Maison
Maison de villégiature
Villa Les Myosotis
Colonie de vacances
Maison 5 avenue Claude Dellys dite Villa Les Myosotis, puis maison d'enfants
Bourgogne-Franche-Comté ; Nièvre (58) ; Saint-Honoré-les-Bains ; Claude Dellys (avenue) 5
Bourgogne-Franche-Comté
Claude Dellys (avenue) 5
2019 AD 144-145
En village
Parc
Quartier thermal
IA58001202
4e quart 19e siècle ; 1er quart 20e siècle
3e quart 20e siècle ; 4e quart 20e siècle
1895 ; 1906 ; 1914
Daté par source ; daté par source ; daté par source
Attribution par source ; attribution par travaux historiques ; attribution par source ; attribution par source
Mathé Henriette (commanditaire ; propriétaire) ; Largier Paul (commanditaire ; propriétaire)
À cet emplacement est d'abord construite une modeste maison (4 ouvertures) par le peintre sur verre Lucien-Léopold Lobin au début des années 1880. La fréquentation de la station thermale par l'artiste explique sans doute son intervention dans plusieurs villas, dont celles du docteur Binet et du docteur Collin.Construction de la villaHenriette Mathé, rentière résidant à Paris, achète le terrain en 1893. Elle s'adresse à l'architecte départemental Claude Camuzat, qui fait construire une villa qui correspond aujourd'hui à la partie sud de l'édifice actuel. On la reconnaît dans son état ancien sur les cartes postales qui circulent dans la première décennie du 20e siècle. Le travail de l'architecte est exceptionnellement bien documenté. On conserve en effet environ 80 dessins (Archives départementales de la Nièvre, fonds Charles Brazeau) correspondant à cette première campagne de travaux. Ils couvrent une période allant d'août 1893 à avril 1895. La villa est achevée cette année-là et compte alors 27 ouvertures. Dès le premier projet (8 août 1893), les principaux éléments du plan et des élévations sont en place. À la suite vraisemblablement d'une demande du commanditaire, un deuxième projet est rapidement présenté. Au détriment de l'une des deux chambres du rez-de-chaussée qui perd sa garde-robe, un escalier en vis est ajouté pour desservir tous les niveaux, y compris le sous-sol (cuisines et bûchers) et les combles (chambres de bonnes). L'architecte présente enfin un troisième et dernier projet (6 septembre 1893) dans lequel il modifie la disposition des alcôves des chambres à l'étage. Le plan définitif ne semble être adopté que le 5 mai 1894. La dernière modification concerne la toiture et la façade nord. La croupe de la toiture vient remplacer le pignon couvert initialement prévu. Parmi les autres documents datés on compte les plans du solivage (5 juin 1894) et divers dessins d'exécution : consoles du balcon et dessus de la porte d'entrée (1er juillet 1894), corniches et moulures extérieures (22 août 1894, 17 septembre 1894, 11 octobre 1894) ou encore balustres et couronnement de balustrade (5 décembre 1894, 20 avril 1895). L'architecte dessine aussi la porte d'entrée (25 octobre 1894), les lambris en sapin du salon et de la salle à manger (novembre 1894) et les corniches des petites chambres (15 janvier 1895). On conserve enfin un dessin du décor de ferronnerie du dessus de la porte d'entrée au chiffre d'Henriette Mathé daté du 26 avril 1895. Pour le garde-corps des deux balcons, l'architecte reprend sans doute un modèle existant. Charles Brazeau l'utilise en effet dans un édifice qu'il signe à Nevers (actuellement, immeuble n°1 square de la Résistance) et on le retrouve ailleurs (immeuble n°10 avenue Marceau, immeuble n°22 avenue Hoche, maison n°40 rue Jean-Baptiste Gresset).Agrandissement de la villaC'est au printemps 1906 qu'un projet de jardin d'hiver est élaboré par l'architecte. Après avoir d'abord songé à créer deux vérandas adossées de part et d'autre de la villa, l'une ouvrant sur la salle à manger au sud et l'autre sur le salon au nord, il propose la construction d'un véritable édicule isolé de plan octogonal. On en conserve un plan daté de mai 1906. Le jardin d'hiver est érigé sur un soubassement et relié à la villa par un passage, peut-être suspendu, donnant sur un couloir aménagé en sacrifiant l'alcôve de l'une des chambres du rez-de-chaussée. E. Renault ou E. R. Chault (?), constructeur à Nevers, a apposé deux plaques de firme. Le sol est sans doute dès cette époque décoré d'une mosaïque. Ce jardin d'hiver est agrandi tardivement (sans doute dans les années 1930-1940). Les panneaux métalliques des anciens côtés sont remontés en façade orientale, et le décor de mosaïque du sol est complété par de simples carreaux de céramique.Henriette Mathé, désormais épouse Carrez, fait agrandir la villa avant la première guerre mondiale. Camuzat lui propose la construction d'un pavillon de plan carré au nord. Les projets datent de novembre 1912 et de mars 1913. Ils montrent une hésitation quant à la distribution. Dans certains dessins, le pavillon se présente comme une extension autonome, relié à la villa par un couloir et cloisonné pour former un appartement. Le parti finalement adopté consiste au contraire à créer à chaque niveau du pavillon une seule grande pièce largement ouverte sur le reste de l'édifice pour former un grand appartement. Pour permettre la circulation entre le deuxième étage carré du nouveau pavillon et la villa, la toiture de cette dernière est exhaussée (projets de charpente datés de mai 1913). Les trois anciennes lucarnes en pierre sont conservées. En août et septembre 1913, l'architecte élabore la forme de la toiture, des chéneaux et des corniches du nouveau pavillon. C'est sans doute à cette époque que sont dessinés les autres détails ornementaux (lucarnes et agrafe). Les travaux de menuiserie sont confiés à Jean-Marie Perceau de Saint-Honoré-les-Bains. Les toitures sont enfin ornées des riches crêtes faitières et d'épis en forme de vase (modèle de l'album Miltgen) qui ont depuis été remplacés. L'appui des baies du second étage (modèle de l'album Durenne) est en revanche encore en place, tout comme le garde-corps du balcon exécuté selon le même dessin que celui des deux premiers balcons. Les travaux portent également sur l'aménagement intérieur (décor du couloir d'entrée, décor de la salle de bain, décor du grand salon au rez-de-chaussée et de la grande chambre au premier étage). Les travaux sont sans doute achevés au début de l'année 1914.Aménagement de la maison d'enfantsLa Villa Les Myosotis reste la propriété de la famille Mathé-Carrez jusqu'à la mort sans héritier d'Henriette Carrez en 1953. Le demeure revient alors à l’État, qui y établit une colonie de vacances pour les enfants d'Algérie, et notamment les victimes du tremblement de terre d'Orléansville de septembre 1954. Le séjour des enfants à Saint-Honoré-les-Bains a été immortalisé par un film du Service cinématographique du gouvernement général de l'Algérie. Au nord de la villa, le bâtiment à deux niveaux abritant les dortoirs et celui en rez-de-chaussée aménagé en salles de classes doivent avoir été construits autour de 1955. Les cuisines se situent en revanche encore au sous-sol de l'ancienne demeure, et le jardin d'hiver est utilisé comme réfectoire. La Villa Les Myosotis est finalement donnée par le général de Gaulle à l'Ordre des Pupilles d'Alger en 1962. Le domaine est loué par le docteur Paul Largier à partir de 1968. D'importants travaux sont effectués à partir de cette date pour moderniser la maison d'enfants, établissement privé dont il devient le directeur. Le bâtiment des classes est doublé en longueur (vers le nord) et en profondeur (vers l'ouest) et abrite le restaurant, la cuisine, l'économat et la salle des fêtes. Deux bâtiments annexes sont par ailleurs construits pour servir de salle de classe et d'atelier (préfabriqués). Dans la villa elle-même, une grande lucarne rampante permet d'ouvrir plus largement l'étage de comble du côté sud. Le domaine peut ainsi accueillir jusqu'à 70 enfants et adolescents. Sa fermeture en 2013 marque la fin de ce qui constitue l'une des spécificités de la station thermale de Saint-Honoré-les-Bains, inaugurée à la Villa Bon Accueil dans les années 1930. Il n'existe plus aujourd'hui dans la commune de lieu dédié spécifiquement à l'accueil des plus jeunes.La Villa Les Myosotis abrite aujourd'hui des chambres d'hôtes. D'importants travaux ont été récemment réalisés à l'intérieur. Les décors anciens encore en place ont été conservés.
Calcaire (?) ; moellon ; enduit ; calcaire ; pierre de taille ; brique ; métal
Ardoise ; zinc en couverture
Plan régulier
Étage de soubassement ; rez-de-chaussée surélevé ; 2 étages carrés ; étage de comble
Élévation à travées
Toit à longs pans croupe polygonale ; toit à plusieurs pans brisés
Escalier dans-oeuvre : escalier tournant, en charpente
Situation de la villaLa villa est érigée au sein d'un parc qui s'étend aujourd'hui sur 1,36 hectare. Elle domine le flanc sud de la colline des Garennes et bénéficie d'une vue exceptionnelle sur les Pâtureaux et sans doute également à l'origine sur le château de La Montagne, situé à 1 100 mètres à vol d'oiseau. On y accède à l'origine uniquement par l'actuelle avenue Claude Dellys, puisque le domaine ne s'étend pas jusqu'à l'actuelle rue Joseph Duriaux. La frange sud du domaine actuel est en effet un fragment du parc thermal annexé en 1901. La clôture du côté de l'actuelle avenue Claude Dellys est ancienne et partiellement conservée. Elle est composée d'une grille sur muret avec un pilier d'angle. Le portillon donnant sur l'actuelle rue Joseph Duriaux doit être plus tardif. Ils subsistent deux pompes anciennes dans le parc. Une pompe à roue (type pompe à chapelets) est près du puits et une pompe à levier correspondant peut-être à un réservoir souterrain (?) se situe à proximité de la villa. Les cages du terrain de football et les jeux d'enfants (tourniquet et balançoire à bascule) ont été installés à l'époque de la maison d'enfants.Plan et élévation de la villaLa demeure est composée d'un corps de plan rectangulaire de trois travées de longueur et de deux travées de largeur s'élevant sur un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré couvert d'un toit à longs pans, auquel s'ajoute un pavillon de plan carré d'une travée de côté s'élevant sur un rez-de-chaussée et deux étages carrés couvert d'un toit à plusieurs pans brisées et terrasson sommital. La façade principale est tournée vers l'est. Elle associe la pierre de taille et la brique. La travée sud forme un avant-corps à pans coupés surmonté d'une croupe polygonale, auquel fait écho le pavillon également à pans coupés. La porte d'entrée est précédée d'un perron à balustrade. Les fenêtres sont rectangulaires à l'exception de la grande baie à l'étage du pavillon couverte d'un arc en anse de panier. Le premier étage ouvre sur l'extérieur par trois balcons sur consoles en pierre avec garde-corps en fer et fonte. La partie supérieure de la porte d'entrée présente un décor en pierre sculptée (disque et table, volutes, gouttes) et en fer forgé (entrelacs avec chiffre d'Henriette Mathé, la propriétaire).La distribution intérieure se fait à partir d'un couloir qui traverse la demeure et donne accès à l'escalier en bois. Son sol est décoré d'une mosaïque. Du côté nord, au rez-de-chaussée comme au premier étage, deux pièces ouvrent l'une sur l'autre. Elles correspondent à l'actuelle "suite Georges" (à l'origine, salon et grand salon) au rez-de-chaussée et à l'actuelle "suite Henriette" (à l'origine, chambre de toilette et grande chambre) au premier étage. Du côté sud se situent un salon (ancienne salle à manger) et une cuisine (ancienne chambre) au rez-de-chaussée et l'actuelle "suite Catharina" (à l'origine, deux chambres à coucher distinctes) au premier étage. Plusieurs pièces conservent leur parquet ancien, comme la chambre de toilette (parquet à l'anglaise) et la grande chambre (parquet à points-de-Hongrie). Est également conservé le sol d'une salle de bain (située au-dessus du couloir d'entrée) qui ouvrait à l'origine sur la chambre de toilette. La grande chambre du premier étage est la pièce la plus remarquable. Elle ouvre sur la chambre de toilette par une arcade couverte d'un arc en anse de panier qui répond à celui de la baie de la chambre. Les lambris de plâtre sont conservés.Jardin d'hiverLe jardin d'hiver est accessible depuis l'extérieur par un perron. Il donne également sur une pièce du rez-de-chaussée dont on ignore la fonction première (actuellement, une cuisine). La partie centrale, la plus ancienne, repose sur un soubassement couvert d'un plancher métallique (entrevous en berceau segmentaire en brique sur solives métalliques). Une poutre métallique, encore visible dans l'extension, pourrait suggérer que l'accès au jardin d'hiver se faisait à l’origine par un couloir suspendu. Les principaux éléments du décor sont, à l'extérieur, les garde-corps en fer forgé (perron et balconnet) et, à l'intérieur, le décor du sol en mosaïque. Le chiffre du balconnet ("H.M.") est celui d'Henriette Mathé. Celui du sol ("M.C.") doit renvoyer au mariage Mathé-Carrez.
Ferronnerie (étudié dans la base Palissy) ; sculpture (étudié dans la base Palissy) ; mosaïque (étudié dans la base Palissy)
Monogramme ; volute ; entrelacs ; acanthe
Baie rectangulaire ; baie avec arc surbaissé
Restauré
À signaler
Propriété d'une personne privée
2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
2019
Dufoulon Fabien
Sous-dossier avec sous-dossier