Raffinerie de pétrole ; huilerie ; savonnerie
Huilerie Desmarais
Raffinerie de pétrole huilerie savonnerie Desmarais Frères
Normandie ; Seine-Maritime (76) ; Le Havre ; rue Desmarais ; boulevard de Graville ; rue de Marcel Toulouzan ; rue de Valmy
Anciennement commune de : L'Eure
Le Havre agglomération
L'Eure ; Garage de Graville
Graville (boulevard de) ; Marcel Toulouzan (rue) ; Amiral Mouchez (boulevard)
1896 F5L'usine occupe la totalité de la section. ; 1953 FE 2 ; 1983 FE 2 ; FE 124-127
En ville
Canal de Tancarville ; la Seine
Entrepôt industriel ; réservoir industriel ; cheminée d'usine ; cité ouvrière ; écurie ; tonnellerie ; voie ferrée ; bassin à flot ; quai ; four industriel ; magasin industriel ; château d'eau ; atelier de fabrication ; voie navigable ; poste de chargement
4e quart 19e siècle (détruit) ; 1er quart 20e siècle ; 2e quart 20e siècle
1878 ; 1881 ; 1884 ; 1897 ; 1905
Daté par source ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par source ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques
Attribution par source
Boutheroue-Desmarais Henri (commanditaire)
En 1861 Henri Boutheroue-Desmarais (1825-1897) s'associe avec un négociant-épurateur en huiles végétales pour fonder en 1863 avec son frère, Charles (1824-1878), qui les avait rejoints l'année précédente, la société en nom collectif Desmarais Frères. Après le traitement des huiles végétales, elle se lance en 1868 dans une activité toute nouvelle, la distillation du pétrole. Après la mise en service d’une première usine à Colombes (92) puis à Blaye (33), elle s’installe en 1878 au Havre dans le quartier de Graville. Là, elle rachète à M. Caron sa Corderie du Havre implantée à l'angle sud des boulevards Amiral Mouchez et de Graville et fait construire à son emplacement une usine dédiée à la distillation des huiles minérales importées par voie maritime des Etats-Unis pour la production d’huile lampante, de graisse industrielle puis de carburant (n°41 du plan de 1932). C’est la première raffinerie de pétrole de la région havraise. Comme pour toutes les usines de la société Desmarais, son siège social est basé à Paris, rue des Mathurins.A ces débuts, la raffinerie du Havre est en capacité de traiter 15 000 T d’huiles brutes par an et emploie pour cela 200 ouvriers dont le salaire moyen s’élève à 5f/jour. Le travail est intensif de septembre à février qui correspond à la période hivernale de forte consommation de pétrole lampant utilisé comme combustible pour l’éclairage à l’aide de lampe à huile. Le pétrole lampant Oriflamme assure d’emblée le succès de la société (un million de bidons sont vendus en 1900). Pour faire face au développement de l’activité, la raffinerie fait l’objet de plusieurs phases d’agrandissement dans les années 1880. En 1881 y sont installés de nouveaux réservoirs d’huile brut, fourneaux et chaudières de distillation sont installés. En 1884, le nombre des chaudières est portée à six avec une augmentation correspondante des cornues. La même année des entrepôts et magasins sont édifiés au nord du boulevard Amiral Mouchez juste en face de la l’usine primitive et une cité ouvrière de 50 logements est construite le long de l’actuelle rue Desmarais. En 1886, alors que le canal de Tancarville est encore en travaux, la société Desmarais Frères acquiert un terrain de 6,3 ha sur sa rive sud pour y construire une huilerie végétale associée à une savonnerie. Avec l’ouverture du canal en 1887, l’expédition de la production s’effectue à la fois par voie d’eau et chemin de fer, les différentes unités de l’usine bénéficiant toutes d’un raccordement ferré. Les premiers chalands citernes destinés au transport en vrac des pétroles et essences produits par la raffinerie Desmarais, le Colombes et le Havre-Ivry, sont mis en service en 1892. Leur chargement des s'opère dans le bassin à flot, dit garage de Graville (situé sur la rive nord du canal) où la société disposent de plusieurs appontements. Enfin en 1897 des réservoirs sont installés sur le quai nord du bassin aux pétroles (inauguré la même année), tous reliés à la raffinerie par canalisations souterraines.En 1900, la raffinerie compte10 chaudières de distillation d’une capacité unitaire de 500 à 600 fûts. L’usine dispose alors d’une capacité annuelle de production de 40 000 T et emploie près de 1 200 personnes. Suite à la loi de 1903 qui favorise l’importation du pétrole raffiné, l’usine Desmarais connait jusqu’à la guerre un ralentissement continu de sa production, non sans conséquence sur son effectif. Les réductions de personnel se traduisent par trois grèves importantes en 1910, 1912 et 1913. La première, suivie par l’ensemble du personnel (853 personnes dont 571 hommes, 245 femmes et 37 enfants) aboutit à une augmentation des salaires et au renforcement du syndicat de l’entreprise.En 1905, la société Desmarais confie à l’ingénieur Louis Lequoy la construction de l’huilerie du Havre qui doit fabriquer à partir de graines d’arachide et autres oléagineux de l’huile comestible commercialisée sous la marque Huile Rufisquin. Une savonnerie est associée d’emblée à l’huilerie. Elle est spécialisée dans la fabrication de savon de Marseille élaboré avec 72% d’huile d’olive et vendue sous le nom Notre Dame de l’océan. Outre l'huilerie et la savonnerie, cette unité comprend une tonnellerie, une fabrique de bidons (l’essence produit par la raffinerie Desmarais est vendue en bidon de 5 litres sous le nom Automobiline), un entrepôt de douane, des hangars... A l’ouest de cet ensemble, la société installe un petit dépôt d’hydrocarbures de 6 000 m2 équipé de réservoirs. Durant la Grande-Guerre, faute de pétrole brut à distiller, l’usine Desmarais concentre son activité sur l’importation et l’entreposage des produits raffinés, dont le trafic annuel atteint 80 000 T soit le double d’avant-guerre. La tendance se confirme au lendemain de la guerre, avec des chiffres croissants pour la réception du fuel et du gasoil. La raffinerie redémarre néanmoins avec la production d’essence Automobiline, de pétrole lampant Astraline et Oriflamme et des huiles de graissage D.F. représentant une production annuelle de 145 000 T. Parallèlement, la fabrique de bidons et la tonnellerie continuent leur activité de façon mécanisée. En 1926, la société Desmarais lance son premier pétrolier, le Henri Desmarais mais le développement de la Compagnie Industrielle Maritime (CIM) spécialisée dans la réception et l’entreposage du pétrole brut et la création la grande raffinerie de la Compagnie Française de Raffinage (CFR/Total) au début des années 1930 entraine le déclin de l'usine Desmarais. La société, contrainte de changer de stratégie industrielle, abandonne son activité de raffinage mais devient avec 18,70% des parts le plus important actionnaire privé de la CFR. Parallèlement l'entreprise développe ses propres structures de distribution pour son carburant Azur dont elle dépose la marque en 1932.En 1938, la maison Desmarais abandonne le transport maritime pour se consacrer au transport fluvial et assure à partir de son dépôt de Graville relié par pipe-lines à la CIM et à la CFR, la distribution au niveau régional des produits dits blancs (essences et pétrole lampant). Il en est de même du trafic des huiles de graissage pour lequel elle dispose d'un appontement spécial permettant de recevoir des navires jaugeant jusqu'à 18 000 T. Un petit bassin à flot creusé au sud du canal de Tancarville entre l’huilerie et le dépôt d'hydrocarbures de l'entreprise est mis en service au milieu des années 1930. En 1939, la société Desmarais est le troisième plus grand distributeur d'essence en France et exploite une grande flotte de chalands citernes reprenant le nom de rivières et de régions françaises. A la veille de la seconde Guerre Mondiale, la raffinerie Desmarais est remplacée par un important dépôt de produits pétrolier. Ce dernier, comme nombre d’infrastructures pétrolières, est entièrement détruit durant le conflit. La société se repositionne après-guerre sur le trafic des produits blancs mais la mise en service du réseau de pipe-lines de la société Trapil dans les années 1950 pour desservir la région parisienne en produits raffinés de tous types annonce la fin de la société Desmarais au Havre. En 1966, son activité d’entrepositaire est entièrement reprise par la CIM alors que son activité de raffineur et son réseau de distribution sont cédés au pétrolier CFR/Total. L'huilerie est quant à elle est détruite dans les années 1980, laissant place à une immense friche. Ne subsiste aujourd’hui comme témoins bâtis de cette usine que les logements ouvriers de la rue Desmarais et le petit bassin au sud du canal de Tancarville.
Brique
Tuile mécanique
Rez-de-chaussée ; 1 étage carré
Élévation ordonnancée sans travées
Toit en pavillon
Énergie thermique ; produite sur place
L’usine de la société Desmarais Frères comptait cinq unités au Havre toutes implantées dans le secteur de l'Eure à proximité du garage de Graville sur le canal de Tancarville. L’ensemble couvrait une surface totale d’environ 16 ha.Au nord du canal se trouvaient :- une raffinerie de pétrole (comprenant fours, colonnes de distillation, réservoir et autres ateliers et entrepôts…) qui occupait un terrain de 2 ha entre le canal de Tancarville et l’avenue Amiral Mouchez (n°41 du plan de 1932) - des entrepôts et magasins industriels en brique de type halle établis sur un terrain de 2 ha au nord du boulevard Amiral Mouchez (n°28 du plan de 1932).- une cité ouvrière de 48 logements (12 maisons de 4 logements) sur l’actuelle rue Desmarais. Toutes les maisons sont identiques, construites sur un étage en brique bicolore avec décor de façade (corniche à modillons, pilastre d’angle..) et couvertes d’un toit en pavillon en tuile. Toutes disposent d’un jardinet en façade.Sur le canal de Tancarville se trouvaient :-un bassin à flot de 2,7 ha (300m de longueur sur 90 m de largeur) dit garage de Graville raccordé au canal par le nord.-un bassin à flot de 2,4 ha (200m de longueur sur 120 m de largeur) raccordé au canal par le sud et desservi par le quai des arachides.Au sud du canal se trouvaient :- une huilerie végétale, une savonnerie, une fabrique de bidons, une tonnellerie, des magasins et entrepôts dont un vaste entrepôt de douane. L’ensemble occupait un terrain de 6 ha le long du quai des Arachides (n°51 du plan de 1932). L’huilerie était un bâtiment à étages, de 5 niveaux construit en brique. La savonnerie était également un bâtiment à étages reconstruite en béton. Les entrepôts et magasins étaient des bâtiments de type halle, de plain-pied avec une grande hauteur sous toiture. - une aire de stockage de 6 000 m2 pour le pétrole raffiné équipée de réservoirs en métal (n°52 du plan de 1932).- des réservoirs sur le quai nord du bassin aux pétroles reliés par pipe-lines à la raffinerie.Toutes ces installations étaient dotées de raccordements ferrés.Ne subsistent aujourd’hui de cette usine que la cité ouvrière et les deux bassins à flot.
Détruit
Propriété d'une société privée
1991
(c) Région Normandie - Inventaire général
1992 ; 2006
Real Emmanuelle ; Etienne Claire
Dossier individuel
Région Normandie – Service Inventaire du patrimoine