Fortification d'agglomération
Extension nord-ouest et darse Castigneau
Fortification d'agglomération, extension nord-ouest et darse Castigneau
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon ; 2ème fortification d'agglomération
Var
2ème fortification d'agglomération
2e quart 19e siècle ; 3e quart 19e siècle (détruit)
1856
Porte la date
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En 1835, les ministres de la Marine et de la Guerre approuvent un projet d'extension de l’arsenal à l'ouest, comportant une nouvelle darse à Castigneau, que doit retrancher un nouveau front avancé à trois bastions appelé couronné de Castigneau. L'exécution de ce front commence seulement en 1843, selon un projet plus ample comportant quatre bastions et deux demi-bastions, prévus en terre, sans revêtement. Le conseil municipal de Toulon et le conseil général du Var demandent alors à l’État de considérer parallèlement la nécessité d’extension du périmètre clos de la ville, dont la densité de population atteint le seuil critique d’un habitant pour huit mètres carrés, resserrés dans une surface totale intra-muros de 32 hectares. Aussitôt pris en compte par le comité du génie, ce nouveau projet combinant les deux extensions, ville et arsenal, en une enceinte unique et continue, est dessiné en 1845 par le colonel vétéran Édouard Picot, directeur des fortifications de Toulon. Le projet Picot, adopté par le comité des fortifications, implante l'extension nord de l'enceinte de la ville à la place d'un retranchement de campagne, dit de Sainte-Anne, créé en 1707 lors du siège anglais de Toulon, et jamais supprimé. L’ensemble projeté constitue une nouvelle et vaste enceinte, jalonnée de onze bastions neufs à flancs droits (cotés A-B-C-D-E-G-H-I-K-M-N) et de deux demi-lunes (F,L), enveloppant, à distance variable, l’ensemble des anciens fronts bastionnés ouest et nord de l'enceinte XVIe-XVIIe s, dehors compris, depuis l’entrée maritime de la nouvelle darse de Castigneau (bastion A de la nouvelle enceinte) jusqu’au bastion 7 du corps de place existant, point de raccordement. La réalisation du projet implique la démolition non seulement de l’ancien retranchement Sainte-Anne mais aussi et surtout des ouvrages du front de terre nord du corps de place existant, depuis le côté droit du bastion 11 (de l’Arsenal) jusqu’à la courtine 7-8, soit quatre bastions, quatre courtines, la porte de France et sa demi-lune, les fossés et chemin couvert correspondant. La surface totale à exproprier par achat est de 39 hectares 85 ares. Ces acquisitions ayant tardé, la construction de la nouvelle enceinte nord ne commence qu'en 1852, ordonnée par un décret du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte. Les entrepreneurs Arnavieille et Quinié, titulaire du marché de construction de l'enceinte attribué en 1853, sont autorisés en 1854 à extraire les pierres de parements aux carrières voisines de Lagoubran, Dardennes et Siblas.Le plan de l'enceinte achevée en 1861 diffère en quelques points du projet Picot, du fait de modifications de détail apportées par les colonels du génie Corrèze et Long. Cumulant le front bastionné semi maritime de Castigneau (construit de 1849 à 1859) et le front nord de l’extension urbaine, cette enceinte compte toujours onze bastions, désormais chiffrés de A à M, trois portes et une demi-lune atrophiée (non lettrée) devant la porte de France (courtine FG-H, à l'ouest). Celle-ci est bâtie en 1856. Les portes de cette enceinte juxtaposent, selon un nouveau modèle de portes de ville usuel depuis la décennie 1840, deux voies distinctes parallèles, adaptées au double sens de circulation, donc deux arcades d’entrées identiques, à pont-levis, pour la porte proprement dite. La porte est, dite Notre-Dame, voisine de la porte d'Italie de l'enceinte XVIe-XVIIIe s, est construite en 1858 (courtine 7-M). A cette date est décidé de créer une porte supplémentaire à l'ouest, près de la porte de France, nommée porte Impériale (puis Nationale) et achevée en 1861.A la pointe nord de l’enceinte, une lunette initialement cotée L, projetée devant une courtine, prend finalement la forme d'un bastion étroit au plan en as de pique, coté K. Intégré au corps de place, il en demeure toutefois coupé, à la gorge, par un étroit fossé, qui retranche une caserne casematée pour 2500 hommes. Celle-ci, dite caserne blindée ou caserne Gardanne, construite en 1858, forme à la fois réduit et cavalier.La poterne nord, dite porte Sainte-Anne, initialement prévue sous la protection de la lunette L, est aménagée dans la courtine I-K dès 1856 (millésime) ; elle offre une issue au parc d’artillerie incorporé intra-muros.La construction de l'enceinte s’adapte, en 1857-1858, à la mise en place de la section Marseille-Toulon de la voie de chemin de fer de Marseille à Nice, par la création de deux portes ferroviaires, l'une dans la face droite du nouveau bastion H, l'autre dans la nouvelle courtine L-M. La coupure nette imposée par les voies ferrées dans le plan d’urbanisme, dicte une répartition de principe entre le parcellaire urbain, développé au sud des voies, et le triangle intra-muros restant au nord des voies, voué en partie à l’arsenal de terre, et à des casernes, en partie à un lotissement civil dit "cité Montéty".La création d'une nouvelle et vaste extension de l'enceinte vers l'ouest, à l'usage de la guerre de la Marine (extension Missiessy-Malbousquet), arrêtée en 1856 et lancée en 1860, prive d'utilité défensive le front ouest de Castigneau (bastions C-D), devenant un retranchement intérieur. Sa démolition est arrêtée dès 1864, achevée en 1870, la nouvelle enceinte ouest étant dès lors considérée comme continue avec l’enceinte nord, malgré le fait que l'une enveloppe la ville, l'autre seulement des terrains militaires. En 1887, l’État autorise la ville à percer une nouvelle issue non défensive dite « coupure Montéty », dans la courtine H-I de l’enceinte, au nord de la gare, pour procurer une issue directe des quartiers extra muros à la cité Montéty.A la suite du déclassement militaire de l'enceinte en janvier 1921, la ville de Toulon entreprend un démantèlement partiel permettant de mettre en œuvre son plan d’aménagement, d’extension et d’embellissement urbain, conforme aux obligations imposées aux villes de plus de 10.000 habitants par la loi du 16 mars 1919. Le front nord-ouest (E à H), avec les portes de France et Notre-Dame, est le plus largement détruit (de 1925 à 1933), tant pour décloisonner la ville des faubourgs Saint-Roch et du Pont du Las, qu'au profit de l'agrandissement de la gare de Toulon. A l'Est, la porte Notre-Dame disparait dès 1923.
Calcaire ; moellon ; brique ; pierre ; pierre de taille
Système bastionné
Voûte en berceau ; voûte d'arêtes
De la seconde enceinte bastionnée de Toulon, bâtie en extension et remplacement de la première, ne restent pratiquement que les vestiges très remaniés du front ou pointe nord (I-K-L, trois bastions et la poterne dite porte Sainte-Anne), enveloppant l'ancien quartier militaire (arsenal de terre, caserne Lamer) situé au nord de la gare et des voies de chemin de fer. La moindre pression de la croissance urbaine dans ce secteur, une topographie plus contraignante (terrain en forte pente nord-sud) explique que ces portions de l'enceinte aient été épargnées par le démantèlement.Les bastions de cette grande extension de 1849-1861 sont tous plus larges que ceux de l'enceinte antérieure, à flancs droits, faces longues, angle de capitale obtus, séparés entre eux par des courtines plus courtes que les bastions sont larges. Le bastion K implanté à la pointe nord de l'enceinte, diffère nettement de ce modèle et fait exception : il est relativement étroit, à angle de capitale aigu, flancs retirés créant un plan en as-de-pique et coupure de retranchement à la gorge. Au droit de cette coupure, ou petit fossé intérieur (cloisonné du grand fossé), le revêtement du corps de place continue à la gorge du bastion, en formant un très petit front "à cornes" encore visible dans l'emprise du terrain aujourd'hui occupé par l'immeuble de la préfecture du Var (qui occupe l'emplacement de l'ancienne caserne Gardanne). Des galeries de mines et d'écoutes existaient sous le bastion K et des rameaux de contremine partaient de la contrescarpe du fossé, sous le glacis nord. Ces souterrains ont été soit détruits lors du déblaiement des banquettes de terre du bastion, soit ensevelis lors du comblement partiel des fossés.Outre les ravelins, ou demi-lunes atrophiées devant les portes de ville, tous disparus, les dehors se limitaient à des tenailles devant les courtines et à un chemin couvert jalonné de traverses. Les tenailles encadrant le bastion K (I-K, K-L) subsistent, de même que des vestiges dénaturés des traverses du chemin couvert dans le secteur K-L.Aucune des portes de ville à double passage et aucune porte ferroviaire n'est conservée. Seule demeure assez complète la poterne nord, d'usage militaire, dite porte Sainte-Anne (inscription gravée), formée d’une arche charretière à plein-cintre ouverte au niveau du fossé, donc sans pont-levis, prolongée d'un long passage voûté d'arêtes (6 travées), le tout précédé d’une avant-porte assez semblable traversant la tenaille. Les caractères qui différencient la poterne Sainte-Anne d'une porte de ville à part entière, sont : le passage d’entrée voûté unique et non double, l’absence d’une façade extérieure monumentale (arcade identique au-dehors et côté ville) et l'absence de pavillons plus ou moins monumentaux adossés au côté intérieur du rempart et abritant des corps de garde et logements. Toutes les courtines ordinaires des fronts de terre étaient pourvues dans l’axe d’une poterne piétonne descendant dans le fossé en caponnière à l’abri de la tenaille couvrant ces courtines. L'issue dans le revêtement et le souterrain casematés d'une de ces poternes restent visibles dans la courtine K-L. Un magasin casematé souterrain subsiste à la gorge du bastion L, qui conserve aussi des vestiges d'un cavalier en terre avec traverse-abri.Le revêtement d'escarpe des bastions et des courtines est en appareil régulier à bossages rustiques, recoupé aux angles de capitale et d’épaule, à raison de deux assises pour une, par des chaînes à bossages en table émoussée, le tout terminé par un cordon que surplombait le parapet d'artillerie en terre.
Vestiges
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Fournel Brigitte
Dossier individuel