Les fermes d'Ancien Régime de Beuvry - dossier de présentation
Hauts-de-France ; Pas-de-Calais (62) ; Beuvry
Communauté d'agglomération de Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane
Les originesOn trouve la première mention de Beuvry dès 878 dans un acte de donation de l’église à l’abbaye de Marchiennes puis dans une charte de 1275. Autour du village, le territoire est maillé de nombreux fiefs nobles et ecclésiastiques des XIIe-XIIIe siècles dont certains ont laissé leur empreinte jusqu’à aujourd'hui. La butte tertiaire sur laquelle s'installe pour partie la commune permet très tôt l'exploitation du grès à des fins d'utilisation principalement locale et fréquemment en lien avec l'édification et la reconstruction des fortifications de Béthune (plus ponctuellement de celles de Lille). Les prémisses du canal d'Aire sont déjà présentes sous la forme d'un large fossé de défense construit au cours du XIIIe siècle. C'est également au cours de ce siècle qu'est construit le château de Beuvry.Le territoire souffre des nombreux conflits armés qui marquent l'histoire du comté d'Artois entre le XIVe et le XVIIe siècle, principalement la guerre de Cent Ans (XIVe siècle - XVe siècle) et la guerre de Trente Ans (1618-1648).L'Ancien Régime, un temps d'instabilitéLes conflits armés freinent le développement du village de Beuvry et de ses écarts qui sont maintes fois détruits et pillés par les soldats et les bandes qui sillonnent le pays. L’heure est essentiellement au repli derrière les fortifications de Béthune. La fin des troubles du XVIe siècle laisse place à un élan de construction et de reconstruction. C'est à cette période que sont édifiées les fermes faisant l'objet de cette étude mais également l'église Saint-Martin (1575).Au XVIIe siècle, l'ancien fossé de défense médiéval est agrandi pour accueillir une voie navigable (prémisses du futur canal d'Aire à La Bassée), ce qui a une incidence sur le début du projet d'asséchement des terres marécageuses aux alentours. Les plans des XVIIe et XVIIIe siècles démontrent l'importance de ces terres marécageuses sur le territoire dont on exploite la tourbe. De nombreux réseaux de fossés sont creusés afin de collecter les eaux et d'assécher les terres. Ces fossés favorisent la création de parcelles encloses (voir le plan datant du XVIIIe siècle du manoir de l'Estracelles). Les eaux sont rejetées dans les cours d'eau. Parmi ceux-ci, La Loisne joue un rôle important dans l'exploitation du milieu naturel avec l'implantation de rouissoirs à lin et de quelques moulins à eau. Le positionnement de Beuvry sur une hauteur naturelle permet d'accueillir un grand nombre de moulins à vent à l'ouest du territoire. Le parcellaire, hors zone marécageuse, se divise alors entre l'usage agricole et forestier.Au XVIIIe siècle, Beuvry est à nouveau ravagé par la Guerre de Succession d'Espagne (1701-1713). En 1708, une partie des habitants et le curé de Beuvry se réfugient à Béthune. En 1710, le siège de Béthune impacte Beuvry : le château seigneurial est rasé (il sera remplacé par un château moderne édifié entre 1741 et 1743 par la famille de Ghistelles). De la Révolution à aujourd'huiÀ la Révolution, Beuvry devient chef-lieu de canton. Parmi les troubles recensés, le récent château de Beuvry est détruit et démantelé. Le recensement de la commune en 1793 établit la population à 2 020 habitants et la commune est toujours organisée entre le village et ses écarts. Plusieurs moulins à eau et à vent sont encore présents sur le cadastre napoléonien de 1833. Le moulin à vent Buret est le dernier exemple des moulins en fonction au XIXe siècle. L'exploitation de la tourbe semble être encore une activité du secteur à lire les différents plans de cette période (dont la carte d’état-major). L'exploitation du grès, quant à elle, ne semble plus être une activité.Le canal d'Aire à La Bassée est creusé en 1824, sur l'ancien grand fossé de défense médiéval, il est mis en service en 1825 dans le but de joindre la Deûle à la Lys. Un embranchement, le canal de Beuvry, est construit par la compagnie des Houillères de Vicoigne et ouvert à la circulation en 1865. Ce bras de canal permet en parallèle une accélération de l'asséchement des marais aux alentours, autorisant l'accès aux derniers secteurs non exploités. En 1868, une liaison avec la voie ferroviaire principale de Lille à Béthune est ouverte (elle sera fermée en 1974). Le développement des compagnies houillères et de l'industrie au XIXe et XXe siècles a un impact majeur sur l'urbanisation de la commune. On note également la construction d'une centrale thermique à charbon en 1919 (démantelée en 1974). Une seconde église, Saint-Pierre, est bâtie au XIXe siècle à proximité de la prévôté de Gorre afin de permettre aux paroissiens les plus éloignés du nord de la commune de rejoindre plus facilement un lieu de culte.La commune est impactée par la Première Guerre mondiale, comme l'ensemble des villes et villages situés non loin de la ligne de front. C'est lors de ce conflit qu'est notamment détruit le château Jude Gosse de Gorre et que l'église est ravagée par un bombardement. Quelques rares blockhaus et un cimetière militaire britannique témoignent encore de ce passé.Aujourd'hui Beuvry est une commune urbaine de 9 164 habitants (2020).
2023
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
2023
Tachet Nicolas
Présentation de l'aire d'étude