Théâtre
Salle de la comédie
Théâtre dit Salle de la Comédie
Martinique ; Martinique (972) ; Saint-Pierre ; rue Victor Hugo
Martinique nord
Saint-Pierre
Centre (quartier du)
Victor Hugo (rue)
1973 B 53
En ville
4e quart 18e siècle ; 2e quart 19e siècle
1786 ; 1831 ; 1832
Le premier édifice est inauguré le 16 décembre 1786. Un médecin danois Paul Erman Isert, qui visite la Martinique en 1787, donne une idée de l'éclat de cet édifice à travers ses relations de voyage. Il assure que : "ce magnifique théâtre (...) surpasse pour la grandeur et le goût, les bâtiments en ce genre les plus renommés en Europe". En 1813, le cyclone endommage le théâtre de la Grand rue. Le 31 décembre 1817, une nouvelle salle est inaugurée après des travaux de restauration. La nouvelle salle est construite au même emplacement que celle datant de 1786. Elle comprend 2 rangées de loges, une rangée de baignoires, une galerie et des fauteuils de parquet et d'orchestre. Une troisième rangée de loges est réservée aux gens de couleur libres tandis que les esclaves occupent le dernier pourtour. Quant aux dépendances du théâtre, elles frappaient par leur luxe et leur confort. Le grand café de la comédie est vaste et artistement décoré. Au rez-de-chaussée un billard... Au 1er étage du grand café est aménagé un salon, on y trouve des journaux de Paris, de Londres, de la Guadeloupe et de la Martinique. A côté du café se trouvaient les bains de la comédie. Les cabines prenaient 12 baignoires en marbre en forme de gondoles éclatantes et commodes. Le théâtre de Saint-Pierre, appelé encore Salle de la Comédie, subit de profondes modifications au 19e siècle (1831-1832). Mais le cyclone du 18 août le rend inutilisable. Ce n'est qu'au début du mois de décembre 1890 que le théâtre ouvre à nouveau ses portes. Soigneusement réparé, le théâtre apparaît comme le plus bel édifice du genre de toutes les Antilles. Mais le 8 mai 1902, la nuée ardente le détruit. Dès sa création en 1786, le théâtre de Saint-Pierre offre à son public toujours fidèle et enthousiaste un répertoire très varié en matière de spectacle. "Le Pouvoir du zèle" et "Le Jugement de Midas", pièces les plus appréciées à l'époque, furent les deux premières représentations données au théâtre. "A la même époque, relate un chroniqueur, l'un des comédiens du roi, le fameux J. B. VANHOVE n'a pas dédaigné de se faire entendre dans ce théâtre où se pressait la société martiniquaise ajoutant qu'il s'en trouva fort bien ainsi que l'excellente troupe qui l'accompagna." Opéras, ballets, acteurs, troupes de renommée internationale s'exprimaient sur la scène de la salle de la comédie. Souvent, on donnait aussi des danses d'esclaves avec la participation d'éléments mis gracieusement à la disposition du maître de ballet par les habitants. Des cours de chorégraphie étaient assurés par le sieur Francis à l'académie de danse qu'il avait ouverte à Saint-Pierre. Les pièces des auteurs célèbres et très en vogue étaient du spectacle. Beaumarchais (le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro) , Alexandre Duval, Offman, Patral, Bouilly dont les six pièces furent représentées et surtout Sedaine avec Le Déserteur. Les pièces des auteurs locaux étaient également représentées au théâtre. Citons pour exemple : "e prince de Modène ou la Martinique en 1748 jouée le 22 et le 15 avril 1847. Le théâtre fut aussi le lieu d'expression, le témoin des bouleversements et tensions qui animent la vie des Martiniquais entre 1786 et 1902. Il fut aussi le point de départ de l'affaire de la cocarde tricolore aux grandes heures de la révolution de 1789. Lieu de divertissement, de joie mais aussi de tristesse, au théâtre de Saint Pierre restent attachés de grands noms : les piattoli, célèbres danseurs du théâtre royal de Madrid ; mais aussi des idoles : la famille Olivier Dupuy, Williams dit l'artiste complet, Euphrasie Rosal, la créole. On peut aussi citer : Charvet, Eugène Peronne, et surtout Louis François dit Ribie. Tous directeurs successifs du théâtre de 1816 à 1902.
Maçonnerie ; moellon ; pierre
Plan rectangulaire régulier
La façade présentait, encadrées de pilastres ioniques, sept travées constituées d'une arcade en plein cintre surmontée d'une fenêtre rectangulaire. Une architrave, une corniche et un parapet couronnaient l'ensemble dans le style néo-classique. Quatre volées permettaient d'accéder au niveau du hall. Une fontaine était placée contre le mur de fond du deuxième palier sous un arc en plein cintre encadré de pilastres. Le hall d'entrée formé par deux rangées de huit piliers s'ouvrait sur le vestibule dallé de marbre et dont la partie centrale donnait accès à la salle, tandis que les ailes conduisaient par un escalier en colimaçon aux premières, aux secondes et au paradis. La salle en demi-cercle comprenait un parterre en pan incliné entouré de loges, elles-mêmes desservies par un couloir passant à l'arrière. A l'avant de la scène se trouvait la fosse d'orchestre. De part et d'autre de celle-ci se faisaient face deux loges encadrées de caryatides. Aujourd'hui, des ruines de ce monument de Saint-Pierre, sont visibles au premier plan une première série d'emmarchement située sur le trottoir de la rue Victor Hugo donnant accès au théâtre. Subsistent à ce niveau également, les rails de guidage de l'énorme grille qui protégeait l'entrée de l'édifice. Une large volée droite de 13 marches conduit au second plan où se trouve un perron pavé de briques rouges. Tout au fond, il y a une fontaine sous un arc en plein cintre encadré de pilastres. Les deux dauphins en bronze par lesquels coulait l'eau s'y trouvent encore. De part et d'autre de cette fontaine, un escalier en pierre, en forme de fer à cheval conduit au niveau sur lequel s'élevait le théâtre. La rampe de cet escalier n'existe plus mais des traces subsistent des deux rangées de huit piliers qui constituaient le hall d'entrée du bâtiment. Le vestibule dallé de marbre noir et blanc est encore visible au sol ainsi que le parterre en plan incliné et dessinant un demi cercle autour duquel se trouvaient les loges. La fosse d'orchestre située à l'avant-scène est tout autant que la scène elle-même, un élément visible.
Vestiges
1996/12/12 : classé MH
IM97200175
Propriété de la commune
2003
© Inventaire général
2003
Denise Christophe
Dossier individuel
Conseil régional de Martinique - Service chargé de l'Inventaire 54, rue Professeur Raymond Garcin 97200 Fort-de-France - 05.96.63.18.61