Collégiale
Notre-Dame
Collégiale Notre-Dame
Hauts-de-France ; Nord (59) ; Condé-sur-l'Escaut ; place Verte
Condé-sur-l'Escaut
Condé-sur-l'Escaut centre
Verte (place)
2010 AR non cadastré, domaine public
En ville
Enclos ; cimetière
Place Verte
IA59002816
Haut Moyen Age ; 11e siècle (?) ; 15e siècle
Limite 15e siècle 16e siècle
Daté par travaux historiques
Des Près Josquin (personnage célèbre)
La collégiale Notre-Dame de Condé, détruite à la Révolution, n'a pas fait l'objet d'étude approfondie. Les sources consistent en un cartulaire dit Livre rouge (BnF) collationnant la transcription de chartes détruites lors de l'incendie de la ville en 1430, et les archives du chapitre postérieures à cette date conservées aux AD Nord (séries C et H). La revue Valentiana a publié en 1990 et 1991 une série de cinq articles portant sur l'histoire architecturale de l'édifice, rédigés par J. Thiébaut, historien de l'architecture médiévale, A. Dehaine, historien de Condé, V. Maliet, M. Gabriel, et N. Verbrugghe, archéologues. Cette publication a fait suite à une fouille initiée en 1985 par l'association condéenne Archéolocale à l'occasion de travaux de restructuration de la place Verte ; devant l'enjeu scientifique du chantier, la poursuite de la campagne, portant sur l'emprise de la crypte, a été encadrée en 1986-87 par V. Maliet (Direction des Antiquités historiques). Appliquée à une aire très restreinte (env. 100 m²) , cette fouille n'a pas permis de renouveler la compréhension globale de l'édifice. Les articles exploitent aussi La Direction de la ville de Condé et de l'église d'icelle, rédigée en 1633-51 par Jean Broudehou, doyen du chapitre, dont l'original a disparu anciennement mais dont une copie à été transcrite à la suite de l'Histoire de Condé, par le maréchal de Croy (AC Valenciennes, mss 755) , et l'Histoire ecclésiastique (...) , en 1789, par Armand Despinoy, curé de Condé, et conservée dans les années 1980-90 dans le presbytère et depuis disparue. Les sources iconographiques utilisables sont réduites : le plan cavalier aquarellé de la ville par le géographe Jacques de Deventer, vers 1550, édité en 1911 dans l'Atlas des villes de Belgique au XVIe siècle, les gouaches réalisées par Adrien de Montigny entre 1595 et 1610 pour Charles duc de Croy et publiées dans les Albums de Croy en 1986-87, qui présentent pour trois d'entre elles des vues cavalières de la ville, et pour la quatrième, une vue spécifiquement consacrée à la collégiale ; s'ajoute le Plan des rues qui composent la ville de Condé, de 1754 (AC Condé-sur-l'Escaut) , sur lequel figure un plan au sol du monument. Les origines de la fondation de la collégiale restent très hypothétiques voire confuses, tant en ce qui concerne l'érection du chapitre que la construction de l'édifice. La tradition rapporte l'implantation d'un ermitage au 7e siècle par un moine irlandais, Wasnon (ou Wasnulphe) ; de ce fait fondateur semble découler l'existence de deux établissements religieux à proximité immédiate l'un de l'autre, l'église paroissiale dédiée à saint Wasnon et une fondation monastique féminine placée sous le vocable de Notre-Dame, peut-être un monastère double comme à Marchiennes. A la suite du bouleversement apporté par l'occupation normande en 882-83 et dans le contexte général de mutation religieuse et politique de l'époque carolingienne, apparaît à la fin du 9e ou au début du 10e siècle, en lieu et place du monastère, un collège de chanoines séculiers dont l'église collégiale reprend le vocable du monastère. Le régime des prébendes est fixé à la fin du 11e siècle ; variant de 24 à 26 selon les auteurs, la moitié d'entre elles est à la collation du comte de Hainaut, puis du roi de France à partir de 1678, l'autre moitié relève des deux seigneuries qui se partagent Condé jusqu'au 16e siècle dont les représentants confèrent les bénéfices à tour de rôle. Ce chapitre connaît un important développement entre les 12e et 14e siècles, recevant la concession d'autels, de cures - dont celle de l'église paroissiale Saint-Wasnon en 1472 - et bénéficiant de la fondation de chapelles et d'obits. Le compositeur Josquin des Près en fut le prévôt de 1515 (?) à sa mort en 1521 et fut enterré dans l'église. Touchée par l'incendie de la ville en 1430, bombardée en 1480 lors du siège par Louis XI, pillée en 1580 par les Gueux de Tournai au m oment des troubles iconoclastes, la collégiale est réparée, adjointe d'annexes, mais il semble que son emprise demeure encore à la fin de l'Ancien Régime celle de l'édifice en place au 11e siècle. C'est un monument délabré, dont l'état proche de la ruine avait été reconnu en 1767 par une expertise, qui est déclaré Bien national en 1791. Son sort, suspendu par l'occupation autrichienne du 10 juillet 1793 au 30 août 1794, se précise par l'inventaire du mobilier mené le 6 novembre 1795 (15 brumaire an IV) , puis la vente au sr. Jean-Baptiste Moreau pour 601 000 ; le 4 août 1797 (17 thermidor an V) , le conseil municipal exige que d'ici un mois le déblaiement des débris de la ci-devant collégiale soit effectué. L'aménagement de la place Verte allait commencer. La collégiale était édifiée sur le point le plus élevé de la place Verte, sa façade ouest située dans l'axe des maisons n° 29 et 31 ; elle était donc convenablement orientée. Sur la vue d'Adrien de Montigny dessinée depuis le sud, à la limite des 16e et 17e siècles, un muret délimite un enclos bordé d'arbres dans lequel se voient plusieurs croix funéraires. Cet enclos ne figure pas sur le plan de 1754. Sur ce plan, source essentielle de l'interprétation de l'édifice, la collégiale développe une emprise globalement rectangulaire, sans transept, mais grevée d'adjonctions saillantes sur le flanc nord. La partie la plus ancienne, le choeur, présentait, d'après J. Thiébaut, une disposition originale évoquant les époques carolingienne ou préromane : au chevet plat répondait à l'intérieur un déambulatoire à angles droits. Du fait de l'implantation des stalles canoniales, le choeur liturgique s'étendait vers la nef. Le choeur architectural s'élevait sur une crypte semi-enterrée à laquelle les fouilles ont rendu une réalité partielle mais tangible. Sa raison d'être originelle était vraisemblablement l'existence d'une confessio née sur le tombeau de saint Wasnon. La crypte comprenait plusieurs espaces individualisés, des chapelles et le caveau funéraire des familles de Lallaing et Croy. Les fouilles ont mis à jour des vestiges d'enduits à décor peint et un mobilier archéologique consistant en plusieurs sarcophages de pierre, datables dans une fourchette chronologique comprise entre le 7e et le 11e siècle compatible avec la datation de la crypte et la dalle funéraire de Guillaume Dalby (2e moitié du 14e siècle). Deux fragments de statues (début du 16e siècle) mis au jour appartiennent probablement aux remblais produits par la destruction de l'église. La nef liturgique, de quatre travées, comprenait deux collatéraux dont elle était séparée par des piliers de plan rectangulaire faisant penser à de grandes arcades évidant le mur plutôt qu'à des piles articulées ; peut-être faut-il y voir une construction contemporaine de celle du choeur ou de peu postérieure. Quant aux parties hautes de la nef et du choeur, elles avaient fait l'objet d'un rehaussement dans la seconde moitié du 15e siècle. Des espaces annexes aux volumes hétéroclites greffés tout au long du moyen-âge sur le choeur et la nef donnaient à l'édifice un aspect extérieur complexe, profus et peu lisible : trois chapelles alignées sur le mur de chevet ; sur les flancs, des chapelles de dimensions variées, deux au nord, trois au sud, entre lesquelles s'inséraient une salle capitulaire et la tour, un porche ; plaquées vers 1450 en avant de la façade ouest, deux autres chapelles, dont celle des fonts, enserrant un couloir d'accès à la nef. Il semble que les collatéraux aient été élevés au même niveau que le vaisseau central selon le principe de l'église-halle, mais que le collatéral sud ait été abrité par la même toiture que le vaisseau central. Le volume de la tour est bien connu, un dessin réalisé en 1679 par l'atelier de Van der Meulen en précisant les parties hautes : il s'agissait d'une tour quadrangulaire dont le niveau supérieur avait été reconstruit à la limite des 15e et 16e siècles et avai t pris une silhouette bien reconnaissable, caractérisée par la présence de tourelles d'angle en encorbellement coiffées de petites flèches accompagnant l'élan de la flèche centrale. Les matériaux de construction de la collégiale devaient être la brique, le grès et la pierre calcaire, bleue et blanche, cette dernière ayant expressément servi à élever les chapelles de façade. Louis Cellier signale en 1865 que plusieurs pierres tombales provenant de la collégiale sont conservées dans des maisons particulières.
Plan allongé
3 vaisseaux ; sous-sol
Détruit
2008
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
2008
Oger-Leurent Anita
Sous-dossier
Conseil régional Hauts-de-France – service de l’Inventaire du patrimoine culturel 151 Bd Hoover 59555 Lille Cedex