Édifice logistique
Manutention des vivres
Édifice logistique dit Manutention des vivres
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon ; de Lorgues (rue) 13 ; Saint-Bernard (rue) 155
Var
De Lorgues (rue) 13 ; Saint-Bernard (rue) 155
3e quart 19e siècle
Attribution par source
En 1840, l’administration du génie constatait l’inadéquation de l’édifice affecté à la manutention des vivres militaires, situé en ville, rue Saint-Cyprien, exigu et vétuste, de même que l’insuffisante capacité de la boulangerie militaire située sur le quai est de la darse vieille. Un premier projet de manutention est proposé en 1841 -1842, près de cette boulangerie, à un emplacement qui imposait d’élargir le quai.L’article 6 des projets pour les exercices 1858-1859 relatifs aux bâtiments militaires, établi sous la direction du chef du génie Antoine Long, concerne la construction d’une nouvelle manutention de grande capacité, avec dépôt des subsistances, intégrant les données d’une dépêche ministérielle du 15 juin 1857 qui avait fixé la contenance des magasins de subsistances à 3600 quintaux de blé et 6000 quintaux de farine. Le nouvel emplacement choisi intra-muros et contigu à la rue du rempart est rendu possible par la démolition des fronts nord et ouest de l’enceinte des XVIe-XVIIe siècles, remplacés par les nouveaux fronts de l’extension de l’enceinte projetée depuis 1845, exécutée à partir de 1852. Pris dans l’emprise à remblayer de l’ancien fossé, l’emplacement est proche de la rue Saint-Cyprien et du bastion 7 (Saint-Bernard), l’un de ceux conservé du front est de l’ancienne enceinte. Il s’agit d’un îlot triangulaire dont le côté sud se superposait à l’ancienne courtine 7-8 détruite, le côté ouest à l’ancien flanc droit du bastion 8 détruit, le côté nord-est étant délimité par la rue du rempart longeant la nouvelle courtine 7-M, et l’angle nord étant contigu de la place située au débouché intra-muros de la nouvelle porte Notre-Dame, percée dans la courtine 7-M, près du bastion M.Le programme de la manutention doit inclure un bâtiment d’administration, un magasin à blé, une paneterie et des greniers à blé et à farines, une boulangerie, des écuries, avec un mur d’enceinte. Les greniers sont conçus selon le système Huard (magasins composés de plusieurs silos juxtaposés, avec brassage par chapelet à godets, avec 10 modules pour un grenier de 10.000 hectolitres de blé).En 1861, après nivellement des terrains, les bâtiments A et B, jointifs et constitués de la longue aile ouest (B), dite des magasins, et son petit retour d’équerre nord-est, (A) dit de l’administration, sont construits au niveau du soubassement et de l’amorce du rez-de-chaussée. L’aile B est traversée en son centre par un passage charretier flanqué d’une cage d’escalier. L’aile A est aussi traversée par un passage analogue, de moindre gabarit. Les trois étages restant à exécuter sont destinés aux greniers à farines, au logement du comptable (premier étage) et à des magasins à vivres de campagne et à grains (deuxième et troisième étages). Les trois niveaux de greniers forment un grand volume décloisonné ponctué par deux rangées de piliers métalliques délestant la poutraison. Reste alors intégralement à construire le bâtiment C, ou aile sud, dite de la boulangerie, en retour d’équerre mais indépendante, destiné à un fournil de 9 fours, avec paneterie pouvant contenir 35000 rations, le tout dans un rez-de-chaussée voûté, surmonté de deux étages, le premier destiné à un dépôt de farines mélangées et salle des mélanges, le second à un magasin aux farines. Une petite galerie-coursive en charpente de métal est prévue au niveau du premier étage entre le bâtiment B et le bâtiment C. Ce bâtiment, amorcé en 1870, n'est achevé qu'après 1872.
Calcaire ; moellon ; enduit ; calcaire ; petit appareil
Tuile creuse ; tuile mécanique
Étage de soubassement ; rez-de-chaussée surélevé ; 3 étages carrés ; étage de comble
Voûte d'arêtes
Élévation à travées
Toit à longs pans croupe
Escalier dans-oeuvre : escalier tournant
Bien que conservés assez largement, et peu modifiés dans leur structure et leurs élévations extérieures restaurées, les deux bâtiments de l’ancienne manutention ont été profondément redistribués et densément cloisonnés intérieurement au 20e siècle, ce qui rend la plupart des volumes intérieurs méconnaissables, empêchant de vérifier la possible conservation de certains éléments, comme les piliers métalliques des étages anciennement décloisonnés et dévolus à des greniers à grain et à farine, aujourd’hui redécoupés en de nombreux bureaux, avec cloisons isolantes et faux plafonds suspendus. Le bâtiment de l’administration et des magasins, coté A-B, le plus monumental, est haut de cinq niveaux : soubassement (caves) voûté d’arêtes, rez-de-chaussée et trois étages sous un comble à faible pente et à croupes. Il comportait vingt travées de fenêtres sur la longueur développée de sa façade extérieure, à raison de treize pour l’aile B et sept pour l’aile A, en retour d’angle obtus au nord-est de la précédente. Les deux ailes A et B ont exactement la même largeur, et se caractérisaient par le traitement particulier de leur mur pignon ou façade d’extrémité: les angles en sont abattus, formant un pan coupé suffisamment large pour accueillir une travée de fenêtres. Cette disposition est conservée seulement à l’extrémité de l’aile B car dans l’état actuel, l’aile A est amputée des deux tiers de sa longueur, réduite en façade extérieure à 4 travées sur 7. Les façades extérieures comportent en soubassement un parement en assises régulières de petit appareil de pierre de taille ocre produisant un effet rustique, le reste de l’élévation étant revêtu d’un enduit couvrant. Les fenêtres à chambranle sont couvert en arc segmentaire. La porte du passage transversal, au milieu des longues façades du bâtiment B, n’apparaît plus telle que prévue sur les dessins du projet, avec encadrement en pierre de taille couvert d’un arc plein-cintre extradossé en escalier et pilastres d’encadrement à bossages un sur deux. A l’intérieur, l’étage de soubassement conserve apparentes ses voûtes d’arêtes sur piliers carrés, en maçonnerie de moellons grossiers bruts, sans enduit.La charpente du toit, à faible pente, est traditionnelle, en sapin, avec fermes à entrait retroussé moisé.Le bâtiment de la boulangerie, coté C, est conservé sur toute sa longueur, comptant 11 travées de fenêtres. Il se composait du corps principal à trois niveaux, large de deux travées de fenêtres, élargi d’un tiers au niveau du rez-de-chaussée par la saillie hors œuvre des fours, du côté opposé à la cour (sur l’actuelle rue des remparts) élargissement qui formait une sorte de bas-côté couvert en appentis. Dans l’état actuel, les fours ayant disparu, l’ancien appentis a été remplacé par un bâtiment collatéral à toit-terrasse. Le rez-de-chaussée voûté, ancien fournil et paneterie, est équivalent en hauteur au cumul des deux étages supérieurs. Ses 11 travées hautes sous voûtes d’arêtes retombant sur des piliers engagés fortement saillants, visibles en façade sur cour, le tout formant une série continue d’arcades évoquant une halle, mais fermées d’origine d’un mur de remplage dans lequel est ménagée une fenêtre couverte en plein-cintre. Le reste de l’élévation est plus banal et proche de celle du bâtiment A-B. Les murs pignon sont terminés par un pignon formant fronton, percé d’une baie demi-circulaire, motif également employé à Toulon pour les bâtiments de l’arsenal de terre (1863-1870). Le toit d’origine, à deux versants à faible pente, n’existe plus : il a été remplacé par un étage-carré complet en surélévation au-dessus des corniches et des pignons frontons, lui-même couvert d’un toit de même forme que celui d’origine.
Propriété publique
Propriété de l'Etat, propriété du Département.
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Fournel Brigitte
Dossier individuel