Ensemble d'édifices derrière façade ; corps de garde ; beffroi ; maison
Ensemble d'édifices derrière façade (corps de garde, beffroi, maisons)
Hauts-de-France ; Nord (59) ; Condé-sur-l'Escaut ; 22 à 26 place Pierre-Delcourt ; 2, 4 rue du Collège
Communauté d'agglomération Valenciennes Métropole
Marly
Condé-sur-l'Escaut centre
Pierre-Delcourt (place) 22 à 26 ; Collège (rue du) 2, 4
1875D2 541, 542, 544, 545, 546 ; 2010 AR 278 à 281 ; AR 278 à 281
En ville
Prison ; logement
4e quart 18e siècle
1788 ; 1789
Daté par source ; porte la date ; daté par source
En 1787, décision est prise de réédifier conjointement le corps de garde de la place d'Armes (place Pierre-Delcourt) et le beffroi. La reconstruction du corps de garde, sur "un emplacement plus spacieux" (délibération du Magistrat de Condé, 11 juillet 1787), se fait par "ordre du roi" ; la nécessité des autres travaux est causée par la vétusté du beffroi et le souhait d'aligner les nouvelles constructions pour "l'embellissement nécessaire à cette place". En conséquence, s'imposent l'achat et la destruction de cinq petites maisons bâties sur une partie du terrain concerné. L'adjudication de la démolition de la tour du beffroi se déroule cette même année. La convention définissant la répartition, entre le roi et la ville, de la propriété foncière et des frais de construction et précisant en outre la jouissance, le devoir d'entretien et l'usage des nouveaux bâtiments, est acceptée par les deux parties le 7 avril 1788. Cet acte est accompagné des plan, coupe et élévation du projet, dont la réalisation allait se monter à près de 24 000 livres. La convention précisait que le roi prendrait part aux travaux jusqu'à concurrence de 15 186 livres 12 sols, le reste des sommes engagées étant à la charge de la ville. Un rapport équivalent est appliqué à la propriété des matériaux des nouvelles constructions. L'usage est strictement défini : au roi, le corps de garde (deux salles en rez-de-chaussée, le portique, la cour), l'escalier jusqu'au 1er étage de manière à accéder à la salle de "l'aubette" ; à la ville, l'usage du reste de l'étage (les prisons bourgeoises, en front de place), de l'escalier au-delà du premier étage, du second étage, des greniers et bien sûr de la tour du beffroi. Si les plans, dressés en 1788, ne portent aucune signature, les travaux, sans doute achevés en 1789 (date peinte en façade) sont conduits par les officiers du Génie basés à Condé et sont conformes au modèle dessiné, sauf en ce qui concerne le beffroi. Les maisons adjacentes, qui reproduisent un modèle d'élévation identique au bâtiment du corps de garde, sont construites dans le même temps : le n°26 de la place, qui fait retour sur la rue du Collège (n°2), dont l'ébauche de la première travée qui jouxte le corps de garde est figurée sur l'élévation de 1788 ; lui fait suite le n°4 rue du Collège (dénaturée) ; de l'autre côté du corps de garde, la maison portant le n°22 de la place. Dans le courant du XIXe siècle, des travaux, dirigés par les architectes départementaux (Grimault en 1844, Dutouquet en 1880) s'attachent à l'entretien des couvertures et de la maçonnerie. L'horloge est mise en place (ou renouvelée ?) en 1857-58 et remplacée en 1933 ; il est alors précisé que la cloche a été enlevée par les Allemands. L'utilisation du bâtiment au XIXe siècle n'est pas précisée dans les sources consultées. Il semble que l'État (Ministère de la Guerre) et la commune continuent de se partager l'usage de l'édifice. Le 2e étage est donné en location à bail par la ville, à usage d'habitation, jusqu'au moins 1950, comme l'indiquent l'enregistrement des baux et les millésimes des journaux encollés sous le papier peint. Actuellement, la maison portant le n° 22 place Pierre-Delcourt demeure en propriété privée. Le bâtiment du corps de garde ainsi que le beffroi appartiennent à la ville ; les bureaux de l'office de tourisme de Valenciennes-Métropole s'y sont installés fin 2005. Le n°26 place Pierre-Delcourt - 2 rue du Collège (anciennement Café du Beffroi en rez-de-chaussée) a été acquis par la commune en 2001.
Brique ; calcaire marbrier ; calcaire ; enduit partiel ; bossage
Matériau synthétique en couverture ; plomb en couverture ; zinc en couverture ; tuile mécanique
Sous-sol ; 1 étage carré ; 2 étages carrés
Voûte en berceau ; en brique
Élévation ordonnancée
Toit à un pan ; appentis ; dôme circulaire ; toit à longs pans
Escalier demi-hors-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour, en charpente
L'ensemble corps de garde/beffroi correspond actuellement à la parcelle 280 (n°24 place Pierre-Delcourt). Il s'agit d'un édifice s'élevant en façade sur deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, mais cette élévation ne concerne qu'une faible épaisseur du bâtiment, limitée en rez-de-chaussée par le développement en profondeur du portique et de la pièce de droite, et correspondant dans les étages à la succession de petites pièces en façade ("prisons bourgeoises" et "aubette" au premier étage, "grenier loué" au second étage). Cette partie de l'édifice est couverte par un toit à un seul pan. L'arrière de l'édifice porte un toit en appentis, prenant naissance un peu en dessous du faîte du pan tourné vers la place et incluant la salle de repos des gardes qui ouvre vers l'arrière. Cette salle est couverte par une succession de voûtes à la picarde (petits berceaux de briques parallèles entre eux), tandis que le portique reçoit une voûte en berceau logitudinal, en brique, recoupé par des doubleaux de pierre. L'escalier demi-hors-œuvre, tournant à retours, sans jour, en charpente (les marches sont maintenant carrelées), donne accès aux étages et à la tour du beffroi, qui s'élève sur l'arrière du bâtiment. Les salles du premier étage (aubette et "prisons bourgeoises") ont été entièrement refaites en matériaux modernes dans le but d'accueillir les locaux de l'office de tourisme. Mais le second étage, inoccupé et accessible uniquement par une échelle de meunier (refaite), conserve encore (2005), avec ses cloisons en bois avec hourdis de brique enduite et son sol dallé de carreaux de terre cuite, les traces de l'usage en logement loué qui était le sien au XIXe siècle et dans le première moitié du XXe siècle. Le gros œuvre de l'édifice est constitué de brique, avec usage de la pierre calcaire marbrière ("pierre bleue") pour articuler l'élévation de la façade. Cette pierre est utilisée en rez-de-chaussée pour le soubassement, l'encadrement des baies en plein-cintre, les pilastres harpés, les cordons moulurés. Elle est traitée en bossage à table plate pour les encadrements et les pilastres. Aux étages, les baies des quatre travées, de forme rectangulaire, sont cernées d'un encadrement saillant, enduit (peut-être s'agit-il de pierre blanche). À l'exception des éléments de pierre bleue, toute la façade est recouverte d'un enduit de ciment, qui reprend le principe de l'enduit ou du badigeon d'origine, systématique sur la brique, dont les projets du XVIIIe siècle laissent supposer une existence que confirme l'examen des maçonneries intérieures (malgré le décapage de celles-ci). Sur cet enduit sont peintes la date de 1789 et une méridienne qui figure sur le projet d'origine. La couverture est réalisée en matériau synthétique (fausses ardoises, en fibrociment ?). La tour du beffroi s'élève sur un plan quadrangulaire. Ses quatre angles sont soulignés d'un chaînage harpé de pierres bleues, les ouvertures cintrées (une par face) garnies d'abat-sons sont encadrées de pierre calcaire blanche, la brique de remplissage n'étant plus actuellement dissimulée par un enduit, qui, au moins au XIXe siècle, était peint à l'imitation d'un appareillage de pierre. Sur la plate-forme de la tour se dresse un lanternon sur plan circulaire couvert par un dôme sommé d'une girouette ; lanternon et dôme sont recouverts de zinc qui a remplacé le plomb d'origine. Les quatre cadrans de l'horloge sont placés sur ce lanternon. Le traitement de la tour diffère de celui proposé par le projet d'origine par la forme des baies, l'emplacement de l'horloge et le couronnement. L'élévation de la maison correspondant à la parcelle 281 (n°22 place Pierre-Delcourt) fait suite à cet ensemble ; s'en distinguent la couleur de l'enduit et la couverture en tuiles mécaniques. Dans le courant du XXe siècle, la fenêtre et la porte du rez-de-chaussée, qui étaient conformes au schéma de la baie (pièce du rez-de-chaussée du corps de garde), ont été remplacées par une ouverture unique. La maison ou les maisons (?) correspondant à la parcelle 279 (n° 26 place Pierre-Delcourt et 2 rue du Collège) forment avec l'élévation du corps de garde un ensemble totalement unitaire ; la travée qui jouxte celui-ci figure d'ailleurs sur le projet du XVIIIe siècle et lui est fidèle si l'on excepte l'agrandissement récent de la baie de rez-de-chaussée. Un pan coupé d'une travée lui fait suite. La façade rue du Collège comprend cinq travées. La première est conforme à l'élévation de la façade sur la place, mais actuellement sans enduit : au-dessus du soubassement de pierre calcaire bleue s'élève la maçonnerie de brique, avec rehauts de pierre en chaînages harpés autour des baies légèrement cintrées. Les quatre travées suivantes présentent une articulation identique, mais sur un seul étage carré, de façon à mettre l'élévation de l'édifice en cohérence avec le gabarit de la rue du Collège. La couverture est en tuiles. Une petite maison d'une seule travée, correspondant à la parcelle 278 (n°4 rue du Collège), en partie dénaturée, fait suite sur le même modèle. Toutes ces maisons comprennent des caves.
2007/02/05 : inscrit MH partiellement
À signaler
L'ensemble corps de garde - beffroi, bien documenté, est un exemple intéressant d'un partage local des fonctions municipales et des pouvoirs régaliens au XVIIIe siècle. Le beffroi est sans doute l'un des tout derniers (le dernier ?) édifice de ce type élevé dans la France de l'Ancien Régime. L'association de celui-ci se fait avec un corps de garde et non avec l'hôtel de ville, pourtant lui aussi reconstruit à la fin de ce siècle. Avec l'hôtel de ville, l'ensemble corps de garde - beffroi a pour ambition urbanistique d'être un élément structurant de la place d'Armes et de proposer un modèle pour la reconstruction du rang de maisons. Ce projet subira quelques infléchissements à la suite de la Révolution. La construction de cet ensemble illustre le rôle que pouvait jouer le génie militaire dans "l'embellissement" des villes au XVIIIe siècle.
Propriété d'une personne privée ; propriété de la commune
2005
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
2005
Oger-Leurent Anita
Dossier individuel
Conseil régional Hauts-de-France – service de l’Inventaire du patrimoine culturel 151 Bd Hoover 59555 Lille Cedex