Piscine
La piscine de Vallée Dorée à Liancourt
Hauts-de-France ; Oise (60) ; Liancourt ; du Général de Gaulle (avenue) 2
Liancourt
Liancourt
Du Général de Gaulle (avenue) 2
En ville
Stationnement ; jardin
3e quart 20e siècle
1969 ; 1971
Daté par source ; daté par source ; daté par source
Attribution par source ; attribution par source
L’historique de cette piscine est bien restitué par le fonds d’archives du ministère de la Jeunesse et des Sports, car il s’agit de la réalisation d’un prototype issu d’un projet primé au concours national de 1969 sur les piscines transformables. On y trouve notamment une présentation du projet par l'architecte, une correspondance entre le secrétariat d'état à la Jeunesse et aux Sports et le District Urbain de Liancourt, le rapport d'une visite effectuée par les membre du secrétariat d’État à la piscine de Liancourt en 1974, le dossier d'agrément de la piscine "Discora.200", ainsi que trois séries de plans, correspondant à différentes phases du projets (plans du projet initial de 1969, plans de la piscine de Liancourt (1970), et plans du projet pour l'agrément (1971)). On y trouve également des plans techniques de la structure de la toiture et du mécanisme d'ouverture, réalisés par le bureau d'études techniques d'ingénieurs conseil R. Lourdin. Enfin, les archives conservent un dossier de subventions, demandées par le district urbain de Liancourt à l’État. Un projet primé au concours national sur le thème de la piscine en 1969L’architecte Robert Hirt, en association avec le bureau d’études Cotechnipp, remporte le 2ème prix pour le concours national lancé le 22 mai 1969 par le secrétariat d’État à la jeunesse, aux sports et aux loisirs, sur le thème des piscines transformables. Le programme consistait à imaginer un projet de bâtiment permettant de combiner les agréments d’une piscine couverte et de plein air. La piscine devait être équipée d’un bassin sportif de 25 x 15 m, avec un plongeoir de 1 m, un bassin d’apprentissage de 15 x 12,5 m, et une pataugeoire. Ces trois bassins devaient satisfaire des usagers divers : enfants, sportifs et associations sportives, adultes voulant se détendre par la natation. Le but de ce concours était de créer une émulation permettant de faire émerger des solutions architecturales nouvelles en matière de piscine, et de proposer aux communes de taille moyenne et aux quartiers de grandes villes, un équipement adapté à leurs besoins, facilement mis en œuvre grâce à une formule « clé en mains ». Le concours connaît un grand succès auprès des architectes, qui proposent des structures innovantes et inédites permettant de couvrir et découvrir largement les toitures ou les façades des bassins. Comme le montre le projet de R. Hirt, ou encore ceux de Bernard Schoeller (1er prix), D. Montaut (5ème prix), J. et J.-M. Vergnaud (5ème prix) et du groupement l'ARCHE (7ème prix), la plupart des projets proposés sont assez similaires. Ils sont conçus sur un plan circulaire, et disposent d’une toiture pivotante. D'autres projets utilisent un système de toile tendue rétractable : ainsi la piscine de R. Taillibert (3ème prix) ou de Y. Carduner et A. Ghuilamila (8ème prix). Le système, imaginé par Robert Hirt, bâtiment cylindrique à toiture et façades escamotables, s'ouvrant autour d'un mat central, est inédit. L'architecte a d'ailleurs protégé cette invention en déposant en 1969 un brevet à l'Institution National de la Propriété Intellectuel, sous le titre de "Bâtiment à surface couverte variable" (cf. liens webs pour consulter le brevet dans la base brevets de l'INPI). La construction du prototypeCe concours sur les piscines transformables devait donner lieu à une production en série industrialisée des projets primés (neuf au total). Finalement, seulement quelques prototypes ont été construits, sans donner lieu à une production en série. Ainsi, outre celui de R. Hirt, construit à Liancourt, le prototype de Paul Lagneau est construit à Villetaneuse (Val d’Oise), celui des Vergnaud à Bayeux (Calvados), celui de l’Arche à Sarrebourg (Moselle), enfin celui de Roger Taillibert est construit en plusieurs exemplaires à Reims (Marne), à Vénissieux (Rhône) et à Paris. Le projet de D. Montaut (5ème prix) devait être construit à Beautor, dans l’Aisne, mais cela n’a pas abouti. Bien qu'innovants, les prototypes réalisés ont montrés qu'une industrialisation était difficilement envisageable, notamment à cause de coûts trop élevés et de problèmes d'implantation sur les sites.En 1970, la mairie de Liancourt avait déjà pour ambition de faire construire une piscine, couverte, sur son territoire, d'après un projet conçu par Robert Hirt. L'architecte ayant été primé au concours de 1969, le maire Robert Hersant (1967-1974) demande alors que le projet primé soit réalisé plutôt que la piscine initialement prévue. Ainsi, Le 7 octobre 1970, le District Urbain de Liancourt (aujourd’hui Communauté de Communes de la Vallée Dorée, qui regroupe 10 communes) par un marché passé de gré à gré avec Compagnie d'études et de constructions d'équipement collectif (COTECHNIPP) afin de faire construire la piscine transformable. Le projet est approuvé par le préfet de l’Oise le 19 janvier 1971. La construction est lancée début mai, et la piscine entre en fonction en octobre 1972. Les éléments métalliques de la charpente de la structure mobile, les cloisonnements, les menuiseries et les vitrages sont préfabriqués en usine. Par rapport au projet initial présenté au concours de 1969, on constate quelques modifications, notamment au niveau de la toiture, qui n'est plus ondulée, mais plate. Le prix total de la piscine est de 5 523 318 francs, coût qui dépasse l'estimation initiale de 4 054 000 francs francs (TTC, honoraires architecte et fondations spéciales comprises), dont 1 337 820 francs de subventions de l’État et 309 000 du département. A noter que le prix initial annoncé au concours était de 3 387 000 francs (hors fondations spéciales). Le secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports fait remarquer qu’il s’agit tout de même d’un équipement assez lourd pour un district d’à peine 12 000 habitants à l’époque. Suite à la construction du prototype, Robert Hirt et la société Cotechnipp font passer leur projet, renommé « Discora 200 », devant la commission spéciale d’agrément. Le projet (avant-projet de typification n°320) est refusé plusieurs fois, notamment à cause de l’engagement de prix, jugé trop élevé. Ainsi, le projet est resté à l’état de prototype expérimental. Le bâtiment de la piscine est de plan circulaire (54 mètres de diamètre), s’élevant à une hauteur maximale de 8,5 mètres. Il comprend deux niveaux et est composé d’une structure fixe et d’une structure mobile coaxiale, chacune demi-cylindrique. La partie fixe abrite toutes les annexes (hall d’entrée, vestiaires, sanitaires, bureaux, etc.), tandis que la partie mobile couvre le hall des bassins. Le gros-œuvre est en béton armé et le reste est constitué par du métal et du verre. La façade d’entrée, sur deux niveaux, en béton armé, s’ouvrait par un portique aux portes vitrées. Le baigneur accède au hall d’accueil, au fond duquel se trouvait le guichet-caisse. Le hall permettait une vue directe sur les bassins. Un grand local vitré (destiné à l’origine comme salle de musculation) était situé derrière le hall d’entrée, côté bassins. De part et d’autre de ce hall étaient répartis les locaux des vestiaires hommes et femmes. Ils comportaient des cellules constituées soit de cabines de change rapide et de casiers à serrure à chiffres, soit de casiers et de bancs. Ces alvéoles s’ouvraient sur un couloir central par lequel se fait la circulation. Aux extrémités des locaux de déshabillage se trouvent les sanitaires et à la batterie de douches. Ce local donnait accès à travers le pédiluve au hall des bassins. De chaque côté des vestiaires se trouvaient : à gauche, une très grande salle (désignée sur les plans comme salle de jeux mais au final utilisée pour stocker du matériel) et à droite le bureau du maître-nageur (à l’origine désigné comme dépôt de matériel sur le plan) et l’infirmerie. L’étage de la salle de musculation, du hall d’entrée et des vestiaires était aménagé en tribune pour le public (non baigneurs), ouverte sur le hall des bassins (aujourd’hui fermée et abritant des locaux annexes). Cette galerie était accessible depuis le hall d’entrée par deux escaliers situés de part et d’autre de la caisse. Elle accueillait un bar. Derrière la galerie, l’étage abritait également des sanitaires, le bureau du directeur et une salle pour les clubs. Sous l’escalier menant à l’étage, se trouvait l’escalier du sous-sol, donnant accès aux annexes techniques. Les bassins de la piscine, en béton armé, s’organisent sous l’espace demi-circulaire de la structure mobile. Juste derrière le pilier central, est aménagée la pataugeoire en forme de haricot, de 35 mètre2. A droite se trouve le bassin d’apprentissage, 15 x 12,5 m, et à gauche le bassin sportif de 25 x 15 m. Lors de la belle saison, la rotation à 180° de la structure mobile permet de découvrir totalement les bassins, les plages intérieures rejoignant les plages extérieures et les pelouses aménagées autour de la piscine. Trois pédiluves longent ces plages extérieures.L’ensemble des locaux et des plages étaient en béton armé revêtus de micro-mosaïque. Les plages avait une pente minimum de 4%, afin d’éviter que l’eau n’y stagne et ne fasse glisser les baigneurs. L’éclairage naturel du hall était complété par des lampes néon fixées dans l’ossature de la partie fixe du bâtiment. Principe constructif de la structure mobile La partie escamotable est constituée d’une charpente métallique, qui prend appui sur un pilier central en béton armé formant axe de rotation. Elle est aussi soutenue par des piliers périphériques extérieurs (peints en rouge sur les cartes postales anciennes) en forme de V, équipés sur leur partie basse de galets de roulement, se déplaçant sur un rail circulaire scellé dans une longrine en béton armé, également circulaire. Un moteur électrique placé au pied de chaque pilier d’extrémité permet l’ouverture et la rotation de cette structure demi-circulaire (divisée en deux quarts), qui vient envelopper la structure fixe. La partie basse (2,5 mètres) de la paroi de cette structure mobile était constituée par des menuiseries métalliques avec vitrages transparents en verre Sécurit. La partie supérieure est en verre Profilit translucide. Des portes sont aménagées en partie basse afin de pouvoir permettre l’accès à l’extérieur sans forcément ouvrir la structure. Ces portes coïncident en outre exactement avec celles de la partie fixe, lorsque la structure mobile est rabattue devant. La couverture de la structure ouvrante était réalisée par des bacs autoportants en acier galvanisé, reposant sur les poutres rayonnantes et les poutres à treillis concentriques. Cette couverture était masquée par un sous-plafond en aluminium laqué mat. Ce système de plafond était le même partout pour le hall et les annexes.La piscine aujourd’huiEn novembre 1998, la piscine est fermée d’urgence à cause de dégradations importantes menaçant la sécurité des baigneurs. La piscine fait alors l’objet d’une complète réhabilitation entre juillet 2001 et septembre 2002. Les installations et équipements sont modernisés pour s’adapter aux nouveaux besoins. Ainsi, le petit bassin est prolongé par un bassin ludique (avec toboggan géant) et de détente (avec jacuzzi). La pataugeoire est ré-aménagée, avec l'intégration de jeux pour les enfants. Un sauna et un hammam sont mis à la disposition des nageurs. Le grand bassin conserve ses formes d’origine, mais sans son plongeoir de 1 mètre. La tribune (comprenant le foyer-bar) ouverte sur les bassins, est fermée par une parois. Les installations techniques (machinerie, isolation thermique et acoustique) sont mises aux normes, de même que les vestiaires et les sanitaires ainsi que l'accessibilité pour les handicapés. Le hall d'entrée est entièrement refait. Les revêtements orignaux, initialement en micro-mosaïque aux teintes gris-bleu, sont remplacés par des dallages en carreaux blancs plus modernes. Le vitrage de la façade (à l'origine en verre transparent dans la partie basse, et verre translucide profilé dans la partie haute) de la structure mobile est refait de manière à ce qu'il soit entièrement transparent.Malgré ces lourds travaux de modernisation (4,88 millions de francs, subventionnés à 2,29 millions par le Conseil général), le parti pris original de l'architecte est bien conservé. En 2017, le dispositif permettant de faire coulisser le toit et les murs amovibles de la piscine, qui ne s’ouvrait plus depuis deux ans, est réparé. On constate ainsi une vraie volonté de la part de la Communauté de Communes de la Vallée Dorée de prolonger la vie de cet équipement unique dans la région.
Béton ; verre ; métal
Acier en couverture
La piscine est située au sud de Liancourt, à la limite entre la ville et les champs alentours. Elle s’inscrit sur une parcelle rectangulaire comprenant un parking et un jardin avec terrains de jeux. D’autres équipements sportifs sont aménagés à côté, notamment deux courts de tennis. La piscine de Liancourt n’a pas pu être visitée.
À signaler
Propriété publique
2017
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
2017
Schlosser Laurence
Dossier individuel
Conseil régional Hauts-de-France - Service de l'Inventaire du patrimoine culturel 21 mail Albert-Ier 80000 Amiens