Mairie
Hôtel de Ville
Auvergne-Rhône-Alpes ; Isère (38) ; Grenoble ; 11 boulevard Jean Pain
Jean-Pain (boulevard) 11
2023 CY 5
3e quart 20e siècle
1965 ; 1966
Dans les années 1960, la ville de Grenoble saisit l'opportunité des Jeux olympiques d'hiver de 1968 pour construire des bâtiments répondant à ses besoins. L'hôtel de ville, installé depuis 1719 dans l'hôtel de Lesdiguières devenu trop exigu, va être installé dans un nouvel édifice qui s'inscrit dans le nouveau plan d'urbanisme directeur conçu par Henry Bernard (1912-1994) ainsi que le programme d'équipements prévus pour les Jeux olympiques. La Ville fait appel à l'architecte Maurice Novarina (1907-2002) déjà en charge de la construction du Village olympique et du centre de presse. Avec une équipe d'architectes et designers de renom, et en collaboration avec Jean Prouvé (1901-1984) et Joseph-André Motte (1925-2013), il conçoit un espace monumental et fonctionnel, avec un aménagement intérieur sur mesure auquel participent un grand nombre d'œuvres d'art grâce au 1% artistique. Le luxueux édifice est inauguré le 18 décembre 1967 en présence du ministre de l'Intérieur et du ministre de la Jeunesse et des Sports. En 2003, l'hôtel de ville est labellisé « Patrimoine du XXe siècle », à présent « Architecture contemporaine remarquable ». En 2019, un incendie criminel a détruit la salle du conseil municipal. La ville a fait réaliser en 2020 un diagnostic patrimonial par l'agence LR&A afin d'entamer une réflexion sur la méthodologie à adopter pour faire concilier la transmission patrimoniale de ces édifices et les exigences du respect des normes liées au risque incendie et à la transition écologique.
L'hôtel de ville de Grenoble est installé en bordure du parc Paul Mistral, sur le boulevard Jean-Pain, à proximité de la tour Perret et des équipements sportifs olympiques. Son architecture se caractérise par l'opposition de deux grands volumes en béton armé, avec un système socle-bloc : un socle bas et horizontal surnommé la « galette », de 90 mètres de long sur 50 mètres de large, renfermant les parties publiques et les espaces de représentation qui s'ordonnent autour d'un patio central ; et une grande tour verticale de 40 mètres de haut marquée par l'utilisation du verre et de l'aluminium en façade - le mur-rideau conçu par Jean Prouvé, constitué de raidisseurs d'aluminium dont les espaces sont comblés par des plaques de verres, et abritant les bureaux et les services. L'édifice est construit principalement à partir de cinq matériaux : le béton, l'aluminium, le verre, le marbre et le bois, qui se déclinent à travers tout l'édifice, avec recherche, inventivité et raffinement, en faisant référence au vocabulaire architectural classique et à l'esthétisme du brutalisme, et ponctués d'œuvres d'art. Le porche d'entrée, précédé d'un monumental escalier, accueille une mosaïque murale d'Alice Penalba. Le patio central, dont le sol est revêtu d'une mosaïque de tesselles de marbre réalisée par Charles Gianferrari, est orné en son centre d'une fontaine de granit surmontée par un bronze du sculpteur Etienne Hajdu. Le salon de réception est décoré d'un mur de laiton embouti et oxydé de Pierre Sabatier, et d'une tapisserie de Raoul Ubac. Le grand hall d'accueil, situé sous la grande tour, abrite la poutre maîtresse en béton armé et creuse, reposant sur les piliers abritant les ascenseurs ; de part et d'autre de cette poutre, des fentes crénelées sur toute sa longueur apportent un remarquable traitement de la lumière naturelle. Le traitement de la surface du béton est réalisé avec divers motifs de lissage, tout comme dans le reste du bâtiment et en particulier en face dans le grand hall d'honneur. Dans ce dernier trône le grand escalier d'honneur, trait d'union entre l'espace public et les espaces réservés, tout en marbre noir, et qu'illuminent le jour la lumière naturelle périphérique du plafond, et la nuit les spectaculaires lustres à 358 tubes de verres de Murano ; sous l'escalier est placée par ailleurs une sculpture d'Emile Gilioli en marbre de Carrare. La salle des mariages est tendue d'une tapisserie d'Alfred Manessier, tissée par Plasse-Lecaisne, et décorée de cloisons ajourées en métal de Pierre Sabatier ; le mobilier de Motte est encore d'époque. A l'étage d'honneur, le revêtement des murs est fait en bois, le sol est en marbre, et le mobilier est également en partie celui conçu par Motte. Dans la grande tour, les étages des bureaux sont encore agencés avec les parois amovibles et les revêtements d'époque. Le dernier étage est constitué de l'ancien appartement du Secrétaire général et offre une vue panoramique à 360° sur Grenoble et les alentours.
Inscrit MH
2023/01/25 : inscrit MH
L’Hôtel de Ville, en totalité, situé 11 boulevard Jean Pain, incluant le bâtiment et les deux parvis côté Parc Mistral et boulevard Jean Pain, sur la parcelle n° 5, figurant au cadastre section CY : inscription par arrêté du 25 janvier 2023
Arrêté
À signaler
Propriété de la commune
© Monuments historiques. Cette notice reprend intégralement les termes de l’arrêté de protection au titre des Monuments historiques. Elle répond à l’obligation réglementaire du ministère de la Culture d’établir la liste générale des édifices protégés (art. R. 621-80 du Code du patrimoine). Elle est donc opposable et fait foi juridiquement. Aucune copie numérique ou papier ne sera fournie par courrier ni courriel. Le dossier de protection complet et l’arrêté sont consultables uniquement sur place, dans la salle de lecture de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP), à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne).
Dossier de protection