Usine d'engrais
Usine d'engrais chimiques
La PEC
Usine d'engrais de la société Potasse et Engrais Chimiques (PEC), puis Azote et Produits Chimiques, puis Grande Paroisse
Normandie ; Seine-Maritime (76) ; Grand-Couronne ; boulevard Maritime
Vallée de la Basse-Seine
Maritime (boulevard)
1962 AL 12
En ville
La Seine
Atelier de fabrication ; quai ; voie ferrée ; hangar industriel ; entrepôt industriel ; gazomètre ; réservoir industriel ; four industriel ; laboratoire ; château d'eau ; cheminée d'usine ; chaufferie ; aire des matières premières ; cité ouvrière ; logement d'ouvriers ; logement de contremaître ; logement patronal
2e quart 20e siècle ; 3e quart 20e siècle
1930 ; 1939 ; 1958 ; 1974
Daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques
En janvier 1930, la société Potasse et Engrais Chimiques (PEC), filiale des Mines domaniales de Potasse d’Alsace et des Mines de Kali Sainte-Thérèse, fondée en décembre 1929 et dotée d'un capital de 40 MF, lance la construction, à Grand-Couronne, d’une grande usine destinée à produire des engrais composés à haute teneur en potasse, phosphate et azote (engrais phospho-potassiques, nitro-phosphates…), des engrais simples concentrés (sulfate de potasse, du phosphate bi-calcique précipité et du nitrate d'ammoniac) et des produits chimiques (acides nitrique, sulfurique et muriatique). Le développement de la production d’engrais composés durant l’entre-deux guerres répond aux besoins croissants de l’agriculture en fertilisants très riches, faciles à employer et adaptés à tout type de culture (céréales, tabac, vigne…). Contrairement aux engrais simples utilisés jusqu’alors, ils épargnent aux exploitants l’obligation de procéder à des épandages successifs voire d’effectuer eux même les savants dosages pour fertiliser leurs terres.L’usine est bâtie au bord de la Seine sur un vaste terrain de 40 ha qui prolonge, en aval du fleuve, le grand couloir industriel de la rive gauche rouennaise. Au voisinage, sur la commune de Petit-Couronne se trouvent déjà l’usine de papier Sonopa et la raffinerie de la société des Pétroles Jupiter, entrées en activité quelques mois auparavant. Par ailleurs, l'usine PEC dispose sur la commune de Grand-Couronne de logement d'ouvriers construits à proximité de l'usine, d'une petite cité bâtie à un kilomètre de distance sur les premiers contreforts du coteau, rue Louis Canton, qui se compose d'une quinzaine de maisons jumelées destinées au personnel encadrant (contremaîtres et ingénieurs), le logement du directeur étant quant à lui bâti dans l'enceinte de l'usine.Les principales matières premières sont acheminées par voies d’eau, fluviale et maritime. Les sels de potasse extraits des mines d’Alsace empruntent l’axe Rhin-Anvers-Seine. Les phosphates naturels et les pyrites sont importés d’Afrique du Nord (du Maroc et de Tunisie essentiellement) par cargos. Les installations pour le chargement et le déchargement des bateaux et des péniches sont reliées à l’usine par des convoyeurs à bande à grand débit. A l’intérieur du site, la circulation des produits s’effectue au moyen d’un réseau ferré particulier (raccordé au réseau principal) mais également par transporteurs à bandes, élévateurs et système d’air comprimé. C’est d’ailleurs par voie ferrée que la PEC reçoit l’ammoniac liquide produit par l’usine Saint-Gobain de Grand-Quevilly. Ce composé chimique hautement dangereux mais indispensable est acheminé dans des wagons-citernes spéciaux construits par les entreprises Fives-Lille et Babcock- Wilcox respectivement implantées à Lille (59) et à La Courneuve (93), puis est stocké sur place dans des citernes provenant des établissements Caillard et Schneider du Havre.Les premières tonnes d'engrais composés, d’engrais azotés et de superphosphates sortent de l’usine en juillet 1931. Leur fabrication utilise un procédé mis au point par les Mines d’Alsace qui permet de transformer, au moyen d’acide sulfurique, le chlorure de potasse en sulfate de potasse, mieux toléré par les cultures, telles que la vigne, le tabac et les arbres fruitiers.A peine achevée, l’usine est dotée en 1933 de deux nouveaux ateliers destinés à produire de l’acide nitrique et du nitrate d’ammoniac utilisés dans les nouvelles formules d’engrais composés. Avec une production annuelle de l’ordre de 170 000 T dont 30 000 T d’acide sulfuriques, l’usine réalise 15% de la production française. Elle est pourtant bien en deçà de ces capacités (au moins le double des chiffres obtenus), entravée par les effets de la crise de 1929. Le redémarrage de l’économie après 1935 permet à l’usine de tourner enfin à plein régime, voire de développer son activité avec la mise en place de nouveaux équipements. Ainsi en 1939, la société PEC se lance dans la fabrication d’engrais complexes produits sous forme de granulés. En 1958, un atelier moderne de synthèse de l’ammoniac est créé dans l’enceinte de l’usine, ce qui lui permet désormais de fonctionner en autonomie. Un pipe-line relié aux raffineries de la Basse-Seine (Shell et Esso notamment) alimente le nouvel atelier en gaz résiduaires qui permettent de fabriquer l’hydrogène nécessaire à la synthèse de l’ammoniac. Ces améliorations portent la production annuelle de l’usine à 350 000 T pour les seuls engrais complexes. Durant la même décennie, la petite cité située rue Louis Canton est augmentée d'une quinzaine de maisons jumelées construites sur la rue Léon Gambetta.Au début des années 1960, avec une production de plus de 60 000 T de sulfate de potasse, elle se place au premier rang des producteurs français dans ce domaine.En novembre 1968, l'usine est rachetée par la société Azote et Produits Chimiques (APC) dont le siège est à Toulouse. Deux nouvelles unités de production d’acides phosphorique et sulfurique sont créées en 1974. A cette date l’établissement emploie près de 1 000 personnes et produit 500 000 T d'engrais complexes, 115 000 T de sulfates de potasse, 54 000 T de phosphate bi-calcique, 650 T d'acide phosphorique et 1 700 T d'acide sulfurique. Mais l’avènement de normes environnementales interdisant les rejets dans la Seine du gypse (dès 1973) et du phospohogypse (à partir de 1981) annonce le déclin de l’activité durant la décennie 80. Le nombre d’employés chute brutalement de moitié : ils ne sont plus que 450 en 1982. Malgré la reprise de l’usine par le groupe chimique AZF de 1982 à 1988 puis par la société Grande Paroisse déjà propriétaire de l’immense usine d’engrais chimiques de Grand-Quevilly, la concurrence étrangère qui frappe l’industrie des engrais contraint à la fermeture du site le 1er mai 1992. L’usine est détruite peu après, laissant place à un terrain vague sur lequel pèse de fortes contraintes de dépollutions des sols et où subsistent les vestiges d’un atelier d’acide phosphorique dont le démantèlement est complexifié par la présence de substances radioactives.
Béton ; béton armé ; métal ; brique ; brique avec pierre en remplissage ; silex ; calcaire ; maçonnerie
Tôle ondulée ; ardoise ; tuile mécanique
2 étages carrés ; étage de comble
Toit à longs pans demi-croupe ; toit à longs pans croupe ; toit à longs pans pignon couvert
Énergie thermique ; produite sur place ; énergie électrique ; achetée
L’usine est aujourd’hui détruite à l’exception des vestiges de l’atelier d’acide phosphorique. Elle fut construite sur d’anciennes prairies communales et occupait un terrain de 40 ha présentant un front de 800 m sur la Seine avec appontements. Outre les voies de dessertes fluviale et routières, l’usine était raccordée au réseau ferré qui irriguait la rive gauche industrielle de Rouen. Tous les bâtiments qui constituaient l’usine (ateliers de fabrication, entrepôts…) étaient de type halle c''est à dire construits en rez-de-chaussée avec une importante hauteur sous toiture pourvue d'un lanterneau. dotés d’une structure poteau-poutre-plancher en béton armé et de maçonnerie de brique en remplissage. Toutes les infrastructures techniques étaient en acier inoxydable. La cité consiste pour sa première phase en une quinzaine maisons jumelées en maçonnerie de brique et remplissage de silex, édifiées sur un étage carré plus un étage de comble percé de lucarnes et pour sa seconde phase en une quinzaine maisons jumelées en maçonnerie de pierre calcaire construite sur deux étages.
Établissement industriel désaffecté ; vestiges
Propriété d'une société privée
1995
(c) Région Normandie - Inventaire général
1996 ; 2006
Real Emmanuelle
Dossier individuel
Région Normandie – Service Inventaire du patrimoine