Atelier de fabrication ; atelier de réparation
Atelier des turbines, actuellementatelier de mécanique des chantiers navals
Atelier de fabrication et de réparation dit atelier des turbines puis de mécanique des chantiers navals
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; La Seyne-sur-Mer ; place des Mouissèques
Var
Mouissèques (place des)
2008 AP 383, 384 ; 2008 BY 3
En ville
Bureau ; vestiaire
1er quart 20e siècle ; 2e moitié 20e siècle
1906 ; 1947
Daté par source ; daté par source
Lancé après la guerre russo-japonaise, le programme de construction d'une nouvelle génération de cuirassés pour la marine française entraîna dès 1906 l'édification de grands bâtiments aux Forges et Chantiers de la Méditerranée à la Seyne-sur-Mer. L'un d'eux fut spécialement conçu pour abriter la fabrication des turbines à vapeur de type Parsons, sous la houlette de l'ingénieur Marcel Jean Benjamin Cacaud. Le bâtiment d'origine ne comprenait que les deux grands vaisseaux sud, dont la couverture était en tuiles. Il a été agrandi, une première fois, par l'adjonction d'un nouveau vaisseau au nord (avant 1944). Il fut sévèrement touché par le dynamitage d'août 1944. Il fallut alors renforcer d'une large ceinture de béton tous les piliers séparant les deux vaisseaux principaux sur lesquels avaient été fixées les charges et reprendre les élévations en briques pleines qui avaient été très largement soufflées. Le bâtiment fut encore transformé en 1947 (allongement de 17 m des vaisseaux sur l'ancien port des Mouissèques) puis encore, de manière continue, jusqu'à la fermeture. Ont ainsi été ajoutées plusieurs constructions à l'est des vaisseaux. Dans la seconde moitié du 20e siècle, la production s'est diversifiée pour faire face aux difficultés économiques, notamment avec la production d'escalators. Après la fermeture des chantiers en 1989, l'atelier n'a pas été détruit. Il a été réutilisé par des entreprises de constructions navales. Entre 2000 et 2008, Transmétal industrie a occupé la récente extension est du vaisseau central dont est sorti en février 2008 le dernier navire construit en ces lieux, une navette maritime commandée par la ville de Villefranche-sur-Mer. L'atelier des turbines a été spécialement célèbre pour deux machines-outils, deux tours de grandes dimensions aujourd'hui disparus, l'un horizontal et l'autre vertical, ce dernier ayant été démantelé dans les années 2000. Environ 400 ouvriers travaillaient dans cet atelier dans la seconde moitié du 20e siècle.
Brique ; brique creuse ; acier ; parpaing de béton
Ciment amiante en couverture
3 vaisseaux ; 2 étages carrés
Shed ; toit à longs pans
Cet atelier est constitué de trois grands vaisseaux parallèles (127 m de long, 23 m de large pour les deux vaisseaux d'origine, 17 pour le vaisseau nord) et d'extensions. C'est dans ces extensions, construites le long de la route en parpaings de béton, que se trouvaient, avant la fermeture des chantiers, les bureaux (à l'étage, dominant les ateliers grâce une baie vitrée s'avançant en encorbellement) et les vestiaires (en rez-de-chaussée). Les trois vaisseaux ont une structure métallique dont les élévations sont hourdies de briques. Le vaisseau nord est couvert d'un seul grand shed. Les deux autres, au sud, ont, eux, une structure très différente. Vus de l'extérieur, ils ont l'apparence de deux bâtiments à fermes triangulées. Pourtant, s'il s'agit bien de deux vaisseaux accolés s'appuyant sur trois alignements parallèles de piliers en acier en treillis, leur couverture présente une disposition très spéciale et hybride, puisque dans ce schéma général de fermes triangulées viennent s'imbriquer, pour chaque vaisseau, deux sheds de très grandes largeurs couvrant chacun la moitié de la largeur de chaque vaisseau. Cette disposition hybride de sheds imbriqués dans une ferme triangulée n'a été adoptée que pour la partie centrale de l'atelier. Aux deux extrémités, les quelques travées qui jouxtent les pignons ont une charpente triangulée classique. Le haut des murs-pignons est percé de hautes et étroites baies rectangulaires. La couverture est en plaque de fibrociment.
Menacé ; établissement industriel désaffecté
IM83002036 ; IM83002032 ; IM83002033 ; IM83002037 ; IM83002031 ; IM83002034 ; IM83002030 ; IM83002035
Machine de production (étudiée dans la base Palissy)
Cet atelier se signale par sa très grande originalité formelle. Les ingénieurs des chantiers navals semblent avoir poursuivi, avec cette structure, deux objectifs. Le premier était de fournir aux chantiers des volumes vastes qui permettent la circulation de ponts-roulants puissants capables de déplacer de très lourds et très vastes éléments, en limitant les appuis au sol. Il a imposé la forme du large vaisseau, traditionnelle pour tout atelier de ce type. Le second objectif tient incontestablement aux problèmes posés par l'éclairage. La structure étant entièrement appuyée sur les piliers, les murs auraient très bien pu être percés de larges baies, ce qui aurait permis un éclairage très abondant. L'originalité vient donc bien de cette volonté de murer les élévations dans leurs parties basses, qui impose une solution inédite de shed pour faire rentrer une lumière abondante et uniforme par le toit. On ne peut comprendre un tel acharnement à réaliser une structure complexe alors que des solutions simples auraient pu s'imposer, que si on se replace dans le contexte des grands débats qui animent les constructeurs de l'industrie à la fin du 19e siècle. Ces derniers souhaitaient à la fois rendre invisible de l'extérieur ce qui se passait à l'intérieur du bâtiment et aussi, fort souvent, empêcher les ouvriers de pouvoir se distraire en regardant à l'extérieur. Il convient aussi d'insister sur le fait que dans cet atelier se construisaient des bateaux militaires, dont les secrets de fabrication devaient être bien gardés. Un troisième objectif, esthétique celui-là, vint s'ajouter aux deux premiers. Il est en effet tout à fait remarquable de constater que cette disposition hybride de sheds imbriqués dans une série de fermes triangulées n'a été adoptée que pour la partie centrale des deux larges vaisseaux, et qu'aux extrémités, juste derrière les pignons, on trouve sur quelques travées une charpente triangulée classique dont les deux versants ont une couverture pleine. A proximité immédiate de ces trois travées, la partie supérieure des murs-pignons est percée de hautes et étroites baies rectangulaires. L'éclairage est ainsi préservé, tout comme l'esthétique selon l'idée que s'en faisaient les hommes du bâtiment de l'époque, qui souhaitaient dissimuler les sheds le plus possible. Il est intéressant de constater que pour ce bâtiment se sont rencontrées deux tendances qu'on observe souvent dans la construction des bâtiments industriels au début du 20e siècle. La première multiplie les sheds sur une même poutre métallique pour réserver de grands espaces au sol sans appui et la seconde aboutit à des solutions variées pour dissimuler les sheds. L'atelier de La Seyne en est le résultat, qui peut donc à lui tout seul être lu comme un traité sur l'architecture industrielle au tournant des 19e et 20e siècles.
Propriété publique
2008
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2008
Buffa Géraud
Dossier individuel
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