l'établissement d'une cale abreuvoir simple située immédiatement en amont de la grue, d'une cale double à tablier haut (non repérée sur le terrain) à environ 100 mètres en amont, d'un perré reliant ces deux ouvrages et d'une levée d'environ 1000 mètres reliant la cale double et le lieudit « Port à la Dame » (actuellement Port Aubry). Les travaux sont réalisés suite à la réclamation du conseil municipal qui s'inquiète en 1842 des dommages que pourraient causer les assauts de la Loire sur la partie aval du port. L'alignement des quais de Cosne est fixé en 1845 et un plan d'alignement est dressé à cette occasion par l'ingénieur Mutrécy-Maréchal. La même année, plusieurs voituriers par eau se plaignent que les manoeuvres d'abordage et d'amarrage sont difficiles sur le quai de Cosne et même dangereuses lorsque les eaux atteignent 1,50 m à 2 m au-dessus de l'étiage (niveau d'eau le plus favorable à la navigation). Ces difficultés tiennent à la rapidité du courant, à la profondeur des eaux le long des perrés et au défaut de poteau d'amarre. Certains bateaux doivent mouiller l'ancre, d'autres mettent l'ancre à terre : le chemin de halage se trouve alors encombré et les perrés sont souvent endommagés. On propose de poser une quinzaine de poteaux d'amarre. L'appellation « Port de Cosne » est utilisée tout au long du XIXe siècle, toutefois les textes et les plans plus anciens mentionnent trois autres ports : le « Port aux Ancres », le « Port de la Madeleine » et le « Port de la Pescherie » : -Le Port de La Madeleine (mentions de 1783 à 1789) était situé au niveau de la grue. Il prend le nom de Port aux Ancres au tout début du XIXe siècle (mentions de 1807 à 1846). Le plan levé par le géomètre Perrin vers 1810 désigne d'ailleurs cet emplacement sous le nom de « port aux Ancres ou de la Madeleine ». -Le Port de la Pescherie (mentions de 1770 à 1787) était situé au niveau de l'actuelle Place Dauphine A partir du milieu du XIXe siècle, seule l'appellation « Port de Cosne » est utilisé. Elle recouvre, contrairement aux autres ports plus localisés, un espace relativement important (environ 500 mètres de long) compris entre les deux cales abreuvoirs simples actuelles. En 1885, la ville de Cosne est autorisée à effectuer des plantations d'arbres à haute tige sur les parties du quai de Loire situées au droit de l'ancienne place des Forges (emplacement de l'ancien port aux Ancres) et de la place de la Victoire (emplacement de l'ancienne place de la Pescherie). Ces plantations sont visibles sur le plan dressé par le conducteur Lejault en 1896. Elles marquent la fin de l'utilisation des espaces portuaires de Cosne, sans doute abandonnés depuis déjà quelques années. Durant le XXe siècle, le port est délaissé et ne subit pas de transformation notable. Dans les années 2000, les perrés font l'objet de travaux de réfection et de 2008 à 2011 le quai maréchal Joffre est complètement réaménagé.
Situé rive droite, de part et d'autre du pont, le port de Cosne-Cours-sur-Loire est établi à la confluence de la rivière du Nohain et de la Loire. Le port est composé des éléments suivants, de l'amont vers l'aval : - une cale abreuvoir simple construite vers 1845 située à l'emplacement de l'ancien Port de la Madeleine ou Port aux Ancres (en amont du pont, vis à vis des Forges) - une plateforme recevant autrefois une grue - une grande cale abreuvoir en long à tablier haut située de part et d'autre du pont - une cale abreuvoir simple (fin XVIIIe ou tout début XIXe mais probablement refaite plus tard) située à l'emplacement de l'ancien port de la Pêcherie (en aval du pont).
Propriété publique
2012
(c) Région Centre-Val de Loire, Inventaire général
2013
Mauret-Cribellier Valérie ; SIRS SA/CPIE Touraine-Val de Loire
Dossier individuel
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06