Usine de produits chimiques ; usine d'engrais ; usine de chaudronnerie ; usine d'articles en matière plastique
Usine d'enceintes de confinement
Poulenc Frères (1898-1912), puis Société Française du Lysol (1912-1950), actuellement Ateliers de Technochimie (1950 à nos jours)
Usine de produits chimiques Poulenc Frères, puis usine d'engrais de la Société Française du Lysol, puis usine de chaudronnerie et usine d'articles en matière plastique (usine d'enceintes de confinement) Ateliers de Technochimie
Île-de-France ; Val-de-Marne (94) ; Ivry-sur-Seine ; du Colombier (rue) 4
Ivry-sur-Seine
Du Colombier (rue) 4
2022 AL 135
En ville
Entrepôt industriel ; atelier de fabrication ; magasin industriel ; bâtiment administratif d'entreprise ; réfectoire ; garage ; logement patronal ; cour
2e moitié 19e siècle ; 1er quart 20e siècle ; 3e quart 20e siècle
1898 ; 1909 ; 1969
Daté par tradition orale ; daté par source ; daté par source ; daté par tradition orale ; daté par tradition orale
Possédant déjà à Ivry-Port (boulevard Sadi-Carnot) une usine installée en 1862, l’entreprise Poulenc Frères, fabricant de produits pharmaceutiques et photographiques, décide d’installer en 1898, sur un terrain vierge situé au 33, rue Parmentier (actuellement rue Marat), une seconde usine dont on distingue l’emprise sur l’Atlas d’Ivry-sur-Seine dressé en 1900. Cette usine, mal documentée, abritait notamment un laboratoire ainsi que des services administratifs. N’en subsiste aujourd’hui, au cœur de la parcelle étudiée, que l’atelier central désigné sous le nom de « grande halle » (actuel bâtiment C) dont la fonction initiale n’est pas connue. L’analyse formelle des colonnes de fonte, installées au sous-sol pour supporter le plancher du rez-de-chaussée, permet de dater cette halle du dernier tiers du XIXe siècle. Quoique très repris au cours des années 1950, l’actuel bâtiment implanté sur la rue (bâtiment A) et le pavillon d’habitation (bâtiment B), dont les emprises figurent sur le plan de 1900, semblent dater de la même période. Le bâtiment A servait probablement d'écurie. Entre 1908 et 1912, Poulenc Frères regroupe ses deux usines à Vitry-sur-Seine, quai du Port à l’Anglais. En 1912, l’usine de la rue Parmentier est vendue à la société française du Lysol, fabricant de désinfectants et autres produits chimiques qui finit par y installer son siège social dans les années 1940. Elle compte huit ouvriers en 1935. Le bâtiment « aux trois sheds » (bâtiment D), situé au nord-est de la parcelle, semble dater de cette période. Lors de son rehaussement d’un étage au début des années 1960, ses tuiles ont pu être identifiées comme provenant de la tuilerie Choisy-le-Roi et datées approximativement de 1900. La société française du Lysol y poursuit son activité de 1969 à 1980 en tant que locataire, après le rachat de ce bâtiment par les Ateliers de Technochimie (voir ci-dessous). On ignore si l’immeuble situé à l’angle de la rue du Colombier et de la rue Marat, attesté en 1900 sur l’Atlas d’Ivry-sur-Seine, appartenait à la société Poulenc Frères ; il fut en revanche occupé par le personnel de la Société du Lysol. En 1950, la société française du Lysol loue le tiers nord-est de sa propriété aux Ateliers de Technochimie. Cette société avait été fondée la même année par Antoni Planaguma i Gelada (Olot, 1909 – Paris, 1989), ingénieur en mécanique. Avec son frère et un groupe d’amis catalans, résistants antifranquistes et républicains, ils s’étaient réfugiés en France en 1939 et avaient décidé, après quelques années, d’y exercer leur activité de chaudronnerie métallique. Les Ateliers de Technochimie fabriquent dans un premier temps du matériel pour la société Techno Chimie SA, constructeurs d’installations de fabrication intensive d’acide sulfurique, d’où le choix de leur raison sociale. Ils produisent alors principalement des articles de petite métallurgie : pulvérisateurs en acier inoxydable et en plomb pour les installations de fabrication d’acide sulfurique ; ventilateurs métalliques ; agitateurs et mélangeurs de produits chimiques. La chaudronnerie plastique fait partie intégrante de ces productions mais reste secondaire. Ce n’est qu’à partir du dépôt de bilan de Techno Chimie SA, en 1956, que les Ateliers de Technochimie, contraints de réorienter leur production, se spécialisent dans le travail des matières plastiques afin de produire des enceintes de confinement destinées à la recherche nucléaire (comme le proposait déjà Techno Chimie SA). Le produit final est réalisé par la découpe et le thermoformage de feuilles de plastique, principalement en PVC. Ces enceintes de confinement, ou « boîtes à gants », sont utilisées en laboratoire de recherche pour manipuler des produits dangereux, en isolant ces derniers dans un environnement neutre, le PVC constituant un matériau très résistant aux produits chimiques agressifs. Entre 1957 et 1959, l’entreprise acquiert les bâtiments A, B et C. Le bâtiment B réunit, de gauche à droite, une portion d’atelier héritée de la période Poulenc Frères, les bureaux construits durant la période du Lysol, et le pavillon d’habitation également attesté durant la période Poulenc Frères. L’ensemble est surélevé d’un étage et réuni derrière une même façade de 1959 à 1962. En 1969, les Ateliers de Technochimie acquièrent enfin le bâtiment « aux trois sheds » (bâtiment D), désormais loué à la société française du Lysol, jusqu’en 1980. À cette date, les Ateliers de Technochimie convertissent cet atelier en entrepôt puis, en 1995, en atelier de thermoformage après la fermeture de leur succursale normande. L’activité se déploie alors sur l’ensemble du site, au sous-sol et au rez-de-chaussée. C’est cet état que décrit ici Michel Planaguma, gérant de l’entreprise à partir de 1986 (voir la description, les légendes des illustrations et la retranscription du témoignage ci-dessous). Les effectifs sont passés d’une cinquantaine à la fin des années 1960 à une quinzaine à la fin des années 1980. Lors de l’enquête de 2023, la cessation d’activité s’annonçait imminente en raison du départ à la retraite du gérant, qui n’avait désormais plus qu’un ouvrier à ses côtés, tandis que son épouse gérait la comptabilité. La reprise de l’activité n’est pas envisagée, en raison de la difficulté de recrutement due à la spécificité du métier. Le propriétaire entend toutefois maintenir la vie sur le site, par la reconversion du bâtiment sur rue en logements étudiants, et par l’ouverture aux compagnies de théâtres de la ville d’Ivry-sur-Seine qui organisent ici des représentations au milieu des machines.
Calcaire ; moellon ; bois ; pan de bois ; enduit partiel
Tuile mécanique
2 étages carrés
Charpente en bois apparente
Terrasse ; shed ; toit à longs pans
Énergie électrique
Le bâtiment A (voir le plan de référence ci-dessous, ill. 2) ferme la cour au sud-est. Son pignon ouest, très visible depuis la rue du Colombier, porte la raison sociale de l’entreprise, dans une typographie des années 1990 qui reprend celle des années 1960. Ce bâtiment de plan rectangulaire allongé est construit en moellons de pierre calcaire – l’enduit attesté à l’époque du Lysol a été supprimé dans les années 1960. Son étage carré est surmonté d’une charpente en bois et coiffé d’un toit à longs pans. Ce bâtiment a probablement été construit, on l’a vu, par Poulenc Frères à la fin du XIXe siècle. Il a fait l’objet d’une reconversion récente : en 2021, les espaces de stockage du rez-de-chaussée, le réfectoire et les vestiaires du premier étage ont fait place à des logements d’étudiants. Au nord, le fond de la parcelle est occupé par trois bâtiments (ou ensemble de bâtiments) accolés : bâtiment B (bureaux et logements), puis le bâtiment C (« grande halle »), et à l’arrière le bâtiment D (« atelier aux trois sheds »). Le « bâtiment B », réunissant bureaux et logements, est le fruit de la transformation, de 1959 à 1962, de trois bâtiments antérieurs (portion d’atelier, bureaux du Lysol, pavillon d’habitation), surélevés et réunis derrière une même façade. Il se distingue par son parement de briques rouges caractéristique des années 1950, contemporain du portail et du mur de clôture fermant la propriété sur la rue du Colombier, de même facture. À l’intérieur, quelques cloisons ont bénéficié d’un soin particulier, tout comme certains éléments de mobilier, le tout en PVC, matière de prédilection de la société. Le sous-sol du bâtiment, couvrant 200 m², abrite l’atelier de mécanique générale (usinage). La « grande halle » (bâtiment C) repose sur un sous-sol dont les colonnes de fonte, couronnées de chapiteaux, datent probablement de la fin du XIXe siècle. Elle est en maçonnerie de moellons calcaires – complétée postérieurement de briques ou de parpaings – et coiffée d’une charpente en bois apparente dont les poutres ont été travaillées à la main. Le sous-sol (300 m²) est occupé par l’atelier de chaudronnerie métallique, un espace de stockage des matières premières, ainsi que le magasin d’accessoires et de pièces détachées. Au rez-de-chaussée (380 m²) se déploie, sous la charpente en bois apparente, l’atelier de chaudronnerie plastique, qui mobilise des machines à bois. Enfin, en fond de parcelle, le bâtiment « aux trois sheds » (bâtiment D) présente une ossature en bois remplie de briques creuses, surmontée d’une charpente en bois apparente. Pour le rehaussement du bâtiment effectué dans les années 1960, les briques creuses ont été privilégiées dans un souci d’harmonisation. Le bâtiment abrite l’atelier de thermoformage ainsi qu’un espace de stockage des moules de fabrications. Les fours électriques et les presses (mécaniques ou électriques) de thermoformage ont été conçus sur place par les employés des Ateliers de Technochimie, afin de satisfaire aux besoins spécifiques du travail de la matière plastique. Les fours, de petite taille, peuvent chauffer jusqu’à 200 degrés, sachant qu’une feuille de PVC ramollit à 130°C, et exige 3 minutes de chauffe par millimètre.
À signaler
Propriété privée
2023
(c) Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel
2023
Potel Caroline ; Pierrot Nicolas
Dossier individuel