Arsenal
Parc d'artillerie
Arsenal de terre
Arsenal, parc d'artillerie dit arsenal de terre
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon ; Commandant Nicolas (boulevard) 168
Var
Commandant Nicolas (boulevard) 168
3e quart 19e siècle ; 4e quart 19e siècle
1867 ; 1870
Porte la date ; porte la date
Attribution par source
La construction de la grande extension nord de l’enceinte urbaine, projetée dès 1845, réalisée de 1853 à 1860, et la mise en place des voies ferrées et de la gare de chemin de fer de Toulon en 1858, a créé au nord de la gare de Toulon, à l’emplacement de l’ancien « retranchement Sainte-Anne », un secteur intra-muros non bâti. Fermé au sud par les voies ferrées, ce périmètre alors exclusivement accessible de l’extérieur de la ville par une poterne d’usage militaire, dite Porte Sainte-Anne, était réservé par l’administration de la guerre pour établir un quartier militaire. L’ancien parc d’artillerie du retranchement Sainte-Anne, détruit par la mise en place des voies ferrées, devait être remplacé par un nouveau, trouvant logiquement sa place dans l’aire nord. Le plan d’urbanisme de la nouvelle ville de Toulon, établi en concertation avec le génie, avait découpé cette aire de plan polygonal tendant au triangle, en trois îlots séparés entre eux par deux rues nord-sud. Les apostilles aux projets pour 1859 rédigés par le chef du génie Antoine Long proposaient trois établissements militaires à construire, chacun dans un îlot de l’agrandissement nord : l’îlot n°3, le plus grand et le plus à l’est, de plan triangulaire, appartenant entièrement à l’Etat, était réservé pour un Arsenal et parc d’artillerie de terre. Cette part seule du projet aboutit sans difficulté.La construction de l’arsenal de terre est assez mal documentée par les archives du Service Historique de la Défense, mais facile à reconstituer, grâce aux plans généraux et aux millésimes encore en place sur certains édifices. Le 30 septembre 1858, était projetée la construction d’une série de 12 casemates en souterrain sous la rue du rempart du front K-L de la nouvelle enceinte nord, casemates ouvrant dans le mur de soutènement de ladite rue, qui participait de l’enclos du parc de l’arsenal d’artillerie. Utilisables comme magasin plutôt que pour loger des troupes, elles sont le premier bâtiment construit dans ce parc d’artillerie. En 1865, deux des bâtiments du plan définitif de l’arsenal, celui occupant le côté ouest (B), aligné à la rue nord-sud, et celui du nord (A), sont construits. Les deux bâtiments sud, alignés, sont bâtis en 1867. Le bâtiment nord-est et la porte de l’enceinte de l’arsenal datent, quand à eux, de 1870. L’ancien arsenal de terre, auquel ne manque guère que l’un des deux bâtiments du côté sud (le plus à l’ouest), remplacé par un édifice de même plan construit dans les années 1960, est occupé aujourd’hui par plusieurs institutions publiques, la plupart dédiées aux arts, notamment le Zénith Oméga de Toulon, dont la vaste salle de spectacle est greffée depuis 1992 à l’arrière du bâtiment ouest.
Calcaire ; pierre de taille ; enduit ; calcaire ; moellon ; enduit ; fonte
Tuile creuse ; tuile mécanique
Plan rectangulaire régulier
1 étage carré ; étage de soubassement
Voûte en berceau segmentaire
Élévation à travées
Toit à longs pans croupe
Escalier dans-oeuvre : escalier tournant
L’enclos de l’ancien arsenal de terre, de plan polygonal tendant au triangle, était fermé sur deux côtés (sud et ouest), d’un mur d’enceinte de hauteur moyenne, qui a presque entièrement disparu ou a été remplacé par des murs plus récents. Le grand côté nord-est, brisé en deux longs pans, est délimité par le mur de soutènement de l’ancienne rue du rempart du front d’enceinte K-L de 1853-1860, dans la partie méridionale duquel sont nichées 12 casemates souterraines de 1859. Cette partie est aujourd’hui abritée par un viaduc routier sur piliers de béton. Voûtées en berceau segmentaire, les casemates sont ouvertes en façade par une grande arcade en plein-cintre encadrée en pierre de taille, percée dans un mur de remplage. Au-dessus de cette arcade, le profil de la voûte forme un grand arc de décharge extradossé à longs claveaux dans le mur de soutènement. La porte d’entrée de l’arsenal de terre s’ouvre au centre d’un pan coupé qui abat l’angle aigu sud-est de l’enclos. Le portail est encadré symétriquement de deux grands pavillons de plan rectangulaire. L’architecture de ces pavillons se différencie peu de celle de maisons de maître (civiles) des années 1870-1880.Relié aux pavillons, par deux courts pans de mur percés chacun d’une porte piétonne à chambranle, le portail monumental accueille une grande arcade charretière couverte d’un arc segmentaire, dans un encadrement classique d’ordre ionique à fronton curviligne. Les pilastres nus, portent un entablement dont la frise affiche en lettres de bronze le mot ARSENAL ; le champ du fronton est meublé d’un aigle aux ailes déployées sculpté en moyen relief. La façade postérieure, plus sobre, porte, à la frise, le millésime 1870, en chiffres de bronze. Les vantaux en place, à trois panneaux, remontent peut-être à la construction d’origine.Les quatre grands bâtiments conservés (sur cinq) autour de la cour, servant jadis de dépôt d’armement, d’affûts, d’ateliers de confection d’armes et de munitions, sont conçus sur un modèle-type, affecté de quelques variations de détail : bâtiment allongé en pierre de taille blanche, couvert d’un toit à deux versants, revêtu de tuiles-canal, avec rez-de-chaussée traité en halle à arcades plein-cintre, y compris sur les murs pignon (où elles sont au nombre de 3 et plus espacées), étage percé de fenêtres rectangulaires (sauf pour le bâtiment ouest) et pignons formant fronton percés d’une baie demi-circulaire. La structure interne du volume est modulaire, décloisonnée, formant trois nefs séparées par des poteaux de bois ou de fonte, à chaque travée, portant le plancher d’étage à poutres transversales et solivage longitudinal. La charpente à faible pente, assez légère, comporte des entraits retroussés, certains moisés et, dans le bâtiment nord-est, un système collaborant de tirants et de raidisseurs métalliques articulés. La plastique murale comporte des bandeaux horizontaux soulignant la transition d’étage et l’appui des fenêtres, et des encadrements des arcs ou des chambranles en bandeau. Sur cette trame, le bâtiment ouest (coté A), aujourd’hui aile d’entrée de la salle du Zénith, comporte 19 travées. Les arcades du rez-de-chaussée, qui partent du sol, étaient à l’origine presque toutes refermées par un mur de remplage dégageant dans l’arc un tympan ouvert à menuiserie vitrée. Le bâtiment nord, construit en même temps que celui de l’ouest ou peu après, comporte 15 travées. Sa charpente est entièrement en bois, y compris les piliers libres du rez-de-chaussée. Les arcades ne partent pas du sol, mais d’une plinthe. Le bâtiment nord-est, le plus long de tous avec ses 24 travées, est identique au précédent au niveau du rez-de-chaussée à arcades. Celles-ci étaient à l’origine fermées d’un mur de remplage, dégageant une fenêtre en demi-cercle dans le tympan, comme au bâtiment A. A l’étage, les murs gouttereaux n’ont pas de corniche mais sont termines par un bandeau recoupé par les fenêtres. Les trois fenêtres des murs pignons comportent un tympan en pierre en retrait sous un arc de décharge plein-cintre. Le rez-de-chaussée est rythmé intérieurement de colonnes de fonte délestant les poutres, avec chapiteau et évasement supérieur en fer plat. Le bâtiment sud, enfin, millésimé 1867 et coté C offre une variation du modèle du précédent, sur un développement limité à 13 travées. Ce bâtiment se distingue par un rythme particulier des travées du rez-de-chaussée du mur gouttereau sur cour, intercalant entre trois groupes de trois arcades, deux travées doubles formant un avant-corps percé d’une grande entrée charretière à couvrement horizontal en plate-bande, sans doute entrées de garage pour engins sur roue de gros gabarit.
Propriété publique
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Fournel Brigitte
Dossier individuel