Port
Port refuge
Port dit port refuge (ou gare) de la Nièvre
Bourgogne ; Nièvre (58) ; Nevers ; Médine (quai de)
Région Centre-Val de Loire
Nevers
Médine (quai de)
En ville
Loire (la) ; Nièvre (la)
18e siècle ; 19e siècle
L'embouchure de la Nièvre à Nevers a probablement été utilisée comme abri à bateaux pendant des périodes anciennes. Au XVIIIe siècle, cette occupation est attestée par l'établissement à cet emplacement du port de Médine en 1751 et par un plan daté de 1793-1794 y représentant des bateaux. Le site était protégé des assauts du fleuve par la levée de Médine dont on ne connaît pas la date de construction et qui a été modifiée et exhaussée en 1862-1865 lors des travaux de défense de la ville puis écornée par l'implantation de la Maison de la Culture à la fin des années 1960. Au début du XIXe siècle, l'utilisation de la Nièvre comme refuge et port est bien établie et un arrêté préfectoral relatif à la police et à la navigation dans la gare de la Nièvre est prescrit le 6 octobre 1819. Ce document précise qu'il importe d'assurer le placement du plus grand nombre de bateaux dans le bassin et d'y prévenir les encombrements. Les mariniers sont notamment tenus de réserver au milieu de la gare un passage commode pour la circulation et de laisser l'entrée du bassin libre d'accès. A cette date, seule la partie située en aval du Pont Madame est occupée et on projette d'augmenter les dimensions de la gare en la prolongeant vers l'amont. En 1822, l'inspecteur général de la navigation déplore de nouveau l'encombrement de la gare et propose un arrêté supplémentaire qui imposerait un maximum de trois rangées de charbonnières (bateaux) en stationnement. L'année suivante, l'ingénieur ordinaire précise que la gare mesure 20 à 35 m de large sur 797 m de long, ce qui nous apprend que l'espace occupé par la navigation a été repoussé vers l'amont, au-delà du Pont Madame (et non au-delà du pont Cizeau car la Nièvre y est barrée par des moulins). Un nouvel arrêté préfectoral (15 mars 1823) instaure un règlement relatif au stationnement des bateaux dans la gare agrandie : il instaure notamment que les bateaux vides doivent être systématiquement remontés au-dessus du Pont Madame pour ne pas gêner l'activité dans le bassin. A partir de 1829, un pont en charpente enjambe la gare de la Nièvre. Cet ouvrage supportait les tuyaux conduisant l'eau au château d'eau depuis la pompe à feu située sur l'extrémité de la levée de Médine. Dénommé « pont de Gêne », il devait représenter une contrainte pour les mariniers, l'ouvrage est détruit en 1863. En 1831, une commission désignée pour rédiger un projet de règlement pour les ports de Nevers expose que le bassin de la Nièvre est beaucoup trop étroit pour recevoir tous les bateaux et qu'il serait possible de l'agrandir en creusant le lit de la rivière en amont du pont Madame. Cette solution ne semble pas être retenu et l'arrêté préfectoral fixant la police des ports et bassin de Nevers du 23 novembre 1831 rend compte, à nouveau, des contraintes de place dans la gare. L'arrêté précise en effet que, hors opération de chargement et déchargement, les bateaux ne pourront pas stationner dans la gare et qu'ils devront être placés en amont du Pont Madame ou sortir du bassin. Comme en 1819, il est spécifié qu'un passage de dix mètres au moins est réservé au milieu de la gare pour la circulation des bateaux et que ce chenal ne peut être interrompu que pendant les glaces ou les crues extraordinaires. La volonté d'agrandir et perfectionner la gare se manifeste encore en 1832 avec la rédaction d'un projet d'amélioration suite à la demande du maire qui estime que cette gare est devenue trop petite et n'offre plus un abri assuré à tous les bateaux qui souhaitent s'y ranger pendant la saison des glaces et des crues. Des dragages sont réalisés et des perrés construits en 1834. Durant les années suivantes et jusqu'à la fin du XIXe siècle, le bassin est régulièrement curé pour évacuer les vases qui s'y accumulent. Entre 1862 et 1865, dans le cadre des travaux de défense de la ville de Nevers contre les inondations, un ouvrage équipé de portes de garde que l'on fermait en cas de crue de la Loire est construit à l'entrée de la gare de la Nièvre : le pont Mal Placé existe encore aujourd'hui mais a été très remanié. On note la présence sur le plan de 1879 d'un "bief de la Poissonnerie" en aval du Pont Cizeau. L'endroit était destiné aux pêcheurs qui venaient décharger leurs bascules à la grande poissonnerie de Nevers désaffectée de cet usage à la fin du XIXe siècle et détruite au début des années 1980. La rue de la Poissonnerie existe encore aujourd'hui. En 1888, la gare de la Nièvre sert de refuge par temps de crues et glaces aux lavoirs, aux pontons et à d'autres bateaux de Loire. Elle reçoit en outre les eaux de plusieurs égouts de la ville. A partir de cette période, un grand nombre d'habitants se plaignent de l'encombrement de la rivière de Nièvre par les détritus de toutes sortes et ils demandent qu'il soit remédié à cet état de chose qui pourrait engendrer de graves épidémies. Cette situation perdure jusqu'aux années 1950, époque où il est décidé de raser le quartier des Pâtis et de combler la gare de la Nièvre afin d'y établir la déviation de la RN 7 (1958-1962). L'ancienne chapelle Saint-Nicolas (patron des mariniers) établie sur l'île des Pâtis est détruite en 1958 alors qu'elle était inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1942. La Maison de la Culture est construite entre 1966 et 1971 à l'emplacement de l'ancienne gare d'eau. Actuellement, la rivière de la Nièvre est beaucoup moins présente à Nevers qu'autrefois : elle est en partie souterraine et la plus grande partie de ses eaux est déviée vers le canal de dérivation de la Nièvre, à l'est de la ville.
Située à l'embouchure de la rivière de la Nièvre (rive droite), la gare d'eau mesurait environ 35 mètres de large sur 800 mètres de long (au-delà du Pont Madame) ou 550 mètres (jusqu'au Pont Cizeau) suivant les deux bras principaux de la rivière. Sur les berges de la gare étaient établis deux ports : le port de Médine (rive gauche) et le port de la Nièvre (rive droite). Ces deux ports ont été étudiés individuellement. La gare n'existe plus aujourd'hui.
Propriété publique
2012
(c) Région Centre-Val de Loire, Inventaire général
2013
Mauret-Cribellier Valérie ; SIRS SA/CPIE Touraine-Val de Loire
Dossier individuel
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06